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EAN : 9782882502483
490 pages
Noir sur blanc (03/03/2011)
3.67/5   3 notes
Résumé :
L’Essai sur la diplomatie a été écrit dans un français somptueux en 1827 par le prince Adam Jerzy Czartoryski, qui allait devenir la figure politique centrale de la Grande Émigration polonaise de 1830. En digne fils des Lumières, mais également sous l’influence d’idées romantiques nouvelles, il s’applique à y établir « la règle universelle de la diplomatie ». Car jusqu’à présent, nous dit l’auteur, « la politique proprement dite, celle qui fixe les relations des Éta... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Adam Czartoryski, prince polonais qui fut otage à la cour de Russie, nous livre dans cet ouvrage son ressenti à propos de la diplomatie contemporaine (entendre, celle du XIXe siècle).

A la fois ancré dans son siècle et visionnaire, le Prince Czartoryski écrit dans le pur style du XIXe siècle un essai aux élans lyriques, usant d'une écriture alerte dans un français parfait tout en critiquant une époque terrible pour son pays natal, la Pologne, au lendemain du Congrès de Vienne, au crépuscule de l'indépendance de sa patrie. D'un autre côté, il reste héritier des Lumières du siècle passé mais y allie la charité, la justice chrétienne et le jusnaturalisme libéral. Affirmant que chaque homme a des droits car il est homme, le Prince s'oppose donc aux décisions arbitraires de quelques gouvernants qui bafoueraient le droit naturel. Ces notions (chrétienté et jusnaturalisme) se rejoignent également sur leur universalité ; la religion chrétienne est universaliste tout comme le droit naturel qui ne concerne pas que les hommes d'une nation donnée, mais les hommes de toutes les nations. En cela, l'auteur a plus d'estime pour les romains laissant vivre en paix et en autonomie les contrées de leur Empire que les russes qui partagent sous ses yeux la Pologne, territoire qui continuera à être démantelé jusqu'à la fin de la Seconde Guerre Mondiale. Ce droit, qu'ont les hommes d'influer sur leur propre histoire leur est dénié, nous dit l'auteur, par des puissants plus intéressés par eux-mêmes que par leurs sujets et pour changer cela, plusieurs voies s'offre à la diplomatie : la reconnaissance du droit naturel comme base des échange (une sorte de métarègle, une forme juridique au-dessus des hommes, comme une loi serait subordonnée à une constitution) mais également des traités internationaux empêchant quiconque aurait trop d'ambitions d'être freiné dans sa course folle à l'hégémonie.

Précurseur dans le domaine du droit naturel, droit toujours mis en sourdine dans l'Occident actuel, il l'est également dans les relations internationales qui suivirent son époque, comme celle des colonies, terres vouées à se révolter : « Dès que les colonies acquièrent les éléments d'une existence distincte, dès qu'elles cessent d'être une partie et qu'elles deviennent un tout, enfin dès qu'elles ont le sentiment de la vie nationale, elles veulent prendre rang parmi les nations et elles ont le droit d'être considérées comme telles ! » . Ainsi, le Prince Czartoryski est présent dans notre époque, depuis notamment la chute du régime nazi et la montée de la Nations-Unies et des nombreux décrets se déclarant pour la préservation du droit naturel de chaque être humain. Ce n'est donc que bien plus tard que ses idées, sinon triomphèrent, du moins s'imposèrent en partie sur la scène internationale. Notons également la très instructive étude de Marek Kornat qui met en perspective ce document nous en apprenant toujours davantage sur son contexte d'écriture et sur ses conséquences, autant sur l'histoire globale que sur la vie de ce Prince.

Enfin, je tiens à remercier les éditions Noir sur Blanc pour ce bel ouvrage que je conseille à chaque féru d'histoire et de relations internationales, autant valable dans l'étude du passé que dans l'étude du présent et la projection dans le futur.
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Ce livre a été lu dans le cadre d'une masse critique organisée par Babelio. Et je tiens à les remercier chaleureusement ainsi que les Éditions Noir sur Blanc pour ce partenariat.

Adam Jerzy Czartoryski, c'est cet homme que l'on peut apercevoir sur la couverture. La pose devant l'objectif nous montre un homme un visage usé, de celui qui a vécu et vu de nombreuses choses. Comme nous l'explique Małgorzata Maria Grąbczewska, historienne de la photographie, dans une note à la fin de l'ouvrage, cette photographie choisie pour la couverture a été faite par Nadar durant l'hiver 1856/1857. Ce jeune photographe s'intéresse très tôt à la cause polonaise. Il s'enrôlera avec son frère dans la légion des volontaires levée par Lamartine et polonise son nom et devient Feliks Turnaszewski. Cela donne un intérêt particulier à cette photographie.

Cet ouvrage est introduit par une courte préface écrite par Jerzy Buzek, Président du parlement européen qui résume bien la pensée essentielle de l'auteur de cet essai : la diplomatie doit assurer le bien des peuples et des hommes avant de servir les intérêts d'un état, d'un gouvernement ou d'une personne. Il déclare également qu'une nation doit respecter au nom de la justice et de la morale les autres nations sans avoir recours à la violence.

