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EAN : 9791039900195
92 pages
Syllepse (24/11/2021)
3/5   2 notes
Résumé :
La Birmanie a connu pendant dix ans une période d'ouverture politique inédite, qualifiée de période de transition vers la démocratie. Au pouvoir depuis 1962, l'armée a laissé les élections de 2012, 2015 et 2020 se dérouler dans des conditions relativement acceptables, chacun des scrutins étant remporté par la Ligue nationale pour la démocratie d'Aung San Suu Kyi. Cependant, sa victoire aux élections de novembre 2020 - qui vit le parti représentant les intérêts de l'... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Pour commencer, tous mes remerciements à Babelio et aux éditions Syllepse pour l'envoi de ce (tout petit) livre dans le cadre de l'opération Masse critique « non-fiction » de février dernier.
Ce livre m'avait interpelée (parmi quelques autres que j'avais présélectionnés) à cause de son titre. C'est que je travaille pour l'une de ces institutions internationales présentes à Bruxelles, où le nom de pays "Birmanie" n'est plus utilisé depuis plusieurs années désormais, au profit de "Myanmar" ; dès lors, je voulais voir si ce livre présentait une quelconque explication à ce sujet. Mais j'y reviens…

J'ai donc reçu ce (tout petit) livre il y a quelques jours, et j'ai aussitôt été interpelée par le format. C'est un (petit, désolée pour la répétition) carré de 15 cm sur 15 cm, et à peine un demi cm d'épaisseur. Mais il suffit d'ouvrir le livre et, dès la 1re page de gauche, les choses s'expliquent ! L'éditeur y présente sa collection « Coup pour coup ». Je ne vais pas vous recopier toute cette mini-page ici, mais en tout cas elle revendique une approche radicale aux questions majeures, et précise que (je cite) : « le format est carré, comme les idées qui s'y expriment. ». Quant au format très court, il est justifié juste après (je cite également) : « En moins de 100 pages, tout sera dit, comme un pavé dans la mare. »

Et paf, aussitôt mon esprit me transporte au tout début des années 1990 et ma toute première visite, tellement marquante, lors d'un voyage scolaire en Allemagne, d'un ancien camp de concentration : Dachau… Je ne vais pas entrer dans les détails d'une visite aussi impactante, mais s'il y a bien une chose qui m'avait alors marquée : c'était l'église (évangélique) de la Réconciliation qui a été construite sur le site du camp de Dachau, entre autres par d'anciens détenus de ce camp. Parmi les caractéristiques de cette église, outre sa situation exceptionnelle et sa vocation oecuménique affichée, la guide n'avait pas manqué de souligne un trait architectural importantissime de cette construction : c'est « la volonté de prendre le contrepied du plan symétrique et rectangulaire de l'ancien camp de concentration » (cf. le site https://www.kz-gedenkstaette-dachau.de/fr/site-historique/visite-virtuelle/leglise-protestante-de-la-reconciliation/). En effet, il n'y a aucun angle droit dans cette église, comme l'explique aussi le site suivant : https://www.versoehnungskirche-dachau.de/eine-kirche/leglise-version-francaise , et en particulier le paragraphe « L'angle droit », qui souligne justement l'absence de tels angles, car « La forme de l'église de réconciliation doit faire être à l'antipode de ces équipements rectangulaires [nazis] de la terreur. »

Vous l'avez compris : cette visite de Dachau a laissé une empreinte indélébile sur la jeune adulte que j'étais alors, et en tout cas, depuis lors, je me méfie presque instinctivement de tout ce qui se veut un peu trop "à angle droit " un peu trop carré. Autant dire que l'approche proposée ici par l'éditeur pour sa collection « Coup pour coup », avant de lire la moindre ligne du livre même, m'a profondément dérangée… Toutefois, je précise aussi, au cas où mon propos prêterait à confusion : loin de moi l'idée de considérer Syllepse comme ayant une approche qui s'apparenterait à une quelconque idéologie d'extrême-droite !! C'est vraiment l'idée d'angle droit, cette approche revendiquée d'idées carrées, qui me heurte… à cause d'un souvenir extrêmement fort, vécu il y a plus de 30 ans, voilà tout (mais c'est beaucoup).

