Juste là

voilà de petites histoires qui me font penser à de savoureux mets légers, parfois salés, tantôt sucrés, de temps à autre pimentés. Des friandises que l'on peut déguster à toute heure de la journée. On en choisit une, au hasard, on s'en délecte lentement, doucement presque sensuellement. Conservant en bouche le plus longtemps possible le petit goût acidulé du texte court qui à chaque fois est proposé.

Déjà fini ?

On passe à autre chose, peut être un autre livre, une romance que l'on a délaissé le temps d'une lecture, ou bien une sortie, un moment de vie… À moins… À moins qu'on y revienne, incapable de résister à l'appel d'une nouvelle confidence.

Alors on plonge les yeux dans une seconde nouvelle qui, on le pressent, dans un autre univers nous transportera. Cette nouvelle expérience littéraire n'aura pas le goût de la première. Elle sera plus violente ou plus croustillante, plus drôle ou encore plus morose. Découvrir ce recueil, c'est se poser quelque part entre sourire et gravité afin de goûter sans faim, l'ouvrage.. À moins que ce ne soit sans fin. Je ne sais quelle orthographe choisir IN ou aim ? La fin ou bien la faim ? Les deux sans doute.

J'imagine.

Tous les soirs, la dame vient s'asseoir sur le rocher noir qui domine son passé. Il fait sombre. On ne distingue pas son visage. Sourit-elle ? Pleure-t-elle ? Difficile de savoir, impossible de prévoir. Nous, assis à l'écouter, nous devinons simplement sa présence. Elle raconte des histoires, ou plutôt elle se raconte en histoire. Souvent, elle change de nom, de corps et même parfois de sexe. Homme, femme, enfant, ils sont tous en elle. Elle peut être amère, elle peut être mère, elle nous émoustille, jouant les coquines, les amoureuses, elle nous surprend incarnant les drôles, les souriante, les revanchardes, les désespérées, les : “si tu savais comme je me souviens d'avant”, les : “si tu savais comme tu es parti trop tôt papa”.

Elle saupoudre ses monologues d'une pointe de sadisme mêlée d'humour noir. Elle brandit de tendres ou durs réquisitoires qu'aussitôt elle contre par de flamboyants ou timides plaidoyers. Elle sait vibrer pour nous faire rire, elle sait pleurer pour nous émouvoir… Elle fait de ses mots, de ses phrases, des miroirs changeants, si bien qu'en la lisant, ce n'est pas elle que l'on contemple, c'est son image, une image inversée, troublée, bousculée, posée en lettre sur un clavier, incomplète et si souvent chahutée.


C'est de son intimité qu'elle parle, pour entrer dans ce bouquin, lecteur, il te faudra faire preuve de douceur et aussi de tendresse.

Avis : COUP DE COeUR

C'est rare mais je dois avouer que ce recueil de nouvelles m'impose de mettre cet avis tellement j'ai été séduite par la diversité des histoires, des styles et des émotions.
Barbara G. Derivière, que je découvre grâce à un ami commun, a cette grâce d'écriture qui émeut et révolte tout à la fois. Rien ne peut laisser indifférent. J'apprécie l'écriture, sensible, généreuse, élégante et fière qui dessine un être à fleur de peau mais avec une belle volonté farouche.
J'ai lu les 22 nouvelles avec la sensation d'attendre la prochaine avec encore plus d'avidité que la précédente, tellement les thèmes et les registres sont divers et les chutes remarquablement pertinentes.
Ce sont des nouvelles qui racontent des fragments de vie sans que l'on sache si c'est totalement autobiogaphique ou emprunté à des connaissances ou amis. Toutes font la part belle à la culture musicale ou cinématographique ; on devine une artiste complète. Il y a parfois de l'érotisme et même du sexe brut, mais la trame est faite d'étude des relations humaines sur fond d'humour noir. C'est surprenant, dévorant, attachant. Un seul bémol : un mot grossier revient trop souvent, sans rien amener et me semble desservir l'ensemble.
J'ai particulièrement apprécié « La chance insolente », « La psyché » et « Juste là » qui donne son titre au recueil. Les chutes de « Question de pourcentage » et de « Arrête ton cinéma » sont à prendre en exemple. « Focale » est hyper esthétique. « La poupée russe » est un thriller magnifiquement orchestré et digne des maîtres du genre.
Vous l'avez compris, je vais suivre cette auteure qui a l'art de nous donner à comprendre la vie avec une écriture soignée, une mécanique d'actions minutieusement agencée et un détachement dans les récits qui laisse au lecteur toute latitude pour s'approprier les textes. Je ne peux que vous engager à la découvrir vous aussi.

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J'étais curieuse de découvrir la plume de Barbara, avec ce recueil dont le titre m'a interpellée et qui nous dévoile une part d'elle-même.
J'ai apprécié chacune de ces 22 courtes nouvelles, au registre varié - réalistes, policières, poétique, historique et érotique même - avec une prédominance du fantastique, ce que j'adore. Elles ont toutes une chute intéressante et font la part belle à l'analyse des relations humaines. J'ai particulièrement aimé "L'Abandonnée", "l'Ascenseur", "Elle et lui" ( 2 nouvelles qui se répondent) et "Juste là".
La plume de l'auteure est belle et ses clins d'oeil culturels (notamment à Proust, dans "Juste là") m'ont beaucoup plu. Un recueil à savourer sans modération !

J'ai découvert la plume de Barbara avec son premier livre "désillusions", la voici de retour avec "Juste là". Ce livre regroupe 22 nouvelles aux styles bien différents. L'ensemble des nouvelles correspond à des scènes de la vie, certaines sont mystiques, d'autres coquines ou encore historiques... L'auteure n'hésite pas à aborder des sujets "tabous" comme dans la nouvelle "question de pourcentage", à remonter le temps pour décrire l'invasion d'une célèbre cité antique, de composer un poème en langue des oiseaux ou encore de se mettre à nue dans "Juste là"... Un recueil varié et plaisant dans lequel j'ai retrouvé la belle plume de Barbara. J'aime beaucoup son écriture sensible, poétique et parfois direct, sans langue de bois. Merci d'avoir été juste là, prés de moi, le temps de cette belle lecture.

Un bijou joliment ciselé
Je suis tombée sous le charme des nouvelles se Barbara G. Derivière. C'est un bijou fait de pierres précieuses qui m'a ravie. A la sortie de ma lecture, c'est très étrange. J'ai l'impression d'avoir réellement cheminé aux côtés de Barbara, j'ai retrouvé aussi Butterfly, en filigrane, qui m'avait parlé de ses désillusions.
J'étais juste là, à côté d'elle, à moins que ce soit elle qui était à côté de moi pour m'emmener dans les histoires et même au-delà.
Ne manquez pas ces rencontres avec des histoires pleines de sensibilité, parfois érotiques, poétiques, émouvantes, délicates ou tout ça à la fois. La vie est pleine de surprises et « Juste là » le prouve.