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Jean-Victor Vernhes (Autre)Rudy Ricciotti (Autre)
EAN : 9782490906260
124 pages
L'AUTRE REGARD (03/09/2020)
4.12/5   4 notes
Résumé :
Florence Deville-Patte s'amuse et nous amuse en "replantant" des mots par leurs racines, ceux qu'elle aime, ceux qui la font rêver ! Elle entraîne le lecteur, jeune et moins jeune, dans un jeu de piste passionnant qui, d'un mot à l'autre, nous ramène aux sources même du langage !
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
« Donne-moi dix mots préférés et je te dirai qui tu es.
Dans une interview au sujet d'une de ses pièces, Yasmina Reza explique : " Un personnage se révèle essentiellement par ses choix sémantiques". (p. 19)”

Voilà la gageure de Florence Deville-Patte: elle nous propose vingt-quatre mots mots qu'elle affectionne particulièrement, pour leur sens, ou leur musicalité… nous offrant une plongée originale et buissonnière dans leur étymologie… mais aussi à travers d'anecdotes personnelles…Elle l'exprime fort bien dans le premier mot choisi :

« Mot numéro 1 ---Personne
(...) de fait, je révélerai beaucoup de moi-même à travers ce livre au sujet de la vie des mots et des mots de ma vie, à mi-chemin entre le traité d'étymologie et le récit autobiographique. Il faudrait oser, pour l'occasion, le mot "étymautobiographie" (p. 20)

L'idée est attrayante… même si les mots choisis par l'auteure ne sont pas tous parmi mes préférés… …Toutefois leur variété apporte des commentaires passionnants, éclectiques , très élargis…Comme il est marqué sur la couverture, c'est un essai littéraire pour tous…
On peut y piocher mille détails, informations… éclaircissements sur les étymologies. Une lecture à plusieurs niveaux, très attractive !

Ce voyage à travers l'histoire, l'origine et les évolutions des mots reste des plus passionnants, ; ce « voyage » sémantique a le mérite fort grand de nous sensibiliser aux choix de notre propre vocabulaire quotidien…à une attention redoublée de nos choix sémantiques…

« Les mots, comme les arbres savent entretenir des liens secrets. Contre toute attente, ils communiquent, entrelaçant leurs racines invisibles « . (p. 159)

« Mot numéro 22
"Peu"
Certaines racines ont deux visages, un peu Jekyll et un peu Hyde...il y a initialement un sens neutre, ni bon ni mauvais. Comme dans "paw" [un petit peu ]. Et puis, la racine a fait des surgeons. A gauche, les mots péjoratifs ou négatifs: la pauvreté, la petite quantité. A droite, les mots mélioratifs ou positifs: poulet, poussinet, petit animal...(p. 161)”

Un grand , grand MERCI aux éditions « L'Autre Regard » que je découvrais avec cette publication… parmi d'autres, que j'avais cochée chez le même éditeur, dans l'avant-dernier Masse Critique…Découverte de cette auteure-plasticienne et de ce « jeu de piste » joyeux aux sources du langage…et de nos préférences d'expressions…Je trouve ce genre de réflexion sur les mots, le langage plus que nécessaires, pour que nous exprimions nos pensées de la façon la plus juste et la plus poétique (lorsque c'est possible) . Une vraie musique qui peut éclairer et améliorer nos « dialogues « avec les autres.. ; Ce n'est pas rien !

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Ce que j'ai ressenti:

C'est un essai très enrichissant qui te donne des envies de mots et de jardins fleuris, d'étymologies et de forêts foisonnantes…Florence Deville-Patte en appelle aux mots, 24 pour être précis, et leur donne du sens et de la couleur…Elle jardine autour en contant leurs histoires, en fait des boutures pour en faire sortir tout leur pouvoir, et, c'est une vraie source d'inspiration! En prenant quelques de ses mots préférés, on voyage, on apprend, on s'interroge sur le pourquoi et le comment d'une expression et le choix de certains termes…On réfléchit sur le besoin d'avoir à sa portée du vocabulaire en ces mains pour déployer toute la richesse du langage, et j'ai trouvé ça, vraiment magique…

« On a les forêts et l'imagination que l'on mérite. »

