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4,06

sur 706 notes
J'avoue que je ne savais pas trop à quoi m'attendre réellement. le résumé m'intriguait terriblement et je ressors de cette lecture avec un trop plein d'informations. Et des questions surtout.

Difficile d'écrire un avis comme je fais pour les autres. Dans ces pages, la guerre est omniprésente. Nous passons d'un personnage à un autre en suivant ses angoisses, ses peurs, sa vie d'une manière générale. Afghanistan ! Un pays où il ne fait pas forcément bien vivre. Il y a des codes, du respects, des manières de faire. Mais il y a aussi les étrangers, les militants, les combats, les drames. La réalité devient terrible, agonisante, effroyable. Ce sont des hommes, des femmes, des enfants qui vivent dans un pays, qui sont nés ici ou ailleurs, mais qui sont bloqués dans ce territoire.

Un regard de travers, un mot de travers, une idée qui n'a pas eu le temps de germer et c'est un enchaînement de brutalité. La froideur des gestes bien pire que le scalpel dans la main du légiste. Cela ne se passe pas en France, bien loin de nous et pourtant une parcelle traverse les frontières pour venir se poser sur ses pages. C'est un cercle vicieux de violence, de sévices, de barbarie.

L'auteur décrit certaines scènes qu'on croirait qu'il l'a vécu. Cela restera un mystère pour moi. Il n'y a pas de "je pense que" de l'auteur, juste un énoncé de faits marquants, percutants même. Pour ma part, j'ai eu un peu de mal à entrer dans la livre. Beaucoup de descriptions, de suivi de personnages. Et puis d'un coup, à une cinquantaine de pages, j'ai beaucoup aimé découvrir chacun des personnages. de suivre une part de leur quotidien, décès, joie, tristesse, explosion. J'ai découvert une culture différente. Mais les hommes ont tous des pensées, plus ou moins bonnes certes, mais ils sont tous humains. Par moment il y a eu beaucoup de termes qui ne sont pas toujours compréhensible, par chance la phrase est facile à comprendre (après relecture.).

La guerre reste une guerre : ni propre ni sale. Elle est ce qu'elle est. Un environnement hostile, des décisions à prendre, des conflits à gérer. La vie de ces hommes, femmes et enfants ne tient qu'à un fil. Ils naissent, vivent, meurent. Il n'y a pas de bons ou de méchants, il n'y a que des personnes qui veulent survivre à tout cela. Il n'y a pas que les bombardements, il y a aussi les trafics en tout genre, les occasions manquées, les vengeances qui deviennent personnelles.

Quelques personnages ressortent plus que d'autres à mes yeux, qu'ils aient une longue ou courte histoire dans le texte. Il y a d'abord Badraï, cette enfant qui vit dans l'insouciance, adorant son père. Ensuite il y a Chloé qui paraît tellement paumée qu'elle en devient attendrissante malgré tout. Les femmes sont des objets. Dès le départ, nous savons que la place de la femme est derrière les fourneaux, à faire des enfants. Une autre culture, une autre manière de voir les choses. Ici on se rebelle, là-bas elles baissent le regard.

C'est un livre qui n'est pas simple à lire, à découvrir, à comprendre aussi. Je n'ai pas cherché à comprendre, j'ai juste suivi ses histoires qui se suivent et ne se ressemblent pas. J'ai beaucoup apprécié l'écriture de l'auteur. Poignant, percutant, par à coup parfois, mais j'ai trouvé que tout était juste, sans fausse note.

http://chroniqueslivresques.eklablog.com/pukhtu-primo-doa-a132722720
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Convoyages de détenus, gardes des prisonniers à l'hôpital, patrouilles nocturnes dans les communes, les entreprises de sécurité privée grignotent peu à peu les tâches régaliennes de l'Etat, sans que cela ne choque plus grand monde. On s'en accommode et tant pis pour les dérives que l'on découvrait au sein même des services étatiques. le fait de confier ces tâches au privé n'est donc guère rassurant. Aux USA, ce sont désormais des conglomérats privés qui gèrent les établissements pénitentiaires. On franchit un pas supplémentaire avec la sous-traitance du renseignement confié à des entreprises de mercenariat qui évoluent au coeur des conflits armés comme on le constate avec Pukhtu du romancier DOA décrivant avec une précision quasi chirurgicale les péripéties sanglantes de la guerre en Afghanistan en 2008.

