Des histoires noires? Des histoires d’ascension, de chute, de manipulations, de crimes, de rédemption, de combats désespérés contre des pouvoirs plus forts et plus secrets? Des histoires de technologies devenues le théâtre de la transparence du mal? Des histoires de conurbations de trente-cinq millions d’habitants, où parfois les anges tombent du ciel, pour venir se brûler les ailes sur les enseignes électriques du Grand Néon Universel, et vous brûler avec?
Le mensonge se doit d’être habilement dissimulé dans un tissu de vérités, plus ou moins approximatives, mais qui y renvoie, et sur lesquelles votre mensonge peut rebondir, dans un jeu de significations très complexes.
Ça demande du doigté, un bon paquet de patience et les connaissances chimiques requises, mais avec des protéines, une poignée d’ acides aminés, quelques enzymes, deux ou trois colonies de bactéries modifiées et une batterie de micro-machines, vous pouvez fabriquer à peu près n’importe quoi dans votre cuisine aujourd’hui.
De nos jours, les vrais livres, dans la conurb, ça fait un paquet de temps qu’on en voit plus. Et les mecs comme nous, ils traînent rarement dans les bibliothèques-musées de Paris-Ville-Lumière.
Alors là, vingt-huit mille bouquins d’un coup, ça me foutait toujours une sorte de vertige un peu sacré. Je faisais tout pour rien en laisser paraître, ça va de soi.
Ce genre de mensonges inconscients de jeune fugueur, j’en connais un rayon, ça a été ma spécialité quand j’avais son âge ou à peu près. On le fait même pas exprès, c’est juste “ la situation ” dans laquelle on se met qui nous empêche de tenir nos promesses, le pire c’est que c’est vrai.
Vidéo de Maurice G. Dantec