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Marianne Véron (Traducteur)
EAN : 9782742756780
313 pages
Actes Sud (06/10/2005)
3.88/5   25 notes
Résumé :
Fut-il un héros, fut-il un traître, cet oncle Eddie, volontaire de l'IRA, dont la légende familiale prétend qu'il disparut en 1922 dans l'explosion d'une distillerie ? A Londonderry, dans les années cinquante, le jeune narrateur, troisième enfant d'une famille d'ouvriers qui en compte sept, vit sous le joug de ce secret de famille, entre une mère étroitement liée au mystère et un père tenu dans l'ignorance d'une vérité encore plus terrible que celle qu'il croit déte... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Reading in the Dark
Traduction : Marianne Véron

Seamus Deane a attendu d'atteindre son demi-siècle pour coucher par écrit ses souvenirs d'enfance, dans l'Irlande de l'immédiate après-guerre, côté catholiques romains. S'y ajoute une touche de fiction - du moins l'auteur entend-il nous en convaincre - qui place "A Lire la Nuit" dans la catégorie des romans.

Un roman littéralement hanté par les apparitions (celles que voit la mère du jeune narrateur) et les souvenirs (tournant pour l'essentiel autour de la mort de l'oncle paternel du jeune garçon, l'oncle Eddy) sur fond de tensions religieuses et nationales (les collaborateurs irlandais pactisant avec le gouvernement britannique face aux rebelles catholiques, partisans d'une Irlande enfin libérée du joug anglais), le tout enfoui au sein des brumes celtiques, que celles-ci soient l'oeuvre de la mémoire ou bien du climat.

Tous ceux qui ont connu une enfance celtique, de ce côté-ci de la Manche ou de l'autre, dans une ville où l'on pouvait encore voir les vestiges récents de la Seconde guerre mondiale, la retrouveront dans "A Lire la Nuit." Tout y est en effet : la nuit douce ou âpre, les rues encore pavées qui sonnent à vide sous le pas d'un passant égaré ou en fuite, les jeux sur les terrains vagues encore minés, et puis les histoires de fantômes et d'intersignes, les femmes tristes corsetées dans l'éducation catholique martelée par leurs parents, la Malédiction qui rôde dans les familles parce que, dans les familles, justement, sous prétexte de Tradition, de religion et du passé, on ne se parle pas, on entasse les hontes en secrets qui s'accumulent et qui finissent par étouffer des innocents ...

Bien qu'attaché à sa celticité, Seamus Deane n'a pas oublié, n'a pas non plus pardonné. S'il évoque le plus souvent avec tendresse l'enfant qu'il fut et les adultes qui l'entourèrent, on sent bien la jubilation qui est la sienne lorsqu'il évoque son grand-père, mort sans le secours d'un prêtre, athée splendide que l'asphyxiante chape de respectabilité familiale tentera de figer à jamais dans le mensonge d'une extrême-onction de dernière minute qui ne fut jamais administrée. Quant au noeud de vipères qui finira par se former entre sa mère et lui - là encore en raison de trop de mensonges - le lecteur perçoit encore toute la souffrance qu'il lui inspire, après tant d'années.

A lire. La nuit ou pas. Mais à lire. ;o)
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La guerre d'indépendance en Irlande n'en finit pas de faire des ravages. le roman est construit sur les fantômes d'une famille, sur ce qui est dit ou tu, su avec certitude ou pas, oublié ou ressassé, raconté ou occulté. Peu à peu, le narrateur (et le lecteur) verront venir la vérité sur le drame qui a bouleversé deux familles, et se répercute encore deux générations plus tard.L'Histoire rejoint l'histoire familiale, l'éloignement inévitable d'un fils envers sa mère. Pour enfin y comprendre quelque chose sur le conflit en Irlande du Nord. Encore une fois, un roman irlandais loin du folklore.
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Sur plusieurs années de la deuxième moitié du XXème siècle, il s'agit de la vie d'une famille dans une ville de l'Irlande du Nord. le livre aurait pu être le roman social d'un milieu ouvrier modeste engoncé dans une société figée dans une religiosité doctrinaire. Mais le roman prend à bras le corps la description d'une société familiale prise dans les rets d'un secret ancien qui obstinément remue sous l'enfouissement des consciences. La turbulence que ce secret provoque pousse les êtres à la méfiance, aux aveux tardifs, à la recherche du pardon, même à la folie. le fou seul connaît la vérité et le narrateur la découvre peu à peu.
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En une succession de courts chapitres qui au départ semblent n'avoir guère de lien les uns avec les autres, le narrateur nous fait partager une tranche de son existence s'étalant de 1945 au début des années 70.