Et voilà, ça fait déjà une bien longue introduction à mon commentaire, et je ne suis même pas encore entrée dans le vif du sujet, en l'occurrence le livre même ! Allons-y donc… mais restons un peu sur le format quand même. Je n'ai pu m'empêcher de me demander : quel public cette collection (et les auteurs qui y écrivent) vise-t-elle ? C'est que ce petit format (à peine plus large et plus court qu'un poche) ne laisse guère de choix : la police de caractère est petite, très petite même, pour mes vieux yeux d'astigmate et presbyte… Ainsi, toute corrigée que soit ma vue, une telle lecture devient très vite pénible car les caractères se mettent rapidement à "danser" sans me demander mon avis, m'obligeant à interrompre ma lecture jusqu'à un moment plus opportun, et je ne parle même pas des notes de bas de page, qui sont restées en grande partie indéchiffrables pour moi ! Pourtant, une fois n'est pas coutume dans un essai, ces notes étaient réellement intéressantes, car l'auteur ne se contentait pas d'y citer d'innombrables ouvrages qu'on ne consultera quand même pas, mais bien de préciser l'un ou l'autre point, en parlant par exemple de son expérience personnelle en Birmanie.
Tout ça pour dire : des lecteurs plus âgés, ayant potentiellement une mauvaise vue (même corrigée) sont donc exclus de facto d'une appréhension complète et aisée d'un livre dans un tel format. Si c'est voulu, c'est incompréhensible et de toute façon regrettable ; si c'est un accident que l'éditeur n'avait pas prévu, il serait peut-être utile de réviser la chose – ne serait-ce qu'en ajoutant 1 ou 2 cm, ou en adoptant un format poche plus traditionnel, qui ne serait dès lors plus carré… mais on a compris que cela ne me dérange pas !

Ce point de format étant mis sur le tapis, je m'attaque désormais au contenu. Et c'est un autre détail (mais en est-ce vraiment un ?) qui me dérange très vite : l'auteur ne propose aucune introduction historique de ce pays si peu connu par chez nous. Certes, le titre est très clair, il s'agit bel et bien de la révolution de printemps (2021) … mais peut-on expliquer une quelconque révolution sans puiser au moins un peu dans l'Histoire (celle avec un grand H) ? Certes aussi, puisque la collection « Coup pour coup » prétend tout dire en moins de 100 pages, il fallait respecter ce format et ne pas trop digresser – si expliquer un contexte historique est une digression… Cependant, le livre ne fait au total que 92 pages ; en outre, l'essentiel de la 1re page de texte est une présentation géographique de ce pays… ce qui laisse penser que l'auteur envisage que ce livre pourrait se trouver entre les mains de lecteurs qui, comme moi, ne connaissent que très peu de choses de ce pays ! Il y avait donc la place (8 pages !) et l'opportunité de développer un tout petit mieux, sachant en plus que le dernier tiers du livre est composé de trois annexes, dont une très longue, qui sont certes intéressantes, mais qui me semblent (et c'est un avis très personnel, comme tout le reste de ce commentaire) moins indispensable que ne l'eût été un éclairage contextuel plus complet, ce qui n'a donc pas été fait.
Je ne demande pas qu'on me raconte les occupations successives de cette (grande !) bande de terre d'Extrême-Orient, mais je déplore d'avoir dû compléter cette lecture, dès les toute premières pages, par diverses recherches sur Wikipédia (entre autres), pour mieux cerner le sujet sous un éclairage un peu plus complet que le comptage des km carrés ou du nombre d'ethnies…