Un pavé dans la mare, tel pourrait être la définition de Pukhtu Primo, roman foisonnant qui met à jour avec force de documentation et de réalisme, le marasme du conflit en Afghanistan. Avec Fox et quelques autres personnages, DOA prolonge ainsi son fameux roman Citoyens Clandestins où l'on assistait avec le point de vue bien ancré de ses personnages à la lutte entre les différents services de renseignement français traquant un groupuscule islamiste. Pukhtu reprend la même dynamique avec d'avantage de protagonistes qui incarnent les multiples conséquences d'un conflit dont les enjeux deviennent de plus en plus globalisés. On y découvre avec effarement que les forces armées américaines ne sont pas si nombreuses et que ce déficit est suppléé par des entreprises privées qui prennent le pas sur les agences officielles. Plus que les trafics, plus que la corruption, ce business de mercenariat s'inscrit dans une logique de compromission sur fond d'exemplarité démocratique que l'on souhaite importer dans un pays qui possède son propre code de l'honneur. Quel sens donner à tout cela, c'est ce que Fox cherche à comprendre au delà des considérations cyniques de ses camarades. Pour son adversaire Sher Ali, tout semble plus simple avec cette logique de vengeance. Mais il y a les trahisons, les pertes humaines et le doute qui s'installe en pensant à la douceur de sa fille défunte qui n'approuverait certainement pas toute cette haine.

Un texte dense, parfois trop documenté, Pukhtu est un roman saisissant où l'on appréciera la série de portraits de personnages parfois ambivalents que dresse l'auteur dans un récit qui ressemblerait à une série dont la première saison sert à mettre en place les principales intrigues narratives qui trouveront leurs issues dans un second opus qui sortira au printemps 2016. le glossaire dressant l'inventaire des protagonistes du roman ne sera pas de trop. Si les portraits de la plupart d'entre eux sont extrêmement bien élaborés, on regrettera toutefois l'aspect trop stéréotypé, voir caricatural des personnages féminins qui évoluent à Paris.

Même s'il est passionnant, Pukhtu n'est pas exempt de quelques longueurs où DOA semble vouloir démontrer toute la somme de connaissances qu'il a acquise lors de la phase de recherche. L'aspect balistique de l'armement des belligérants est particulièrement inutile, voir assommant, tout comme les rapports de situations abscons qui ne servent pas le récit, hormis le froid décompte des pertes humaines. C'est d'autant plus dommageable que cela prétérite une belle dynamique d'actions percutantes que l'auteur rédige avec un talent hors norme en mixant des styles empruntés aux thrillers et aux romans noirs. On appréciera d'ailleurs la scène d'ouverture, un modèle du genre qui n'est pas sans rappeler quelques grands auteurs comme James Ellroy ou David Peace avec une singularité propre à l'auteur. Tout comme ces grands auteurs, DOA met en relief la série des événements qu'il relate avec des articles de presse qui donnent la pleine mesure des scènes dans lesquelles évoluent ses personnages.

