AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782070467921
256 pages
Gallimard (07/01/2016)
4.04/5   12 notes
Résumé :
" Ecrire, pour Jacques Darras, c'est avant tout partir à la rencontre du monde. Communiquer, commercer - d'où l'importance pour lui de toute voie navigable - avec toutes les dimensions de ce qu'il appelle " le massif de réalité". Or, au départ, le poème n'est qu'assis simplement sur sa chaise. Une chaise picarde qu'on appelle là-bas "cadot". Mais très vite, attention ! A la différence du petit écrit français qui se regarde bien calé sur son siège, avec Jacques Darra... >Voir plus
Que lire après L'indiscipline de l'eau. Anthologie personnelle, 1988-2012Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Pas envie de "critiquer'", juste d'inviter tout un chacun et son autre poétique à aller se tremper le cul dans ces bonheurs à réciter, à caresser, à vivre sur, au delà des accumulations de tristesse, de laisser chatoyer les doux remous des fleuves , de pagayer sa vie...juste comme çà, simplement, pour éviter de la ramer.
Commenter  J’apprécie          30


critiques presse (1)
Actualitte
03 avril 2017
Jacques-le-poète continue, pour notre plus grand bonheur, à « cherche[r] de nouvelles appariades entre la parole légère courante et l’ouragan spontané du chant ».
Lire la critique sur le site : Actualitte
Citations et extraits (22) Voir plus Ajouter une citation
Nommer Namur, IV - extrait
 
J'aime Namur pour ses rivières, ses deux rivières,
D’un côté la petite Sambre glaciale arrivant par le Nord et la vieille ville au pied d’une citadelle non moins glaciale.
De l’autre la somptueuse Meuse qui a rêvé longuement dans le schiste entre Givet et Dinan comme une héroïne mythologique pré-hercynienne.
La Meuse qui délibérément tourne le dos à Jeanne d’Arc et humecte nonchalamment ses drapeaux, ses enseignes.
La Meuse qu’on ne fera plus se dresser en armes fût-ce aux côtés d’une femme, fût-ce aux côtés d’une sainte.
La Meuse à la mémoire carolingienne qui s’en va d’un pas rhénan, d’un pas traînant vers une idéale orchestration symphonique avec le Rhin à Rotterdam.
 
J’aime à Namur que ces rivières, la Sambre, la Meuse, se nouent entre elles.
Se nouent ailleurs et autrement que dans un hymne.
Je les délie de leur devoir d’hymne.
Je les remets lentement à leur pente poétique.
Comment remettre de la circulation dans une rivière confisquée par un hymne ?
Laissez-moi l’expliquer.
Je la caresse longtemps.
Je la caresse infiniment longtemps.
Cela pourra durer plusieurs mois, plusieurs années, une vie entière.
Je caresse la rivière dans le sens de ses jambes faisant reprendre au sang le sens de l’eau, de l’aval.
Qu’on ne s’y trompe pas, cela n’a rien à voir avec de l’écologie, plutôt avec de la médecine.
Une médecine amoureuse.
Une médecine poétiquement amoureuse.
Qui consisterait à soigner les rivières ou les villes par la voix.
Ou réciproquement.
À cette nuance que prétendre faire passer toute une rivière comme la Meuse par sa propre voix en une seule fois tiendrait du gargarisme gargantuesque.
Emphatique.
Ne pas confondre emphase et empathie.
Non, je me soigne, je nous soigne aux rivières, à la fluidification fluviale.
Je voudrais que nous retrouvions dans la parole la fluidité.
Cette transparence fluide qui est comme la respiration de l’eau longtemps avant l’embouchure.
Et pour laquelle les fleuves du Nord semblent tellement avoir de facilité depuis toujours.
Dans leur modération peu torrentielle.
Égale à elle-même.
Leur faussement placide uniformité.
 
Je cherche non pas l’epos ancien secourable aux militaires et aux castes de soldats longtemps tenus écartés des femmes.
Je ne cherche pas la connaissance aiguë de Gilgamesh.
Je cherche le jeu long de l’insinuation amoureuse avec la voix.
L’insistante, patiente lenteur des effleurements vocaux sinueux comme des boucles de rivières au saisissement des roches, qui savent aussi être opiniâtres quand la roche fait obstacle.
Je cherche de nouvelles raisons pour l’eau de s’appuyer aux rives.
Je cherche de nouvelles appariades entre la parole légère courante et l’ouragan spontané du chant.
Je cherche un récitatif dans l’intime réciprocité des ciels et des climats.
Je cherche de nouvelles circonstances pour faire entendre sans la lever la voix dans le poème.
Qui est pourquoi nommer Namur m’enchante.
Comme de ne plus savoir tout à coup qui nomme qui, du verbe ou bien du nom.
Tant leurs frontières mutuellement se réfléchissent en une inépuisable méditation d’échos.
 
Nommer Namur.
Énamourer le nom.
Il n’est jamais de poésie que déclarative.
Il n’est de poésie que dans la déclaration d’amour que nous faisons aux noms aimés, par la parole ou par le chant.
Les noms ne sont aimés que dans l’amour.
Comme de la confluence soudaine, la confiance l’une à l’autre de deux rivières au cœur d’une ville après avoir longtemps séparément voyagé.
 
