«
Les petits » : sont réunies ici 8 histoires d'enfances, d'enfants – de parents qui ont été enfants, de leurs enfants. de toutes ces nouvelles, celle qui m'a le plus frappée est peut-être « La guerre ».
« La guerre », c'est l'histoire d'un élève qui, en classe, multiplie les bêtises et ne se montre guère présent aux propos du professeur de français. Son attention papillonne tantôt vers la cour où gambade Rufus, le chien du gardien, tantôt vers l'intérieur de la classe, se fixant vers ce qui l'horripile depuis bien longtemps déjà : Camille, la bonne élève, sage, concentrée, qui sait enjôler les profs par ses réponses pertinentes ; Ludovic « et son beau cartable, ses chaussures bien cirées, ses affaires impeccables », Ludovic qui lit à merveille les textes les plus difficiles et auquel le professeur de français donne toujours la parole. L'enfant sent l'exaspération s'emparer de lui. Alors minutieusement, insidieusement, il prépare sa revanche, un compas dans la main. La guerre est déclarée.
Cette nouvelle, à l'image des autres, semble contenir, dans sa brièveté, tout le potentiel incisif de
Frédérique Clémençon. En peu de pages, l'essentiel est dit : l'estime de soi d'un enfant, d'un élève, mise à mal, et tout le mal être qui en découle. L'auteure en nous faisant entrer dans sa tête, lui redonne une parole, une place (bien particulière il est vrai) dans cette classe, parmi ces élèves qui ne semblent pas lui en laisser. Il parle, se parle, se dit sa souffrance jusqu'à ce qu'elle explose de manière aussi brutale que cruelle.
Dans chacune de ces histoires, sauf peut-être « La guerre », le style de l'auteure semble très recherché et travaillé, mais peut-être à l'excès : certaines phrases sont trop longues, ce qui compromet, à mon goût, la compréhension: j'ai souvent dû revenir en arrière pour relire un passage, ne parvenant pas à accéder au sens.
Histoires d'enfants – de leurs parents qui, souvent, se sont séparés, ou qui demandent à leurs petits d'accomplir un destin qu'eux-mêmes auraient souhaité. Des « petits » bien universels, au fond…