« Le déshonneur d'Elisabeth Campbell » (renommé pour coller au film, bien que la jeune femme se nomme Ann à l'origine) fait partie de ces livres qui perdent à être découverts après le film, ou relus, puisque l'on en connaît déjà le dénouement. Dans mon cas, j'avais vu le film il y a un bon paquet d'années mais me souvenais malheureusement encore assez clairement de l'intrigue dans ses grandes lignes et de la fin. Aucune surprise lors de ma lecture, donc. Ceci dit, l'ouvrage possède assez d'atouts pour séduire même si l'on connaît déjà l'histoire. Quant aux primo-lecteurs, ils découvriront un polar militaire bien ficelé, au rythme haletant, ponctué de dialogues incisifs qui font souvent mouche.
Partant de quasi-rien, Paul Brenner et Cynthia Sunhill ne tardent pas à découvrir que la façade bien-comme-il-faut de Fort Hadley n'est rien de plus qu'un faux-semblant et, indice après indice, déduction après interrogatoire, cheminent lentement (ou pas, l'intégralité du livre se déroulant sur environ deux jours, et les personnages dormant assez peu) vers la vérité. Car, pour découvrir qui a tué Ann Campbell, encore va-t-il falloir comprendre pourquoi : pourquoi elle, pourquoi comme ça, pourquoi là... pourquoi, tout simplement ? L'affaire, au premier abord sordide mais simple, est encore pire que ce que l'on peut imaginer et aborde des thèmes bien plus difficiles que ce que le résumé annonçait d'emblée.
Le livre, écrit au début des années 90, a le mérite d'aborder en long, en large et en travers le sexisme dans l'armée, bien qu'il le fasse de façon maladroite... et à travers un personnage principal plutôt machiste lui-même voire irritant à l'occasion. La répartie de Paul Brenner, qui donne toute leur saveur à la plupart des dialogues, devient malheureusement parfois déplacée, autant dans les propos que le contexte, ce qui ne le rend pas, mais alors pas du tout sympathique. On se demande bien ce que Cynthia lui trouve... Si leur duo fonctionne très bien sur le plan professionnel, la pseudo-romance entre eux n'est franchement pas convaincante et même fade. L'intrigue aurait pu s'en passer.
Reste que ça se lit très bien, que la construction de l'histoire est irréprochable et qu'on ne s'ennuie pas une seule seconde. On pardonne donc aisément à ce protagoniste qui se considère lui-même d'une autre époque. Une lecture tout sauf joyeuse, mais très prenante.
En revanche, carton rouge pour les très nombreuses coquilles éparpillées dans le livre!
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Pour un déshonneur, c'en est effectivement un... Et même plus que celui d'Ann Campbell : sa famille entière et l'armée américaine sont atteintes.
Car Ann Campbell est retrouvée morte dans une posture relativement étrange : pieds et mains attachés à des piquets de tente, complètement nue. A première vue, elle semble avoir été violée. Elle a en tout cas été étranglée.
L'enquête sur cette mort plus que suspecte est confiée à deux militaires appartenant à la C.I.D. (en gros, l'équivalent de la police judiciaire de l'armée).
Et les deux enquêteurs vont découvrir de bien belles choses sur l'armée (ironie...)
J'ai apprécié la lecture de ce thriller, pourtant très différent de ceux que je lis d'habitude. En tout cas, c'était la première fois que je lisais un récit se déroulant sur une base militaire. Les personnages principaux (Paul Brenner et Cynthia Sunhill) m'ont tout de suite été sympathiques. le style d'écriture de l'auteur est intéressant : c'est un langage très direct, parfois très cru aussi mais finalement parfaitement adapté à l'histoire qui nous est racontée.
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Un trés bon policier, dans le sens ou ou renouvel un peut le genre, il s'agit ici d'un duo de policier militaire qui enquette sur une base.
En plus la victime n'avait pas une vie aussi calme que l'on pourrait le croire
Un bon suspense du début a la fin
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J'ai beaucoup aimé (préférer le livre au film qui en a été tiré, il est je pense meilleur, même si le film n'est pas mauvais). Un suspense jusqu'au bout, des rebondissements, des personnages qui ne sont pas ceux que l'on imagine. Très bon policier
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Je l’ai vu déposer en cour martiale. Il a toutes les qualités qu’on peut attendre d’un flic : fiable, logique, imperturbable, clair dans ses exposés. Pourtant, quelque chose en lui sonne faux et j’ai souvent eu l’impression que les juges préféraient le tenir à l’écart. Il est peut-être un peu trop froid et insensible. Quand l’armée en vient à juger l’un des siens en cour martiale, on éprouve en général dans ses rangs un peu de compassion pour l’accusé, ou du moins un certain intérêt. Mais Kent est de ces flics pour qui n’existent que le bien et le mal, et quiconque enfreint le règlement l’offense personnellement. Je ne l’ai vu sourire qu’une fois, lorsqu’une jeune recrue, qui avait mis le feu à un baraquement inoccupé un soir de beuverie, a écopé de dix ans pour son forfait. Eh oui, la loi, c’est la loi, ce qui permet à des colonels Kent pointilleux de trouver leur place en ce bas monde.
Il est des cas qui éveillent comme un sixième sens, ou peut-être la réminiscence d’autres affaires stockées dans un coin de mémoire. Quand on entend les faits et qu’on examine les lieux, on se dit : quelque chose ne va pas.
On ne se pose pas de question, on n’a pas droit à l’échec. Le principe est efficace au combat et dans la plupart des situations, mais pas dans la CID. Dans cette branche, il faut savoir désobéir aux ordres, penser par soi-même, braver ses supérieurs, l’essentiel étant de découvrir la vérité. Ce n’est pas toujours bien vu dans l’armée, qui se considère comme une grande famille dont on veut croire que « tous les frères sont valeureux et toutes les sœurs vertueuses ».
Ann Campbell avait une trentaine d’années et un corps joliment tourné, genre prof d’aérobic, musclé en finesse, sans une once de rondeur superflue. Je reconnus son visage, aperçu sur les affiches de l’armée. Elle devait sa séduction à une beauté nette et classique, à la blondeur de ses cheveux mi-longs, excédant peut-être la longueur réglementaire.
Pour jouer les Sherlock Holmes, il faut savoir jouer les hommes-orchestres. J’ai coiffé tous les képis, de cuistot à spécialiste des armes chimiques, ce qui d’ailleurs revient au même. Certains rôles sont parfois difficiles à tenir, mais je m’en remets à mon charme. De toute façon, tout cela n’est que faux-semblant. Mon charme comme le reste.
Le Déshonneur d'Elisabeth Campbell