Extrait de Battant
L’une et l’autre ont semé des fleurs ou leurs dentelles
dans ma raison d’étourneau triste, il y a fort à
parier que le mal est durable — ou bien sont-elles
ce vol comme étourdi que l’automne apporta ?
celle à qui tu confies l’orage et l’éphémère
souci de nos enfants, sur qui tu as posé
ta main si violemment, c’est la sœur, c’est la mère
son manteau d’alchémille retiendra la rosée
celle autour de qui flotte entre lumière et songe
le désir d’à jamais tout volatiliser
— fais rendre à nos brouillards, à l’orgueil qui nous ronge
l’eau vive qu’on ne peut retenir ni briser
et prends pitié de nous par ce temps de ténèbres
— celle aussi qui remonte et descend l’escalier
avec son zèbre d’homme et son pit-bull, ses lèvres
de poupée barbouillée, sa jupe à déchirer
celle offerte en holocauste aux lingeries fines
putain des parfums chic au flanc des abribus
on l’a décervelée, on lui voit la poitrine
à la tombée des reins, sa croupe est au plexus
tant qu’on aura ce regard tournoyant d’abeilles
de mouche à viande, où peut-on donner de l’iris
sans que le cœur n’éclate ? — après combien de veilles
viendras-tu recoller nos morceaux d’Osiris ?
— mais il y a celle encor qui le dispute aux ânes
en pauvreté, mon abeille au point d’essaimer
elle a fleuri tout l’appartement de pivoines
et de gentiane alpestre — et je ne puis l’aimer.