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EAN : 9782889492831
238 pages
5 sens éditions (14/08/2021)
3.8/5   5 notes
Résumé :
Philip Cortez a décroché. Planqué au fond de sa tanière, il n’attend plus rien ni personne et l’hiver pourrait ainsi s’installer durablement si son ami Samuel n’était pas venu frapper à sa fenêtre. Il est hagard, incohérent, bouleversé par l’accident de sa fille. Mais, lorsque Philip s’immisce dans l’enquête, voilà que les regards se détournent et que très vite les menaces se précisent. Que se passe-t-il donc à Luxembourg ? Que trafiquent ces ingénieurs ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Et la pluie sans cesse de Philippe Dewailly.
Un premier roman pour cet auteur , mais quel roman.
Inclassable : Contemporain? Roman noir? Polar? Roman d'anticipation? Un peu de tout ceci je dirai.
Ce court roman, sur fond de pseudo enquête , nous amène à croiser la route de nombreux protagonistes, qui eux même vont peut être se rencontrer, ou simplement se croiser au détour d'une rue, sans même se parler ni savoir qui ils sont , ni ce qu'ils ont en commun.
L'auteur nous parle de ces hommes et de ces femmes , aucun n'est parfait, tous ont leur faille, leur faiblesse, leur part d'ombre, leurs espoirs, il nous livre ce qu'il se cache derrière les visages que nous croisons chaque jour dans la rue, à la gare, au café du coin. Sans fards, à nus.
Une peinture des hommes, mais aussi du milieu des affaires, de la politique et du mondain. Dans ce roman, l'intrigue, bien que le mot ne soit pas vraiment approprié, tourne autour des traders, des spéculations et transferts dématérialisés, du numérique.
Qui surveille tous ces transferts? Qui les gère ? Maîtrise-t-on réellement la situation ?
Il n'est pas facile de parler de ce roman, tant il est déroutant, étonnant et culotté.
Culotté parce que pour un premier roman, l'auteur n'a pas eu froid aux yeux, il a osé une écriture coup de poing, décalée , incisive.
Soyez attentifs à la lecture de ce livre, il est ambitieux dans sa construction, un peu exigeant mais il mérite qu'on lui accorde toute l'attention nécessaire afin de ne rien perdre de ces petits détails , de ces recoupements discrets, de ces événements qui se croisent subtilement.
L'auteur se plait à ne pas tout dire, il y a des vides dans cette histoire , qu'il nous laisse combler, parfois plutôt facilement, d'autres fois moins...
Il faut lire ce roman, il est atypique, extrêmement bien écrit, maîtrisé, documenté mais attention, ne cherchez pas l'aspect polar outre mesure, c'est un prétexte qu'utilise l'auteur pour plutôt décrire le monde, les gens, les milieux, la finance, le numérique.
Je vais suivre cet auteur, qui m'a bluffée et dont j'ai absolument adoré la plume, Son prochain roman parlera de l'Amérique et de la dérive d'un continent « c'est comme un road movie qui dévalerait toute la pente en marche arrière » selon ses propres mots.
J'aimerai aussi le lire dans du roman très noir ou du polar pur et dur, il en a clairement l'étoffe et l'envergure .
Pour finir quelques mots de l'auteur :
« Je ne sais pas pour vous , mais moi, je suis là sans le faire exprès, et je n'y ai jamais rien compris. Ce qui m'intéresse , c'est cette somme incroyable de hasards qui fait les rencontres et qui chahute en permanence nos certitudes. Pas de message donc, ni d'explications , juste des photos juxtaposées, des clichés coloriés qui racontent nos fragilités et composent chapitre après chapitre un récit emporté par une mécanique inéluctable »
« Allez y , tranquille, peinard. Chaussez les bottes et enfilez l'imper, je sais où je vous amène. Vous pourriez même être surpris de vous y croiser ».
Je confirme. Il sait où il va. Faites lui confiance et lisez ce livre !
Merci #massecritiquebabelio
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Philip Cortez s'est retranché du monde, désillusionné il n'attend plus rien ni personne. Mais lorsque son ami Samuel fait irruption dans sa vie et lui fait part de ses soupçons de manigances dans le monde très opaque de la finance, Philip va devoir sortir de sa torpeur et se plonger dans des eaux troubles...