Commenter  J’apprécie          130
MÛRE


parce que sa maturité est noire et que
ronde elle tient en équilibre instable
dans la paume ouverte le plus platement possible
et que le plus souvent, tout à côté d'une noire,
sans que celle-ci bouge et que la paume se
referme si peu que ce soit de peur de la blesser,
se déposent successivement une autre noire, plus
petite, plus retrite mais vraisemblablement
pas moins sucrée, puis une quasiment rouge,
pour le contraste des couleurs, cueillies
avec l'autre main au roncier cependant que les pieds
s'assurent maladroitement de la soumission temporaire
de ronces, de sorte que le corps tout entier
se tend en un effort inouï de
tendresse, la mûre
demande qu'on la désarme par l'art
du choix et des comparaisons, qu'on la
retienne dans le suspens d'une
caresse absolue, qu'on la goûte
entre plusieurs avant de la porter
directement sur la langue et de dresser le palais
contre sa chair et d'exprimer le jus dont la teinte violette
et noire s'imprime, indélébile,
sur la main

p.179-180
Commenter  J’apprécie          140
Qu'est-ce qui nous fait
Tellement aimer
Une frontière ?
Pourquoi ce tremblement au
Moment de la traversée?
Comme lorsque vient le
Moment de conclure l'acte
Amoureux.
Comme lorsqu'on refoule l'air
Au fond de la poitrine pour
Laisser venir à soi l'émotion des
Deux corps.
Comme lorsqu'on s'éloigne
Courtoisement pour
Permettre aux
Chairs de débattre
De marquer leur territoire
Animal.
Comme s'il y avait terreur dans la
Territoire.
Comme s'il y avait terreur
Dans le mot"terre".


Extrait du poéme "Chimay ".
Commenter  J’apprécie          120
BALCON EN FORÊT
AVEC DE LA NEIGE AUTOUR


Blanche évidemment.
Blanche comme seule la neige est blanche.
Blanche comme ne l'est jamais aucun papier d'aucune page.
Blanche comme un printemps universel.
Blanche comme l'automne qui remplacerait le printemps.
Toutes les fleurs de tous les cerisiers à terre.
Vite vite remontez à vos branches les fleurs c'est trop tôt.
Blanche comme une erreur blanche dans les saisons.
Blanche comme une programmation ratée de la pluie.
Blanche comme une belle erreur du ciel.
Blanche comme du bleu qui aurait déteint mais quelle surprise.
Blanche comme une montagne tout à plat.
Blanche comme une comparaison blanche.
Blanche comme le féminin de blanc.
Blanche comme le masculin avec de l'eau glacée.
Blanche comme une rivière en poudre.
Blanche comme la pureté imaginaire.
Blanche les nuits elles-mêmes parfois sont blanches.
Blanche comme du noir retourné à l'envers.
Blanche comme les plumes de mille oiseaux.
Des plumes d'oiseaux aux aiguilles des sapins.
Blanche comme des ailes qui sont inutiles.
Voler à blanc jamais ne pouvoir prendre essor.
Blanche comme des ailes infantilisées dans la patience.
Blanche comme des divisions d'anges en réserve.
Blanche comme du latin inactif au milieu d'une phrase française.
Blanche comme acies comme agmen d'armée défaite….

p.166-167
Commenter  J’apprécie          40
«  L’opéra personne n’écoute personne,
C’est précisément cela être humain, n’écouter
personne
L’opéra les paroles imitent exagérément les
éléments du climat .
La tempête , la mer, le vent, les vagues déchaînées .
Il n’y a jamais d’aventure humaine sans
déchaînement.
C’est pourquoi je préfère la parole réelle de la mer .
À celle que croient imiter les hommes.
La musique du grand large .
Du lointain cosmos .
La quasi inaudible houle dont la mer seule donne
l’idée .
Que la musique transpose quelquefois d’un
glissement d’archet.
Jusqu’au plus aigu des cordes » .
Commenter  J’apprécie          80

Videos de Jacques Darras (14) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jacques Darras
Avec Rim Battal, Vanille Bouyagui, Jacques Darras, Guillaume Decourt, Chloé Delaume, Arthur H, Paloma Hermina Hidalgo, Abellatif Laâbi, Christophe Manon, Virginie Poitrasson, Jean Portante, Omar Youssef Souleimane, Milène Tournier… Accompagnés par Lola Malique (violoncelle) et Pierre Demange (percussions)
Cette anthologie du Printemps des Poètes 2024 rassemble 116 poètes contemporains et des textes pour la plupart inédits. Tous partagent notre quotidien autour de la thématique de la grâce. Leurs écrits sont d'une diversité et d'une richesse stimulantes. Ils offrent un large panorama de la poésie francophone de notre époque. Pour en donner un aperçu ce soir, douze poètes en lecture, accompagnés de musique.
À lire – Ces instants de grâce dans l'éternité, Anthologie de poésie réunie et présentée par Jean-Yves Reuzeau, Castor Astral, 2024.
+ Lire la suite
autres livres classés : poésieVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus


Lecteurs (23) Voir plus



Quiz Voir plus

Testez vos connaissances en poésie ! (niveau difficile)

Dans quelle ville Verlaine tira-t-il sur Rimbaud, le blessant légèrement au poignet ?

Paris
Marseille
Bruxelles
Londres

10 questions
1228 lecteurs ont répondu
Thèmes : poésie , poèmes , poètesCréer un quiz sur ce livre

{* *}