Plus qu'une guerre, plus qu'une vengeance, DOA met en lumière avec Pukhtu le business juteux et obscur de ces entreprises de renseignements qui prennent le pas sur les agences officielles d'un pays qui perd peu à peu le sens de l'état. Une déresponsabilisation inquiétante que DOA dénonce avec une belle maîtrise.
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J'ai essayé à plusieurs reprises de lire cet ouvrage mais je n'y arrive pas...peut-être le mauvais moment ou autre raison. Aidez-moi, conseillez-moi !!
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DOA nous offre avec « Pukhtu » un OLNI (Objet littéraire non identifié). Passant d'un personnage à un autre, d'un camp à un autre, il se propose de nous faire vivre la guerre en Afghanistan de l'intérieur dans un très gros livre. On découvre alors des scènes toutes plus spectaculaires les unes que les autres, portées par un réalisme à couper le souffle. Mais l'auteur ne nous propose pas d'être seulement spectateur de ces scènes mais nous immerge dans l'intime des acteurs de cette tragédie moderne. J'ai partagé le quotidien de chacun des intervenants comme si c'était un ami ou de la famille. Et là, rien n'est romanesque, pas de héros… juste l'effroyable réalité. le cercle vicieux du donnant-donnant entraîne ces hommes et ces femmes vers une querelle sans retour. L'injustice humaine qui sévit alternativement, déclenche toujours plus de haines et toujours plus de drames. Toutes ces vengeances en chaîne nous poussent vers une surenchère d'inhumanité et on assiste à des scènes d'une violence abominable. Des événements qui pourraient m'apparaître avec une brutalité froide, m'ont frappé au plus profond des entrailles.
Pour être au plus près du terrain, ce roman est foisonnant d'informations. La multitude de personnages et de termes techniques m'a semblé parfois un peu indigeste surtout sur un ouvrage de cette épaisseur. Mais l'objectif de m'ouvrir les yeux est parfaitement atteint. Jusque-là, je regardais tous ces conflits comme un bon film dans mon canapé. DOA a apporté la barbarie à la porte de chez moi. Grâce à un travail sûrement titanesque et sans jamais prendre parti, il a su me dévoiler les dessous de la violence et je ne suis pas ressorti indemne de cette aventure. Je suis assez fier et heureux d'avoir persisté dans la lecture de ce pavé difficilement accessible et lirai sans aucun doute la suite.
Rencontré aux détours d'une dédicace aux « Quais des polars » de Lyon, j'ai félicité DOA pour son travail de recherche. Avec un sourire en coin, il m'a répondu qu'il avait tout simplement beaucoup d'imagination… Si seulement !
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Tel Da Vinci avec la Chapelle Sixtine, Bartholdi avec la statue de la Liberté ou Eiffel avec sa tour, sans, bien sûr, le comparer avec ces prédécesseurs, Doa a entamé, avec « Pukhtu » son oeuvre monumentale. Comme avant lui Margaret Mitchell (Autant en emporte le Vent) a choisi la guerre de sécession, Erich Maria Remarque (A l'Ouest rien de nouveau), la première guerre mondiale, Herman Wouk (Le souffle de la guerre) la seconde, Boris Pasternak (le Docteur Jivago), la révolution russe, Pierre Boulle (le Pont de la Rivière Kwai), la guerre de Corée, Jean Lartéguy (Les Centurions), la guerre d'Algérie et bien d'autres encore, Doa a choisi un conflit comme théâtre de ses opérations littéraires. Il s'agit d'un des plus récents, l'Afghanistan. En près de 700 pages (pour le premier tome), l'auteur qui préfère l'anonymat aux feux de l'actualité, décortique,hâche une guerre dans ses mauvais côtés plus que dans ses bons, ses dommages colatéraux, à travers un nombre impressionnant de personnages. Un myriade d'hommes et de femmes avec leurs qualités et leurs défauts qui inter-agissent non seulement en Afghanistan, mais aussi au Pakistan, en Côte d'Ivoire, aux Etats-Unis, au Kosovo ou en France. En dialoguant avec de nombreux experts de la géopolitique moderne, en visionnant des films d'actualités, en lisant des milliers de documents secrets ou publics, l'auteur a construit un canevas qui tient la route. Si les scènes d'affrontement sont bien présentes et écrites avec l'acuité d'un correspondant de guerre, c'est surtout la psychologie des personnages qui nous séduit. Qu'ils soient Patchouns, Talibans, Américains, paramilitaires, Français, francs du collier ou non. Qu'ils soient trafiquants de drogue, marchands d'armes, politiques véreux, journalistes honnêtes ou espions infiltrés, ils offrent toutes les facettes du monde actuel dans une guerre qui ne peut pas être propre.
Pukhtu est le terme qui régit un code d'honneur patchoun. L'un d'entre eux Sher Ali, chef vénéré de la tribu des Zadran est devenu Taliban pour venger la mort de sa fille aimée. Il nous est plus sympathique qu'Alain Montana, un homme d'influence dans la nébuleuse politique française. Ce roman est une fresque, un reportage, un témoignage si réaliste qu'on hésite à parler de fiction. Vivement le second tome (mai 2016).
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DOA revient après 4 ans d'absence. L'année 2015 sera par contre très riche. le volume ici présent est le 1er volume « Primo », pavé de 700 pages qui sera suivi du « Secundo » à l'automne prochain.
Comme à chacun de ses opus, nous pouvons nous attendre à du noir intense, et c'est encore le cas avec ce roman. Amateur de noir vous allez être servis !

