AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,3

sur 1447 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
+++++++ SALETÉ AMÉRICAINE +++++++

J'ai rarement lu des louanges aussi dithyrambiques que celles à propos du dernier roman de Jeanine Cummins. Pour Don Winslow c'est "Les raisins de la colère" de notre temps, John Grisham affirme qu'il y a très longtemps qu'il n'a pas tourné si vite les pages d'un livre, et pour Stephen King c'est simplement "marvellous" (merveilleux).

De l'auteure, qui est née de parents américains en Espagne, à Rota en Andalousie, mais à une date gardée secrète, "American Dirt" est son 4e ouvrage. Son tout premier ouvrage, paru en 2004, qu'elle a qualifié de mémoire, est en fait un témoignage d'un crime violent où des membres de sa famille ont été impliqués et qui pour un des responsables s'est terminé sur la chaise électrique (en octobre 2005). "A Rip in Heaven" (une déchirure dans le ciel) n'a pas été traduit en Français, ni ses 2 romans qui ont suivi : "The Outside Boy" en 2010 et "The Crooked Branch" (la branche tordue) en 2013.
Vu les noms et commentaires au 1er paragraphe, peut-être qu'un traducteur français est déjà fébrilement en train de traduire le livre, qui est sorti seulement le 21 janvier 2020.

Jeanine Cummins est une dame "spéciale". Licenciée en lettres et communications de l'université Towson dans le Maryland aux États-Unis, elle a travaillé pendant 2 ans comme barmaid à Belfast (Irlande du Nord), puis pendant 10 ans dans l'édition à New York. Elle donne fréquemment des conférences sur les droits des victimes de crimes et s'est prononcée catégoriquement contre l'application de la peine de mort dans son pays.
Elle a épousé, en Amérique, un Irlandais sans-papiers avec qui elle a eu 2 filles.

Dans la grande ville balnéaire mexicaine d'Acapulco a lieu, ce 7 avril, un cas de folie meurtrière dont les cartels de la drogue du Mexique semblent avoir la spécialité : 16 morts par rafales de mitraillettes. Toute la famille du journaliste Sebastián Pérez Delgado, sauf son épouse Lydia et son fils Luca de 8 ans, qui s'étaient cachés dans la douche et que les 3 "sicarios" (tueurs à gages) n'ont pas trouvé.

Lydia sait que ce n'est que partie remise et que le cartel de "Los Jardineros", qui règne à Acapulco en seigneur et maître, fera tout pour les éliminer, elle et son gamin. Compter sur la police ne sert à rien, au contraire, plein de détectives et policiers sont à la solde du cartel et reçoivent mensuellement une somme égale à 3 fois leur salaire.

La seule issue qui lui reste après ce carnage est la fuite tout de suite, sans plan ou trajet bien défini, en pensant vaguement à Denver dans le Colorado aux États-Unis où vit son oncle. Très vite elle prépare des sacs de voyage avec tout ce dont le duo pourrait avoir besoin pendant leur périple. Habillés de façon à ne pas se faire remarques et en changeant d'autobus tous les 15-20 minutes, Lydia, sous le pseudo de Fermina Daza, et son petit, qui est devenu en peu de temps un jeune adulte, prennent le large,

Notre héroïne pense que s'il y a un seul avantage à la terreur c'est que la terreur est plus immédiate que le chagrin.

Le comble c'est que tout le monde sait parfaitement bien qui a donné l'ordre de ce massacre : Javier Crespo Fuentes, surnommé "Lechuza" ou chouette à cause de son physique et ses énormes lunettes, qui est le chef de "Los Jardineros".
Ce "jefe" Lydia le connaît bien, car il était le meilleur client de sa librairie et elle avait sympathisé avec ce quinquagénaire à cause de ses excellents goûts en littérature : Leah Hager Cohen, Sebastian Barry, Gabriel Garcia Márquez ....
De son mari, qui a écrit des articles sur ce joyeux cartel, elle a appris que Crespo est peut-être un homme cultivé, mais aussi un homme sans la moindre pitié.

