Rarement je me suis autant ennuyé en lisant. Dès la page 58, je me suis demandé comment, par quel effort surhumain, j'allais pouvoir avancer plus loin. Cent fois (soit toutes les deux pages...), je me suis demandé où voulait en venir l'auteur, entre errances, digressions, contournements et grands écarts, espérant trouver quelque réponse avant les dernières lignes, ce qui, hélas, n'est pas advenu lorsqu'enfin j'atteignis, épuisé, le point final.
Deux histoires se croisent, se télescopent et se mélangent dans ce livre, celle d'un écrivain et de ses aventures avec un éditeur, et celle de la vie et de la mort de la doyenne de l'humanité, Jeanne Calment.
Bien sûr, l'auteur prétend y aller de sa réflexion critique sur la vieillesse, la beauté physique, voire la sexualité dans la société contemporaine, mais hélas, une vague et confuse analyse socio-philosophique ne suffit pas à faire un bon roman.
Profondément brouillon et bistourné, ce livre à la conduite du récit besogneuse, ne parvient jamais à retenir l'attention du lecteur ; il le perd.
Dans ces pages, l'ironie flirte avec le cynisme sous le vêtement d'une écriture plutôt mode, branchée. Une écriture peut-être vive, mais sans style, facile, bâclée, négligée, cousue de mots attendus. On se couche sur un futon, on vit dans la compagnie de blacks russels, on écoute des tubes de Booba, on s'administre du Xanax, on fume des Marboro, on boit du Jack Daniel's et du Red Bull, on roule en coupé Audi, on téléphone avec son Nokia... le catalogue de l'époque est ici au complet.
Et ce livre qui, sans doute, se veut drôle, ne l'est guère, voire pas du tout, laissant la désagréable impression de déroute que fait une blague annoncée irrésistible et qui tombe complètement à plat. Il en va de la lecture de cet ouvrage comme de l'audition du spectacle d'un supposé humoriste qui jamais ne parviendra à vous arracher le plus petit sourire. Ça rate. Comme sont ratées les scènes de sexe, bien loin d'être aussi gauloises qu'ambitionné ; n'est pas
Rabelais qui veut. Au delà, l'inspiration est trop pauvre et courte pour que l'aspiration de démesure burlesque de l'auteur soit atteinte.
Encore, une bizarrerie, gênante tout au long (oh, très long...) de cette lecture... Composé au passé, le livre ne se départit jamais de l'imparfait ou du passé simple, même dans les nombreuses notations intemporelles et universelles pouvant avoir valeur d'aphorismes : « La mort était ce qui nous avait été donné de plus cher » ; « Seule la tristesse était grande et belle » ; « La vie était faite de cycles » ; « Les funérailles défiguraient toujours la vie des morts » ; « Leur mémoire était toujours trahie par les vivants »... Étrange parti pris, si c'en est un...
Il y a encore que l'auteur n'aime aucun de ses personnages, qu'il se moque de tous et de chacun et qu'ajouté à l'absence de style et d'humour, le systématisme de ce refus le coupe un peu plus de son lecteur.
L'absence délibérée d'écriture et de style, qui n'est pas même, ici, une volonté de non-style, dénonce plutôt une façon vide et vaine, mais non dénuée de prétention : l'auteur semble, au fil de ses remarques, très content de lui.
"
Euphorie", c'est pas la joie.