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3,57

sur 2102 notes
A sa façon de nous parler des gosses on voyait bien qu'elle nous aimait beaucoup…
C'était bien, c'était chouette, chez Colette.

Première incursion dans ce monde où les phrases se dégustent souvent fraiches de l'éclat de leur perfection mais parfois trop onctueuses de leur musique aux saveurs complexes et tendrement surannées.

J'ai apprécié débusquer les idées masquées d'interdits par l'époque trop prude aux épanchements.
J'ai ressenti pleinement les émois de l'adolescence de Philippe « enfermé dans son précoce amour comme un prince orphelin dans un palais trop vaste », identiques aux miens malgré une période plus tardive mais toujours marquée de l'inhibition imposée par l'ombre des parents.
J'ai aimé les minauderies et les enfantillages de Vinca et Philippe ancrés aux phrases de luxe de cette auteure qui possède le talent de décortiquer les sentiments de la fin de l'enfance où les passions ne s'expriment que dans l'extrême.
J'ai profité de l'environnement vivifiant de cette Bretagne aux parfums d'iode et de goémon, entouré de buissons d'ajoncs et de chardons de dunes aussi bleus que les yeux de Vinca.
J'ai frémi avec Philippe lorsqu'il rejoignait Mme Dalleray avec ce sentiment ambivalent de faire de lui un homme victorieux mais tremblant de perdre son innocence.

« Mais le plus beau matin rajeunissait jusqu'à ces enfants égarés et qui se tournaient parfois, plaintivement, vers la porte invisible, par où ils étaient sortis de leur enfance. »

On y retournera, pour ne pas l'oublier, Colette. Ce sera bien, ce sera chouette.
Et on reparlera des histoires du passé.

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Le monde de l'adolescence, cette période intermédiaire où l'impatience de devenir enfin quelqu'un est confrontée avec l'indécision quant à l'avenir et à la nécessité de temporiser, aux divers devenirs qui ne dépendent pas d'une décision quelconque, mais du hasard et des parents, , est une situation tourmentée, nous dit Colette, dans « le blé en herbe. »

C'est quoi, le blé en herbe ? c'est justement ce que vivent Phil, 16 ans et demi, et Vinca, quinze ans et demi : le moment où les épis ne sont pas mûrs, rien ne sert de les couper avant terme.
Philippe est jaloux lorsque Vinca, qu'il considère infantilement comme « à lui », plait à un homme plus vieux, et qu'elle jouit de ses compliments sur sa beauté, comme si , pleine d'insolence voluptueuse, elle devenait une idole, un tanagra…
Mais elle est trop amoureuse de lui, et s'écrase comme « une squaw »au lieu de triompher, alors, autant elle l'énervait avec son simulacre de séduction, autant elle l'horripile quand elle revient, humble et moche, une biche , une esclave, vers lui, le coq.
Et puis elle ne comprend jamais rien, elle parle comme sa mère, et elle attend que jeunesse se passe. Elle l'énerve et en même temps il ne voit qu'elle.

Passe une dame en blanc. C'est elle, garçonne des années 20, qui prend l'initiative.


Est ce une ironie de la part de Colette ? est ce même une satire, de ces adolescents qui se croient les rois, et qui font l'amour sans vraiment choisir ,l'un , avec une femme le double de son âge, l'autre, par dépit amoureux ?
Mauvaise piste, je crois, car Colette insiste sur le plaisir pris. Celui du jeune homme, avec son maitre, enfin sa maitresse masculine, qui lui apprend, quoi, le plaisir, l'art d'y arriver, l'abandon à la jouissance, et cela, même s'il est troublé de mendier les caresses, et que ses prérogatives de mâle ne soient pas reconnues.
Il ressent de l'angoisse à chuter dans l'âge adulte. Mais il y va.


