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3,75

sur 472 notes
Je ne suis pas un fan du format "nouvelle", aussi, j'ai mis un certain temps avant de lire ce recueil. Cependant, mon admiration pour Damasio l'a emporté !
Aussi surprenant que cela puisse paraître, l'auteur parvient presque à faire tenir toute la puissance d'un roman et à bâtir un univers qui semble solide autant que novateur, en une cinquantaine de pages.
On retrouve les thèmes de prédilection de Damasio dans ces nouvelles. Ainsi sont abordés les totalitarismes, la surveillance, la dévitalisation de nos sociétés ou encore la recherche de sens dans nos vies.
Ceux qui ont aimés "la zone du dehors" ou "la horde du contrevent" y trouverons leur comptes. Pour ceux qui ne connaissent pas l'auteur, ils pourront toujours se faire une bonne idée sans pour autant se plonger dans des pavés de 500 pages.
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À l'heure de refermer Aucun souvenir assez solide, recueil de nouvelles de l'auteur de la Horde du Contrevent et La Zone du dehors (deux romans que j'ai lus, dévorés, relus et redévorés), je suis assez mitigé. Ce recueil est assez inégal.
Certaines nouvelles sont simplement extraordinaires, montrant Alain Damasio au plus grand de sa forme littéraire. D'autres sont très moyennes, et je ne sais pas si c'est moi qui n'arrive pas à accrocher quand l'auteur part trop loin dans ses délires où si c'est Damasio qui pêche en voulant trop faire passer un message par la forme qu'il donne à ses textes. En quelque sorte, il lui arrive de sacrifier son histoire pour la beauté des mots qu'il invente. Ainsi j'ai complètement décroché à la lecture de la nouvelle « Une stupéfiante salve d'escarbilles de houille écarlate », alors que j'ai vraiment adoré « C@PTCH@ » ou « So phare away ».
Le meilleur de tous ces textes reste quand même selon moi « Les Hauts® Parleurs® » parce qu'il réunit de façon très efficace tous les éléments qui m'avaient fait rêver dans les romans de Damasio : l'anticipation sociale, la critique du monde actuel à travers les concepts de Michel Foucault et Gilles Deleuze, la poésie du langage ou le formidable travail sur les mots, le rythme des phrases, la ponctuation pour que le Mouvement cher à l'auteur trouve de quoi s'exprimer.
On retrouve dans ce recueil les thèmes chers à Damasio : le Mouvement, déjà évoqué et habilement représenté par le jeu sur le langage, mais aussi l'auto-dépassement de soi, la volonté de ne jamais se fixer dans une identité-prison. Mais, et ce fut pour moi une surprise, il y a aussi plusieurs nouvelles sur les enfants, ou peut-être sur la paternité, thématique pas franchement développé dans ses romans.
Un recueil inégal donc, mais qui réserve quand même de très beaux moments de lecture, et qui permet d'appréhender un Damasio à la fois semblable à celui de ses romans et en même temps, peut-être, un peu plus profond.
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Dans Les Hauts Parleurs, le langage est privatisé et l'utilisation de certains mots devient payante. Clovis Spassky rejoint un mouvement de résistance et déclame dans un style monomonène maniaque du mot chat des odes au partage et à la gratuité, à la liberté, dans une verve voltée, vivace et signifiante, un pont lexical et conceptuel vers La zone du dehors. Dans cette anticipation proche la société est devenue aliénante et directrice, ennemie de la diversité et de la créativité.
Dans Annah à travers la Harpe, un homme va à la rencontre du Trépasseur isolé sur son ile pour retrouver sa fille décédée à l'âge de 2 ans. Il doit nager en direction d'un phare et couler au milieu d'orbes renfermant chacun un individu. Il trouve Annah dans sa monade, fibres mêlées vibrantes de leurs souvenirs entre la vie et la mort et poursuit sa présence dans un réseau d'une réalité stratifiée peuplée d'archétypes, démarche d'un père prêt à tout pour ramener sa fille des Enfers.
Dans le bruit des bagues, Sony Delmas rencontre Loreal Taj, activiste de l'Archipel qui le recrute pour commettre un attentat contre une centrale électrique. Sa bague est retrouvée sur les lieux, contenant sa vie sous forme de données collectées en permanence, véritable lien avec la société. Une traque commence et Sony devient Rem Koolhaas. Malheureusement ses données biométriques recherchées correspondent à son ancienne identité.
Dans C@ptch@, tous les enfants sont réunis en bordure d'une ville piégée qui renferme les adultes. Chaque soir, dans un spectacle organisé par le Réseau, un enfant tente de pénétrer dans la Ville en évitant les innombrables dispositifs de sécurité. Lorsqu'ils sont touchés les humains sont dématérialisés, données numériques alors injectées dans le Réseau pour une existence virtuelle. Pour sortir de cette situation désespérée ils lancent la Ruée pour déborder le système de surveillance et investir la Ville.
Dans So phare away, la pollution et la bruine sont un support pour les communications lumineuses des phares dans la Ville submergée par une marée d'asphalte. Farrago décide de rejoindre le phare de Sofia à l'aide de sa chaloupe, ils s'aiment mais doivent à nouveau se séparer et la marée a modifié la Ville, rendant la communication plus difficile.
Dans Les Hybres, Anje est un sculpteur chasseur à la recherche des hybrides biologiques et mécaniques qu'il solidifie pour les vendre. Dans une fonderie désaffectée sa rencontre avec un Golem va changer sa vie.
Dans El Levir et le Livre, aux alentours du site d'Uluru en Australie, El Levir entame l'expérience mystique de l'écriture Du Livre, peu importe le vecteur et le support, la taille des lettres devant être doublée tous les deux mots. le texte d'où jaillit le principe vital lui est dicté pour être oublié juste après l'avoir lu, assimilé comme une évidence.
Dans Sam va mieux, un homme est le dernier survivant dans Paris, inspecte tous les bâtiments pour trouver la vie derrière l'expression sonore du vent et de l'eau pour conjurer sa solitude.
Dans Une stupéfiante salve d'escarbille de houille écarlate, Ile et Aile se séparent, Ile ne supporte pas la situation alors que commence pour lui le mu, une mutation qui le fait transmettre ses émotions à tout ce qu'il touche, colère et tristesse. Une course aérienne est organisée pour désigner qui incarnera le mu.
Dans Aucun souvenir assez solide, un homme revisite des instants d'amour dans sa mémoire intemporelle sous la direction d'un mécanicien quantique.
Dans tout le recueil apparaissent des idées qui renvoient aux romans, comme la politique et le commerce s'alliant pour la conservation du pouvoir, une société hiérarchisée de façon topographique, la puissance poétique de la composition intuitive et de la déclamation porteuse de sens d'une pensée active, la pollution et le langage du vent et du liquide, la surveillance et le contrôle, la pauvreté culturelle et la fainéantise égotique mais surtout des personnages habités par un élan vital.
Lien : https://lesbouquinsdyvescalv..
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Subjugué

