La Fugitive

Sans doute l’homme appelé à vivre dans le monde moderne doit-il se soumettre à ses exigences, ne point se scandaliser si sa femme sable le Champagne en joyeuse société, l’accompagner au dancing et se plier à toutes ses fantaisies. Voilà ce que disait mon ami qui détestait ces plaisirs factices autant que sa femme en raffolait. Elle adorait la lumière, le rire, le vin et la vie trépidante… Lui, au contraire, préférait ses livres, son travail et le calme de son foyer. Sa plus grande joie eût été d’aller seul avec sa femme visiter une cathédrale et de lui faire admirer les merveilles de l’architecture.

Il est méchant. Je ne connais pas de chien plus redoutable dans toute la région. Il est né parmi les loups et porte dans son cœur la soif du meurtre. Les corrections ne parviendront jamais à l’adoucir. Six autres l’ont possédé avant moi et n’en ont rien tiré de bon. Moi-même je l’ai roué de coups sans résultat. Il m’a tué deux chiens, m’a sauté à la gorge. Il me fait peur. Voilà un mois, je l’ai enchaîné à cet arbre pour le séparer des autres bêtes, et depuis je n’ose le détacher. Il me mettrait en pièces si je l’approchais trop près. Hier, je l’ai frappé presque à le tuer et pourtant il était encore prêt à me bondir dessus.

Le monde, était très vieux, et l’homme tirait plus de profits en remuant les cendres du passé qu’en essayant d’augmenter le luxe d’une civilisation artificielle. Plus nous remontons à la source des choses et plus nous nous rapprochons de l’Eternelle Sagesse. Les Patriarches, ignorant tout du téléphone, de la machine à vapeur et de l’électricité, comprenaient mieux le sens de la vie que les savants de notre siècle de progrès.

Je juge un homme d’après son estomac. Un individu qui aime la bonne chère ne peut être foncièrement mauvais. Celui qui adore le pâté… et se met en quatre pour s’en procurer… celui-là possède sûrement un cœur gros comme une citrouille. L’homme qui digère bien n’est jamais grincheux et ne vous tire pas dans le dos. Je me méfie de celui qui mange par habitude… ou par nécessité.

En artiste, il se complaisait à admirer la pureté de ses traits et la souplesse de son corps. Possédant un trésor, il se considérait comme l’homme le plus riche de la terre. Son amour était profond et jamais il ne pourra oublier… Jamais il ne retrouvera l’espérance et la foi.