Comment dire ces choses sans les dire ? c'est tout l'art de Colette, qui entoure ces premiers émois avec l'évocation de la nature bretonne, les coquillages, les graminées, les rochers, les goémons. Elle sait parfaitement qu'elle va choquer, alors, pas la peine d'en rajouter avec des détails inutiles, puisque nous comprenons. le monde de la dame en blanc, avec le ara rouge et bleu, le rouge et le blanc d'une tenture, le noir et l'or des rideaux, le rouge du melon, et le rouge de la bouche éblouissent le jeune homme ;Il lui avait apporté des chardons bleus du même bleu que les yeux de Vinca; il retire le bras qu'elle lui prend, puis redonne son bras. Tout est dit.

Comment. à notre époque, pourrions nous écrire une telle histoire ? Une femme plus âgée qui « déniaise » un adolescent, ce n'est pas très correct, non, et cela s'appelle : pédophilie.
A moins qu'il n'y ait 2 poids et 2 mesures, et que l'on ne parle de viol, de harcèlement, de non consentement, que lorsque c'est une jeune fille, et que pour les adolescents, ce serait une éducation vers le plaisir ?


Mauvaise piste, car Colette a voulu choquer, pour faire comprendre, pour faire accepter, cette situation, tout en racontant son histoire incestueuse avec le fils de son second mari, Henri de Jouvenel, dont elle divorcera en 1923 au moment d'écrire le blé en herbe, histoire qui a quand même duré 5 ans , plus donc que dans son roman.
Elle choque, et à la fois elle enchante par son écriture pudique , émotive, ouverte.
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1923. C'est en 1923 que parait le Blé en herbe. Son auteure, Sidonie-Gabrielle Colette n'est plus à un scandale près. Imaginez un peu le tollé à la parution de ce roman qui osait parler ouvertement d'un sujet tabou, l'éveil à la sensualité amoureuse...
Phil et Vinca se connaissent depuis toujours, leurs parents sont des amis proches, ils passent toutes leurs vacances d'été en Bretagne dans la même maison. Frère et soeur, cousin cousine, un jour ils prennent conscience l'un du haut de ses 16 ans et demi et l'autre de ses 15 ans que le sentiment qui les unit a évolué.
Phil est "kidnappé "par la Dame en blanc et initié. Mais Vinca alors?
Colette nous raconte ces enfants, ces adolescents, ce jeune homme et cette jeune femme. Sa plume court élégante et subtile. Qu'il s'agisse de nous dépeindre nature, ciels, paysages, herbes du chemin ou ses personnages, le ton est juste, le verbe précis et sa prose élégante et racée.
Un court roman qui me semble t'il, doit se lire sans hâte ni précipitation pour en apprécier toute la justesse et la musicalité.
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Je ne pense pas avoir choisi le meilleur roman de Colette en voulant découvrir cette auteure, ce livre m'a doucereusement ennuyée même si je lui reconnais une jolie écriture mais peut-être trop champêtre.

Phil, 16 ans ½ et Vinca, 15 ans sont des amis d'enfance qui se rejoignent tous les étés en Bretagne dans une maison louée par leur famille respective.
Cet été, les deux adolescents vont se découvrir sous un angle différent, Vinca jeune fille plutôt jolie réalise que son pouvoir de séduction ne laisse pas insensible la gent masculine, et Phil très attiré par celle-ci, est tourmenté par le changement physique de son amie. Phil l'observe, hésite, s'interroge et doute de ses sentiments pour Vinca.
Un jour, le jeune garçon fait connaissance d'une belle inconnue d'une trentaine d'années, sous le charme Phil se laisse séduire par les flatteries de la jeune dame Camille Dellaray.
Par la suite Phil entretient une aventure secrète et confuse auprès de Camille, et cette dernière initiera le jeune adolescent au plaisir de la chair.
Vers la fin de l'été Philippe apprend le départ précipité de la jeune femme, tout d'abord attristé, il finira par revenir vers Vinca. La jeune fille peinée par cette relation qu'elle a fini par deviner, acceptera de lui pardonner.
Pour Phil, la relation entretenue avec Mme Dellaray, attisera et embrasera le désir de posséder Vinca, et cette dernière succombera au désir de son ami.

