Peste & Choléra

Yersin est un homme bien né, car, à l'image du célèbre produit de sa région natale, c'est un vrai couteau suisse humain. Il revêt de nombreuses casquettes, dont on retiendra surtout celle du médecin, de l'aventurier, du botaniste, du marin, du physicien, de l'astronome, du traducteur, du mathématicien, de l'homme de lettres... (la liste est non exhaustive).
Il se lasse et aime tout à la fois. Mais il peut se le permettre, car, Yersin, à l'image des génies De La Renaissance et des Temps Modernes, excelle partout. Et en plus il est modeste. Seulement, tout joue contre lui, et lui-même sait qu'il n'accédera jamais à la postérité, ses travaux sur la peste (qui restent sa plus grande réussite) n'ayant pas été couronné du prix Nobel pour la bonne et simple raison qu'Alfred Nobel ne décède que quatre ans plus tard.
Dans ce roman biographique, Patrick Deville nous fait découvrir un héros oublié qui fut pourtant l'un des grands génies du 20ème siècle.

Avec Peste & Choléra, Patrick Deville a sorti de l'anonymat un grand savant franco-suisse, chercheur de " la bande à Pasteur ", Alexandre Yersin, dont les travaux ont permis d'éradiquer la maladie qui s'apparentait le plus à l'image de " grande faucheuse "de la mort, la peste, dont les épidémies étaient synonymes de grande quantité de décès. Au delà de la découverte du bacille, qui porte son nom " Yersinia pestis "et de l'invention du vaccin, Alexandre Yersin était un aventurier, touche à tout de génie, microbiologiste, explorateur, médecin de marine, mécanicien, bâtisseur, chercheur agronome, professeur dans plusieurs disciplines, passionné de tout, et de toutes les inventions qui ont vues le jour durant sa vie. C'est cette diversité de passions qui lui doit de ne pas avoir été récompensé par le Prix Nobel malgré la découverte importante qu'il a faite pour l'humanité. La construction du livre est très intelligente, le lecteur suit Yersin dans les années quarante, il a 80 ans, alors qu'il revient pour la dernière fois en avion en Indochine et parallèlement durant toute sa vie, cela permet à l'auteur de couvrir une période plus longue de l'histoire, qui va de Baudelaire et Rimbaud à Louis Ferdinand Céline, voire Albert Camus qui publiera " La peste " peu de temps après la disparition de Yersin, et tiendra compte de ses travaux sur la propagation de la maladie par les rats. Tous les grands noms de la médecine, des sciences, de la littérature, de la mécanique croisent la vie de Yersin. Au fil des pages, le lecteur découvre, Pasteur, le maître, Roux et Calmette ses condisciples à l'institut, les explorateurs Livingstone, Stanley, les écrivains Loti, Baudelaire, Rimbaud, Proust, Verne, Apollinaire, Joyce, Kipling, les inventeurs mécaniciens Serpollet, Armand Peugeot, les politiques Doumer, Clémenceau, les dictateurs Hitler, Goering, les événements, la conquête par la France des territoires du Tonkin, l'affaire Dreyfus, la grande guerre et la seconde guerre mondiale, etc... le roman de Patrick Deville rappelle les livres de Marguerite Duras, " L'amant " et " Un barrage contre le pacifique ", ainsi que leurs adaptations cinématographiques auquel j'ajoute le film de Régis Varnier " Indochine ", mais également les livres de R.L. Stevenson par le souffle d'aventure qu'ils contiennent. Ce livre m'a révélé l'existence de ce Yersin , appris le destin de Joseph Meister, le premier vacciné contre la rage, avec lui j'ai apprécié cette plongée dans la fin du 19 ème siècle et le début du 20ème, il m'a transporté dans le temps et dans l'espace, dans des pays mythiques, j'ai été enthousiasmé par cette lecture foisonnante, que demander de plus à la littérature?

Encore un roman passionant à l'actif de ce début d'année :)

Peste & Choléra qui raconte la vie d'Alexandre Yersin, découvreur du bacille et du vaccin contre la peste ...

Mais la recherche médicale n'était qu'une facette de sa personalité,

Curieux de tout, il a mené une vraie vie d'aventurier ... il avait la bougeotte et se passionnait pour tout : de la médecine à l'explotration de terres inconnues, en passant par la botanique, l'élevage, les croiseemnts d'espèces de bétail ...

Epris de voyages, il utilisera les moyens de transport les plus modernes entre la France et l'Indochine ... ce roman a d'ailleurs pour fil conducteur son dernier voyage en avion, en mai 1940, entre Paris et Saïgon, en 14 étapes (PAris, Athènes, Beyrouth, Damas, Bagdad, Bouchir, Djask, Karachi, Jodhpur, Allahabad, Calcutta, Rangoon, Bangkok, Angkor, Saïgon)

Un roman mi documentaire, mi extrapolation de docs d'époque

Un style original ...