Ce roman à mi-chemin entre le contemporain et le polar nous plonge dans l'univers mystérieux de Luxembourg, de ses tours de verre où la vie du Monde se joue. Samuel, un informaticien talentueux, semble avoir découvert des manoeuvres illégales et, après l'accident de sa fille, se sent menacé. Qu'a-t-il découvert ? C'est ce que Philip va chercher à savoir. Sa quête le mène à la rencontre de personnages ambigus qui évoluent dans cet univers complètement parallèle à la réalité du commun des mortels.
J'ai beaucoup aimé découvrir le milieu de la finance, très détaillé par l'auteur. Ce n'est pas très rassurant mais instructif. Philippe Dewailly dépeint un monde où tout n'est que spéculation, bien loin des considerations humaines et envisage la possibilité que tout ce système auquel nous accordons une confiance aveugle s'effondre. A travers la galerie de personnages et de situations, on peut vraiment mesurer tous les paramètres qui s'y jouent dans l'ombre. "Et la pluie sans cesse" ne peut que nous faire réfléchir sur la technologie et la notion de sécurité qui nous entourent aujourd'hui. Tout cela nous rassure mais est-ce aussi infaillible que l'on veut nous faire croire?
J'ai aussi apprécié la plume de l'auteur qui est à la fois travaillée et accessible. Les chapitres courts, sans longueurs dans la narration, donnent un bon rythme à l'histoire. J'ai bien aimé cette récurrence de la pluie qui sert de fil conducteur et rajoute du gris à ce micmac déjà bien sombre.
J'aurai toutefois un bémol. Je ne sais pas si cette sensation a été exacerbée par le fait que j'ai lu le livre en pointillés ou si cela était vraiment l'effet recherché mais j'ai trouvé l'histoire globalement décousue, surtout en ce qui concerne les personnages. Certains personnages n'ont pas de lien direct avec les autres, pour d'autres les connexions ne sont pas évidentes au premier abord. Les histoires de chacun donnent l'impression d'être posées les unes à côté des autres et j'ai souvent eu la sensation de m'y perdre et de ne pas voir où l'auteur voulait en venir. A la fin de ma lecture je me suis dit que ce roman avait vraiment des allures de premier tome dans lequel l'auteur lance des pistes, pose des personnages qui semblent être faits pour réapparaître...

Je remercie Babelio et les éditions 5 sens pour cette découverte.
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Merci à Babelio et Masse Critique, merci aux Editions 5 Sens pour cette très belle découverte.

Philip Cortez vit paisiblement en lisière de la forêt de Fontainebleau, lui qui n'attend plus rien, ni des choses, ni des gens.
Mais un soir Samuel vient frapper à son volet.
Samuel est un ami, ils ne se voient pas souvent mais l'amitié est bien présente.
Présente au point que Philip va s'intéresser à ce qui pourrait paraître n'être que des élucubrations de la part de son ami.
Mais quand même, Marie, sa fille, est à l'hôpital, très gravement blessée, plongée dans un coma, après un accident difficilement explicable. Samuel en est certain, c'est à lui qu'on en veut en s'attaquant à sa fille.
A lui, petit génie des maths et de l'informatique. Lui qui a relevé des incohérences dans des transactions comptables sur plusieurs pays.
Mais dans ce monde hermétiquement fermé des traders, on en peut accuser sans y laisser quelques plumes.
Il faut savoir naviguer dans ce monde du tout numérique, où chaque transaction prend des allures de chemin du Petit Poucet (sans ses cailloux !).
Il est même dangereux ce monde du tout numérique.
Et si toutes ces jolies lignes alignées de "0" et de "1" étaient d'un coup perturbées.
Que deviendrait notre quotidien ?
Comment tournerait ce monde connecté ?
Samuel est coriace et il prouvera qu'il a raison.

Un roman qui sort des sentiers battus.
Une histoire originale et quelque peu inquiétante quand on sait que l'auteur a bien, très bien, potassé son sujet.

Comment classé ce roman ?
Difficile, un peu polar, un peu thriller, mais comme l'avoue Philippe Dewailly, un "roman météorologique brassé par le vent et la force des marées". On comprend mieux le titre.
Il dit aussi que l'inspiration l'épuise. Pourtant on a ici un très bon travail de recherches, d'excellents personnages, de bonnes analyses, et une petite dose de suspense.

Des petits jeux d'écriture qui me plaisent. Comme ce dernier et ce premier chapitre qui commencent par la même phrase.
Alors, puisque "les histoires commencent souvent là où on ne les attend pas", ce dernier chapitre serait-il le début d'une suite ?
J'aimerais bien savoir comment le monde va se sortir de ce chaos, et Samuel semble donner l'impression que la boucle n'est pas bouclée.

J'ai apprécié ce petit passage qui parle du papa de Samuel et en même temps de ma région. Lens, Liévin, la Fosse 9, je connais.

