« Comment l'histoire de la terre a façonné l'humanité » : le sous-titre de cet essai illustre bien son propos.
Notre histoire y est présentée à l'aune de celle de notre planète depuis ses origines. L'auteur aborde beaucoup de disciplines : astronomie, géologie, climatologie, botanique, chimie, biologie, économie, urbanisme, géopolitique, architecture, sociologie politique, art,… Il met en évidence des liens intéressants entre elles, et le fait avec beaucoup de pédagogie et de clarté.
« Cycles Milankovith », tectonique des plaques, « effet de Coriolis », et beaucoup d'autres concepts, sont clairement expliqués, de même que leurs influences sur le développement de l'humanité et de nos civilisations.
En lisant ce livre :
- vous verrez des conséquences de hausses significatives de la température moyenne de notre Planète par le passé, notamment lors du Paléocène-Eocène Thermal Maximum (PETM, il y a 56 millions d'années, avec une température moyenne qui s'est élevée de 6° en 20 000 ans)
- vous découvrirez quelques « catastrophes » géologiques, comme la rupture des glaces qui retenaient le lac Agassiz il y a environ 8 000 ans
- vous voyagerez sur les pas des marchands des routes de la soie, dans le sillage des navigateurs portugais du 15ième siècle puis des conquistadors,… (un atlas à portée de main pendant la lecture vous sera d'ailleurs très utile, même si l'auteur a pris le soin d'insérer plusieurs cartes)
- vous saurez quand et comment le charbon et le pétrole que nous brûlons encore ont été formés
- vous comprendrez mieux la prospérité de la Grèce antique et de ses villes-Etats ; des raisons géographiques du développement du capitalisme aux Pays-Bas ; l'importance stratégique de plateau tibétain pour la Chine ; pourquoi célèbres sculptures granitiques des visages des présidents Washington, Jefferson, Roosevelt et Lincoln n'ont pas été conçues en respectant toutes leurs proportions ; et beaucoup d'autres choses.
L'auteur évoque le réchauffement climatique causé par la consommation d'énergies fossiles, mais sans insistance. La Terre a connu d'autres changements climatiques par le passé, mais la rapidité des changements que nous créons est alarmante. La vie sur Terre saura probablement traverser une nouvelle extinction de masse, sans humains.
Cet essai est passionnant, et très abordable sans connaissances préalables dans les disciplines mobilisées.
Le regard de l'auteur sur l'histoire est sans jugements de valeurs. Ses explications tranchent avec des présentations de l'histoire souvent centrées sur quelques personnages considérés comme « clé ». Ainsi, Gengis Khan a certes su unifier les tribus qu'il mena à la guerre, mais les batailles qu'il a dirigées résultaient d'abord de l'opposition entre des populations sédentaires (agriculture dans des vallées fertiles) et nomades (pastoralisme des steppes), et ses victoires d'une asymétrie entre les moyens militaires dont disposaient les groupes en conflit (mobilité des "barbares"). Plus tard, l'évolution des techniques militaires (création d'armées permanentes, usage de la poudre, …) inversera l'équilibre des forces entre sociétés sédentaires et nomades.
J'ai deux regrets en reposant ce livre : qu'il ne comporte que 356 pages (hors notes et références en fin d'ouvrage), et ne pas l'avoir lu plus tôt (notamment avant d'avoir visité la Crète).
Pour résumer : un livre à ne pas rater !
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La derniere phrase du livre est "La Terre nous a faits". Plus justement, toutes les forces naturelles qui ont fait la Terre ont fait aussi toutes les especes vivantes et donc nous ont fait. Les forces combinées et interactives de la géologie et du climat nous ont faconnés tant biologiquement qu'historiquement et socialement. Aujourd'hui, nous sommes aussi devenus l'une des forces qui transforment la Terre pour le meilleur ou pour le pire, notamment par l'intermédiaire du climat que nos industries sont en train de modifier. Si vous etes curieux de savoir le comment et le pourquoi, lisez ce livre qui sait mettre a la portée de tous la connaissance sans la simplifier au point que nous perdions de vue l'interconnexion de tous les éléments d'un systeme prodigieux dont le commun des mortels concoit a peine l'existence.
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Le mont Rushmore, au Dakota du Sud, est peut-être la structure en granit la plus célèbre du monde. Cette masse granitique s'est formée il y a environ 1,6 millions d'années, et des les années 1930 les visages de quatre présidents américains - George Washington, Thomas Jefferson, Théodore Roosevelt et Abraham Lincoln - ont été sculptés dans sa partie sud-est de façon à capter le plus de soleil possible. (…) Le granit de cette structure extrêmement résistant, s'érode au rythme d'environ 2,5 millimètres par millénaire: le monument restera très longtemps un symbole des idéaux américains. En fait son concepteur en a tenu compte : il a donné au traits des présidents une surépaisseur d'une dizaine de centimètres, si bien qu'avec l'érosion ils atteindront leur profil idéal dans 30 000 ans. (page 186)
Dans les années 1840, les bassins houillers britanniques fournissaient déjà une telle quantité d'énergie qu'il aurait fallu brûler 8 millions d'hectares de forêts - surface représentant un tiers de tous le pays - pour produire l'équivalent avec du charbon de bois, et ce chaque année. (page 334)
Une seule tonne de charbon peut fournir autant d'énergie calorifique qu'une année de bois de chauffage prélevé sur un demi-hectare de terrain boisé géré en taillis. (p.320)