Davidsen Leif, «
La femme de Bratislava : une enquête du commissaire Per Toftlund» - Folio policier, 2006 (ISBN 978-2070319572) (traduction de
Monique Christiansen – original danois publié en 2003 sous le titre «De gode søstre»).
Quel gâchis !
L'auteur avait pourtant une idée originale : aborder l'histoire de ces danois qui pactisèrent avec les nazis au point de s'enrôler sous l'uniforme SS, en la traitant non pas directement mais à travers le regard porté sur eux par la génération suivante, dans laquelle s'opposent d'un côté celles et ceux se réfugiant dans une condamnation simpliste, sans appel et bien commode, de l'autre celles et ceux qui condamnent le nazisme mais cherchent tout de même à sauver la mémoire de leurs parents.
Astuce supplémentaire, l'auteur effleure de surcroît le parallèle entre ces parents subjugués par l'idéologie nazie et leurs enfants braillard(-e)s de mai 1968 défendant des dictatures communistes tout aussi sanguinaires.
Il y avait là une mine de possibilités narratives d'une grande richesse, comme le montrent par ailleurs et dans un contexte analogue les romans sans concession de Sophie
Oksanen (voir par exemple «
Quand les colombes disparurent»). Malheureusement, l'auteur se croit obligé de noyer ce thème dans un autre tout aussi vaste, à savoir la désagrégation du bloc communiste et plus spécialement de la Yougoslavie, thème vu cette fois à travers une histoire d'espionnage et d'espionne abracadabrantesque.
L'irruption du super agent secret tombeur de ces dames (mais bientôt papa donc traversé par les affres de la paternité rendue à grands coups de lieux communs navrants), chapeauté par la super-directrice infaillible des grands services secrets danois, achève de gâter la sauce, sans compter les passages de type reportage journalistique qui viennent là comme un cheveu sur la soupe (alors qu'ils auraient pu constituer un autre recueil de textes intéressants – cf les pages consacrées à la désagrégation de l'Albanie).
Décidément, quel gâchis !