Si vous cherchez un roman au récit très actuel, à l'analyse pertinente, juste bien documenté pour éveiller l'intérêt du lecteur, à l'écriture poétique et en même temps si convaincante, alors n'hésitez plus.
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Ce livre est une surprise. Parmi les 521 romans qui composent cette rentrée littéraire 2021 et parmi les quelque 40 000 titres publiés chaque année, le premier opus de Philippe Dewailly nous surprend agréablement : bonheur de l'écriture et bonheur du lecteur. Oui, ce livre est bienvenu mais aussi précieux. Au fil de l'intrigue, en nous promenant du Luxembourg à Saint-Pétersbourg et de Paris à Montréal, en passant par l'Irak, les thèmes abordés sont d'une brûlante actualité en cette période d'élection présidentielle : financiarisation de l'économie, marchés des matières premières, services secrets, commerce et trafic d'organes, ombres (surtout) et lumières sur le marché de l'art. Au-delà de l'écume de l'actualité, l'auteur repère les bons enjeux et fait évoluer ses personnages à bonne hauteur. Les faits et situations rapportés sont , à force de recherches, de temps, de patience et de mises en perspectives, remarquablement précis et documentés.

Ces thèmes irriguent le roman sans jamais l'alourdir. L'intrigue est résolument contemporaine ; une galerie de personnages typés évolue dans une belle diversité de lieux et de villes ; les chapitres sont courts, bien enchaînés et les actions défilent dans un excitant tempo nerveux. Oui, nous sommes bien en 2021 en train de vivre la transition numérique où une hausse de 20% du cours du blé se fait en un seul clic mais affamera durablement des millions de personnes... de plus l'auteur, dans une belle langue ferme et classique quelque part entre du Julien Gracq et du Marguerite Yourcenar, excelle à peindre atmosphères et milieux. Puis soudain claque une phrase à la Virginie Despentes qui secoue le lecteur !

Pour ce premier ouvrage l'auteur a choisi un schéma narratif plutôt complexe: le roman s'ouvre sur le "je" du héros, Philip, qui raconte sa propre histoire. Puis au fil des pages, passage à la narration omnisciente : entrer dans la tête de n'importe qui, n'importe quand, n'importe où. L'entreprise est difficile et exigeante. La révélation des informations se fait méticuleusement et progressivement. Ce schéma narratif amène un bon équilibre dans la relation entre le lecteur et l'écrivain ainsi qu'un réel plaisir de lecture.

Pour finir, les derniers chapitres ont le bon rythme, la bonne accroche due à des actions promptes, bien menées. Et puisque dans cet ouvrage la musique est bien présente, le tempo serait entre allegro et accelerando. Jusqu'au chapitre final où notre monde si bien réglé bascule totalement dans un saisissant et haletant épilogue...


L'époque penche du côté de l'excessif, du clinquant, de l'immédiateté et du court termisme. Merci Philippe Dewailly d'avoir bâti cette belle histoire dont la gravité n'est jamais désespérée grâce, entre autres à la musique et aux vins ; car un vin bien choisi donne un meilleur goût aux choses de la vie...
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L'histoire débute avec une enquête qui nous plonge dans le monde opaque la finance, dans le milieu interlope du marché de l'art mais aussi dans l'ordinaire des migrants, des anonymes et des anoubliés... Si j'ai été surprise au départ par la structure narrative qui bascule du "je" à la forme "il" pour introduire d'autres personnages, ce choix ambitieux fonctionne ici plutôt bien. L'intrigue est distillée avec précision, elle est servie par des dialogues réalistes et une écriture qui au fil des pages s'autorise parfois à saborder de belles envolées pour nous bousculer et renouer avec un rythme et des couleurs inattendus.

J'ai beaucoup aimé le regard sensible porté sur ces univers différents qui se superposent sans se mélanger, sur ces êtres écorchés et fragiles qui se croisent sans parvenir à comprendre qu'ils font bien parti d'un même scénario. Les descriptions sont fortes et fines, et Philippe Dewailly parvient ainsi à nous faire entrer dans la tête des personnages les plus improbables, et à nous les rendre parfois dangereusement sympathiques et familiers.

Contrairement aux apparences, ce roman n'est pas un policier, ni vraiment une fiction, il s'inscrit avec une redoutable efficacité dans un registre original qui colle étrangement à l'actualité. Brassé par la pluie qui revient au détour des chapitres comme un inquiétant refrain, il laisse une large part à l'imaginaire et au questionnement du lecteur. La mécanique en est d'autant plus vertigineuse qu'elle interpelle sérieusement sur le sens et les enjeux de notre époque. On aurait aimé une suite... Mais le talent c'est peut-être aussi d'avoir su la retenir ?
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Les marchés sont devenus des grands Disney Lands pour geeks attardés et spéculateurs fous. A l'heure des comptes, il suffit de ranger les jouets, de bidouiller les résultats, et puis d'avoir quelques bons informaticiens, bien payés et un peu niais
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... à me dire que la vie n'existait qu'au présent et qu'elle n'était en définitive qu'une aventure à réinventer chaque matin
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A 56 ans, j'avais l'avenir à mes trousses, et le passé droit devant moi, en embuscade.
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"Elle avait un cul rond et sacré, comme la coupole d'une mosquée"
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