Les recueils, ce n'est pas franchement ma came. D'ordinaire…
Avant celui-ci, je n'avais lu que quelques assemblages de nouvelles d'auteurs indépendants, plutôt bien pour découvrir de nouvelles plumes, et puis un autre, signé Philip K. Dick, pas mal, mais selon moi moins abouti. En matière de science-fiction, Dick avait des idées, beaucoup de pensées conflictuelles et de visions éphémères, tellement que c'était le foutoir, là-haut dans son esprit de génie malade.

Alain Damasio, lui, nourrit autant voire plus d'idées fantasques, mais les anime surtout d'une stabilité mentale et émotionnelle lui permettant d'en exprimer toute la substance. C'est solide, minéral, ancré dans le réel de la chair autant que dans le spirituel créatif. Il arbore fièrement ses convictions et ses combats, en les nourrissant d'univers cohérents, persuasifs, détaillés avec force justesse et sensibilité. La qualité littéraire est autrement plus pointue chez Damasio, il joue avec la langue comme un acrobate, et maîtrise son sujet de bout en bout, jamais dépassé par l'un ou l'autre de ses éléments. Vocabulaire, fluidité, rythme, précision du langage, appropriation des styles, transcriptions, traductions, interprétations, expressions multiples… Alain Damasio nous enchante du potentiel infini de la littérature moderne. Les limites, les bornes ? Il ne connaît pas, le gars, il s'évertue à dépasser sans cesse les frontières du monde connu, celles que l'on nous présente comme absolues. Pour l'auteur, un état ne peut être que transitoire, évolutif. Les mots, eux, ne supportent pas la rigidité. La société impose des normes, des tendances ? La belle affaire. Il les détourne ou les pousse à l'extrême pour mieux les dénoncer. Et de la plus belle des manières. C'est lumineux, enragé, plein d'espérance et de valeurs. Il érige l'humain, le sensoriel, l'émotif en véritables témoins de l'histoire. Si l'Homme doit évoluer, ce ne sera pas sans ces qualités.

Qui suis-je, modeste scribouillard, pour oser chroniquer/critiquer un génie tel que Damasio ? Sérieusement, on ne peut que s'incliner devant une telle maîtrise des mots, précis et incisifs, des tons, des rythmes surtout, puisque chez Damasio, tout est flux, mouvement, transfert, sans parler de sa vision, de ses messages et de sa militance. Aussi, comme dans chacun de ses écrits, il fait preuve de la même capacité à innover, à renouveler la langue et la structure du texte pour mieux servir personnages et univers. L'intuition brute, l'imaginaire foisonnant et cohérent, il les a, mais ce n'est pas tout ; il y a un boulot monstre derrière chacune de ses lignes, pour que les mots tombent, claquent et portent la pensée.
Ce recueil est un bijou, tant par le contenu que par la forme, plus riche encore que ses romans. Si vous devez découvrir l'auteur, ceci est un excellent point de départ.