Sa mission est d'autant plus périlleuse que le cartel a des yeux partout, ce qu'au Mexique on appelle des "halcones", de simples citoyens tels des chauffeurs de bus, réceptionnistes d'hôtel ... qui agissent comme des vigies volontaires pour le cartel.

Pour défendre son môme et elle-même, elle s'achète une machette qu'elle attache à sa jambe, bien cachée sous son jeans.

Comme je ne tiens pas à recevoir des remarques que j'en dis trop, comme cela fût le cas avec le dernier thriller de Jussi Adler-Olsen que j'ai critiqué récemment, j'arrête, avec le départ de mère et fils de leur maison, transformée en champ de bataille, mon billet.

Dans une interview à la télévision anglaise, l'auteure a expliqué le long et solide travail de préparation que ce livre lui a demandé, notamment en ce qui concerne les problèmes à la frontière entre le Mexique et les États-Unis de Donald Trump. Un élément important dans ce roman et qui va, bien entendu, beaucoup plus loin que la bête idée présidentielle d'un très long mur entre les 2 nations.

Après lecture, je dois dire que je comprends les commentaires de Winslow, Grisham, King et quelques autres grands noms, telles Ann Patchett et Tracy Chevalier : cet ouvrage de Jeanine Cummins constitue une réussite rare à de nombreux points de vue. Ce sont aussi 465 pages de réel suspense.

Commenter  J’apprécie          1017
La narratrice Lydia, libraire à Acaculpo, voit sa vie voler en éclats lorsqu'un article publié par son mari journaliste déclenche les sanglantes représailles du cartel de la drogue qui vient d'asseoir son emprise sur la ville. Contrainte à une fuite éperdue avec son fils de huit ans, elle se joint aux migrants qui traversent le pays pour tenter de rejoindre les Etats-Unis : un périple aux mille dangers souvent fatals…


Diaboliquement haletant, le récit jette d'emblée et sans répit le lecteur dans un état d'angoisse proche de la paranaoïa. Dans un Mexique décrit comme corrompu et transi par la peur des violences et des meurtres orchestrés par des organisations mafieuses toutes puissantes, il semble impossible d'échapper à des tueurs qui disposent de complicités dans tous les rouages de la société. C'est dans une terrifiante chasse à l'homme que nous entraîne l'auteur, pimentant à l'extrême un road trip déjà immensément périlleux pour les migrants « ordinaires ».


Tremblant ainsi particulièrement pour la vie des deux personnages principaux, nous voici embarqués aux côtés de ceux qui ont tout perdu et qui, en provenance de tout le sud de la péninsule américaine, tentent de gagner el norte. Ce sont spécialement les femmes que le récit nous fait côtoyer, nous les montrant doublement exposées aux violences dans un pays où l'on ne compte plus leurs disparitions. Meurtres, viols, rackets, mais aussi les émouvants coups de pouce de la solidarité, jalonnent un parcours dont les temps forts sont les périlleuses étapes à bord de la bestia, ce train de marchandises pris en marche par les clandestins, et la redoutable traversée à pied du désert du Sonora, en compagnie d'un coyote payé à prix d'or.


