Jacques Chiffoleau est injustement méconnu. Sa contribution à la rectification des idées fausses par l'introduction de deux ou trois concepts très innovants a réellement redéfini la perspective de la justice ecclésiastique au Moyen Âge. Ainsi, par exemple, Chiffoleau soutient au cours d'une démonstration très convaincante qu'à l'origine de la notion de "liberté de conscience", il y a la séparation du for intérieur et du for extérieur établie par l'Eglise, laquelle se refusait à juger des choses ne relevant pas du judiciaire. Tant pis pour les idées frelatées et détrempées dans la vinasse que ce pauvre Merluche exprime en postillonnant sur les plateaux de télé.
Autre apport considérable de Chiffoleau: l'examen de la melancholia, mal du siècle qui précède l'aube de la Renaissance et qui traduit - selon lui (mais je le crois) - l'effondrement d'une espèce de culte traditionnel des ancêtres et un sentiment croissant de solitude au monde, de "déréliction" comme dira Heidegger, que l'individualisme bourgeois des communes et des confréries vient compenser dans le contexte social et politique de la Réforme grégorienne et de l'invention de l'Etat.
La Religion flamboyante (1320-1520) est l'histoire de la France religieuse au cours de cette "crise gothique". C'est passionnant. Chiffoleau est passionnant.
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