Parmi les points que j'aurais voulu voir éclaircis, même dans une courte introduction, j'espérais que l'auteur expliquerait cette histoire de dénomination du pays, mais il n'en est rien. J'ai bien compris que ce n'est pas l'objet de ce livre ! mais moi je veux savoir, y compris pour ce commentaire. Je me suis donc tournée vers Wikipédia – ça vaut ce que ça vaut, mais, définitivement, c'est mieux que rien ! J'apprends ainsi que le nom de Birmanie a été d'usage depuis l'indépendance du pays en 1948, mais a été modifié en Myanmar en 1989 par les généraux au pouvoir, dénomination qui a été acceptée par certaines autres nations, mais continue d'être rejetée, pour des raisons politiques, par d'autres - dont la France. Ceci explique cela… mais à nouveau, ça me pose question, car moi je suis belge, or mon pays, ainsi que l'ONU ou les Institutions européennes par exemple, reconnaît officiellement le nom de Myanmar !
Les choses sont d'autant plus complexes quand on découvre, si Wikipédia dit vrai, que Birmanie vient (je cite) « de «"Bama", le nom de l'ethnie majoritaire birmane. » , tandis que Myanmar serait un terme « dont la première trace remonte au roi Kyanzittha en 1102 » et « "Myan Ma" signifierait le pays merveilleux créé par ces "esprits-habitants mythiques" ("Bya Ma"). Avec cette dénomination et l'usage du mot "Union", le caractère multi-ethnique de l'État est souligné. » - la dénomination complète du pays étant République de l'Union du Myanmar.
Ainsi donc, si je résume : dans son idée de rejeter la dictature militaire des généraux depuis 1989, la France rejette une appellation qui englobe toutes les populations d'un pays multi-ethnique, et préfère continuer d'utiliser le nom qui désigne la seule ethnie dominante ?! Je ne suis absolument spécialiste en géopolitique internationale et ne me risquerais à me penser plus intelligente que les dirigeants – ou cet auteur – français qui ont fait ce choix ; il me semble néanmoins qu'il y a comme un petit problème logico-linguistique…

Enfin, citons un dernier point qui me pose question… sans pour autant prétendre avoir les mêmes clés que l'auteur pour résoudre quoi que ce soit. Dans ce livre, on parle d'abord un peu, et puis de plus en plus des Rohingyas. Ce nom est (hélas !) bien connu dans les milieux humanitaires, on a même assez longtemps parlé de "crise oubliée", jusqu'à ce qu'elle revienne brutalement sur le devant de la scène en 2017, lorsque la junte au pouvoir a tout à coup commis diverses exactions contre cette population particulière, forçant à un exode massif dans la jungle et/ou vers les pays limitrophes qui, quant à eux, n'ont ouvert leurs frontières qu'au compte-gouttes, quand il les ont ouvertes… Et très vite, les médias occidentaux, tout comme ce livre, ont dénoncé un presque-génocide (ce terme étant actuellement controversé pour désigner ce drame humain) de la méchante et écrasante majorité bouddhiste, en partie extrémiste, contre les malheureux, pauvres Rohingyas, musulmans…
Alors, bien entendu, RIEN ne justifie jamais les exactions telles que celles qui ont été perpétrées contre cette ethnie, je ne discuterai jamais cela ! Mais résumer cette grave crise à un antagonisme religieux est tristement simpliste, et dommage dans un livre qui se veut aussi développé que celui-ci, car le contexte est bien plus compliqué que ça… En effet, comme on peut s'y attendre, cette crise a des racines historiques, qui ne sont même pas mentionnées. Or, il n'aurait fallu que quelques lignes pour rappeler, comme le fait Wikipédia, que les Rohingyas, durant la colonisation britannique jusqu'en 1948, ont bénéficié de privilèges que les Anglais n'ont octroyés à aucune autre ethnie. « Diviser pour régner », un vieil adage que l'occupant anglais a bien mis en place… au point que, lors de la guerre d'indépendance de la Birmanie, les Rohingyas ont choisi de combattre aux côtés de l'occupant ! Choix infiniment malheureux, que les autres ethnies, et certainement pas la dominante, bouddhiste, ne leur ont jamais pardonné… Alors, à nouveau, cette explication historique ne justifie en rien les souffrances actuelles de ce peuple, mais donne un autre éclairage sur un problème qui semble présenté comme tout blanc d'un côté, et tout noir de l'autre.
Cela dit, parmi les quelques points qui ressortent de ce livre, outre la position parfois ambiguë de la très célèbre leader Aung San Suu Kyi (prix Nobel de la Paix 1991) à propos de la situation de cette minorité, il semble que le putsch du 1er février 2021, qui a provoqué le très large mouvement de désobéissance civile, cette fameuse révolution de printemps au coeur de ce livre, aurait eu au moins un mérite : c'est que le problème des Rohingyas a été remis sur le devant de la scène et semble, pour la première fois peut-être depuis 1948, préoccuper le pouvoir (non militaire) du pays vers une solution humaine et respectueuse de tous…