La parution d'American Dirt aux Etats-Unis a soulevé une polémique sur la légitimité d'une New Yorkaise blanche à écrire sur la souffrance des migrants. Taxé d'appropriation culturelle, cet ouvrage à gros budget est accusé de faire de l'ombre aux authentiques auteurs latino-américains qui, faute d'armes commerciales aussi puissantes, peinent à faire entendre leur voix et celles des migrants. On lui reproche aussi de convoyer une image partiale et dépréciatrice du Mexique, imaginée depuis le côté le plus confortable du mur. Il est vrai que le roman a fait le choix de ne pas lésiner sur le sensationnel susceptible de renforcer la tension dramatique, amplifiant notamment les épreuves de ses personnages au moyen d'une intrigue, bien menée mais tout à fait improbable, entre Lydia et le chef du cartel. Diablement efficace quant à son suspense addictif, cet aspect de l'histoire semble davantage motivé par l'envie de distraire le lecteur que par une quelconque préoccupation politique ou humanitaire. Quelques « inconvenances » dans la promotion américaine du livre peuvent également renforcer l'impression d'un livre plus commercial qu'engagé. Malgré tout, je ne pense pas ressortir de cette lecture avec une pire image du Mexique qu'après avoir lu le très fiable et terrible 2666 de Roberto Bolaño. Manifestement documenté et bien mené, ce très prenant American Dirt ne peut, à sa manière, que contribuer à sensibiliser un plus large public à l'enfer des migrants latinos qui tentent de rejoindre les Etats-Unis, puis d'y rester. C'est en tout cas le roman le plus haletant que j'aie lu depuis longtemps. Coup de coeur.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
Commenter  J’apprécie          970
En débutant American dirt, j'étais loin de me douter à quel point j'allais être marquée et bouleversée par cette lecture. Et pourtant, ce roman pourrait très bien être un récit tiré d'une histoire vraie où une femme et son enfant survivants fuient le Mexique avec l'espoir d'une vie meilleure sur le territoire américain comme il y en a tant malheureusement chaque jour.

Lisant très peu de livres sur la violence des cartels mexicains et des flux migratoires en découlant, j'ai trouvé cette lecture très difficile, mais, en même temps, la plume de Jeanine Cummins a su la rendre magnifique.
J'ai également été impressionnée par la grande qualité de ce texte que ce soit tant par l'écriture que par le travail de recherche de l'auteure.

Côté personnages, je ne pensais pas autant m'attacher à eux et pourtant...

J'ai trouvé que Jeanine Cummins a su nous offrir un magnifique ouvrage touchant et très riche en émotions sans pour autant tomber dans le pathos...

Je tiens à remercier les Éditions 10/18 et Netgalley France pour la découverte d'American dirt pour lequel j'ai eu un gros coup de coeur et que je vous conseille de lire...

Étant d'un naturel pessimiste, je me suis surprise à retenir de ce texte, que j'ai terminé il y a déjà un certain temps, que l'espoir se révèle être un élément essentiel...
Commenter  J’apprécie          574
Quand les touristes occidentaux s'extasient devant la carte postale de rêve qu'offre Acapulco, la plupart d'entre eux passent à côté de la face cachée de ce paradis artificiel : une ville et un comté qui se vident peu à peu, sous la coupe de Los Jardineros, cartel de la drogue dirigé par El Jefe Javier. Et pendant que les uns trempent et s'extasient, les autres rançonnent, corrompent, menacent, violent, mutilent et assassinent.

Il reste bien la presse… Mais pour avoir commis l'article de trop, Sebastian et 15 autres membres de sa famille sont sauvagement mitraillés par les sicarios du gang, ne laissant vivants que Lydia, la femme de Sebastian et Luca, leur fils de 8 ans. Malgré la douleur et l'horreur du massacre, la fuite s'impose comme une évidence. Car Javier ne les lâchera plus désormais, sauf à s'enfuir loin, très loin. Aux USA. D'un car de nuit aux sauts sur les toits de la Bestia, des montagnes au désert, des barrages des Jardineros au mur de Donald, commence alors une fuite épique, dantesque, inhumaine.

Autrefois privilégiés, Lydia et Luca sont devenus de simples migrants comme des milliers d'autres, mexicains ou honduriens, salvadoriens, guatémaltèques… le courage, l'argent, la foi, la résistance, sont des atouts nécessaires mais pas suffisants ; les rencontres ajoutent parfois à la peur quand elles sont marquées du tatouage du gang, ou à l'humanité quand les désespoirs se rejoignent et Soledad, Rebeca, Beto ou El Chacal vont tour à tour changer le cours de la fuite de Lydia et Luca.