C'est ce qu'il expose dans son « Essai de la diplomatie » à travers trois parties très bien structurées : La diplomatie telle qu'elle est, la diplomatie telle qu'elle devrait être et les moyens de ramener la diplomatie à sa véritable destination. La diplomatie pour cet homme comprend les relations internationales, les activités humaines comprise comme un métier et la science politique. Pour argumenter son propos, il se rend aux origines de la diplomatie, donne des exemples de l'Histoire où la diplomatie a fonctionné tant que les grandes nations respectaient les autres. Et leurs échecs quand leur ambition devint une volonté de domination. Il revient également sur les notions de justice et de morale ainsi que celle du droit naturel qui est inhérente à chaque homme avant de proposer une réforme des relations internationales.

Cet essai est suivi du programme de politique extérieure de la Russie proposé par Adam Czartorisky en 1803 et lu à Alexandre 1er et qui s'intitule « Sur le système politique que devrait suivre la Russie ».

Cela permet une perspective intéressante car on peut y constater l'évolution ses réflexions sur l'Europe entre 1803 et 1824, date à laquelle il commence la rédaction de son Essai. Il a encore ses espoirs mais on y sent aussi les désillusions. Sa détermination à achever son objectif mais aussi les changements dans ses propres relations avec les états européens.

Car « Essai sur la diplomatie », c'est aussi une rencontre, la découverte d'un homme politique foncièrement attaché à sa Pologne natale, encore loyal à Alexandre 1er et chrétien. C'est aussi un personnage des Lumières, profondément humain dont la patrie est également l'Europe. C'est assez récurent dans son propos. Pour que la Pologne renaisse, il faut que l'Europe guérisse. Il faut que les frontières soient redessinées pour satisfaire chacun mais dans le respect des nations démantelées, affaiblies ou dominantes.

J'ai apprécié de découvrir cet homme à la plume agréable bien que parfois difficile à comprendre (notamment la deuxième partie de son Essai où il traite de nombreuses notions telles que le droit naturel, droit positif ou sociétés civiles). Nous avons affaire à un homme érudit qui relate avec clarté son propos bien qu'il s'adresse davantage, je pense, à des lecteurs qui connaissent un tant soit peu son domaine.

Pour en apprendre davantage sur ce personnage et ses écrits, son histoire, ses aspirations politiques, les écrits des philosophes qui ont nourri sa pensée, un dossier rédigé par Marek Kornat, historien, nous est proposé. Cela donne une optique explicative sur la réflexion de cet homme et de son regard sur son temps.


Les Éditions Noir sur Blanc nous présente ici un ouvrage complet et prenant qui permet une belle découverte sur un personnage peu connu du grand public et dont la pensée reste d'actualité. Avis aux lecteurs férus d'histoire ou de relations internationales car la lecture y est tout de même ardue et quelques connaissances en ce domaine peuvent faciliter la compréhension.


Lien : http://antredelivres.free.fr..
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Essai écrit dans les années 1815-1830 par le prince Adam Czartoryski au moment où la Pologne vient d'être une nouvelle fois partagée entre les grandes puissances et n'existe dons plus en tant que Nation , suite au traité de Vienne. On sent l'influence de l'héritage chrétien et du siècle des lumières . L'auteur nous emmène dans un voyage dans le temps dans l'antiquité grecque et surtout romaine , à l'époque d'Henri IV et d'Elisabeth d'Angleterre , et bien sûr sur les traces de Napoléon , son contemporain.
Il défend tout le long de son livre ' le droit naturel' des Etats et est un fervent défenseur de la non-ingérence , ce qui le rend d'une troublante actualité , je joins quelques citations assez étonnantes deux siècles plus tard
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
« Mais, dira un gouvernement prépondérant à la nation qu’il prétend influencer: je veux vous admettre à égalité; je veux vous faire jouir de notre bonheur social ! – La chose est impossible. Ce bonheur ne s’impose pas : la nation répondra : je ne veux pas de votre bonheur; j’ai aussi mon bonheur, que j’ai acquis par mon existence nationale depuis des siècles, et que vous n’ avez pas le droit de me ravir. Je l’ai acquis par une suite de travaux et de périls, pour atteindre, dans mes limites et ma façon, le but que Dieu a assigné à tous les hommes, et que vous n’avez pas le pouvoir de déplacer, car aucune nation ne peut trouver son centre commun, son chez-soi dans une autre nation; nous ne nous comprenons pas; nous avons une autre langue, d’autres souvenirs, une autre civilisation une vie séparée et distincte; la mienne ne se confondra jamais à la vôtre, à moins que vous n’accumuliez des siècles d’injustice et de violence : nos existences ne peuvent s’identifier; tout le passé est entre nous.; nous ne pouvons connaître un bonheur commun, car il nous manque la communauté, une multitude de rapports qui lui sont nécessaires et que nous ne saurions créer. Auriez-vous donc un droit particulier de me vouer au malheur ? »
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Les nationaux qui appellent les étrangers (au secours) souffrent tôt ou tard de l'invasion autant que ceux qui combattent pour la repousser. La guerre civile est préférable , elle laisse encore intacte l'indépendance de la patrie , tandis qu'une intervention étrangère attaque cette première source de félicité et d'honneur national et qu'il en résulte nécessairement les mêmes maux pour tous les partis qui partagent la Nation.
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Le but de l'existence de l'homme sur terre n'est pas d'être heureux mais de se rendre digne du bonheur.
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Il ne peut y avoir de droit sans obligation et vice-versa , mais n'arrive-t-il pas que les hommes veulent n'avoir que des droits et ne reconnaissent aucune obligation.
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Les relations , les communications sont devenues de plus en plus faciles . Tous les peuples veulent se voir , se parler et s'entendre.
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