Quelques lignes sur ces nouvelles :

Les Hauts® Parleurs®
Des déclamateurs publics portés en héros, vecteurs de mots et de pensées qui ne leur appartiennent qu'en partie, s'efforcent d'infuser quelques bribes de liberté dans les oreilles et les coeurs des habitants d'une cité rebelle, quitte à s'improviser contrebandiers idiomatiques. Exprimer ce que le peuple porte en lui s'avère laborieux lorsque la quasi-totalité du lexique se trouve privatisée. Ces quelques héros volant, ces jongleurs du langage, luttent contre cette propriété outrancière et absurde en tentant une nouvelle approche : réinventer une langue qui leur appartiendrait, dont ils pourraient user sans contrainte, quitte à s'attirer les foudres des grands groupes concurrentiels. Par moment, Damasio en fait un peu trop, frôle l'incompréhensible, perd les trois quart de ses lecteurs, mais l'intention est claire, et son amour des mots brillant comme jamais.

Annah à travers la Harpe
Onirique, métaphysique, parfois abstrait. L'amour que l'on voue à un proche ne suffit pas toujours à le ramener. Parfois, il faut s'aventurer plus loin qu'escompté, plonger dans un immatériel qu'on n'osait imaginer, lutter dans les limbes hallucinatoires et passer par des états de conscience atemporels, blindés de souvenirs. L'auteur explore une dimension mystérieuse, à laquelle on croit, ou pas, en suggérant en sourdine que le sacrifice est peut-être la manifestation d'amour ultime. Son récit pourrait sembler personnel, viscéral et lesté de regrets, mais rien n'est moins sûr ; il aime larguer ses lecteurs, le bougre, les abandonner au brouillard, nuancer le réel.
A noter la pertinence de la réflexion sur la surprotection de l'enfant, sur ce technococon destiné à rassurer les parents, mais qui finalement les éloigne de l'Être.

Le bruit des bagues
Le contrôle et le flicage tous azimuts, il est contre, Damasio. Si vous ne l'aviez pas compris, ce recueil vous mettra les points sur les i. Ici, on confond marques et identités, trajectoires et destins, transparence et absence de vie privée. C'est d'une tristesse, d'autant que l'on nage déjà en plein dedans. Même la vie s'achète, le contrôle occupe tout l'espace. Quelques groupes d'individus subsistent, en marge disent-ils, mais cela ne peut durer. L'illusion ne dure qu'un temps. En filigrane, l'auteur intercale un peu d'amour, une note d'espoir peut-être, une vie nouvelle poussée par une nouvelle vie…

C@ptch@
Là, j'ai fait “Mazette, c'est un monstre le Alain !” Avec celle-ci, il frappe fort. En touchant au lien sacré entre parents et enfants, en les séparant dans l'espace, en les condamnant à ne peut-être jamais se connaître, il tend une corde raide d'un bout à l'autre de cette nouvelle. le besoin viscéral de renouer avec la filiation est omniprésent, l'instinct nous impose de retrouver ce lien, le pathos vibre, à peine suggéré, mais tellement poignant. J'ai failli verser la p'tite larme, sur le point final. Lorsque l'existence est condamnée à disparaître, avalée par l'ère numérique, lorsque la chair elle-même est transformée en données, compilée, ajoutée au réseau dans un cérémoniel aux allures de jeu malsain, lorsque l'individu se fond dans la structure binaire, les gosses s'arment comme ils peuvent, et tentent de rejoindre l'autre rive. Ici, les choix narratifs si particuliers de Damasio, mieux dosés, servent vraiment l'immersion du lecteur.
Une chute à la Matrix avec, si ce n'est un “élu”, la capacité latente de transcender les deux dimensions, de faire la nique au réseau. Un bijou !

So phare away
Toute aussi lourde de sens. Damasio exploite ici sa passion du flux, mais dans sa dimension visuelle, puisque lumineuse. Une ville saturée de phares, qui ont perdu leur fonction originelle et peinent de plus en plus à percer la nappe qui les nimbe tous. Les faisceaux parlent et tentent de communiquer, de transmettre leurs messages, pendant qu'il est encore temps. Les couleurs se détachent sur le fond délétère du macadam de la ville, sur ces vagues décrites comme un courant naturel, et qui avalent tout sur leur passage. Symboles de l'information à outrance, de la communication saturée, cette multitude de phares et leur potentiel d'humanité seront bientôt obsolètes, détrônés par une ville plus grande, plus lisse, qui ne souhaite pas inclure ces individualités colorés. Purée, les métaphores sont partout, chez Damasio !
Dispersés dans ce brouillard saturé, quelques humains maintiennent à flot un semblant d'humanité, et parviennent même à tisser, en dépit des embûches de ce monde étouffant, des relations, un amour vrai, trop rare, mais encore une fois porteur d'espoir. C'est récurrent ce qu'il nous conte là, l'auteur, mais tellement essentiel. Alors, lorsqu'il n'y a plus rien à attendre de cette société, on n'a plus qu'à rejoindre l'autre, envers et contre tout, quitte à braver les flots et s'inventer des moyens, des lumières nouvelles. Heureusement, dans cette quête d'un souffle nouveau, parfois, on peut compter sur ces êtres singuliers, qui vous ouvriront peut-être la porte de leur phare.

