Faite de cyprine et de punaises

Tout avait pourtant bien commencé entre les éditions IXe et moi avec une entré en matière vantant les mérites d'une écriture moins patriarcale. Avec l'autrice aussi tout avait bien débuté : un partie pris original dans l'écriture puisque le roman est écrit à la deuxième personne du singulier, des thèmes qui ont facilement une oreille attentives de ma part : lesbianisme, marginalité, dépendance amoureuse… Tout ça mâtiné d'une culture Québécoise que je connais mal mais qui m'attire beaucoup. Tout y était donc et pourtant ça ne l'a pas fait entre nous. Aurais-je définitivement passé l'âge de me retrouver dans ces récits de paumé.es qui abusent de l'alcool et qui s'enfoncent inexorablement dans un mal-être qui n'a pas de fond ? Peut-être ou peut-être que ce type de récit, qui ne laisse aucune place à un décor, une ambiance, d'autres personnages, me fait l'effet d'un auto centrisme un brin désespérant. J'ai au final la même critique que pour Fatima Daas : il y a indéniablement une belle plume chez Lauren Delphe mais trop de nombril pour moi, pas assez de monde extérieur. Symptomatique d'une société qui a fait du selfie une philosophie de vie jusqu'à effacé complètement le décor (après tout on va quand même pas de faire chier à regarder la tour Eiffel quand on peut voir son plus mauvais profil). Dans Faite de cyprine et de punaise tout est flou, sauf la narratrice et moi aussi j'aime bien me regarder le nombril mais j'aime aussi qu'il y ai quelque chose autour du nombril.

Faite de cyprine et de punaises (ce titre, déjà !) est un roman de Lauren Delphe qui vient de paraître aux éditions Ixe. Petits textes des éditeurices en guise d'introduction pour expliquer le choix de l'accord de proximité, les thèmes pouvant heurter, etc. C'est bien agréable !

La narratrice nous raconte donc sa vie à Montréal, ses relations sentimentales, les problèmes liés à son handicap dans un monde validiste, ses insomnies, son besoin d'alcool, ses petits boulots, ses encas plus que bizarres, l'emprise de son ex et les violences subies... Le tout écrit à la deuxième personne du singulier, dans une langue sensitive et très crue. Le titre ne ment pas, ça sent fort la cyprine, la sueur, tous les fluides possibles, et c'est plutôt réjouissant !
Ces confessions d'une jeune lesbienne du siècle sont parfois drôles mais le plus souvent bien amères. La narratrice est pleine de fêlures, de colère et d'auto apitoiement. Et cela est devenu dur pour moi à la longue ce désabusement, ce manque de nuances. Mais c'est une voix différente, un vécu que je n'ai lu nulle part ailleurs, et c'est vraiment essentiel.

Bref, Lauren Delphe est une autrice à découvrir et les éditions Ixe est une structure indépendante à soutenir !

livre reçu dans le cadre d'une masse critique… sans doute un mauvais choix de ma part car je n'arrive vraiment pas à entrer dans l'histoire. le parti pris de s'adresser au lecteur à la deuxième personne est un plus, il crée d'emblée une intimité et une proximité avec la protagoniste principale. Cependant les descriptions sexuelles m'ont mise mal à l'aise. Non pas que je sois prude ou choquée mais je n'ai pas apprécié l'ambiance malsaine qui en découlait… j'ai abandonné la lecture après 60 pages…