Au fil des anecdotes qu'il relate, il dépeint son quotidien d'enfant, d'adolescent puis de jeune homme au sein d'une modeste famille irlandaise. Il élabore ainsi une intrigue dont nous prenons connaissance presque subrepticement, au coeur de laquelle gît le terrible secret qu'il partagea avec sa mère, et qui mina des années durant ses relations avec ses parents.

En même temps que l'histoire se construit, que petit à petit les pièces du puzzle s'assemblent, le caractère poignant du récit acquiert son ampleur.
Au départ vaguement ennuyée par un texte qui me semblait un peu creux, je me suis retrouvée, en cours de lecture, sans m'en apercevoir, impliquée dans le déroulement des événements, et profondément touchée par les personnages mis en scène par Seamus Deane. Ses héros sont pourtant, pour la plupart, peu loquaces, abrupts. On peut les trouver injustes envers leurs proches, parfois intransigeants, mais l'auteur sait mettre en lumière leurs blessures, leurs regrets avec assez de justesse pour que nous nous sentions proches d'eux.

"A lire la nuit", c'est aussi une ambiance, un contexte particuliers. Riche de légendes, de superstitions, d'histoires d'esprits vengeurs ou d'âmes en perdition, le folklore local alimente les rumeurs, teinte les relations entre individus de suspicion, d'incompréhension. La pression religieuse est également très forte, et impose une morale rigide, qui souvent mène à l'intolérance. Et bien sûr, le poids des luttes intestines dont l'Irlande fût alors le théâtre est lui aussi omniprésent, à l'origine de querelles familiales qui se transmettent de générations en générations, et d'un sentiment de méfiance vis-à-vis de l'autre...

Malgré une première impression assez négative -liée à l'ennui que j'évoque plus haut-, "A lire la nuit" s'est finalement révélé un récit plaisant, doucement mélancolique et servi par une écriture agréablement fluide.
Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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Un récit extrêmement tenu bien qu'en apparence éclaté en "nouvelles", des vignettes qui se rejoignent finalement pour former un tout extraordinairement puissant parsemé de portraits d'autant plus frappants qu'ils semblent esquissés (ah, ce père!).
L'auteur a merveilleusement rendu ce regard d'enfant que le narrateur porte sur le monde cruel d'une Irlande du Nord déchirée jusqu'au coeur des familles. Un livre de violence, de mystère, et de grâce.
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
La liberté. Dans un endroit pareil. Il n'y en avait jamais eu et n'y en aurait jamais. Et puis qu'était-ce de toute façon? La liberté de faire ce qu'on aimait était une chose. La liberté de faire ce qu'on devait en était une autre. Proches les uns des autres, et éloignés aussi.
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La famille de mon père était tellement brisée que je la voyais comme une catastrophe avec laquelle on ne pouvait vivre qu'à condition de la garder secrète, de la laisser mourir toute seule comme un feu dangereux.
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Il y avait dans la famille une souffrance plus profonde que je ne pouvais le savoir.
Il nous incombe de faire la différence entre le mal qui nous est infligé et le mal qui est infligé par nous.
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Mes chers garçons, au moment où vous laissez derrière vous une année encore, vous vous apprêtez à entrer dans un monde d'injustice, de vexations, de blessures, de chômage, un monde où les oppresseurs prennent le pouvoir et où les ignorants font la loi. Mais il est une paix intérieure que rien ne peut entamer ; qu'aucune insulte ne peut violer, qu'aucune corruption ne peut dépraver. Attachez vous-y ; c'est ce que fut naguère votre innocence d'enfant et ce que doit devenir votre maturité d'adulte. Cramponnez-vous y. Je vous bénis tous"
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J'avais l'impression que nous vivions dans un espace vide où se ramifiait un long cri sorti de lui. D'autres fois, cela me paraissait calculé et rusé comme un labyrinthe, étroitement conçu , avec quelqu'un qui sanglotait en son milieu.
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