Avant de nous embarquer dans cette histoire, l'auteur a pensé à tout avec les cartes topographiques, les annexes de l'armurerie, le lexique de tous les acronymes et la liste des personnages (ils sont plus de 70 !)…plutôt bien afin d'éviter d'être perdu avant de commencer.

Pukhtu se déroule essentiellement en Afghanistan et au Pakistan, mais aussi en France, en Afrique, et au Kosovo. Tout débute en janvier 2008 et se termine en septembre de la même année. Durant ces quelques mois, nous croisons un chef de clan pachtoune enrôlé contre son gré dans la guerre contre la coalition, un journaliste canadien visant un scoop sur les trafics de drogues sur les terres de conflit, un mercenaire devenu maitre dans le double jeu, ou encore une journaliste ayant pour cible le renseignement français.
Comme vous pouvez le voir avec un tel patchwork de personnages, il y a beaucoup d'intrigues parallèles, mais tout est logique, donc est posé tranquillement, mais surement. Pour cela il suffit de lire le premier chapitre… Il fait près de 100 pages.
C'est dire si DOA prend son temps pour poser ses intrigues et ses personnages. Cela parait long pour un départ ? Ce n'est pas faux, mais en même temps nous sommes dans le ton directement.

Vous avez un doute ?

Voici les premières lignes du prologue :
« Un doigt. Un doigt bariolé de rouge et de noir. Elle se dit pareil à ceux de papa quand il peint. Puis papa n'est pas là. Puis papa est mort. Puis à qui est ce doigt. Collé sur une vitre. le doigt bariolé de rouge et de noir est collé sur une vitre. Il a glissé de quelques centimètres, laissé une trace. Sur la vitre. »

Nous pouvons dire que ça met dans l'ambiance directement.

DOA est fidèle à lui-même et nous retrouvons la même verve que dans « Citoyen Clandestin ». Toutes les situations sont terriblement réalistes, détaillées, explicitées. Il manie encore une fois le verbe du noir avec une grande habileté, ce qui procure un sentiment de réalisme saisissant.
Nous sommes embarqués dans le roman avec une force, mais la finesse de l'auteur apparait une nouvelle fois. Afin de pouvoir faire redescendre la tension et ancrer son roman dans une vérité réelle, des articles de journaux illustrent le récit comme pour rappeler que le monde dans lequel nous vivons est bien pire que les romans que nous lisons.
Quand il ne s'agit pas d'article, nous avons des rapports d'opérations froids et laconiques dans lesquels nous retrouvons les blessés, les morts, les lieux, etc.

Cela m'amène à l'incroyable documentation qui transpire de ce roman. En voyant l'épaisseur, la densité et la réalité de ce roman, on sent que le travail de collecte d'information a été fait méticuleusement, et a dû prendre du temps. Je me dis simplement que les 4 années de silence de cet auteur s'expliquent aisément… Souvent la documentation faite pour les ouvrages est placée maladroitement et/ou abusivement dans les récits, comme pour justifier le travail préparatoire effectué, mais là ce n'est pas le cas. Tout est à sa place, et raconté comme il se doit. Rien n'est superflu, rien n'assomme le lecteur.

Tout ce travail de documentation de qualité et toute la complexité de l'intrigue ne seraient rien sans un panel de personnage de haut niveau. Comme je le disais plus haut, nous avons près de 70 intervenants dans ce roman. Leurs interactions, leurs forces, leurs faiblesses sont humaines et fortes. Les bons sont les mauvais de certains, les mauvais sont les bons des autres. Pas de parti pris, seulement des points de vue différents.

«Ils tuent des gens, on tue des gens. On lutte pour le bien, eux contre le mal »

Pour conclure, je dirai que la documentation minutieuse, la multitude de personnages réussis, l'intrigue complexe et simple à la foi, un contexte géopolitique criant de vérité font de ce roman une réussite, d'autant plus que malgré le fait que le roman soit épais et long, nous en redemandons. En effet, sur le dernier quart du roman, tout s'accélère et des questions nouvelles se posent, ce qui nous rend impatients de connaitre la suite.
Lien : http://polar.zonelivre.fr/do..
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"Le mieux qu'Al Capone pouvait faire, c'était de racketter trois quartiers. Moi, j'agissais sur trois continents." Smedley D. Butler, La guerre est un racket.