Encensé par Winslow, Grisham ou King, American Dirt de Jeanine Cummins – traduit par Françoise Adelstain et Christine Auché – est assurément un grand livre, porté par une écriture brute et sans concession, où souffle cependant un vent de bienveillance sur ces abandonnés de tous. Quand Winslow décortique ces cartels de l'intérieur dans son exceptionnelle trilogie, Cummins choisit de nous montrer le côté face de ceux qui les subissent et tentent d'y échapper.

D'aucuns remirent en cause la légitimité de cette blanche new-yorkaise à écrire sur ces migrants hispaniques, comme s'il fallait disposer des mêmes origines ou de la même couleur de peau pour entrer en humanité avec l'autre. Dans quelle époque étrange vivons-nous… Cummins a tenu bon, permettant à son livre d'arriver jusqu'à nous. Alors précipitez-vous !
Commenter  J’apprécie          547
Avec ce livre vous partez pour un voyage violent, voire ultra violent. le pire étant que cette histoire, ce roman sont construits sur une base réelle : celle des Latinos-Américains qui essayent de rejoindre les Etats-Unis.
L'auteure va resserrer son histoire autour d'une mère et de son fils (qui fuient un cartel qui a massacré leur famille) et de deux jeunes filles qui elles, fuient les hommes attirés par leur beauté. Leur objectif : les Etats-Unis.
Le sentiment d'oppression qui accompagne chacune des pages est très bien rendu. A noter que la violence qui accompagne ce périple ne nous est pas cachée.... Elle peut heurter.... Pourtant quelque chose me dit que la réalité est même au delà de ce qui est décrit dans de ce livre.
Il est toujours important de lire ce genre de livre, de rappeler, en ces temps où un bateau tourne depuis 20 jours en Méditerranée, la vie de ces femmes et hommes qui n'ont pas eu la chance de naître dans nos contrées privilégiées....
Commenter  J’apprécie          4612
Quel roman ! Impossible à lâcher. Je suis d'accord avec Stephen King. le commencer, c'est l'adopter. J'ai lu avec enthousiasme et beaucoup de passion cette course poursuite dans le Mexique des cartels et de la violence ; Cette fuite en avant de Lydia et son fils pour échapper à la mafia qui vient de décimer leur famille ; Cette plongée terrible dans le monde des migrants.
Lydia, libraire tranquille, a en effet choisi de tout quitter en une poignée de secondes. Pour une vie meilleure. Pour échapper à la mort, aux viols, à la misère. Et ce, malgré le danger et le terrible périple qui l'attend pour accéder au possible eldorado que sont les Etats-Unis.
Sa route va être parsemée de rencontres, de jeunes filles perdues, d'hommes violents, d'enfants en quête de sécurité et d'avenir meilleur. de tragédies aussi.
Un roman qu'on lit comme on regarde un film d'action. En apnée. Sans temps mort, sous tension et avec horreur. Un texte passionnant et nécessaire. le récit d'une amitié improbable. Un roman qu'on oublie pas.
Commenter  J’apprécie          453
Réfugié dans la salle de bain et terrifié, Luca entend les coups de feu qui anéantissent sa famille. Sa mère est saine et sauve, mais les autres membres de leur entourage ont tous été tués. Lydia et son fils s'enfuient. Lydia a une idée : ils vont se travestir en migrants. En fait non, ils sont des migrants. Et c'est leur fuite à travers un Mexique corrompu et largement tenu par les cartels que le livre raconte.

Après ce début poignant (les explications tardent à venir), les scènes suivantes sont un peu longues, jusqu'à ce que, Lydia et Luca rejoignent des migrants qui n'ont qu'une solution (je ne parle pas de rêve, mais de survie), partir pour l'Amérique.

Si la fuite ajoute du suspens au roman, j'ai surtout apprécié le passage terrible où ils empruntent la Bestia, suivi par la traversée du désert pour atteindre l'autre côté de la frontière.

