On devine les anxiétés de M. Delaroche quand son tour vint d'être jugé, et le bonheur qu'il ressentit en entendant quelques éloges à son adresse, quelques mots d'approbation sur son ouvrage : éloges d'autant plus sincères qu'ils ne parvenaient en apparence qu'à des oreilles désintéressées. Il n'osa pas se trahir, mais le lendemain il cherchait un introducteur auprès de Géricault; il réussissait à se faire présenter au maître qui l'avait, sans s'en douter, directement encouragé, et de qui il attendait de nouveaux avis. Géricault avait dans le caractère autant de bienveillance et de douceur qu'il déployait d'âpre énergie dans ses travaux : il se montra touché de la démarche du jeune homme. Au lieu de trancher avec lui du professeur, il voulut n'être que son aîné dans la carrière, et, bien loin de l'enchaîner aux intérêts de sa propre cause, il n'épargna rien pour l'émanciper.
Paul ou plutôt Hippolyte Delaroche, — le nom sous lequel il est devenu célèbre n'étant qu'une sorte d'abréviation de celui qu'il avait reçu d'abord, —naquit à Paris le 17 juillet 1797. Sans être précisément issu d'une race d'artistes, il appartenait à une famille qui ne laissait pas de devoir aux arts et aux études qui s'y rattachent une certaine notabilité. Son père était l'un des experts en tableaux le plus habituellement consultés au commencement de ce siècle, et les catalogues de plusieurs collections importantes rédigés par lui témoignent de son goût et de ses connaissances spéciales.