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EAN : 9782404009896
224 pages
Gallmeister (07/11/2019)
3.58/5   66 notes
Résumé :
À la veille d’une bataille de la guerre de Sécession, Henry Fleming est un jeune soldat de l’armée nordiste fraîchement enrôlé et assailli par le doute. Pourquoi s’est-il engagé ? Sera-t-il capable, du haut de ses 17 ans, de faire face au danger ? Le lendemain, sous le feu ennemi, il réagit comme un lâche et s’en veut terriblement. Mais dans la confusion générale, Henry est frappé à la tête, recevant cet “insigne rouge du courage” qu’est une blessure de guerre. Son ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (15) Voir plus Ajouter une critique
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Ce roman, paru en 1895, est considéré aux Etats-Unis comme un chef d'oeuvre, un roman pionnier qui a influencé toute une littérature classée « récits de guerre ». Il nous plonge en pleine guerre de Sécession, en 1863, lors de la bataille de Chancellorsville en Virginie, remportée par les Sudistes de Lee.

En 2019, il n'a rien perdu de sa force et m'a surpris par sa modernité. Plutôt que raconter la guerre en enchaînant les combats comme autant de morceaux de bravoure, Stephen Crane choisit de centrer son récit sur le point de vue d'un simple soldat, d'un jeune recrue ordinaire de 18 ans, Henry Fleming enrôlé volontaire dans un régiment nordiste. Tout est vu à travers son regard, le lecteur est plongé direct dans sa tête qui bouillonne d'émotions : ses espoirs naïfs de gloire avant de partir au front, ses interrogations sur le courage dont il sera capable de faire montre ou pas, son désespoir lorsque ses camarades meurent, sa honte d'avoir déserté, ce regain de courage irrationnel qui lui donne des ailes lorsqu'une blessure à la tête dans sa fuite le fait passer pour un héros, l'ivresse de l'héroïsme jusqu'à la perte de ses illusions finale. de cette grande acuité psychologique, nait une empathie totale à son égard.
Des émotions, mais aussi des sensations. On la vit, cette bataille, aux côtés de Henry. On entend, on voit le fracas des combats et on comprend ce qui meut ces soldats morts de trouille qui malgré tout y vont :

« Il fut soudain totalement libéré d'inquiétude à son propre égard et perdit de vue tout destin menaçant. Il n'était plus un homme mais un élément d'un tout. Il eut le sentiment que cette chose dont il faisait partie – un régiment, une armée, une cause ou un pays – était confrontée à une crise. Il était fondu à l'intérieur d'une personnalité collective dominée par un désir unique. Durant un bon moment, il n'aurait pu fuir davantage qu'un auriculaire ne peut se rebeller contre une main. (…) Il commença immédiatement à éprouver les effets de l'atmosphère guerrière : une transpiration brûlante, la sensation que ses globes oculaires allaient se fendre comme des pierres surchauffées. Un rugissement cuisant emplissait ses oreilles. »
Au-delà des ces descriptions très perspicaces et réalistes de la guerre, ce qui est également très moderne dans ce roman, c'est la mise en scène, cinématographique avant l'heure : l'écriture est en mouvement, plans larges, plans séquences, gros plans avec toujours une nature omniprésente et singulièrement présente dans ce récit de guerre. La portée en devient universelle.

« Quand une autre nuit survint, les colonnes de soldats, changées en lignes violettes, traversèrent successivement sur deux ponts flottants. Un feu aveuglant vinifiait les eaux du fleuve. Ses rayons, qui jouaient sur les masses mouvantes des troupes, faisaient jaillir d'ici et là de brefs reflets argent ou d'or. Sur l'autre rive, une succession de collines ombres et mystérieuses ondulaient sur fond du ciel. Les voix des insectes nocturnes chantaient solennellement. »

Un récit de guerre fort et intense tout autant qu'un récit psychologique initiatique original.