Les hybres
Je l'ai trouvée fun, celle-là. Une atmosphère fantastique un peu angoissante dans les méandres impitoyables d'un milieu artistique qui corrompt les plus purs. S'il veut rester visible, l'artiste doit devancer ses compères, mais par dessus tout, se surpasser lui-même. Voilà comment l'un d'entre eux, bientôt détrôné par une créatrice au talent improbable, est forcé de reprendre les armes, au sens propre. Oui, le créatif redevient chasseur, et du même coup imposteur, mais ça, le galeriste n'en a cure. Des créatures hybrides que l'on visualise avec une étonnante facilité, et une traque, menée avec expérience, quitte à se sacrifier un peu soi-même. L'homme se dissout dans son oeuvre. Puis, à nouveau, la consécration, l'adulation, car c'est bien tout ce qui compte. Mais à la fin, le plus roublard n'est peut-être pas celui que l'on pensait…

El Levir et le Livre
Je ne saurais dire si j'ai trouvé cette nouvelle terriblement brillante ou tristement confuse. Poétique en revanche, ça ne fait aucun doute. L'anagramme du titre donne le ton : il s'agira de mots, de leur potentiel évocateur, et des transformations qu'ils opèrent chez leur usager. Une quête sous forme de conte, merveilleuse autant que dramatique. Damasio a l'intelligence de nous emmener sur l'un des sites géologiques les plus baignés de croyances ancestrales, en terre australienne, et, en nous ancrant ainsi dans la géographie réelle, il nous aide à accepter la dimension fantastique de son oeuvre.
Un scribe – ou un artiste, on ne sait pas trop -, devenu maître à force d'exercices, est désigné – élu – pour rédiger un livre dont on ne sait pas grand chose finalement. Ce qui est certain, c'est que cette tâche ultime nécessitera la plus grande maîtrise de son art, sur des supports et dans des dimensions impensables, avec l'ingéniosité que seul El LEvir saura puiser en lui-même. Autre certitude : le sacrifice (encore lui) ; en traçant les lettres de cette oeuvre mythique, le scribe apprendra le vrai pouvoir de mots, certes, mais se dissoudra lui-même dans son texte. Dans la consécration, dans l'adulation ou la jalousie de ses pairs, El Levir réalise et traduit ni plus ni moins la passion qui le lie à la langue. Un romantisme exacerbé par ce final… aérien.

Sam va mieux
C'est sombre. Ambiance post-apocalyptique nourrie de déluge, de délabrement, de solitude et de troubles psychiatriques. Ce dernier point est tout juste suggéré, mais bel et bien justifié par une chute encore une fois très poétique. J'ai apprécié cette schizophrénie de la narration, cohérente car nécessaire à la survie. Tout tourne autour des mots et de leurs sonorités – normal, chez Damasio, me direz-vous. La pluie cingle et l'eau ruisselle. On ne sait trop pourquoi, mais le(s) narrateur(s) s'efforce d'apprendre ce langage, ces sons et ces mélodies à celui qui l'accompagne. Son fils ? Comme une obsession, un leitmotiv animant toute son existence et cristallisant leur devenir.
Une mélopée s'élève, maintenant à flot les espoirs de ce personnage trouble. Il faut la rejoindre, à tout prix. Bientôt, une tour, des appels plus présents. Des traces de vie, une compagnie ? Puis la mémoire lui revient, et tout peut recommencer. Ça remue les tripes, étrangement.

Une stupéfiante salve d'escarbille et de houille écarlate
On retrouve l'univers fantasy de la Horde du Contrevent ; il est aussi très doué pour ça Damasio. Ses créations (décors, paysages, effets visuels, créatures…) sont exceptionnellement parlantes. Avec peu de mots, il peint un univers fantasque où l'on s'oublie l'espace d'un instant, et de quelle manière !
Le concept du “mu”, déjà évoqué dans le roman suscité avec les pouvoirs passionnants des chrones, est peut-être ce qui symbolise le plus l'écriture d'Alain Damasio. le mouvement, l'évolution, l'adaptation et le jeu de son écriture se retranscrivent ici sur Île, son personnage principal, ainsi que sur plusieurs autres intervenants. Ils portent en eux le don, plus ou moins maîtrisé, de faire muer les choses. Chronologiquement ou matériellement, ils transmutent et transposent les choses ; ils traduisent et expriment les émotions, aussi, sur les objets qu'ils touchent, souvent dans l'urgence, parfois dans le contrôle. Les matériaux passent d'un état à un autre, retrouvent ce qui fut leur origine, se désassemblent ou se projettent dans ce qu'ils pourraient être, dans un joyeux chaos de créativité. Les éléments et les lois physiques eux-mêmes sont muables. La stabilité est ici proscrite.
Sur une toile de fond d'amour impossible, on se trouve une nouvelle fois plongé dans une joute, une sorte de jeu/course teinté à la fois de divertissement et de cruauté. Aux commandes de cette animation coagulant tous les acteurs de ce monde merveilleux, le Barf. Symbole de l'enfant-dieu (?), la chose reste très mystérieuse, jusqu'à la chute, et ne fait que s'animer, sauter ronfler exiger muer se frotter bref, dépenser son énergie colossale et impossible à canaliser. le Barf se bâfre de vie, et la course qui va se tenir au-dessus du Fleuve Vent est de loin son jeu favori. de la maîtrise du mu dépendra le succès du gagnant.
Ce texte est fort, émouvant, épique, coloré et profondément allégorique, pour qui acceptera de lire au-delà de l'imaginaire fertile de l'auteur.

