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Carine Chichereau (Traducteur)
EAN : 9782267050981
288 pages
Christian Bourgois Editeur (11/05/2023)
4.05/5   66 notes
Résumé :
Au milieu du XIXe siècle, à seize ans, Nancy quitte la petite île de Clear pour laisser derrière elle son enfance marquée par les famines et la mort. Elle trouve un emploi à Cork, dans le sud de l'Irlande, mais quand elle tombe enceinte après s'être laissé séduire par le jardinier, sa vie prend une tournure dramatique. Son destin, et celui de ses enfants et petits-enfants, sera marqué par la misère et la honte, mais aussi par le courage et la volonté de vivre digne... >Voir plus
Que lire après parfois le silence est une prièreVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (18) Voir plus Ajouter une critique
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Un titre magnifique, expliqué dans une circonstance tragique par un des membres de la famille :
« Puisque personne ne disait rien, j'ai demandé s'il fallait prononcer une prière, mon père a soupiré et répondu que j'en dise une si je voulais, si cela pouvait m'aider à me sentir mieux, mais que pour lui, si jamais un dieu nous écoutait, un dieu qui se soucie un peu de nous, le silence pouvait s'entendre à l'égal des mots. »

Ce titre et la critique de spleen m'ont poussé à mettre ce livre dans ma PAL. La critique de Dori (Yaena) l'a fait remonter sur le dessus. Et le livre est aussi magnifique que le donnaient à penser ce titre et cette couverture.

C'est l'histoire de sa famille que conte l'auteur, probablement le petit Bill turbulent que l'on voit apparaitre dans la troisième partie. Il le fait par l'intermédiaire de trois personnages à différentes époques.
Jer en 1920 : un homme encore poursuivi par ses souvenirs de la guerre, anéanti par la mort de sa soeur, plein de ressentiment et de colère envers son ivrogne de beau-frère.
Nancy en 1911 : jeune femme, fuyant son ile de naissance où les conséquences de la famine ont été terribles, elle aura une vie difficile, mais ne renoncera jamais et se battra pour assurer une vie décente à ses enfants. Elle est la mère de Jer
Nellie en 1982 : dernière fille de Jer, elle attend la mort dans sa maison, entourée par sa famille et se remémore un épisode tragique de sa vie.

Ce livre a frôlé les 5 étoiles. J'ai trouvé que la deuxième partie celle qui raconte la vie de Nancy était moins intense que les deux autres, sans doute parce qu'elle décrit plus d'évènements, quasiment toute une vie nous y est racontée. Et, après la première partie dont la beauté, l'âpreté, la poésie m'avaient complétement envoutée, j'ai éprouvé une légère déception (très légère). J'ai trouvé cette partie moins marquée par la plume de l'auteur, moins personnelle.

J'ai préféré la structure des deux parties plus courtes, bâties l'une et l'autre autour d'un évènement central, une mort et un enterrement dans les deux cas. L'écriture et la description des sentiments éprouvés par les personnages sont de toute beauté.

Ce roman est aussi profondément inscrit dans une terre, celle d'Irlande. Et à travers l'histoire de cette famille c'est un peu celle de ce pays qui nous est comptée, une atmosphère qui nous est décrite, la famine, l'esprit étroit du clergé, les conditions de vie du peuple exploité et contraint parfois de vivre dans les asiles où les familles étaient séparées.

Un récit empli de lumière malgré la dureté des faits qu'il rapporte, un livre empli d'humanité.
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D'abord j'ai vu cette couverture, avec ce gosse des rues espiègle, qui essayait de franchir ce mur trois fois trop haut pour lui. Un mur tout en brique de ceux qu'on trouve dans les vieilles ruelles. Tout un symbole. Une image gris bleu qui respire la mélancolie des jours anciens. Ensuite j'ai vu le titre sans même une majuscule « parfois le silence est une prière » comme un morceau de poésie, posé là en toute humilité avec au dessus le nom de billy o'callaghan, lui aussi sans majuscule plein de simplicité.

Parfois les couvertures tiennent leurs promesses.

J'ai tout de suite été séduite pas la plume simple et désarmante tellement elle saisie par l'émotion qui la traverse. Je me suis laissée surprendre par des phrases lumineuses qui m'ont cueillies sans que je m'y attende.

Cette histoire, c'est celle d'une famille sur trois générations. Des morceaux de vies, celles de Nancy la grand-mère, Jer le fils et Nellie la petite fille. A travers ces vies c'est l'Irlande qui se raconte dans toute sa misère et son humilité, mais aussi dans sa détermination à vivre et dans ses valeurs. C'est l'histoire de gens simples et fiers pour qui leurs proches méritent tous les sacrifices.

