J'ignore qui a écrit cette quatrième de couverture, mais clairement, on n'a pas lu le même livre ! « Belle hani » ? Pyanfar aurait grogné à pareil adjectif ! « Pour l'amour de Tully » ? Alors là, elle l'aurait carrément refroidi ! Pyanfar tolère tout juste Tully comme un ami, et la seule affection amoureuse qu'elle pourrait porter, c'est de façon bourrue pour son époux, qu'elle traite avec condescendance puisque, dans l'univers imaginé par
C. J. Cherryh, le sexe fort chez les Hanis, ce sont les femmes. Ainsi, tout est inversé et les mâles, traités régulièrement d'hystériques par leurs comparses féminines (un renversement qui fait du bien, quand on est une lectrice !)
La couverture ne rattrape en rien ce résumé pas très juste puisqu'elle est, elle, carrément à côté de la plaque. Venons-en donc au principal : le texte ! Suite directe de
L'épopée de Chanur, l'intrigue peine à démarrer. Pyanfar doit libérer sa nièce Hilfy et l'humain Tully des griffes des Kifs. Mais les kifs, une espèce connue pour son comportement belligérant, ont une psychologie retorse, aussi difficile que dangereuse à appréhender. Et quand s'y mêlent d'autres hanis, ainsi que des Mahendo'sat, censés être alliés mais aux motivations curieuses, l'affaire se complique.
Il est toujours plaisant de découvrir plus avant les différentes races extraterrestres de cet univers. Ici, nous explorons davantage la société kif. L'impact de l'arrivée des humains, espèce jusqu'alors inconnue, sur cette Communauté d'extraterrestres est aussi exploré. Une Communauté qui, déjà, rassemble des espèces disparates, parfois tellement différentes qu'elles peinent à se comprendre. Ainsi les Knnn, mystères ambulants. Et même au travers des négociations de Pyanfar avec Sikkukkut, on nous montre que leurs fonctionnements sociétaux respectifs ne sont pas maîtrisés finement – ainsi, les Hanis ne comprennent pas d'emblée le principe de sfik, et les Kifs ne saisissent pas non plus les motivations des Hanis.
Les voyages spatiaux, s'ils ne sont pas détaillés, sont cependant décrits comme épuisants, concernant les sauts, et les avaries techniques ne sont pas ignorées par l'intrigue. Celle-ci souligne aussi, d'ailleurs, les difficultés parfois posées lorsque des vaisseaux pilotés par des espèces fort différentes croisent dans un même secteur – entre oxyrespirants et méthaniens, le fossé de l'incompréhension est grand, tant leur façon de penser diffère !
Malgré ces qualités, le démarrage poussif de l'histoire, les dialogues qui fourrent parfois trop d'informations en même temps dans une géopolitique déjà complexe, le tout dans des langages parfois peu fluides lorsque le personnage qui s'exprime n'est pas Hani, font que plus j'avance dans la série, moins je retrouve le régal éprouvé lors de ma lecture du premier volume – qui se suffisait à lui-même, d'ailleurs.
Par ailleurs, je trouve que ça commence à tourner en rond, Tully ayant déjà été aux mains des Kifs dans le premier tome et Pyanfar qui avait maille à partir avec les mêmes espèces.
Une lecture en demi-teinte, donc, même si elle reste intéressante par la conception des espèces, très fine, et par la société Hani, qui renverse les rapports hommes-femmes pour mieux souligner toute l'aberration et la violence du sexisme ordinaire.
À noter que l'intégralité de la série a été rééditée en deux tomes en 2019, dans une traduction révisée.
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