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EAN : 9791090588394
212 pages
Éditions Poisson Rouge.OI (05/10/2023)
4.33/5   3 notes
Résumé :
C'est l'histoire d'une enfance du temps d'avant, dans les Hauts de l'île de La Réunion. Dans cette nature grandiose la vie est dure et les règles inflexibles, mais les enfants jouent, imaginent, grandissent comme ils peuvent. Un nouveau monde tout aussi inflexible s'ouvre à la petite Annabelle quand elle entre à l'école religieuse, tout là-bas dans la ville, au bout d'interminables sentiers. Monde étrange que ce pensionnat où évoluent les " Mères " dans leurs habits... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Réédition de « Rivages Maouls – Histoires d'Anabelle » publié en 1994 aux Editions Océan, cette autobiographie nous emmène sur l'ile de la Réunion dans les années 1940-50 et s'achève à Aix en Provence pendant la guerre d'Algérie.

Une vie rythmée par les cyclones qui chaque année bouleversent les biens et les vies des insulaires à une époque où l'électricité, l'eau courante et le téléphone sont réservés à de rares zones urbaines. Une enfance loin de la métropole idéalisée et de ses drames (guerre ; occupation). Une vie en quasi autarcie, dans une case, à flanc de montagne.

Une ile parcourue par le train d'autant plus apprécié que le père d'Anabelle, cheminot retraité, bénéficie de la gratuité, ce qui permet d'honorer les tombes familiales lors des fêtes religieuses qui jalonnent l'année et guident l'existence.

Une famille recomposée après le décès de la première épouse de son papa, la mort d'Antoine, l'un de ses trois enfants, le départ en métropole de René, l'ainé, qui épouse une lorraine. Anabelle est élevée par sa mère (seconde épouse) et sa marraine Armande, sa demi soeur, et ce cocon est à la fois protecteur et carcéral, car elle sort peu de sa cellule familiale.

Couvée par une famille pieuse et éduquée dans une école régie par un bataillon de religieuses plus attentives aux familles aristocratiques qu'aux familles modestes parlant créole… Anabelle s'éloigne de la foi en arrivant en France.

J'ai apprécié cet ouvrage reçu à l'occasion de l'opération Masse Critique Littératures de janvier. Sa lecture m'a rappelé le roman « Claudine à l'école » de Colette avec l'évocation de l'école primaire, sa discipline, ses châtiments et la peinture d'un monde rural traditionnel se pensant immuable.

Anne Cheynet écrit bien et n'a aucun scrupule à épicer son récit d'expressions créoles qui sont compréhensibles (phonétiquement) ou expliquées dans un glossaire annexé en fin d'ouvrage. Ces pages expriment à la fois la nostalgie d'un paradis perdu, mais aussi la révolte devant le racisme découvert à Aix lors des « événements » en Algérie.

Merci à Babelio et aux éditions du Poisson Rouge pour cet envoi qui donne envie de visiter La Réunion et ses insulaires.
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Dans ce livre autobiographique, Anne Chesney nous conte son enfance sur l'île de la Réunion,et plus précisément dans les Hauts de Saint Denis où elle habite avec sa famille. Nous découvrons avec délectation la culture réunionnaise à travers son récit très vivant , agrémenté de passages en créole , sa langue natale. Un glossaire en fin d'ouvrage permet de découvrir certains mots , et les petits passages non traduits se comprennent aisément. Elle a 7 ans à la fin de la guerre de 39-45, et ce n'est que lorsqu'elle obtient le bac qu'elle quitte son île pour poursuivre ses études à Aix-en-Provence au moment de la Guerre d'Algérie. J'ai trouvé son récit très poétique, Anne Cheynet a beaucoup de talent pour nous raconter son île! Je la remercie vivement ainsi que Masse Critique et les Éditions du Poisson Rouge qui m'ont bien fait voyager et découvrir « Rivages Maouls »
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Anne Cheney nous fait découvrir le quotidien de l'île de la Réunion des années 1940 (la Réunion lontan), ou plus exactement de celui des habitants ce qu'on appelle ‘les Hauts' de île, là où elle a passé son enfance, à cette époque. Un voyage dans le temps, une immersion totale qui a fait remonter en moi beaucoup de souvenirs. Je n‘ai pas connu la Réunion des années 40 mais mes grands parents m'ont raconté de nombreuses histoires sur ce qu'avait été leur vie à cette époque, et quelques vestiges de cette époque (matérielles et culturelles) subsistaient encore chez eux.
J'ai tout retrouvé dans ce récit …jusqu'au parler créole que l'auteur a à coeur de valoriser.
Anne Cheney est une femme de théâtre, très attachée à la culture de l‘oralité et de la poésie, et cette fibre est présente tout le long du récit.
J‘ai vraiment apprécié ce livre, dont certains passages m‘ont beaucoup ému.
Merci à l'opération Masse critique du mois de janvier et aux éditions ‘Poisson Rouge oi' de m'avoir permis de vivre ces émotions en me faisant découvrir ce récit .
Un très beau livre, tant par le contenu que par la couverture, toute en sobriété .
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Parfois, pour nous rappeler que nous étions dans la grande ville, nous croisions une carriole ou la voiturette du livreur de pain. Au contour, juste avant le lavoir, un grand pied d'hibiscus rouges, nous saluait fidèlement. Il avait l'air de se morfondre derrière son barrage de fil métallique et j'avais toujours envie de m'arrêter pour déposer un baiser au cœur d'une de ses somptueuses corolles. Mais nous n'avions plus le temps !