À mon sens, l'histoire n'avait pas besoin d'être plus dramatisée qu'elle ne l'est déjà pour les milliers de gens qui tentent le voyage. le fait que le chef du cartel à l'origine du massacre soit un ami de Lydia (elle l'ignorait quand elle a fait sa connaissance) n'apporte pas grand-chose au récit ; sauf — peut-être — de mettre en exergue la différence entre la vie d'avant (y compris avec le mensonge de l'amitié avec un client charmant et érudit) et le quotidien de migrants. C'est la seule réserve que je fais sur ce roman.

American Dirt n'en reste pas moins un livre important pour donner des vies et des visages à des hommes et des femmes trop souvent oubliés.

Lien : https://dequoilire.com/ameri..
Commenter  J’apprécie          441
C'est une lecture prenante, déroutante et extrêmement difficile.

J'ai souvent versé une larme, on ne peut que s'attacher à ses personnages souhaitant seulement sauver leur vie.

Vivre de tels atrocité et être obligé de tout fuir pour survivre. C'est presque inconcevable, même inimaginable pour nous petit français.
C'est une lecture qui va longtemps hanté mon existence. J'aurais toujours une petite pensée pour eux. Je ne peux rien faire d'autre, malheureusement !
C'est si cruelle et si déstabilisant que des êtres humains encore à notre époque, peuvent être traité comme des bêtes même pire que des animaux.
Leurs seules tort vouloir « VIVRE » simplement « VIVRE ».

Extrait :

A l'échelle mondiale, en 2017, alors que j'achevais le roman "American Dirty", un migrant mourait toutes les quatre-vingt-dix minutes, en Méditerranée, en Amérique centrale, dans la Corne de l'Afrique.
Le nombre de personnes déclarées disparues au Mexique s'élève actuellement à quarante mille, et les enquêteurs de police découvrent régulièrement des fosses communes contenant des dizaines, parfois des centaines de corps.


Bonne lecture !

CHALLENGE PAVES 2024
Commenter  J’apprécie          422
Un roman intense, celui d'une Mexicaine qui fuit les cartels, âmes trop sensibles s'abstenir.

Acapulco au Mexique, les narcotrafiquants contrôlent la ville et tuent tous ceux qui les dérangent, dont les journalistes et leurs proches. le jour de la fête de quinze ans d'une nièce, toute la famille est assassinée autour du barbecue. le hasard permet à Lydia et son fils d'échapper au massacre, mais leur vie est en danger. Pour fuir la menace des « Jardineros », ils s'enfuiront vers « el norte », en empruntant même les trains de migrants.

Un parcours dangereux, ils rencontreront le meurtre, le viol et le chantage. Ils croiseront aussi des gens honnêtes et généreux et se lieront d'amitié avec des jeunes honduriennes et un petit Mexicain des « dompes » de Tijuana.

C'est d'abord un roman d'émotions fortes, ce parcours d'une libraire, d'une qui a tout perdu mais qui veut sauver son fils. C'est aussi la vie d'un enfant de huit ans qui conserve précieusement la casquette de son père, la seule chose qu'il lui reste, un gamin passionné de géographie qui fait des cauchemars la nuit et qui vit des réalités cauchemardesques tous les jours.

Si le roman parle des drames individuels des migrants qui risquent leur vie parce qu'il serait encore plus risqué de ne pas partir, on y entrevoit aussi le drame de la société mexicaine aux prises avec les cartels de la drogue et la corruption du système juridique et policier avec la complicité des États-Unis qui font semblant d'empêcher les migrations, tout en profitant d'un réservoir de main-d'oeuvre essentiel.

Un roman coup de coeur, pour comprendre un peu le Mexique et la frontière, un autre point de vue en lien avec le pays de la trilogie de Don Winslow.
Commenter  J’apprécie          420
On fait la connaissance de Lydia qui s'investit à fond dans sa librairie, discutant avec ses clients pour les conseiller au mieux et leur faire découvrir les livres et les auteurs qu'elle aime. Son mari Sebastian est journaliste et travaille sur les cartels, dénonçant les meurtres, les enquêtes qui n'aboutissent pas. Ils ont un fils Luca et vivent en harmonie avec leur famille, donc tout va bien pour eux pourrait-on dire.