Mais Billy O, Callaghan nous offre surtout un beau portrait de femme à travers le personnage de Nancy. Une femme qui a survécu à la grande famine et souffert mille maux. Si elle avait été un homme les choses auraient été bien différentes mais en tant que femme elle fut plus d'une fois condamnée à subir. Encaissant les coups du sort et refusant d'abandonner elle n'a jamais baissé les bras. Une force qui a traversé les générations pour arriver jusqu'à Nellie, petit bout de femme qui n'a rien à envier à son ancêtre. Un personnage touchant qui inspire le respect et clos le récit sur la pointe des pieds.

Et puis au milieu de ces femmes, car il y en a bien d'autres, se trouvent quelques hommes, principalement Jer, le fils de Nancy et le père de Nellie. Un personnage digne et fragile à la foi, habité par la colère et l'amour. Un mélange explosif dont il tient les rênes grâce à sa dignité sans faille.

Un livre à fleur de peau. Une poésie délicate et mélancolique qui habite les pages. Un récit qui parle des choses simples parce qu'elles ont souvent bien plus d'importance que celle qu'on leur accorde.
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En cette période estivale où les listes de lecture "de plage " fleurissent , je me demande si il existe un auteur irlandais offrant un roman joyeux ...

Peu importe, car j'ai aimé rencontrer les membres de la famille de l'auteur qui nous livre pour trois d'entre eux des pans de vie où tout bascule.

L'histoire commence avec Jer, le fils , au moment du décès de sa soeur Mamie lié à l'enfer qu'elle a vécu avec un homme violent.
Jer, profondément marqué par son expérience de soldat dans les tranchées pendant la première guerre mondiale , ne supporte pas l'idée de rencontrer son beau-frère sans lui faire payer son comportement.
Il était très lié à sa soeur ainée , soudés par le combat que leur mère a mené pendant leur enfance contre la pauvreté .

Irlande, début du XX ème siècle, Mary, la mère quitte l'Ile de Clear à 16 ans après des années de famine et de misère, elle est seule et tente de survivre à Cork où elle trouve un travail chez une vieille femme acariâtre mais elle se laisse séduire par la prestance et les belles paroles de Mickaël Egan .
Enceinte, elle n'a d'autres solutions que d'aller à l'asile des pauvres , une véritable prison où on devine que les conditions de vie sont affreuses .
Son obsession est la survie de ses enfants.

La dernière partie se passe en 1982 , au moment de la fin de la vie de Nelly, la fille de Jer , qui se remémore un épisode tragique de sa jeune vie de mère .

Des gens simples , dignes dans leur malheur qui ne s'apitoient pas sur leur sort et de cette obstination à vivre avec les autres sans baisser les bras et la tête haute nait l'empathie chez le lecteur.

L'écriture est également sans fioritures , il n'y a aucun misérabilisme ni voyeurisme.
Les images les plus dures sur lesquelles l'auteur s'étend sont celles des souvenirs de guerre de Jer , gravés dans le plus profond de son être.
Celles de l'asile des pauvres ne sont qu'ébauchées , cela suffit à entrevoir les souffrances et la dureté de cette vie.
Lu le 14 juillet 2023
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Trois destins ravagés, trois vies de douleur et de labeur.
Il n'y a pas de misérabilisme chez Billy O'Callaghan mais l'exigence de raconter fidèlement le malheur de sa famille, à l'image d'une nation irlandaise qui forgea avec dignité son identité dans les calamités. Quand il faut survivre, il n'est plus question de honte ni de déshonneur.
Les femmes de ce roman sont résilientes et sujettes à la compassion. Il semble qu'au contraire des hommes, la violence et l'injustice les adoucissent, et ravivent leur humanité : « Les femmes que je connais tendent à avoir plus de coeur, peut-être parce qu'elles sont habituées à souffrir d'une manière que les hommes ne connaissent pas ».
Les hommes font ce qu'ils peuvent. Ils n'échappent pas à leur nature, à cette viscérale envie d'en découdre. Plus qu'à leurs paroles, c'est à leurs actes qu'on les reconnaît.
Si Billy O'Callaghan n'a pas le talent de Victor Hugo, il en a l'extrême indulgence, cette même capacité à excuser les bassesses du genre humain, à se méfier des donneurs de leçons (le clergé en tête) et de tous ceux qui, sans jamais avoir connu l'indigence, en jugent hâtivement les dommages collatéraux. Non, tout s'explique, tout se comprend, pourvu qu'on tende l'oreille et que l'on change de regard.
Sans s'égarer, sans rabattre les clichés, sans se soucier de ce que le lecteur pourrait attendre ou espérer, l'auteur s'immisce à merveille dans la psyché de ses personnages au point de susciter en nous une empathie sans limite.
Bilan : 🌹🌹
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Avec Parfois le silence est une prière, Billy O'Callaghan, qui fait partie de la nouvelle génération d'écrivains irlandais talentueux raconte l'Irlande à travers trois personnages et trois époques différentes.