Nous nous séparions me du Barachois, devant l'église de l’Assomption. Alcide et sa femme allaient vendre leur bazar rue du Grand chemin. Ma sœur et moi nous poursuivions jusqu'à l'Incarnation, où nous arrivions parfois en retard. «Après la cloche ». C'était alors un véritable supplice pour moi, de me faufiler dans les rangs irréprochables du pensionnat au garde-à vous, chantant la Marseillaise ou l'hymne à Jeanne d'Arc, sous les yeux bleus et glacés de la mère Théogène, responsable de la discipline.
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Le dimanche on mangeait fréquemment de la laitue. Dans nos traditions familiales, la salade verte n’était pas un mets de tous les jours. C'etait plutot une fantaisie qui agrémentait les repas de fête. Marraine nous servait d'abord, nous les enfants, pour se débarrasser de nous. Puis elle servait Parrain. Quand il avait reçu sa cuvette de nourriture, au-dessus de laquelle pomponnait, verte et tendre, une belle poignée de laitue je venais m'installer tout contre lui, a ses pieds, pour l'entendre manger. Je dis bien « l'entendre manger » car mon parrain avait une spécialité, que j’étais sans doute la seule a avoir remarquée ! II crommait la salade : II la faisait craquer sous ses dents avec un bruit exquis... A part les lapins, je n'avais jamais entendu personne crommer la salade. On crommait Ie graton, les pistaches, des bonbons... mais c’était ordinaire ! Crommer la salade ! Ça c'etait génial !
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On s'habituait. Ils s'habituaient a notre vie. Ils nous parlaient de la leur. Ils nous racontaient comment Henriette avait été prisonnière des Allemands, comment elle était restée dans un petit cachot ou elle ne pouvait même pas remuer...

Elles devenaient bien pales, a côté, les anecdotes que mon parrain avait ramenées de son service militaire dans I'infirmerie ! Je n'en revenais pas d'avoir une héroïne dans ma famille ! Une héroïne qui étant la, tout près de moi ! Qui mangeait a la même table que moi ! Ils racontaient encore comment les enfants avaient faim et froid. Qu'ils mendiaient du chocolat ou du chewing-gum aux soldats americains... Ils racontaient les Juifs qu'on brulait dans les fours crematoires... les camps de concentration...

J’écoutais, la bouche ouverte... C’était donc cela la guerre ?

En France on souffrait ? En France on mourrait ?
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L'innocence des enfants !... Qui parle d'innocence ?

J'étais un magma de désirs et de passions, un océan où se brassaient l'amour, la haine, la jalousie, dans une perpétuelle et formidable alchimie. Des boules de tendresse s'élevaient du tréfonds et se déchiquetaient, parfois douloureusement, sur les rochers impassibles de l'injustice. La haine aussi, venue de très loin, grondait, montait, et s'arrêtait, interdite, aux rivages du péché, à la barrière de cette morale, dont seuls les adultes détenaient le code. Haine et tendresse, inexprimées, refluaient en regrets, en remords, en déception, en « pourquois ». La seule innocence c'était l'impuissance. Et puis, aussi, de ne pouvoir s'y retrouver dans ces étiquettes du Bien et du Mal.

Je ne savais pas le Bien et le Mal.
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Vis-à-vis des enfants, vu que j'avais sensiblement le même âge que Maria, la fille aînée, je ne me sentais guère « tante ».

Au début J’étais un peu embarrassée, car elles parlaient français et Maman, tout en continuant elle-même à parler créole avec tout l'monde, insistait pour que nous profitions de cette occasion qui nous était donnée de « bien parler ». C'est ce qu'elle disait. Moi je me serais sentie ridicule de parler français. Un peu comme si j'avais revêtu un habit trop grand pour moi !
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