Un roman qui se lit avec beaucoup plaisir ...
Lien : http://les.lectures.de.bill...

En mai 1940, un avion de ligne Air France ramène un vieil homme sur ses terres indochinoises, au bord de la mer de Chine. Il quitte sans regret Paris, s'éloignant de toute « cette saleté de politique », comme il l'a fait de nombreuses fois depuis les année 1880. Alexandre Yersin a quatre-vingts ans et il aspire enfin au repos. Retour en arrière sur une vie plus que bien remplie : jeune médecin brillant venu de Suisse, il intégra rapidement la « bande des pasteuriens », ceux qui, dans la foulée de la découverte du vaccin contre la rage, furent les inventeurs de la bactériologie : en près de trente ans, ils refoulèrent toutes les grandes maladies des siècles précédents, la peste, le choléra, le typhus, la rage, le charbon de mouton… Yersin sera le solitaire de la bande : rapidement lassé de la vie en laboratoire, il part pour l'Indochine, découvre Nha Trang, s'installe et y fonde presque un empire. Parti aventurier, il est avant tout un inventeur. Curieux de tout en un siècle de grandes découvertes, il passe sans transition de l'automobile à la bactériologie, de la culture des plantes à celle des oiseaux, des fleurs ou des poulets, puis à l'astronomie. Il découvre le bacille de la peste (et lui donne son nom : yersinia pestis), puis met au point les premiers vaccins pendant la grande épidémie de 1896 en Chine. Il implante en Indochine l'arbre à caoutchouc guérit les troupeaux des paysans indochinois et invente une boisson très proche du Coca-Cola. Il fonde la ville de Dalat et développe les cultures en terrasse. Il est appelé aux quatre coins du monde, mais toujours reviendra à Nha Trang, sa demeure, son foyer.

D'emblée on comprend que le roman de Patrick Deville est une prouesse littéraire : sans aucun dialogue, à l'aide seulement d'extraits de la correspondance de Yersin, nous suivons le parcours exceptionnel d'un homme exceptionnel. Dans un style sec et tranché, qu'on imagine très bien ressembler au caractère droit et franc de Yersin, l'auteur nous emmène à sa suite dans les salles sombres de l'institut Pasteur, dans les plaines inondées de la mer de Chine, dans les hôpitaux étouffants des villes chinoises, dans la petite chambre de l'hôtel Lutetia où Yersin se réfugie à Paris, au-dessus du square Boucicaut. Pour Yersin, pas de repos : son esprit ne s'arrête jamais, et quand il veut découvrir quelque chose, il y arrive toujours avec une facilité déconcertante, sans se départir d'une modestie et d'une gentillesse constantes. Bien qu'éternel célibataire et solitaire, Yersin n'est jamais seul. Il entretient de solides amitiés avec d'autres pasteuriens, échange des correspondances volumineuses et scientifiques avec d'autres savants de l'époque, ainsi qu'avec sa mère et sa soeur. Mais Patrick Deville a aussi choisi de tisser autour de lui des fils imaginaires avec Livingstone, Rimbaud ou Céline et remet sans cesse la vie de Yersin en parallèle avec d'autres évènements dans le monde. Cette lecture globale donne une profondeur supplémentaire au récit en remettant en perspective l'isolement relatif de Yersin. de la même manière, l'engagement de Yersin est sans cesse ramené à la tension entre Français et Allemands, tension qui s'exprime partout dans le monde aussi sous la forme de compétition scientifique. A mi-chemin entre la biographie et le roman d'aventures, Patrick Deville nous offre un grand moment de lecture.
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À travers la vie aventurière de ce chercheur passionné, une leçon d'histoire écrite de façon originale (Prix Fémina 2012) où les époques se culbutent avec l'apparition épisodique d'un «fantôme du futur». Yersin vécut au carrefour d'une époque qui croyait à la libération de la modernité. Alors que deux guerres effroyables maquaient la moitié du XXème siècle, Yersin créait un paradis artificiel sur les montagnes qu'il avait découvert au Vietnam, se passionnait d'orchidées, de météo, de radio, d'astronomie, de mesure des marées...

Je connaissais Yersin de nom car, chaque semaine, je prends en homéopathie une dose de Serum de Yersin (excusez du peu, ùais finalement, est-ce une bonne idée…..)

A la lecture de ce roman, j'ai donc appris tout ce que je ne savais pas sur sa vie – son oeuvre.

