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Après le décès de Maryse Condé mon Club de Lecture a choisi pour sa prochaine réunion, en hommage à l'autrice, "Moi, Tituba sorcière..."

Comme beaucoup j'avais entendu parler des Sorcières de Salem mais je ne m'y étais jamais vraiment intéressée. le procès s'est déroulé de février 1692 à mai 1693.

Tituba, fille d'une esclave, est née à la Barbade Elle est initiée aux pouvoirs surnaturels par Man Yaya, guérisseuse et faiseuse de sorts. Tituba et John Indien, son mari, sont vendus au pasteur Samuel Parris qui les emmène en Amérique, à Boston puis à Salem village.

En 1692 des jeunes filles accusèrent des concitoyens de les avoir envoutées et d'être des sorciers. Près de cinquante personnes, dont l'esclave Tituba, seront accusées. Pour ne pas être condamnée et pendue Tituba avouera et dénoncera. ( un extrait de la déposition de Tituba est repris dans le roman). Elle restera en prison jusqu'à l'amnistie générale puis sera vendue pour payer les "frais" de prison.

L'autrice s'inspire dans la première partie de son roman de faits et événements historiques . Pour la dernière partie Maryse Condé écrit " je lui ai offert ,quant à moi, un fin de mon choix.".

Basé sur des personnages et évènements réels, ce roman reste une fiction. Récit vivant, écrit à la première personne. Tituba en est la narratrice. C'est une héroïne attachante, généreuse, courageuse et sensuelle.
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Belle plume et belle histoire, j'ai adoré 😊

Découverte à l'occasion de sa disparition récente, cette auteure mérite vraiment d'être lue, et je pense enchaîner sur Ségou.

Peu fan d'ésotérisme habituellement, cette histoire de sorcière, dont la toile de fond est véridique, m'a emmené sans discussion aucune du début à la fin.

De nombreux rebondissements, de nombreux personnages nous accompagnent jusqu'au dénouement, et j'ai bien envie de relire la pièce de théâtre de Arthur Miller consacrée aux sorcières de Salem (mais où Tituba n'est même pas citée je crois).
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Tituba est la fille d'Abena, une esclave violée par un marin anglais avant d'être achetée pour tenir compagnie à la femme de son maître. Jugée inutile car enceinte, elle est donnée en mariage à un autre esclave. Lorsque sa mère est condamnée à mort et son père adoptif se suicide, la jeune Tituba est recueillie par Man Yaya une guérisseuse qui communie avec les forces naturelles et surnaturelles. La vie de Tituba bascule lorsqu'elle rencontre et tombe amoureuse de John Indien. L'amour l'esclavagera et la mènera au coeur des procès de Salem... sur le banc des accusés.