Entre désir, douceur, être et culture, nous faisons des tours et des détours dans le vivant des mots, chaque mot en appellant un autre, on se déplace à travers le temps et les origines d'autrefois, pour comprendre les mots qui font ceux d'aujourd'hui…Et à l'intérieur, un grand jardin diversifié de mots: les désuets, les erreurs qui sont devenues beautés, ceux qu'on pourrait inventer, ceux qu'on devrait saisir, ceux qu'on devrait réapprendre, ceux qui nous feront toujours rêver, et ceux qu'on devrait utiliser à bon escient…Ceux qu'on devrait cultiver…J'ai beaucoup aimé sa façon de planter des graines parce que je pense aussi que cultiver, c'est aimer…

« Et si tu sais cultiver la rose de ton jardin, tu l'apprivoiseras… »

Si je devais choisir quels ont été mes mots préférés dans ce livre, je choisirai Culture-Babel-Alpha, parce que j'ai beaucoup aimé le chemin de pensée où l'auteure nous emmène…Mais il y a aussi et je dirai presque avec évidence, que j'ai aimé Méditerranée, parce que c'est mon amour à jamais…Et Fatale, parce qu'il y a de jolies références aux fées…Bref, en fait non, ce n'est pas vraiment possible de choisir puisque chaque mot est un voyage à sa manière et que c'est à nous d'en faire l'exploration…Je vous invite juste à lire cet ouvrage et à cueillir les mots-fleurs…

« il est grand temps de replanter des mots et d'en arroser les racines… »


Ma note Plaisir de Lecture 8/10

Remerciements:

Je tiens à remercier très chaleureusement Babelio ainsi que les éditions L'Autre Regard pour leur confiance et l'envoi de ce livre.


Lien : https://fairystelphique.word..
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Ce livre de Florence Deville-Patte ravira non seulement les lecteurs qui s'intéressent aux mots et à l'étymologie, mais aussi tous ceux curieux d'en savoir plus sur la façon dont les langues ont traversé les siècles.

Le concept est original. L'auteure a choisi de parler aux lecteurs de quelques mots spécifiques qu'elle aime ou qui simplement l'interpellent, « certains jolis à entendre, d'autres avec une histoire qui mérite d'être contée ». Pour elle, les mots véhiculent des images, stimulent l'inspiration et invitent à la rêverie.

Les 24 mots sélectionnés sont présentés de manière aléatoire, « ils se sont juste bousculés au portillon avec la force d'une source qui jaillit du sol ». Pour n'en citer que quelques uns : Personne, Anomalie, Colonne, Suspicion, Babel, Doux, Méditerranée, Esthétique, Optimisme.

Dès l'avant-propos, elle prend le parti de tutoyer le lecteur et cela peut surprendre. On se dit toutefois que le livre s'adresse aussi aux lecteurs plus jeunes et que, compte tenu du sujet, cette approche directe est plus engageante auprès d'un tel public. En fait, au fil des chapitres, le lecteur peut s'imaginer en conversation avec l'auteure et le tutoiement paraît donc approprié.

Plutôt que de disséquer les mots comme le ferait un livre classique traitant d'étymologie, Florence Deville-Patte a choisi de les aborder de manière beaucoup plus simple, voire ludique. Pour ce faire, elle distille de nombreux détails et anecdotes, glanés au fil de ses recherches et de ses lectures, de toute évidence exhaustives, mais aussi de sa vie personnelle et de ses voyages. Elle avoue d'ailleurs qu'elle révèle beaucoup d'elle-même à travers ce livre, suggérant que si le mot étymautobiographie (traité d'étymologie et récit autobiographique) existait, il serait le terme le plus approprié pour qualifier son ouvrage.

Prenons le mot Anomalie, un mot tout à fait anodin de prime abord. Plutôt que d'en exposer simplement la racine, l'auteur nous explique que chez les grecs anciens ce mot pouvait par exemple désigner un épi de blé (ou une mèche de cheveux) qui avait poussé de travers, et donc pas aligné. Et pour mieux illustrer son propos, nous voici avec elle à la douane de Rabat où elle réceptionnait un colis de France ! L'anecdote est cocasse et fait mouche, car le lecteur perçoit ainsi tout ce que peut évoquer un simple mot.