Aucun souvenir assez solide
Une image fuyante, juste des mots. L'angoisse de l'oubli, souvenir désagrégé. La réanimation… la vie. Replonger à tout prix, revivre la douleur, par crainte de l'effacement. Accepter, ou s'oublier ?

La postface nous apporte de précieuses réflexions et des enseignements sur les intentions d'Alain Damasio, sur ses “combats”, par la mise en lumière notamment de ses choix narratifs et autres allégories. Sous forme d'analyse philosophique (j'y ai un peu retrouvé tout ce que j'abhorrais dans les études de textes à l'école), Systar nous pousse à fouiller notre lecture pour mieux capter ce qui anime l'auteur. Je n'apprécie pas franchement que l'on me dise ce que je dois penser d'une oeuvre d'Art, mais ces quelques pages ont le mérite de nous en apprendre davantage sur la pensée de Damasio.

En résumé, si vous devez découvrir ce dernier, assurez-vous d'y être dûment préparés. Gardez l'esprit ouvert et l'attention ancrée au coeur ! Damasio, c'est politique sans en avoir l'air, Damasio, c'est le langage, les mots comme étendards. C'est le mouvement, omniprésent et fondateur. C'est l'amour, la liberté, l'esthétique, mais la technologie aussi, la domination et l'insoumission. Ça racle le fond de l'âme humaine autant que ça porte l'espoir. Ça vous élève, si vous l'acceptez, vous transforme et vous surprend à en vouloir toujours plus, de ces mots taillés au scalpel, assemblés en tour de guet, érigés avec tellement d'exigence qu'ils portent en eux le principe même de chaos créateur. Ça étincelle de savoir, d'intelligence, d'humanité et d'instinct surtout, parce que le bougre n'écrit pas qu'avec sa tête ; les tripes ne sont jamais bien loin.
Les écrits de Damasio conserveront à jamais leur intemporalité. Plutôt rare, pour un auteur vivant !
Lien : https://editionslintemporel...
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La force de Damasio dans ses trois romans est la création d'un univers au sein duquel nous découvrons et nous nous attachons à divers personnages à travers leurs voies. Cela prend souvent du temps de s'identifier ou non à leurs voix et donc à leurs luttes dans leurs réalités.
C'est ce qui rend pour moi difficile ces nouvelles.
Autant je trouve le monde de certaines d'entre elles très intéressant et la critique placée derrière forte et juste, autant il me manque du temps pour m'attacher aux personnages. de plus, la langue damasienne est déjà complexe de base, alors en court et intensif, la tâche n'en est que plus ardu.
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Aucun souvenir assez solide est un petit bijoux littéraire.

Je n'avais pas réussit a lire La Horde du Contrevent de Alain Damasio, en raison d'une langue très dense et des nombreux personnages. Je craignais donc un peu de ne pas réussir avec ce recueil de nouvelle non plus, mais le titre étant un poème en quatre mot, je n'ai pas pu résister a l'envie d'essayer.
Et je ne le regrette pas.

De nouvelle en nouvelle on voyage dans des univers clos de SF. Chaque histoire est tissé sur un contexte audacieux, compliqué et retranscrit avec un langage très riche, contraignant et incroyablement beau.
Un monde ou le langage est privatisé, Un monde ou la Ville, entité électronique intelligente, dévore qui veut la traverser, Un monde ou la lumière est un moyen de communication, Un monde ou les sculptures sont des Hydres figées par un artiste chasseur...
Une foule d'idées surgissent au sein de ces nouvelles à la poésie mécaniques.

Les mots ne sont plus de simples transmetteurs du sens mais se ramifient et réfléchissent sur leur propre existence, leur propre musique.