Tout cela étant dit, je suis confuse si tout ce qui précède paraît assez négatif… J'en oublie presque de dire que, malgré tous ces bémols cités plus haut, j'ai plutôt apprécié cette analyse pointue et éclairée d'une révolution méconnue dans nos pays. On sent, sans aucune hésitation, que l'auteur sait de quoi il parle, qu'il est impliqué émotionnellement, et qu'il ne s'en est pas moins sérieusement documenté, ce qui permet une présentation certes tranchée mais toujours éclairée. le langage est tout à fait abordable et permet une vaste compréhension des événements de ces dernières années en Birmanie (ou au Myanmar…). Je pense ainsi que ce livre est sans aucun doute un complément précieux pour tout qui s'intéresse à ce pays et à son évolution politique de ces toutes dernières années, mais comme je l'ai soulevé en long et en large, il faut absolument le compléter par son contexte (notamment historique)… à trouver dans d'autres livres ou médias, car ce livre-ci en fait complètement l'impasse, ce que je regrette, car quelques mots auraient suffi, sans dénaturer la volonté de l'éditeur de tout dire en moins de 100 pages.
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Tout d'abord, merci à Babelio pour ce livre "Masse critique".
"Birmanie : La révolution de printemps" traite de la dernière révolution de début 2021 dans ce pays connu également sous le nom de Myanmar.
L'auteur revient sur les précédents épisodes de push militaires dans ce pays, ainsi que sur le contexte avec le statut particulier de ces militaires, vivant en "semi autarcie", à part de la population ... ce qui peut expliquer leur manque total d'intérêt pour la vile populace qui ose se rebeller contre eux.
Par contre, un peu d'histoire du pays et de ses composantes territoriales et tribales auraient été la bienvenue pour mieux appréhender le propos de ce livre.
L'indépendance du pays vis à vis des anglais est citée en une phrase ...
De même, un peu d'historique concernant le génocide vis à vis des Rohingyas eut été le bienvenue, l'antagonisme entre musulmans et moines bouddhistes extrémistes étant la seule explication avancée, ce qui semble un peu court.
Concernant le format, je suis partagé : un petit format comme celui-ci est pratique à emmener et lire ... par contre, une police moins "grossière" serait nettement plus agréable à lire.
Et les notes de bas de page sont vraiment petites !!
En résumé, un livre intéressant et documenté, mais plutôt réservé à des lecteurs déjà connaisseu(r/se)s du pays.
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Tout d'abord, merci Babelio pour l'envoi de ce livre. J'ai été confuse lors de la réception quand j'ai vu le format du bouquin, il est vraiment très petit. J'ai cependant appris pas mal de choses mais je pense qu'il n'est pas assez complet, manque de contexte, de détails. Dommage.
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