Autant vous le dire, cette histoire ne respire pas la joie de vivre dès les premières lignes (mais on était prévenu entre l'esclavage et Salem) et les âmes sensibles devraient s'abstenir car certaines scènes (la torture des sorcières notamment) peuvent s'avérer très violente.
Cependant le projet du livre est des plus intéressants : Tituba est un personnage historique, elle a réellement été l'une des premières accusées à Salem d'être une sorcière. Mais qui était-elle vraiment ? L'histoire raciste et la société patriarcale n'ont pas jugé qu'il était intéressant de le consigner. Maryse Condé recrée donc l'histoire de Tituba. Certains passages appartiennent à l'histoire, d'autres sont totalement inventés pour combler ses lacunes et c'est tout l'atout du texte.
La grande réussite dans le style de l'autrice est la narration à la première personne qui permet de plonger dans l'histoire que Tituba nous raconte de sa propre voix. On la laisse enfin s'exprimer après l'avoir réduite au silence. Même certaines notes de bas de page sont ambiguës, les unes nous donnent des sources historiques objectives et les autres sont plus subjectives comme si Tituba nous avait fait des annotations.
Si le début avait un enchaînement rapide, j'ai trouvé que la fin traînait un peu en longueur et j'aurais aimé voir Salem un peu plus approfondit puisque c'est ce passage qui est mis en valeur par le titre.
Or j'ai eu l'impression que les procès étaient un peu survolés et ne prenaient finalement pas tant de place dans la totalité du livre. On nous décrit l'ambiance religieuse malsaine qui y règne mais ensuite Tituba est en prison et n'en sort pas avant le pardon général. On nous raconte les rumeurs qui lui parviennent de la prison mais qui sont incomplètes, incertaines et on n'en mesure pas vraiment l'envergure.
Pourtant, bon point pour la fin, je ne m'y attendais pas vraiment. Bien que j'aurais souhaité une fin différente, c'est finalement la plus réaliste.
Malgré ses nombreuses erreurs, on s'attache à Tituba qui est, au final, l'un des seuls personnages que j'ai réellement apprécié avec Man Yaya et Hester (tous les autres étaient vraiment détestables).
L'auteur développe, en plus d'une réflexion forte sur la liberté et l'esclavage, un questionnement éminemment féministe à de nombreuses reprises notamment grâce au personnage d'Hester, condamnée à la lapidation pour avoir trompé son mari.
La dimension surnaturelle des pouvoirs de Tituba est finalement ce qui amène à garder espoir dans un épilogue doux qui contraste avec une vie de souffrance. Il élargit le livre mais l'allège aussi, ce dont j'avais clairement besoin après une journée complète à lire Tituba passant de malheurs en malheurs.
Bien que confrontée aux difficultés de la vie, ce que j'ai apprécié chez la personnage principale, c'est qu'elle arrive à être heureuse à certains moments. Elle a conscience que son bonheur est éphémère et imparfait mais elle le souligne malgré tout.
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C'est l'histoire d'une femme extraordinaire qui reste debout et fidèle à elle-même malgré les violences et les trahisons dont elle est victime.
C'est l'histoire des sorcières de Salem du point de vue de celle que les historiens ont oublié, Tituba l'esclave noire qui voulait guérir et qu'on a condamné à cause de la couleur de sa peau.
C'est un roman extraordinaire qui montre le racisme et le sexisme et dénonce le fanatisme religieux mais parvient tout de même à faire rêver grâce à son réalisme magique.
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Tituba parvient à vivre libre à l'écart des blancs, après s'être enfuie quand sa mère est pendue pour avoir assassiné un blanc qui voulait la violer. Dans son ensemble le récit est une fiction tentant d'inventer quelle a pu être la vie de la vraie Tituba, sorcière noire jugée lors des procès de Salem.
Le récit met d'emblée l'accent sur l'opposition entre blancs esclavagistes, violeurs et violents, et noirs réduits en esclavage. La première absurdité du roman survient lorsque Tituba, libre, tombe amoureuse de John Indien. Passons sur les motivations particulièrement triviales de ce qui cause cet amour : « Qu'avait-il donc, John Indien, pour que je sois malade de lui (…) Je savais bien où résidait son principal avantage (…), la butte monumentale de son sexe. » le pire est que Tituba renonce, oui, RENONCE à sa liberté pour aller vivre comme esclave chez les blancs où John Indien et son pénis monumental sont esclaves.
On suit ensuite, à toute vitesse, car tout dans ce roman va vite et rien n'y est fouillé, les tribulations de Tituba de la Barbade à Salem. Imprudente et régulièrement naïve, elle finit jugée pour sorcellerie, mais échappe à une sentence de mort. Elle est trahie par John Indien qui, c'était prévisible, se rallie aux blancs, lui qui depuis le départ semble soumis et consentant à sa condition d'esclave.
Tout est bâclé dans cette narration : les péripéties s'enchaînent sans être détaillées ni approfondies, les personnages secondaires sont creux, John Indien est un personnage inconsistant et sa trahison est évoquée en passant, comme si l'évènement n'avait aucune importance. Tituba semble elle-même absurdement indifférente à ce qu'il fait et à leur séparation, elle qui a troqué sa liberté contre la vie d'esclave à ses côtés.
Le style est souvent ampoulé, lyrique mais sans charme, les émotions des personnages sont décrites de façon outrée, naïve, voire parfois plus proche d'une écriture de collégien que d'un auteur digne de ce nom.
L'évocation, au passage, d'Hester, lointain pastiche du personnage de Hawthorne, est grotesque.
On finit par être indifférent à ce qui va arriver à Tituba, et par s'ennuyer ferme, ce qui est une gageure : s'ennuyer avec un tel rythme survolté de narration témoigne vraiment d'un piètre talent de romancière.
Pour finir, sur une vue d'ensemble, le personnage de Tituba a une psychologie complètement invraisemblable : on entend bien parler la femme noire universitaire occidentale qu'est l'auteur, mais on a peine à croire que cette femme orgueilleuse qui porte un regard critique sur les attitudes morales ou immorales des uns ou des autres est une femme métis esclave du 17ème siècle, fille d'une femme ghanéenne et d'un marin violeur.
J'avoue une grande perplexité face au Prix Nobel alternatif reçu par Maryse Condé : ni les qualités d'écriture, ni les qualités narratives, ni les qualités réflexives que l'on peut attendre d'un auteur jugé à ce niveau ne sont présentes dans ce roman. La condition des femmes, l'esclavage, l'amour, tout cela est jugé à l'emporte pièce, sans profondeur, sans subtilité, dans une succession de lieux communs. En conclusion, je déconseille cette lecture et je ne lirai aucun autre livre de cet auteur.
Lien : http://www.williamjoshbeck.c..
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Après avoir lu "le coeur à rire et à pleurer", où Maryse Condé employait ses talents de conteuse au service de sa propre histoire, je viens de terminer "Moi, Tituba sorcière...", roman de 273 pages où elle fait entendre la voix d'une esclave née à la Barbade d'une mère violée par un marin anglais sur un vaisseau négrier. Il sera ensuite question des tristement célèbres procès des sorcières de Salem en 1692, mais ils ne constituent pas l'essentiel d'un récit qui embrassent d'autres questions : droits des femmes, critique de l'antisémitisme et de la ségrégation raciale, du puritanisme et des lettres écarlates. Dans un style puissant, parfois lyrique, Maryse Condé évoque la plupart des maux qui rongent ou ont rongé l'Amérique, hormis le massacre des Indiens, à travers la voix d'une femme qui se voudrait libre mais finit toujours victime de son attirance pour les hommes : on ne reprocherait jamais à un homme d'aimer et on ne lui ferait jamais porter une lettre écarlate en cas d'adultère. À travers son héroïne, Maryse Condé tire à boulets rouges sur la société tout entière dans un roman par ailleurs mouvementé. Étonnant que ce roman français ne soit pas d'ores et déjà plus célèbre et ne fasse pas figure de classique.
Lien : https://www.instagram.com/fo..
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Maryse Condé mêle habilement la réalité à la fiction. Tituba a réellement existé et été impliquée dans les tristement fameux procès de Salem. Tituba nous raconte son histoire et je trouve que cela rend l'écriture particulièrement fluide. L'histoire est passionnante, les personnages sont attachants ou détestables mais ne nous laissent pas indifférents.
Certaines scènes sont dures mais je trouve que ça reste "correct", je veux dire par là que, selon moi, les personnes sensibles peuvent le lire sans trop de souci les tortures etc. ne sont jamais détaillées.