Plus on avance dans le recueil plus le langage se libère, et nous résiste par extension (Jeu sur la conjugaison et la construction, confusion des temps et des sujets)

Ce recueil m'a vraiment bluffée et touchée. Non vraiment. Un pur bijoux.
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Un recueil à lire après "La Horde du contrevent" car plusieurs nouvelles renouent avec l'univers qui y est décrit notamment "Une stupéfiante salve d'escarbilles de houille écarlate" où il utilise la même technique du récit à plusieurs voix introduites par des symboles qui pourrait désarçonner.
Avec la lecture de ces nouvelles, on se remplit de belles images et de réflexions sur notre société pleine d'excès.
Alain Damasio joue avec les mots et la conjugaison pour nous faire décoller et gagner le sens.

Lien : http://baobabcity.over-blog...
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Je crois bien que c'est la fois de trop avec Damasio. J'avais souffert pendant La Horde du Contrevent mais les leçons de vie que j'en ai retirées valaient vraiment le coup, mais j'ai dû abandonner Les Furtifs pour cause d'incompatibilité avec le style, et mon intelligence s'est sentie insultée par sa nouvelle « pour adolescents » Scarlet et Novak. Et là, son recueil Aucun souvenir assez solide m'a tellement insupporté qu'il faudrait un miracle pour que je lise à nouveau cet auteur un jour.

Pendant tout le début de ce livre, je n'arrivais pas à déterminer s'il était très bon ou très mauvais. Alors je me suis demandé sur quels critères je juge un livre. Et de me rendre compte que Damasio et moi n'avons pas du tout les mêmes. Pour un lecteur qui a les mêmes lubies que lui, ce doit être un sacré coup de foudre littéraire ! Mais vraiment, avec moi, ce n'est pas passé. Tâchons d'analyser pourquoi, pour au moins retirer quelque chose de constructif de cette lecture qui fut très désagréable.

Premièrement, la majorité de ses nouvelles baignent dans le courant anti-technologie.
J'en suis absolument convaincue, les technologies modernes comportent des dérives réellement dangereuses et pas assez de barrages ne sont dressés par les populations et les dirigeants pour s'en prémunir. Me parler de la vigilence que l'on doit avoir sur ce sujet, c'est prêcher du convaincu. Mais Damasio le fait avec de tels gros sabots que le propos devient caricatural et n'a pas réussi à m'amener vers des réflexions très profondes.
Damasio cite énormément de noms de marques, donne une multitude de détails techniques très précis, et montre l'omniprésence de capteurs connectés. Je comprends la démarche : montrer que les vies des personnages, et par parallèle les nôtres aussi, sont d'une grande artificialité et que tout est mercantile. Mais ce propos est très répétitif. Et à force de tuer ainsi toute émotion chez le personnage, il l'a aussi tué pour moi lecteur. Il ne reste alors que cette peur/haine de la technologie, et un mépris prononcé pour ceux qui l'acceptent. Cette manière de traiter du sujet m'a donc plus irritée que fait réfléchir, et c'est bien dommage...

Je ne vais pas toutes les lister, mais il y a énormément de répétitions d'idées entre les nouvelles et les romans de Damasio, qui peuvent faire penser à de la facilité d'écriture.
Plusieurs nouvelles reposent sur le même principe narratif un peu bancal : dans une dystopie techno-capitaliste, des activistes anarchistes en marge de la société font une tentative pour déstabiliser le système, qui se conclut par une lueur d'espoir un peu magique, c'est-à-dire une série d'événements positifs mais sans liens de causalité expliqués.
Il y a aussi plusieurs fois une figure de mystique qui donne les règles du jeu au lecteur au fur et à mesure que se déroule l'action. Cela m'a paru assez artificiel pour forcer l'enchaînement de ces événements : c'est normal que cela se passe ainsi, le mystique l'a dit avant — mais nous lecteurs n'étions pas au courant qu'il l'avait dit.
Autre élément récurrent : la suite de l'histoire est un peu floue ou déformée. Personnellement, je trouve cela un peu facile pour éviter de conclure.

Attaquons maintenant le style. Vaste sujet, sur lequel je ne pourrai jamais être objective. Car je n'en peux plus de ses jeux de mots. Certes, je reconnais qu'ils sont travaillés, il a dû passer énormément de temps à peaufiner ses homonymes. Mais certains reviennent ad nauseam, comme « île et aile » ou les références à ses idoles (« tour de Leuze », « médiathèque Borges », etc). D'autres interrompent inutilement le récit, par exemple lorsqu'un personnage souligne au milieu d'un dialogue sans rapport que « s'ébruiter » se prononce comme « c'est bruité ».
Quand les jeux de mots permettent d'exprimer élégamment une idée complexe en jouant sur des images et des sonorités, j'adore. Mais là où j'aime les phrases et paragraphes, Damasio aime les lettres et les mots. Et je ne suis absolument pas sensible à ses effets de style, et il m'est impossible de passer outre car ses histoires en sont imprégnées. Au début, je pensais que les nouvelles servaient de prétextes à faire des jeux de mots, mais les nouvelles Sam va mieux et El Levir m'ont convaincue que c'était en fait l'inverse : les jeux de mots sont le prétexte, le point de départ, la raison même d'exister de ces nouvelles.