"Pukhtu" est le quatrième roman de DOA. Auteur notamment de Citoyens clandestins, Grand prix de littérature policière en 2007, et de L'honorable société, co-écrit avec Dominique Manotti, Grand prix de littérature policière en 2012.

Afghanistan, année 2008.

Sept ans après la chute du Mollah Omar, la guerre contre le terrorisme fait toujours rage. Les talibans, un temps acculés, reprennent progressivement du terrain. Cette semi-résurrection est due à la guerre en Irak qui monopolise une partie des forces de la coalition menées par les Etats-Unis.

2008 marque aussi un autre tournant dans la guerre en Afghanistan. Les drones s'emploient à bombarder des cibles repérées au sol par des équipes privées issues du complexe militaro-industriel américaines. Entre 2008 et 2009, l'Afghanistan va connaître un déferlement de missiles et de bombes. Paradoxalement à cela, la culture du pavot va elle aussi connaître des records d'exploitations.

C'est dans ce contexte que nous suivons Sher Ali Khan Zadran, un chef pachtoune, héros de la guerre contre les Soviétiques. Il se trouve loin des talibans, loin de cette nouvelle guerre, loin de ce monde qu'il veut épargner à ses deux enfants, son fils Adil et sa fille Baïdra, à qui ils souhaitent faire quitter le pays. Mais il était écrit qu'il ne pourrait ignorer ce conflit encore bien longtemps. Par une nuit, alors que lui et ses enfants se trouvent forcés à suivre un groupe de talibans, ils vont être les victimes collatérales de l'attaque d'un drone. Sher Ali en sort blessé, tandis que ses deux enfants sont tués.

Dès lors, le chef pachtoune va être nourri d'un esprit de vengeance. Cette attaque, visant un chef taliban, a été menée avec l'aide du 6N, une entreprise privée de mercenaires mise sur pied par la CIA. Sher Ali va tout faire pour remonter vers ces hommes et les Afghans qui les accompagnaient dans cette besogne. Son chemin prendra la route d'une haine aveugle pourvue d'une violence sans retenue.

Mais dans ce pays en proie à des dissociations internes, étouffé par la présence étrangère, meurtri pas les drones et les attentats, une autre guerre se joue, celle du trafic de drogue où le 6N joue aussi un rôle.

Cette lecture nous plonge sur le terrain de la guerre, dans sa saleté et son immoralité, ce pourquoi elle a lieu, le terrorisme, et ce qu'elle engendre en sous main, le profit. La neutralité dégagée par l'auteur dans son écriture nous dévoile la face sombre, voire pourrie, des deux camps possédant chacun une morale perverse. Il nous démontre aussi les nouvelles méthodes de guerre insufflées par les Etats-Unis.

La narration, ou plutôt l'imagination de DOA, nous transmet une sensation de réelle dans chaque scène de combat, ainsi que l'impression d'être présent en Afghanistan sur son sol rocailleux et poussiéreux : nous vivons à l'heure afghane. Il est difficile de décrocher de ce livre, malgré son épaisseur, sa multitude d'informations et de personnages.

Certes, ce livre est loin d'être fait pour le grand public par son sujet et sa construction, beaucoup risquent, à tort, de s'en détourner. Ceux qui l'ont lu, ou le liront, se jetteront sans hésiter sur le deuzio qui devrait paraître courant 2016.
YB.