Je pensais découvrir une Colette avant-gardiste et dévoilant des interprétations un peu plus subjectives, et je découvre une Colette dont le roman est prude et marqué de sous-entendus, un roman sur l'adolescence un peu trop pudique et candide à mon avis.
Donc très déçue, en traitant du thème du passage de l'enfance à l'adolescence, j'espérais une histoire quelque peu voluptueuse et passionnelle entre deux adolescents qui découvrent les prémices de l'amour.
Peut-être que ce roman a tout simplement mal vieilli...
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Lu dans mon adolescence, ce livre m' a profondément marqué parce qu'il parle de l'initiation sexuelle de jeunes adolescents et de ce que je ressentais comme une trahison à cet amour, l' aventure du jeune garçon plus âgé avec une femme d'âge mûr et la rage de la jeune fille si jeune qu'elle ne peut rivaliser avec l'autre et qui ira au delà de ses propres envies pour garder "son amour" : un petit goût d'amertume.
Un avant goût de "Chéri"sans doute, du même auteur.
Anticonformiste, avant-gardiste,Colette vit comme elle écrit et se moque de choquer la bourgeoisie coller-montée de son époque, tout début du 20eme siècle.
Un siècle plus tard, ce livre est largement dépassé mais il demeure un témoignage très agréable à lire sur une époque où les normes étaient immuables dans une société qui allait disparaître mais qui ne le savait pas...
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Dire la fin de l'enfance, et plus encore ce moment juste avant de basculer dans le vestibule de l'âge adulte est un de ces exercices littéraires où il est aisé de se casser les dents et de passer à côté de son sujet.
Force est de constater que Colette, qui écrit à une époque où le concept même d'adolescence existait à peine, s'en sort avec une certaine finesse, en optant habilement pour le regard du garçon sur ses propres atermoiements autant que sur la fille - femme aimée. de fait, Phil et Vinca ressortent de ces pages avec une réelle consistance, toute de peau hâlée aux jeux de mer en été, d'attouchements avortés, et des non dits d'une pensée sentimentale pas encore mûrie.
"Le blé en herbe" n'est pourtant pas pour moi de ces romans qui fascinent et emportent, si ce n'est par l'intemporalité du sujet qui ramène le lecteur à sa propre adolescence. Malgré quelques jolies phrases, il m'a tardé d'arriver au bout de ce récit pourtant court. Lu trente (ou quatre vingt dix!) ans trop tard, peut-être!
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Le "blé en herbe" est un livre que j'avais lu à l'âge de 17 ans. Il m'avait beaucoup plu et maintenant je le relis avec une autre sensibilité. Je me rends compte que Colette savait à merveille traduire les émotions les plus intimes avec un réalisme époustouflant.
Pour un petit rappel, Philippe et Vinca se connaissent depuis toujours et vivent à leur adolescence un jeu amoureux mais Philippe sera attiré par une belle dame et vivra une aventure sensuelle avec elle.
Toujours très agréable à lire et pourtant le roman a quelques années de route puisqu'il a été écrit dans les années 1920.
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Chaudement recommandé par un professeur de lettres, j'étais curieuse de lire ce roman de Colette dont il disait que c'était le roman "où elle règle ses comptes avec la gent masculine".
Intriguant, comment à partir du récit d'un séjour de deux jeunes ados parisiens en Bretagne Colette aurait pu faire une telle chose ? N'étant tant pas insensible au charme désuet de la plume de Colette, les critiques très mitigées ne m'ont pas arrêtée !
Alors, en toute sincérité, je dois admettre que l'intérêt du roman se situe dans les trois derniers chapitres.
J'ai ressenti cette lecture comme étant surtout une nostalgie pour un Eden D innocence qu'est celui de l'enfance qui ignore le mensonge et la trahison. Dans ce récit du passage à l'adolescence de Vinca et Philippe, ses deux amis d'enfance fusionnels qui étaient comme des "jumeaux" nous dit la narratrice sont séparés lorsque la rencontre de Phil avec Mme Camille Dalleray (dont ke portrait est vraiment magnifique et d'une sensualité malgré sa simplicité... surprenant !) crée l'éveil des sens du jeune garçon.
Dans le blé en herbe, le serpent est remplacé par une belle trentenaire lascive face à laquelle le jeune Phil est désarmé. Et Vinca, lorsqu'elle mord dans une poire refuse de la donner à Phil, ses deux scènes seraient d'ailleurs intéressantes si on prenait le temps de les regarder de plus près.
Et en cédant à l'appel de la chair, les deux ados perdent leur statut et rôle d'enfant ainsi que leur vision idéalisée d'un amour pur. Et le personnage de Phil ne devient rien de plus.. qu'un lâche ! Celui qui a trahi mais cherche à se faire plaindre, se pose en victime et en sauveur avec des mits d'amiur auxquels la jeune fille ne peut plus croire.

