Huitième volet des aventures de Jack Reacher sur les vingt-deux à ce jour (oui, 22, on est à la bourre de 3 romans non encore traduits, sans compter quelques nouvelles qui se baladent au-delà de l'Atlantique!).
Et c'est toujours une joie de le retrouver!
Cette fois-ci, ce n'est pas le danger qui court après Jack, mais lui qui se précipite sur les lieux d'une fusillade.
Et non, il ne vient pas défendre un ancien soldat,
James Barr, coupable très vite désigné après le drame.
Il a un compte à régler. Il n'a pas pu le coincer pour des faits similaires il y a une quinzaine d'années au Koweït mais cette fois, Jack Reacher fera tout pour qu'il paye pour ses crimes.
Mais les choses ne sont pas si simples. Pourquoi Barr l'a réclamé lors d'un interrogatoire? Et l'instinct de Jack lui souffle que toutes les pièces à charge sont un peu trop parfaites. Instinct renforcé quand on essaye de lui tendre un piège et les limites sont dépassées quand un meurtre est commis...
Plus que tout, c'est la vérité qui intéresse Jack Reacher...
Comme d'habitude, juste le rappel de qui est Jack Reacher: ancien de la Police Militaire américaine, mesure plus d'un mètre quatre vingt dix, blond aux yeux bleus, avec toute la rigueur d'une vie passée dans l'armée et une conception pure de la justice, telle que la loi ne peut pas forcément l'appliquer, tout en muscles mais pas mal aussi dans le crâne. Il a quitté l'armée car elle ne pouvait plus rien lui apporter et depuis, il vadrouille au gré de ses envies. Mais il semble être un aimant à problèmes… sûrement à cause de la jalousie que sa liberté suscite… allez savoir! L'esprit vif et les muscles affûtés, Jack Reacher est un loup solitaire peu prolixe, se contentant d'un confort spartiate, qui intériorise énormément mais… faut pas le chercher!
Difficile d'être originale d'un avis sur l'autre pour certains aspects des romans de
Lee Child car l'auteur a trouvé une recette livresque idéale et il l'applique systématiquement: de l'action, de la précision presque maniaque dans la description des armes et scènes de combat, stratégie et rigueur toute militaire, entr'autres choses.
Cette recette est à chaque fois savoureuse et je ne m'en lasse pas. Un
Lee Child est une valeur sûre!
Pourquoi aucune lassitude? Parce qu'on voyage à travers les States au gré des errances de Jack Reacher (beaucoup plus rarement à l'extérieur des frontières!), parce que l'intrigue est toujours différente avec des protagonistes évidemment et logiquement nouveaux, et que le passé de Jack est égrené parcimonieusement au fil des tomes.
Jack Reacher semble être un personnage froid et lisse mais il n'en est rien. Il est carré dans sa tête, droit dans ses bottes, dépouillé de toutes contraintes, mais sa vie tumultueuse nous dévoile ses coups de coeur, ses combats et ses blessures.
Dans cet opus, Jack Reacher a dû composer avec des intérêts supérieurs qui lui ont imposé le silence mais il n'a pas oublié Koweït City, dans les années 90, juste après les opérations de Bouclier du désert et Tempête du désert.
James Barr, tireur d'élite, est passé au travers des mailles du filet de la police militaire car le blason américain ne devait en aucun cas être terni. Jack a respecté les ordres. Mais il y a eu des morts, et ça, Jack Reacher ne peut l'oublier.
Le sujet de l'obéissance aux ordres, obéissance aveugle ou de raison, est un sujet qui revient souvent quand l'armée entre en jeu mais cela dépasse bien souvent le cadre militaire pour déborder dans les domaines de la vie civile. Composer avec sa conscience ou courber l'échine.
Lee Child n'apporte pas de réponse idéale mais j'aime à le voir dénoncer en toute lucidité les travers de notre société.
Dans
Folie furieuse se pose la question de la science et des preuves matérielles d'un crime. Si les enquêteurs ont des techniques de plus en plus pointues pour identifier et arrêter des coupables, il faut bien être lucide et se dire que les progrès ne sont jamais à sens unique ou exclusifs et que les malfrats de tout poil possèdent également ces nouvelles techniques pour déjouer ces mêmes enquêteurs.
Heureusement que tout ce qui fait intervenir l'être humain est imparfait.
Mais il faut des personnes pugnaces et intelligentes comme Jack Reacher pour franchir le rideau des apparences un peu trop limpides pour trouver la vérité et ne pas grossir le chiffre des erreurs judiciaires.
Le portrait de l'avocate, Helen Rodin, opposée à son père, le procureur, est très intéressant car c'est la nouvelle génération qui doit faire ses armes dans un domaine difficile, sans immédiatement écorner son idéalisme mais avec l'obligation tout de même de gagner sa vie, face à celui dont la carrière est déjà bien assise, voire tassée, et dont on peut douter de l'honnêteté par moments.
J'avoue avoir eu des doutes sur le procureur jusqu'à la fin et, pour le coup, l'auteur m'a bien baladée cette fois-ci!
Au cours de l'enquête de Reacher, j'ai beaucoup aimé cette incursion dans la mafia russe, avec les évocations des tortures infligées dans les goulags et la manière dont les hommes sont amenés à survivre. Tout autant que les malversations, la concurrence et les dessous de table dans le domaine de la construction, quand gros sous flirtent avec politique et pressions.
Encore une fois, j'ai accompagné Reacher avec grand plaisir dans son aventure mais là, il m'a abandonné, "en route pour n'importe où ailleurs avant la tombée de la nuit"!
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