Un homme devient un client assidu de la librairie et surtout de la libraire ; ils échangent sur les auteurs qui leur plaisent. Et Lydia tombe sous le charme de cet homme qui évoque sa famille, l'amour qu'il porte à sa fille… Mais, il s'avère que cet homme, séducteur, manipulateur de grande classe n'est autre que Javier, chef du nouveau cartel et Lydia découvre que Sebastian enquête sur lui. Lorsque l'article sur Javier est publié, c'est le carnage lors d'une fête de famille.

Lydia parvient à rester en vie et à sauver son fils et c'est l'exode qui commence avec toutes les souffrances qui l'accompagnent, alors que la tête de Lydia est mise à prix. Elle devient un « migrante » comme tant d'autres.

Elle apprend à se tenir sur ses gardes à sauter sur le toit des wagons de marchandise en marche, au risque de tomber, se fracasser le corps, et même y laisser la vie, et d'encourager Luca à faire de même alors qu'elle était une mère poule à peine quelques jours auparavant. Une fois parvenu sur le toit, il faut ensuite s'attacher solidement, attacher le sac de voyage pour ne pas tomber, ne pas bouger surtout si un tunnel approche. Ce fameux train que les migrants ont surnommé la Bestia…

" Les différentes façons de mourir à bord de la Bestia sont plus épouvantables les unes que les autres ; vous pouvez être écrasé entre deux wagons quand le train emprunte une courbe. Vous pouvez vous endormir, tomber du toit, être aspiré sous les roues, avoir les jambes sectionnées…"

Ce livre nous permet de découvrir le long calvaire des migrants sur les routes de l'exil, la nécessité de se cacher, d'être constamment sur la défensive pour ne pas être reconnus, pour Lydia, comment on peut devenir un « migrante » du jour au lendemain alors qu'on menait une vie agréable. On découvre aussi la manière dont les flics pourris de tous bords rançonnent prennent jusqu'au dernier sous le peu d'argent qu'ils ont emporté avec eux pour payer les passeurs, les viols notamment quand dans le cortège il y a de jolies (trop jolie) jeunes filles et comment elles sont traumatisées à vie.

Je connaissais bien le sort des migrants qui fuient le Honduras, le Venezuela, entre autres pour fuir la misère sociale la pauvreté, ainsi que les méthodes des cartels au Mexique qui tuent en toute impunité, chacun se souvient des étudiants qui ont disparus sans laisser de traces il y a quelques années à peine, mais c'est autre chose de suivre une famille traquée, de marcher avec elle la nuit, la peur au ventre, parfois sous une pluie diluvienne pour échapper à la police des frontières la Migra, aux narcotrafiquants, repentis ou non, qui infiltrent les groupes de migrants, puis le mur trumpien et les cow-boys suprématistes blancs qui vont à la chasse aux migrants la nuit…

On apprend également beaucoup de choses sur les tatouages des narcotrafiquants, leur signification, ce qui permet de les identifier.

Ce livre est bien écrit, de la manipulation du chef de cartel, pervers narcissique, pour séduire une femme lettrée et se faufiler vers son époux journaliste, en passant par les familles qui cherchent leurs disparus pour pouvoir enfin faire leur deuil, en passant par la route elle-même car on se la représente vraiment très bien en mettant nos pas dans les leurs.

Un grand merci à NetGalley et aux éditions 10/18 qui m'ont permis de découvrir ce roman et de découvrir la plume de son auteure.

#AmericanDirt #NetGalleyFrance !
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
Commenter  J’apprécie          384




Lecteurs (3031) Voir plus



Quiz Voir plus

Dead or Alive ?

Harlan Coben

Alive (vivant)
Dead (mort)

20 questions
1822 lecteurs ont répondu
Thèmes : auteur américain , littérature américaine , états-unisCréer un quiz sur ce livre

{* *}