Casterman vient de rééditer les deux premiers albums de
Didier Comès :
le dieu vivant et
le maitre des ténèbres.
Etant trop jeune (à l'époque, en 1974), j'avais raté ces deux histoires et me suis donc précipité chez mon libraire qui avait mis la réédition en vitrine. Les critiques des albums originaux sont plutôt mauvaises, ici. Et je les ai bêtement lues avant d'attaquer. de quoi me gâcher le plaisir...
Heureusement, il n'en est rien, au moins concernant le premier opus. Évidemment, ce sont des oeuvres de jeunesse et graphiquement, même s'il y a déjà de grands à plat de noir,
Comès n'a pas encore trouvé ce style si particulier qu'il développera avec
Silence à partir de la fin des années 70. Disons que cela fait le même effet que La ville qui n'existait pas à quelqu'un qui aurait découvert Bilal avec sa série Monstres. Ça fait daté.
Le dieu vivant est très bon. La trame est un mélange de l'arrivée des conquistadors en Amérique du Sud avec une ambiance de naturalisme flower power (1974, en France, ça devait être quelque chose, de ce côté !). Mais l'histoire se tient et est parsemée de quelques belles inventions, à la fois graphiques et dans le scénario. Bref, il ne mérite pas du tout les méchancetés écrites par ailleurs sur Babelio.
Le maitre des ténèbres est moins ma tasse de thé. Trop d'influences heroic fantasy façon le
Druillet de Yragaël /
Urm le fou. Même si commencent à poindre quelques obsessions de
Comès : l'Ankou, la guerre de 14. Je lui redonnerai sa chance en le lisant tranquillement ; le dévoré à la vitesse du cheval au galop n'est pas le genre de lecture qui lui sied. Comme un
Druillet, il faut prendre le temps de le regarder. Et là, il y a un truc bizarre : l'éditeur original ayant perdu une vingtaine de pages (il faut le faire !),
Comès a finalement accepté de les redessiner 5 ans après. Son style avait beaucoup changé entretemps, et bien qu'il se contienne probablement, qu'il tente un peu de pasticher sa vieille façon pour éviter une rupture trop grande, ça se voit. Et c'est pas si désagréable.
Moralité : lisez les sans les oeillères de celui qui attend du
Comès moderne, et ces albums réservent de belles surprises.