Tous les mots sont abordés de la même façon. La racine, qu'elle soit grecque, latine, sanskrit, indo-européenne ou autre, est expliquée voire déconstruite, avec toutes les déclinaisons possibles, en plusieurs langues si nécessaire. On découvre ainsi la richesse de la langue des anciens grecs, romains, mésopotamiens ou phéniciens : « certaines racines ont 2 images, un peu Jekyll et un peu Hyde ».

Le lecteur est lancé sur un jeu de piste, l'auteure le mettant parfois au défi à la fin d'un chapitre : « Quand aux colonnes d'Hercule…. Mais au fait où sont-elles ? Cherche un peu pour voir »…. Si tu passes un jour à Rome, cette colonne (Trajane) vaut le détour ». « Si je te dis la monnaie et le monument, tu me répondras sans aucun doute, je ne vois pas le rapport… Il y en a pourtant un, cherche du côté du Temple de Junon Moneta ». Les indices sont là et le lecteur un peu curieux peut poursuivre ses propres recherches.

Page après page, les mots sont décryptés à grand renfort de détails destinés à capter l'attention du lecteur et à lui prouver que l'étymologie est tout sauf rébarbative. On part ainsi dans des jardins en Lorraine, puis on se retrouve dans un salon de beauté avec Denise, la marraine très coquette de Florence Deville-Patte. le mot Babel est même prétexte à mentionner la scène mythique de la cuisine des Tontons Flingueurs et les savoureux dialogues de Michel Audiard ! « Et la taulière, une blonde comac…. Comment qu'elle s'appelait nom de Dieu ? »

Ce livre d'environ 200 pages à la présentation gaie et très soignée est vraiment surprenant. Chaque chapitre (un par mot choisi) se savoure et permet au lecteur de redécouvrir la richesse des mots auxquels il ne prêtait parfois plus très attention.

Pour qu'une langue reste belle, il faut en cultiver les mots…..
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Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
Mots numéros 6 et 7

Suspicion- Circonspection

"Soudain l'inspecteur regarda l'homme en manteau noir avec suspicion et il se demanda avec circonspection comment il aurait pu entrer dans la chambre verte fermée à clef."

tu as sans doute déjà lu ce genre de phrase obscure où tu ne comprends pas un mot sur deux...moi , j'aime bien ces deux-mots là, ils forment un bon tandem...Ce sont les Dupond-Dupond des romans policiers et des feuilletons à énigmes. Bel attelage ! Entends un peu Suspicion et Circonspection, et le voilà aux côtés de Colombo, de Jethro Gibbs, l'inspecteur Gadget ou de Sherlock. S'imposent les profils pensifs de ceux qui traqueront les preuves, les alibis, les homicides et les assassins... (p. 47)
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Mot numéro 22

"Peu"
Certaines racines ont deux visages, un peu Jekyll et un peu Hyde...il y a initialement un sens neutre, ni bon ni mauvais. Comme dans "paw" [un petit peu ]. Et puis, la racine a fait des surgeons. A gauche, les mots péjoratifs ou négatifs: la pauvreté, la petite quantité. A droite, les mots mélioratifs ou positifs: poulet, poussinet, petit animal...(p. 161)
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Mot numéro 13

"Evanescence"

Il y a quelque chose de léger dans ce mot qui semble se volatiliser en même temps que tu le prononces. Et tu voudrais qu'on le raye des dictionnaires sous prétexte qu'il n'intéresse plus personne ? Mais quelle barbarie ! Un mot pareil se prononce, s'utilise, se scande, se mérite, se chante ! (p. 103)
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Mot numéro 1------ Personne

Donne-moi dix mots préférés et je te dirai qui tu es.
Dans une interview au sujet d'une de ses pièces, Yasmina Reza explique : " Un personnage se révèle essentiellement par ses choix sémantiques". (p. 19)
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Mot numéro 23

"Porte"

Plusieurs raisons me poussent à choisir ce mot banal. (...) Tout d'abord, j'aime l'expression: " ils feraient mieux de balayer devant leur porte ! ", formule pleine de sagesse qui conseille aux critiqueurs de tous poils de procéder à un examen de conscience au lieu de juger autrui à l'emporte-pièce. Belle philosophie.
Elément stratégique d'une maison ou d'une ville, elle délimite ce qui est intra muros ou extra muros, inclus ou exclus, intérieur ou extérieur, public ou privé, permis ou privé, permis ou défendu, accessible ou inaccessible.
(p. 164)
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