Je trouve que la force du roman réside aussi dans les messages que l'autrice nous fait passer. Oui il s'agit d'un roman qui nous parle de sorcellerie et d'esclavage mais c'est aussi plus que ça. L'autrice nous parle d'égalité (peu importe la couleur, la religion...), de féminisme (même si Tituba ne sait pas ce que veut dire ce mot), de consentement...

Je trouve que régulièrement sous couvert de roman historique l'auteur ne questionne pas ces problématiques. J'ai lu de nombreux romans historiques par exemple où le viol est "normal". Or Maryse Condé ne se repose absolument pas sur le contexte historique et je trouve que c'est vraiment une réussite. Bref, en tous points une très bonne lecture !
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[...]Les personnages de cette vasque fresque sur l'esclavage m'ont toujours accompagnée, miss Endicott qui trouve que l'intérieur des mains des esclaves est sale, et Tituba qui les trouve plutôt beaux comme des coquillages, John Indien son premier amant qui lui fera quitter sa cachette de sorcière, John Parris par qui le mal viendra … [...]
Lien : http://www.readingintherain...
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« Tituba et moi avons vécu en étroite intimité pendant un an . C'est au cours de nos interminables conversations qu'elle m'a dit ces choses qu'elle n'avait confiées à personne ».
Maryse Condé introduit son récit par ces quelques mots, signifiant sa volonté d'écrivaine de donner vie par la fiction à Tituba. Elle fait sa rencontre dans les archives des procès pour sorcellerie qui ont marqué l'histoire de la communauté puritaine de Salem à la fin du 17ème siècle. Tituba, esclave noire venue de la Barbade y comparait, mais aucun historien ou écrivain, n'a jugé bon de s'intéresser à elle. Ainsi dans les choix culturels effectués par des générations d'hommes blancs, la négation d'une femme, noire, esclave, prend tout son sens en terme d'exclusion et d'oubli volontaire.
Maryse Condé s'empare de Tituba pour lui donner un corps, une pensée, une enfance, un devenir. le portrait qu'elle réalise dans son récit est un pamphlet profondément féministe, elle reprend en outre l'héritage de Frantz Fanon en inscrivant son personnage dans une conscience progressive de son identité d'exclue, qui l'ouvre à la révolte.
La force du récit de Maryse Condé tient à la narration elle même, à la première personne, qui fait endosser par l'auteure la vie et l'histoire de son personnage. Tituba raconte ainsi l'accumulation des marques de l'asservissement, du viol dont elle est née à toutes les violences qui jalonnent sa vie: la pendaison de sa mère, les amitiés transfuges qui se retournent contre elles, la violence des hommes, la négation de son existence au sortir de la prison…Tituba progressivement ouvre les yeux sur la réalité de sa condition, elle tente de choisir contre vents e marées, une forme de liberté qui l'isole des autres: sa case en marge des plantations et des demeures d'esclaves, son initiation aux mondes occultes par Man Yaya, son désir pour John Indien qu'elle assume, son amour pour Iphygène dont elle devient l'égale dans la révolte.
La mort par pendaison de Tituba à la Barbade revêt ainsi une portée messianique, annonciatrice de toutes les révoltes à venir.
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J'ai pris grand plaisir à parcourir ce roman de Maryse Condé. Une lecture qui confirme sa place parmi mes écrivains favoris. Pour l'ensemble de ses oeuvres, elle obtint le Prix Nobel de littérature alternatif 2018 qui est une consécration de son art assumé de peindre des personnages pleins de reliefs psychologiques et émotionnels devenant attachants au fil des pages. Ce prix à mon humble avis est pleinement mérité de par le calibre de l'écriture, de l'imagerie de scènes, de personnages, de langage et d'émotions dans un vocabulaire soigné, dans une érudition de connaissances historiques et générales, dans des phrases sculptées dans la poésie, l'humour ou l'ironie. Elle a l'art de me faire rêver tout en m'inondant de connaissances.