Si j'ai apprécié l'écriture de Colette et les trois derniers chapitres, je comprends qu'un tel récit puisse rebuter un lecteur du 21ème siècle, non seulement parce qu'il est très descriptif mais aussi très mesuré pour une revanche et toute la relation avec Mme Dalleray n'est que suggérée par des images pour qui voudrait lire un roman d'initiation érotique.

Au final cette lecture n'a pas été déplaisante mais je ne le conseillerai pas non plus à n'importe quel lecteur.


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Dense, lumineux, ce "blé en herbe" est à la fois un adieu à l'adolescence et un éveil à la sensualité. C'est une fin et un commencement, un crépuscule et une aurore. Il aurait été facile pour Colette d'en faire un roman à scandale puisqu'elle y évoque la relation charnelle d'un jeune garçon et d'une femme mûre, mais ce qui l'intéresse, c'est moins la fusion des corps que la confusion des esprits qui en résulte.

Nulle crudité, ici. Nul érotisme au sens commun du terme. Rien que des êtres en proie au vertige du désir, perdus sans boussole sur l'océan des sentiments. Curieusement, j'entends parfois qualifier ce livre de tiède, de mièvre, de convenu. Eh bien moi, je le trouve intense, beau et subtil! Il dit sur l'amour des choses très belles et les dit avec beaucoup de justesse.
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Une petite histoire d'amour assez troublante mais dans toute la naïveté possible, ce dont l'auteure est parvenue à nous faire vivre! Deux adolescents, lui, il a 16 ans, et elle, elle a 15 ans, vivent leur adolescence avec beaucoup de questionnements sur leur avenir, surtout pour lui. Grandir leur fait peur, se détacher de l'enfance, et penser à faire comme papa et maman, se faire un choix dans la vie, prendre ses responsabilités. Toutes ces questions leur font peur. Puis on voit la distinction entre la fille et le garçon dans leur éducation. Si le garçon pense qu'il doit se fabriquer, se trouver une voie de sortie dans la vie, mais pour la fille, chez elle, tout est presque fait. Elle y va à cœur joie en se donnant aux travaux ménagers, à la petite couture, remplaçant de temps en temps sa mère quand ses crises de rhumatisme l'assaillent. Elle sait que c'est dans cet état qu'elle va attendre son mariage. Hé oui, c'est ça le destin de la femme de l'époque. Puis surgit la dame en blanc, et notre jeune adolescent va découvrir d'autres saveurs de la vie, et ça va bouleverser son équilibre pendant un moment.
J'ai savouré ce petit roman où Colette nous fait vivre des moments joyeux et sombres de l'amour, où se mêlent l'infidélité, la jalousie, la colère, le chagrin, le plaisir...et ceci, avec toute la naïveté de nos deux personnages!
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