Toujours dans le style, de nombreux mots m'ont paru très mal choisis. Loin de créer un style riche, cela ressemble parfois un peu à un cache-misère, qui confond complexité et profondeur. Je suis peut-être dure en le formulant ainsi, mais c'est ce que j'ai ressenti à la lecture.
Les mots ont chacun leur nuance unique et leurs connotations associées, ce qui me fait tiquer quand je lis « trottoir blond » ou quand « pointillé de lait » pour parler de la ligne blanche discontinue sur la route. Là où ce tic d'écriture devient plus gênant, c'est lorsqu'il utilise « Russkoff », « Lombard » ou « nègre ».
Des noms rares (vuvuzela, didjeridoo) ou compliqués (rhizostome = méduse) sont utilisés sans aucune raison. Il y a aussi beaucoup de mots anglais ; même pas des anglicismes, juste des mots non traduits.
Et de nombreuses fois, des adjectifs semblent en trop et évoquent des images difficiles à saisir : « le noir savoureux », « ta vie poudreuse », « de l'air mat ». « Asphalte liquide » revient de nombreuses fois, dans une des nouvelles cela a un sens littéral, mais après ce sont juste des répétitions que je n'ai pas comprises.

Passons à mon avis rapide sur chaque nouvelle en particulier :

- Les Hauts&#xNaN Parleurs&#xNaN
Dans une société où les mots sont privatisés, les marques font payer des droits d'utilisation dessus.

Ce concept reprend l'idée explorée dans Les Furtifs, le fait qu'orange soit une couleur, une ville, et que la marque du même nom pourrait se les approprier.


- Annah à travers la Harpe
Un père va aux enfers pour retrouver sa fille décédée à deux ans. Les enfers sont peuplés de technologies modernes de communication.

Cela me rappelle encore Les Furtifs (Damasio a-t-il un vécu qui explique son obsession pour la mort des petites filles ?).

Ce qui ressort le plus de cette nouvelle, c'est la haine de la technologie. Je l'ai lue alors que je voyageais à l'étranger et qu'un coup du sort a fait que je me suis retrouvée sans argent et sans possibilité d'en retirer. Avoir mon téléphone (ou comme l'appelerait Damasio, mon smartphone 4 pouces tactile full HD à capteur biométrique de la marque de la Pomme), cela m'a un peu sauvée quand même, me permettant d'arriver à bon port et accessoirement de pouvoir manger pour survivre. J'ai donc eu un peu de mal à adhérer à un tel manque de subtilité sur l'analogie entre la technologie et l'enfer.


- le bruit des bagues
Un vendeur rejoint une cellule qui vit en marge de la société et a pour but de déconnecter les gens pour qu'ils redeviennent plus humains.

J'ai malheureusement trouvé l'intrigue assez clichée.


- C@PTCH@
D'un côté les enfants, de l'autre les adultes (qui donnent naissance à des enfants qui se téléportent de l'autre côté), et entre les deux s'étend « la Ville » munie de tous types de capteurs captcha. Elle récupère toutes les données de ceux qui tentent de la traverser et les dématérialise.

Très étrange, j'ai dû passer à côté. le message final est intéressant, à savoir que le désir d'être dématérialisé ne vient pas de la Ville mais est en chacun de nous ; mais il aurait pu être plus développé.


- So phare away
Le monde est submergé d'un océan d'asphalte liquide, qui durçit de temps en temps. Il y a ceux qui vivent dans des phares et ceux qui roulent, métaphore de ceux qui travaillent à domicile, dont le travail est de communiquer ; et ceux qui se rendent à leur travail en voiture.

Cette nouvelle est celle qui m'a le plus parlé, car elle illustre certains phénomènes sur les réseaux sociaux.
Les jeunes rêvent de notoriété, émettent tous les mêmes signaux, se copient, se lissent, et font en sorte d'être compris du plus grand nombre. Au contraire, certains parlent avec un signal que peu comprennent : les vieilles générations, les gens avec des idées extrémistes complexes. Il y a ceux qui vulgarisent, font de l'art, traduisent les signaux pour d'autres types de populations. Et il y a ceux qui abusent de leur pouvoir pour obtenir des faveurs...
Les gros annonceurs demandent à ce qu'on leur fasse de la publicité, et il y a même l'équivalent des « strikes » aléatoires de Youtube avec quelqu'un qui tire sur des petits créateurs sans raison.

Idée intéressante : trop de lumière fait qu'on ne voit plus rien. Car avec trop de contenus, on ne peut plus saisir les nuances. Tout rejoint alors des messages simplistes : on lit quelques bribes, comme sur Twitter, puis on zappe.
La mise en page joue avec cette idée en montrant visuellement les signaux les uns sur les autres, les messages étant trop nombreux pour être tous compréhensibles.
Et il y a de plus en plus de lumières qui s'allument.

C'est la nouvelle que je trouve la plus inspirée et la plus intéressante.


- Les Hybres
C'est un artiste-« sculpteur » qui chasse des monstres (les hybres) pour les céramifier (comme dans Les Furtifs).