Lien : http://dunoirdupolar.blogspo..
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Pris de remord d'avoir délaissé le lyonnais DOA pendant de longues années, nous voici avec son dernier gros pavé entre les mains : pukhtu.
Le plus récent à défaut d'être le meilleur …
Tout au long de ces quelques 700 pages, DOA va décortiquer les mécanismes de la guerre US en Afghanistan.
Les ramifications et imbrications entre guerre(s) - au pluriel - et trafic(s) - au pluriel également.
Entre soldats de métier et milices privées.
Entre agences de renseignements et entreprises de l'ombre.
C'est passionnant. Non, plutôt : effarant.
Le fric, la drogue, les armes inondent les vallées et les montagnes, passent les cols et les frontières. du Kosovo à Jalalabad via Dubaï.
De Kaboul à Peshawar via la passe de Khyber, voilà autant de noms familiers qui nous ont été serinés à longueur de JT pendant des années.
Nous sommes en 2008, peu avant l'aboutissement de la traque de Ben Laden.
Les scènes de guerre nous sont longuement et patiemment détaillées. La nouvelle tactique américaine nous est rendue transparente : en l'air, des drones pilotés à distance par l'armée US. Sur le terrain, sur place, des mercenaires et des supplétifs chargés de ‘marquer' les cibles. L'armée ne se salit plus les mains.
Elle ne veut plus, elle n'en a plus les moyens.

[…] L'élan de privatisation de la chose militaire sans précédent constaté à l'occasion des invasions de l'Afghanistan et de l'Irak.
[…] Une double nécessité, le besoin de pouvoir prendre rapidement ses distances avec les paramilitaires s'ils sont découverts et le manque de moyens gouvernementaux disponibles.


Tout ce petit monde doit bien vivre et les subsides officiels ne suffisent pas.

[...] L'Afghanistan produit 93 % de l'opium mondial, un commerce qui rapporte chaque année, d'après les estimations les plus conservatrices, 3 milliards de dollars à l'économie souterraine du pays, alimentant la corruption et finançant pour partie l'insurrection talibane.
[…] Pour les hérauts du capitalisme, l'enjeu commercial premier de ces deux guerres n'a jamais été la captation des richesses des pays en question mais la guerre elle-même, source d'immenses profits.

Pour faire sérieux et documenté, DOA use et abuse des sigles des armes et des armées. C'est inutile mais cela ne nuit pas à la lecture. Y'a même un lexique pour les fans de AK.
On pourrait également se perdre facilement dans l'abondance de personnages, dans cette région où les patronymes afghans ou pakis ne donnent guère de repères.
Mais là aussi, le professeur DOA fait preuve de patience et s'est également fendu d'un répertoire.
De toutes façons, on reviendra fréquemment sur chacun de ces bonshommes, on prendra le temps de faire connaissance, de chapitre en chapitre. L'auteur est patient avec son lecteur parachuté en territoire inconnu.
Tout cela est bien entendu viril, vulgaire parfois, pimenté de sexe inutile et de violence gratuite.
Les mecs en mission là-bas oublient peu à peu les repères du monde et du genre humain : fallait pas s'attendre à voire les GI Joe disserter sur Spinoza. N'oublions pas qu'ils sont en mission pour nous, sur ordre officiel ou suggestion officieuse de nos gouvernements. DOA nous le rappelle.
Comme il nous rappelle la genèse et l'Histoire de cette guerre sans fin.
En dépit de tous ces centres d'intérêt, sans vraiment s'ennuyer, on trouve les 700 pages un peu longuettes, franchement répétitives et la déception est grande lorsqu'à la place du mot FIN, on découvre qu'il ne s'agit que du premier épisode d'une série …
Un gros pavé pour se caler la tête sur le sable cet été.
On pourra même le ressortir chaque année, puis le repasser à nos petits-enfants, c'est tout l'avantage bien compris de ces guerres du Moyen-Orient.

[...] - Comment se passe ta guerre, Gareth ? » Pour Montana, Voodoo a toujours été Gareth.
- Bien. Elle est sans fin. »
- Ne le sont-elles pas toutes ? »
Lien : http://bmr-mam.blogspot.fr/
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Que mes sentiments ont évolué au fil de ma lecture de Pukhtu ! Une inquiétude tout d'abord quand j'ai réalisé que j'allais devoir lire 650 pages sur la guerre d'Afghanistan ; puis un intérêt croissant au fur et à mesure que je découvrais les personnages ; une certaine avidité d'en savoir plus sur eux, sur leurs actions, sur leur sort ; et finalement une relative tristesse à l'idée de les quitter dans les dernières pages.
Je ne mentirai pas. Il m'a été très difficile de rentrer dans le roman : j'ai dû attendre d'en avoir lu la moitié au moins. le sujet n'est pas de ceux qui me passionnent le plus bien que ce soit toujours d'actualité. de plus, la prolifération des sigles qui refusaient catégoriquement de rentrer dans ma mémoire, les détails d'armements, de bases, de zones tribales, tout cela m'éloignaient des personnages.
Car si, en définitive, j'ai réussi à prendre du plaisir dans ces pages, c'est grâce à ces êtres humains qui vivent, meurent, souffrent, décident ensemble, tous liés même s'ils l'ignorent parfois. J'admire la documentation et le réalisme de l'ouvrage, mais c'est cette terrible aventure humaine qui m'a intéressée, plus que le contexte.