Cependant, les tics d'écriture m'ont parfois lassés : il fallait absolument que Yersin connaisse des bandes (celle de Pasteur, celle des écrivains, etc) ; les cerfs-volants ne m'ont paru poétique outre mesure. J'ai tout de même apprécié le style si particulier de l'auteur, teinté d'humour.

Mais l'auteur rend bien le côté aventurier du personnage. A tel point que je me suis demandé si Yersin n'était pas plutôt un dilettante de génie.

Et puis sa mémoire n'est pas morte qui perdure dans les pays asiatiques.

Ceci dit, ce fut une lecture enrichissante.

L'image que je retiendrai :

Celle de la tête du bacille de la peste enfin découvert.

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L'histoire d'un touche-à-tout de génie : Yersin, découvreur du bacille responsable de la peste et inventeur du vaccin, qui refusa les honneurs pour vivre une vie d'aventurier principalement dans l'Indochine alors française. Ce disciple de Pasteur et contemporain de Rimbaud , ce savant atypique et méconnu , qui a vécu sur 2 siècles (19 et 20ème), est aussi un humaniste et un génie, voire un visionnaire étonnant de lucidité.

Pour moi qui a toujours détesté les matières scientifiques, lire ce livre a été un défi ! Mais, boulot oblige, je devais lire les titres "goncourables" alors celui-ci était un passage obligé.
L'histoire de Yersin, découvreur du bacille de la peste... Mouais... Une vie de scientifique... Institut Pasteur... On imagine le tableau...
Mais non ! Ce roman n'est pas que scientifique, même s'il est émaillé de ci de là de quelques termes bien obscurs pour moi, il y a autre chose ! On découvre que Yersin était un voyageur infatigable, un aventurier très curieux qui s'intéressait à tout ! On le suit dans ses voyages (car il ne resta pas à l'institut Pasteur) et on part en Asie ! On ne s'arrête plus et on dévore le livre ! Car Yersin n'était pas intéressé par la gloire mais par la découverte. Il voulait encore et toujours comprendre et trouver des solutions pour tout.
Je l'ai terminé enjouée, bien heureuse d'avoir eu ce livre entre les mains.
Alors si comme moi le monde scientifique vous rebute, ne vous arrêtez pas au titre !! Car ce qu'il contient est une invitation à découvrir un homme enthousiaste qui a dévoré la vie jusqu'au bout. Pour les scientifiques, cet ouvrage vous plaira aussi, car pour un esprit éclairé certaines références doivent être plus compréhensibles (j'avoue que ne n'est pas cherché certains mots ou événements qui m'étaient inconnus, puisque j'étais pressée par le temps pour cette lecture...)
Patrick Deville remet ce grand homme à l'honneur, lui qui reste en France peu (re)connu malgré ses qualités et toutes les avancées qu'il a su faire pour la science.

Excellente biographie, abondamment documentée et très instructive.
L'aventure scientifique d'une personnalité exceptionnelle et d'une grande originalité m'a passionnée..
Seule réserve sur le style parfois déroutant et l'absence de chronologie, alors que les événements historiques et politiques sont au coeur de ce formidable parcours humain

Patrick Deville n'a pas son pareil pour nous faire découvrir de grandes figures reflétant leur époque, injustement oubliés : Henri Mouhot, découvreur des temples d'Angkor dans "Kampuchéa", ici Alexandre Yersin, Suisse naturalisé Français, fils de médecin, disciple de Pasteur qui souhaite lui confier des missions à l'Institut, lui grand admirateur de Livingstone ne rêve que d'exploration et de grands espaces, de liberté. Touche à tout, insatiable, inconstant, il part en Asie, au Viêt Nam, aux Philippines, sera médecin, ethnologue, astronome, cartographe, horticulteur, chercheur à ses moments perdus, planteur d'hévéa, producteur de quinine, inventeur du vaccin contre la peste qu'il ne fera jamais breveter. Lassé et dépité par les rivalités entre savants et nations, les manigances politiciennes dont il se tiendra toujours à l'écart, les tentatives de récupération de sa notoriété d'alors à des fins de propagande, il ne séjournera plus que rarement à Paris, préférant se réfugier à l'abri dans sa longue retraite au Viêt Nam, échappant à la folie des deux guerres, épargné par les accidents bactériologiques qui ont décimé nombre de chercheurs. L'auteur, comme à son habitude, ne se confine pas uniquement au personnage , mais à toute une époque, à tous ceux qui l'ont marquée : Pasteur et sa bande, Koch et la sienne, Rimbaud, Mayrena, Doumer, Roux et Calmette, ses associés.
Solitaire, homme de raison et pourtant passionné et dilettante, il finit riche, mais aujourd'hui inconnu, s'enflamme pour une dernière passion : traducteur des Grecs anciens.
Passionnant et instructif.