Je ne peux lire Maryse Condé sans un dictionnaire proche, sans souligner au crayon constamment des phrases géniales, des mots certaines fois vieillis mais descriptifs ou utilisés à dessein comme pour mieux situer les personnages dans leur contexte historique. Par exemple, elle écrit « menteries » au lieu du mot moderne : mensonges, ou encore « coutelas » au lieu de : machettes. Cette lecture me captive, mais surtout me porte à penser et réfléchir sur nombre de thématiques qu'elle présente comme : l'esclavage, la sorcellerie, le féminisme, l'iniquité des genres, la sexualité féminine, la spiritualité, et tant d'autres.

L'histoire du roman tourne autour de Tituba, personnage principal, qui est la fille de l'esclave Abena violée par un marin anglais à bord d'un vaisseau négrier. Née à la Barbade, elle est initiée aux pouvoirs surnaturels d'une mère adoptive, guérisseuse et faiseuse de sorts. de la Barbade, Tituba, esclave, sera emmenée à Boston avec son nouveau maitre, puis à Salem où elle sera accusée de sorcellerie lors de l'hystérique chasse aux sorcières, qui est un aberrant fait historique.

Tout au long du roman, Maryse Condé entremêle histoire et imagination. On voit donc défiler cette hideuse institution qu'était l'esclavage avec tous ses avatars comme la chosification des êtres humains réduits à l'état de meubles ou de cheptels taillables et corvéables à merci. On retient les rapports humiliants des maitres aux esclaves, des frustrations psychologiques et physiques endurées journalièrement pendant des siècles par des femmes et hommes déracinés de leurs terres, de leur culture, de leur monde et vouées aux géhennes des Caraïbes et de l'Amérique.

Mais l'auteure peint également la Barbade avec ses plantations de canne à sucre, ses champs, ses jardin-potagers, ses ruisseaux, sa végétation, sa vie de tous les jours. Mais là, je crois que Maryse Condé à légèrement péché en géographie dans ses descriptions de la Barbade. Elle fait une constante référence aux mornes de cette ile, qui en fait ne contient que 12 montagnes. La Guadeloupe, sa terre natale, en contient 246, ce qui a assurément imprégné sa conception d'une ile antillaise. Donc, je crois qu'involontairement elle a entremêlé la Guadeloupe et la Barbade comme une seule et même ile. Amusant et pardonnable.

L'histoire de Tituba est fluide, captivante, et émotionnellement intéressante. le récit est principalement écrit à la première personne et au passé composé. On entre donc dans la peau de Tituba dès la première ligne en pénétrant directement une tranche d'histoire à l'instar d'un voyage dans le temps. Comme dans ses romans : « L'histoire de la femme cannibale » et «En attendant la montée des eaux” – que je recommande également, je me suis délecté à lire une écrivaine purement caribéenne, fière de ses origines africaines, qui dans ce roman offre une vision du monde et de l'histoire qui mérite d'être lu et apprécié.
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