« Parfois le silence est une prière » retrace l'histoire de la propre famille de l'auteur irlandais à travers les voix de trois ancêtres à des moments décisifs de leur vie. le roman est ainsi divisé en 3 parties, dédiées à 3 histoires différentes mais liées.

Billy O'Callaghan parcourt environ 100 ans de la vie (surtout de la survie…) de sa famille sur plusieurs générations, utilisant les voix de son arrière-grand-père, de son arrière-arrière-grand-mère et de sa grand-mère.

Il raconte son histoire après avoir écouté celles de sa grand mère a-t-il confié lors du festival littéraire de la Villa Gillet dernièrement. C'est peut-être parce qu'il est "directement" impliqué ou lié aux personnages que le roman est à la fois si juste et poignant.

Ainsi le roman est divisé en trois parties, chaque partie éclairant le destin d'un personnage différent qui parle à la première personne. Bien entendu, ces trois personnages ont des liens de parenté.

C'est avec Jer que s'ouvre Parfois le silence est une prière. Nous sommes en 1920, Jer est hanté par les souvenirs de la première guerre et est confronté à la mort de sa soeur Marie.

Dans la seconde partie du roman, nous faisons connaissance de la mère de Jer, Nancy, qui a quitté l'île de Clear, fuyant la famine et la mort. C'est son histoire qui m'a le plus touché. Enfin on accompagne Nelly, la petite fille de Nancy, dans ses derniers jours de vie en 1982.

Tous ont été confrontés à des situations difficiles et tous ont fait face, en restant fidèles à ce qu'ils étaient.

Un roman poignant sur l'humanité des gens simples en quête de rédemption.

Merci à la traductrice Carine Chichereau, grâce à qui, j'ai pu lire la plume délicate, sensible et pleine d'humanité de Billy O'Callaghan.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Elle disait souvent qu’elle me manquerait après qu’elle serait partie, mais que je continuerais, parce que c’était ça, la vie. Et elle espérait que lorsque sonnerait mon heure, il y aurait aussi quelqu’un à qui je manquerais, parce que c’était bien là la trace que nous pouvions tous espérer laisser.
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Quand j’étais petit, j’aimais écouter le vent. Avec le temps, ce bruit est devenu celui de mon enfance. Puisque je ne parvenais pas réellement à définir sa forme, je lui ai donné la mienne, j’ai transmis au vent une identité semblable à la mienne mais plus âgée, et j’ai tenté par tous les moyens de donner du sens à cela, à sa provenance. J’ai tissé un fantôme à partir de nombreux fils anonymes qui me constituaient afin, je suppose, de créer une sorte de récit, de lignage. La voix qui incarnait le vent selon moi n’était jamais forte, mais elle était nouvelle et en quelque sorte familière, comme toutes ces vieilles chansons que j’écoutais. Et en cherchant ainsi, je me suis pris à croire que c’était là une partie manquante de moi-même, celle qu’on n’avait par ailleurs pas voulu m’accorder.
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Ou bien je suis au lit avec ma femme, Mary, qui dort tout contre moi, et j’entends les petits bruits des enfants allongés sur leurs paillasses en toile de jute, par terre, et la nuit est pareille au couvercle d’un cercueil planté sur moi, de la tête aux pieds, et ma respiration ralentit le plus possible dans ma bouche et dans ma gorge, elle a un goût de poussière, avec des relents de chair pourrie, et tout au fond, de hurlements. Nous sommes en 1920, près de quatre années se sont écoulées depuis la Somme, mais le goût de cette bataille ne m’a jamais quitté.
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Je faisais ma toilette avant d'aller me coucher, penchée sur une bassine en porcelaine remplie d'eau tiède, écrasée par le travail du jour et si lasse dans tous mes muscles que le simple fait de respirer me coûtait mes dernières forces, et il y avait des soirs où je pleurais à la simple vue de mon corps nu dans la lumière jaune de la chandelle, mes côtes apparentes sous la peau telles les branches grêles d'un bouleau en hiver, et mes pauvres seins tombants, vidés et ratatinés avant qu'ils aient eu la chance de gonfler, tout aplatis, car je ne ressemblais pas du tout à ce qu'était censée être une femme.
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Elle n'avait que trente cinq ans, ce qui me paraissait impossible car pour moi elle avait la permanence des vieilles pierres dressées autour desquelles j'avais l'habitude de jouer, mais ainsi que je l'ai compris depuis, le temps n'est pas la mesure d'une vie.
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