Dur de rester propre dans cette guerre, sale comme toutes les guerres. Ceux qui ne tuent ou ne violent pas trempent dans le trafic de drogue et le blanchiment d'argent et bien souvent, tout cela se recoupe. Les personnages ne sont jamais blancs ou noirs. Américains, Français, Afghans, Pakistanais, il n'y a pas les bons et les méchants : il n'y a que des hommes qui se battent pour leurs convictions ou leur intérêt. DOA nous offre les points de vue des uns et des autres sans jugement.
Fox, ce paramilitaire au passé mystérieux qui doute, qui doit décider envers qui résident sa fidélité ou ses obligations. Sher Ali Khan, le Roi Lion, qui se bat plus par vengeance personnelle contre ceux qui ont assassiné sa Badraï avec leurs drones que par réelle conviction.
J'ai particulièrement aimé les personnages de femmes. Chloé, cette gosse pleine de fric qui s'avère être paumée, dominée, pleine de doutes et de craintes. Amel, cette journaliste qui tente d'effecer son passé en se plongeant dans la blancheur de la coke. Storay, cette prostituée défigurée qui n'est pourtant pas un personnage principal mais qui est si importante pour Fox qu'elle l'est devenue pour moi aussi. Aussi fortes soient-elles, elles sont dominées, utilisées et méprisées par le système.

Un livre dur. Dur dans ses propos, dans son histoire, mais également dur à aborder. Mais un livre passionnant pour ses personnages profonds et rarement négligés par l'auteur. Je ne l'aurais jamais suspecté en entamant ma lecture, mais je suis impatiente de découvrir le second volume.
Lien : https://oursebibliophile.wor..
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Pukhtu est un roman foisonnant qui aborde de nombreux sujets, dont les principaux sont la guerre en Afghanistan (l'intrigue se situe en 2008) et la mondialisation des trafics en tout genre. Que ce soit pour l'honneur, par vengeance ou simple appât du gain, pratiquement tous les personnages du roman vont se lancer dans une spirale infernale de violence et d'horreur, bien loin de toute humanité. Et des personnages, il y en a ! Talibans, militaires et paramilitaires, espions, journalistes ou "personnes ordinaires", les destinées se croisent et s'affrontent dans un monde qui semble extrêmement petit. Chaque action, chaque évènement est abordé de différents points de vue, et ça j'ai beaucoup apprécié : DOA ne prend pas partie pour l'un ou l'autre camp, il nous montre juste le résultat d'un enchainement de faits plus ou moins volontaires. du coup la narration classique (descriptions et dialogues) alterne avec articles de journaux, pamphlets et rapports militaires. Cette narration originale est servie par un style vif et percutant, avec une pointe d'humour noir qui allège un peu le récit.
Par contre, je dois reconnaitre que j'ai eu du mal à lire Pukhtu : trop de personnages, trop de faits, trop de détails... Pour éviter de se perdre dans toutes ces informations, un important glossaire et une présentation des principaux personnages sont présents à la fin du volume... cela m'a été utile à de nombreuses occasions ! le récit étant extrêmement documenté, j'ai énormément appris sur l'Afghanistan : histoire, géographie, peuplement, us et coutumes, etc., j'ai parfois eu l'impression de lire un article encyclopédique. Dommage, car cela a ralenti le rythme du roman. Malgré cela, je suis contente d'être arrivée à bout de Pukhtu : c'est une lecture que je ne regrette finalement pas, et je pense que si l'occasion se présente je lirai le second volume avec beaucoup de curiosité.
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