Paru dans d'autres traductions sous les noms de " La Conquête du courage " ou " L'Insigne du courage". L'Insigne rouge du courage est la traduction littérale du titre originel " The Red badge of courage".
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L'épreuve du feu.
Inconnu à mon bataillon, le Stephen Crane. Dégradé l'ODP car, côté States, cet écrivain n'avait rien du soldat inconnu de la littérature à son époque. Il a été poète, correspondant de guerre, romancier, journaliste et novelliste. Un cumulard de la plume. Une production dense mais éphémère, car il est mort à l'âge de 28 ans. Encore un auteur du 19ème mort de la tuberculose. Tousser ou écrire, il ne faut pas choisir.
C'est la sortie du livre hommage que Paul Auster vient de lui consacrer (« Burning boy ») qui m'a mis sur sa piste. J'ai aussitôt déserté mes autres lectures pour monter en première ligne de la guerre de Sécession.
Le jeune Henry Fleming, 16 ou 17 ans, vit seul avec sa mère dans un trou perdu et rêve de gloire, de conquêtes et d'héroïsme. de jolies filles aussi. Ou surtout. Un ado. Il s'engage avec fougue, revêt le bel uniforme nordiste et part chasser le rebelle sudiste, le menton haut et le torse bombé. Mais la guerre n'est pas qu'une aventure.
A l'aube de sa première bataille, Henry, face à la perspective de la mort, s'interroge sur sa capacité à provoquer son destin, à dépasser ses peurs. Courage fuyons. Après un premier épisode peu glorieux, le jeune soldat se perd entre les lignes, stagne dans les forets, champs et routes qui bordent les combats. Il se fait blesser et cette première goutte de sang donne cette magnifique traduction au titre du roman : l'insigne rouge du courage. Dès lors, dépucelé côté cicatrice, débarrassé de la honte, il va se lancer à corps perdu dans la mêlée sanglante.
L'auteur est né après la fin de cette guerre mais il a interrogé beaucoup d'anciens combattants et il restitue de façon extraordinaire les tourments des soldats face au feu de l'ennemi et la camaraderie au sein d'un régiment.
Le roman ne s'intéresse pas aux origines de cette guerre civile, à l'histoire, à l'abolition de l'esclavage ou à la stratégie militaire. Il ne choisit pas son camps. Dans la boue et la poussierre, les uniformes sont de la même couleur. Les ennemis parlent la même langue.
Schwarzie et Stallone n'auraient eu aucune chance d'endosser le rôle d'Henry si une adpatation ciné avaient vu le jour. Ce n'est ni Rambo à Gettysburg, ni Terminator à Chickamauga.
Ce livre touche l'universel car il s'intéresse seulement, et c'est déjà beaucoup, à la conscience et au courage d'un jeune homme, chair à canon en puissance. Il ne stigmatise pas les fuyards, ne juge pas les frileux, n'encense pas les plus valeureux. Coup de clairon sur l'humain.
Je ne peux qu'hisser le drapeau blanc devant une telle acuité d'observation, signer une forme d'armistice face à cette prose si épurée.
Hemingway n'avait pas tort quand il disait qu'il s'agissait de l'un des meilleurs romans de la littérature américaine.
Repos, soldat.
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J'aime les Editions Gallmeister qui sont une maison d'édition dédiée à la littérature nord-américaine. Ma bibliothèque en est bien pourvue et ses livres sont reconnaissables grâce au logo « patte de loup » et je dois avouer que je dois plus d'une belle découverte à cette maison d'édition. Ceux qui me connaissent pourront le confirmer rien qu'en citant Craig Johnson qui est un de mes auteurs favoris.
Stephen Crane était pour moi il y a encore peu de temps un auteur parfaitement inconnu. Né juste après la guerre de Sécession, cet auteur américain est décédé avant même d'avoir atteint ses trente ans. Avant cela, il s'était fait son nom dans le monde de la littérature avec entre autre « l »insigne rouge du courage », un roman court qui nous transporte en pleine guerre de Sécession.
Un jeune soldat, Henry Flemming, engagé volontaire du côté des nordistes va se retrouver aux premières loges de la guerre. A juste dix-sept ans, ce jeune garçon va se retrouver en proie au doute face à ses futures réactions quand il sera au coeur de la bataille. Il sera bientôt fixé et finalement, comme tant d'autres, il fuira pour sauver sa vie. de retour dans son régiment, une blessure lui permettra d'éviter la honte et le déshonneur.
Soyons clairs : nous sommes sur un champ de bataille du début à la fin de cette histoire :on respire l'odeur de la poudre, on entend les canons tonner sans interruption, les cris des soldats blessés, on ne distingue pas grand-chose à travers les volutes de fumée et on sent le désarroi de ces soldats qui ne semblent pas trop savoir et comprendre ce que leurs supérieurs attendent véritablement d'eux.
Un réquisitoire édifiant et sans concessions contre l'absurdité de la guerre.
Rappelons que ce conflit a été le plus meurtrier dans l'histoire des Etats-Unis.

En conclusion, encore un gros merci à P., qui m'a offert ce livre, cela fut une très belle découverte !

Challenge A travers L Histoire 2021
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A-t-on tout dit, tout lu, sur la guerre ? Peut-être. Pas sûr…

Dans L'insigne rouge du courage, écrit en 1895 par Stephen Crane – et ici traduit par Pierre Bondil et Johanne le Ray – la guerre de sécession fratricide n'est que le décor prétexte à une interrogation poussée sur le courage et la peur, l'honneur et l'opprobre, la raison et le paraître.

C'est au pied du mur qu'on voit le maçon parait-il… C'est en tout cas arrivé au front que le jeune Henry Fleming va réellement perdre les idéaux qui l'avaient poussé à s'engager pour aller défendre le Nord, contre l'avis de sa mère. Comme un caméraman qui filmerait à l'épaule au plus près des combats, Crane place Henry et le lecteur au coeur des offensives de lignes, boucheries humaines destinées à conquérir au mieux une colline, parfois quelques mètres seulement.