Un peu facile. Beaucoup de détours pour une histoire très simple.


- El Levir et le Livre
Un Maître scribe écrit le Livre, censé contenir une vérité. Chaque mot doit être deux fois plus grand que le précédent et être d'une encre et d'un support différent. le livre ne peut pas être relu, une fois lu il est oublié, et après l'avoir écrit, le scribe meurt.

Le kiff ultime de Damasio : un livre entier en palindrome. Sauf qu'il ne l'est pas, alors je n'ai pas compris l'intérêt !


Sam va mieux
- le dernier survivant de Paris construit des objets dont le son ressemblent à la voix humaine. Mais ils ont des dysfonctionnements, la prononciation des R (air) et des O (eau). C'est l'occasion pour Damasio de faire encore plein de jeux de mots...

... et j'en ai déjà un peu marre de ses jeux de mots, malheureusement !


- Une stupéfiante salve d'escarbilles...
J'ai abandonné. Parce que Damasio a lui-même abandonné l'idée d'être compréhensible.


- Aucun souvenir assez solide
Pas compris non plus, et le peu que j'ai compris est extrêmement glauque. Une petit fille « lolita » de 5 ans, et on nous parle de désir pour elle ?! J'avoue que je n'ai pas réussi à finir cette nouvelle de seulement deux pages.




Concluons. Je n'ai pas écrit ce billet pour descendre ce livre, même si c'est un peu l'impression que cela peut donner au final (et je m'en excuse si c'est le cas !). Je me demandais seulement — comme je le disais plus haut — si j'avais affaire à un très bon livre ou à un très mauvais. J'avais besoin de développer les raisons pour lesquelles je n'ai vraiment pas réussi à adhérer malgré mes efforts.

À les sous-peser maintenant qu'elles sont écrites noir sur blanc, c'est surtout le style qui a été un immense obstacle pour moi. Mais c'est un critère très subjectif, et peut-être qu'il parlera bien plus à d'autres lecteurs.

Concernant les messages anti-technologie, j'aurais pu les trouver intéressants s'ils avaient été moins dans le jugement et plus dans la compréhension. C'est sans doute pour cela que So phare away est la seule nouvelle de ce recueil que j'aie un peu appréciée.
Mais je sais que lorsque l'on est militant, on oublie souvent d'expliquer aux personnes hors de sa bulle ce qui nous semble évident, que telle chose est néfaste et doit être abattue. Damasio nous dit que les technologies et le capitalisme sont mauvais (et je suis d'accord avec le fait que leurs dérives sont à éviter à tout prix), mais il oublie complètement d'argumenter le pourquoi, ce qui donne à ses personnages des airs d'homme de paille.

Dommage pour cette fois !
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Mon 2e livre d'Alain Damasio, après avoir lu "La horde du contrevent" que j'ai adoré! C'est un recueil de nouvelles alors logiquement je me serai pas attardé dessus celui-ci mais sur les bons conseils de mon interne favori, je me suis plongée dedans.
Ohhhh comme j'ai bien fait! J'ai adoré 9 nouvelles sur 10 et encore celle que je n'ai pas aimé c'est la dernière de 5 pages (celle du même titre que le recueil d'ailleurs 😆).
J'ai pas aimé du tout la postface non plus mais plutôt parce que je crois que je suis pas assez calée en littérature et style littéraire que par le manque de qualité de celle-ci.
Concernant les nouvelles, j'ai adoré le style d'écriture sans grande surprise. Mais quelle maîtrise des mots, je suis vraiment impressionnée par le maniement qu'Alain Damasio en fait, c'est juste incroyable. Les textes sont tellement fournis, les histoires semblent dans les premières lignes complètement alambiquées pour ensuite être fluide malgré le style complexe, je me régale avec cet auteur et franchement je risque de caser un autre de ces livres que j'ai dans ma PAL "la Zone du dehors" très rapidement.
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Ces dix nouvelles constituent une excellente introduction à l'oeuvre de l'auteur . Plusieurs sont des graines qui vont s'épanouir et fleurir dans « Les furtifs » (Les Hauts parleurs,Annah à travers la Harpe,Les Hybres …) et dans toutes on retrouve les composantes de son univers créatif : les dystopies et les utopies(Les Hauts-parleurs) , les rêves de vol (So phare away) , la perte ( Annah et la Harpe, Aucun souvenir assez solide) la métamorphose et le monde fluide (Les hybres,Sam va mieux, Une stupéfiante salve…) la création des mots et la création par le mot (El Levir et le Livre) . La postface pesamment jargonnante ne doit pas induire en erreur :certes Damasio pense profond (et ,oui , il a lu Deleuze) , certes Damasio trace les dérives de notre siècle (Le bruit des bagues…) , mais il est avant tout poète, sculptant le langage pour amener à l'existence un espoir et des possibles. Et l'aride de la pensée est constamment chez lui irrigué par la sensibilité (Hannah à travers la Harpe) et la sensualité.
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