Mais là où Crane excelle, c'est dans la description des phases d'attente ou intermédiaires entre les assauts : successions d'insupportables gamberges morales pour Henry confronté à la peur et à la fuite lors de son premier assaut ; puis au remords face à cette blessure accidentelle reçue en fuyant, devenue insigne rouge du courage et « marque de gloire » de tout combattant. Las de s'interroger, Henry va aller de l'avant et se transformer bien plus qu'il ne l'aurait cru.

Alors a-t-on tout dit, tout lu, sur la guerre ? Probablement. Mais ce qui frappe ici, vingt ans avant les récits de Junger ou Dorgelès, cinquante ans avant ceux de Vercors, Kessel ou Clostermann, sans oublier plus tard Steinbeck, Peacock ou O'Brien et j'en passe, c'est la constance dans ces récits de l'absurdité totale des situations morales dans lesquelles sont placés des générations entières de jeunesses impréparées. Et comment pourrait-on l'être ?

Si comme moi vous aimez les récits de guerre, L'insigne rouge du courage est un incontournable du genre.
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Roman du 19e siècle dans la liste des meilleurs livres américains, la Guerre de Sécession vécue par « Le jeune soldat », comme l'appelle l'auteur.

Un garçon qui décide de répondre à l'appel, de partir à la guerre, même si sa mère n'est pas d'accord. Dans le camp de soldat, pendant la période d'inactivité, il est rongé par le doute. Sera-t-il vraiment capable de réagir sur le champ de bataille? Va-t-il s'enfuir ou être courageux? Sera-t-il vraiment capable de tuer un homme?

Avec ses compagnons d'armes, on suit les soldats qui marchent, qui avancent ou reculent, vont où on les envoie sans comprendre la logique. Et qui en viennent aussi à remettre en question la logique de la guerre. D'autant plus que cette horrible guerre n'est pas contre un ennemi extérieur, mais contre leurs compatriotes.

En plus des tourments intérieurs du soldat, le roman qui comporte son lot de suspens : « le jeune soldat » sera-t-il tué? Sera-t-il blessé et portera-t-il ainsi l'insigne rouge du courage?

Une introduction qui situe la ligne du temps et une postface qui rappelle l'importance de cette oeuvre écrite pas un auteur décédé à 28 ans.
Un roman du 19e siècle qu'on pourrait croire démodé mais, malheureusement, la guerre est encore d'actualité…
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Citations et extraits (26) Voir plus Ajouter une citation
Les hommes, en se précipitant comme des déments, s’étaient mis à poser des cris d’encouragement, telle une horde barbare, mais sur des tonalités singulières, propres à galvaniser le faible d’esprit et le stoïque. Il en résultait un enthousiasme insensé, incapable de se brider, semblait-il, face au cuivre des balles et au granite des murailles. C’était l’excitation effrénée qui, fonçant à la rencontre du désespoir et de la mort, demeure insensible et aveugle aux probabilités. Une absence d’égoïsme temporaire mais sublime.

(Gallmeister, p.136)
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Quand il regarda autour de lui, il éprouva une stupéfaction soudaine en découvrant le ciel bleu et pur, et les rayons du soleil éclairant les arbres et les champs. Il était surprenant que la nature ait poursuivi tranquillement son glorieux processus au milieu de tant de malignité.
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A un moment, la ligne de front de son régiment rencontra le cadavre d'un soldat. Il reposait sur le dos, les yeux rivés sur le ciel. Il était vêtu d'une tenue disgracieuse d'un marron jaunâtre. Le jeune homme remarqua que la semelle de ses chaussures étaient usée au point d'avoir l'épaisseur d'une feuille de papier à écrire, et que l'une d'elles, par une large déchirure, laissait pitoyablement dépasser le pied. On eût dit que le destin avait trahi ce soldat. Dans la mort, il exposait à la vue de ses ennemis la pauvreté que, vivant, il avait peut-être dissimulée à ses amis.
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Il poussa un cri aigu quand il se trouva face au corps. Un long moment il resta statufié. Il demeurait là, le regard braqué sur les yeux qui semblaient liquides. Le mort et le vivant échangèrent un long regard. Puis le jeune tendit derrière lui une main précautionneuse qu’il posa contre un arbre. Prenant appui, il recula, un pas après l’autre, le visage toujours tourné vers la chose. S’il tournait le dos, il craignait que le corps se lève d’un bond à la dérobée et le poursuive.
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Il était alerte, vigoureux, ardent dans sa certitude de victoire. Il contemplait l'avenir d'un œil clair et fier, et jurait avec l'assurance d'un combattant aguerri.
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