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Lisa Rosenbaum (Traducteur)
EAN : 9782744125584
411 pages
France loisirs (30/11/-1)
4.37/5   101 notes
Résumé :
Aux confins du désert, 1500 av. J.C., Dina, fille du pays de Canaan vit dans l'ombre de la tente rouge, cet endroit interdit aux hommes où les femmes de la tribu échangent secrets et rites ancestraux. Devenue femme à son tour, Dina succombe aux délices de l'amour. Mais ses frères crient au déshonneur... Un livre tendre et chaleureux qui explore le passé très ancien de notre civilisation, où le féminin se confond avec le sacré.
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Critiques, Analyses et Avis (28) Voir plus Ajouter une critique
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« Mon nom ne vous dit rien. Mon souvenir est poussière. Ce n'est ni votre faute, ni la mienne. La chaîne reliant mères et filles s'étant rompue, la transmission de la saga familiale incomba alors aux seuls hommes. Comme ils ignoraient tout de moi, je suis devenue une note en bas de page. Ma vie n'est qu'une parenthèse entre l'histoire bien connue de Jacob, mon père, et la célèbre chronique de Joseph, mon frère. Les rares fois où l'on se souvient de moi, c'est en tant que victime. Presque au début de votre livre saint, on trouve un passage qui semble indiquer que j'ai été violée, la suite est le récit sanglant de la façon dont on a vengé mon honneur. »

Un livre, qui a connu un grand succès, mais dont je n'avais pas entendu parler, et que je n'aurais jamais lu, je pense, si on ne me l'avait pas prêté. 

Je ne connaissais pas le passage de l'Ancien Testament qui relate le viol de Dina, fille de Jacob, puis la vengeance des frères. Dina y est silencieuse, et son histoire, une parenthèse insignifiante. L'auteure a décidé de remédier à cet épurement et donne, dans La Tente rouge, la parole à Dina et aux femmes de sa tribu.  

Une histoire fascinante, belle, passionnante, tragique. 

Un roman bouleversant d'humanité, qui met en exergue la sororité, ces liens forts qui unissent les femmes entre elles, des liens sacrés, ineffables. 

C'est sous la tente rouge que les femmes se retrouvent et se reposent, toutes ensemble pendant leurs règles, à l'écart des hommes, où elles accouchent, où elles célèbrent la puberté des jeunes filles, un lieu de rituels qui symbolise leur union, leur sagesse, leur force, leur puissance, un lieu empreint de compassion et d'amour.

Une très belle découverte, merci Isa !
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Est-ce la réécriture d'une page de l'Ancien Testament que nous propose Anita Diamant ? A-t-elle voulu en finir avec le silence assourdissant des femmes dans les textes bibliques ? Anita Diamant ne veut-elle plus que les femmes existent en tant que fille de…, soeur de…, épouse de… ? le temps est venu depuis la Genèse qui à Eve impute la faute originelle, depuis que la parole des hommes s'est substituée à celle de Dieu dans la Bible, le temps est venu pour que le rôle de la femme dépasse le cercle de la famille et apparaisse enfin en société, où depuis l'aube des temps ne se trouvent que des hommes.

La tente rouge n'est pas seulement le lieu où la fille devient femme, où la femme devient mère, La Tente rouge est le siège d'un secret. Secret inaccessible à la constitution physiologique et mentale de son congénère mâle, ce fameux « continent noir » dont certains attribuent la paternité de l'expression à Freud, en évocation de ce jardin réservé qu'est la féminité. Secret que l'homme a voulu circonscrire, de peur qu'il ne rivalise avec sa condition propre. La masculinité ne faisant l'objet d'aucune mention tant elle est évidente.

Pour sortir du cercle restreint dans lequel a voulu l'enfermer son congénère mâle, Anita Diamant a choisi de donner la parole à l'une d'elle : Dina. Elle est bien sûr fille de…, soeur de…, mais quand elle a voulu devenir la femme de…, de celui qu'elle avait osé choisir par amour faisant ainsi valoir son droit au bonheur, il s'en est trouvé dans sa propre famille pour la rabaisser à son statut imposé d'être obéissant et silencieux. Anita Diamant a donc choisi de réhabiliter la personne qui a vécu en son corps de femme. C'est sa mémoire qui intervient dans cet ouvrage.

Ainsi affranchie par ce procédé narratif des contingences terrestres et des lois dictées par l'autre sexe, libérée des peurs et des convoitises, la mémoire de Dina nous dit ce qu'a été sa vie et celles de ses consoeurs en ces temps bibliques alors que la nature humaine vivait en symbiose avec la nature tout court. Invoquant dieux et déesses qu'elles concevaient à la mesure de leurs peurs et leurs espérances, en cette époque non encore assujettie au monopole d'un seul dieu. N'imaginant pas encore être libérées de la tutelle de ceux qui les réduisaient au rôle de mère de leur progéniture, de préférence mâle.

En cette période de l'histoire de l'humanité où s'écrit ce qui deviendra le Livre, préparant les esprits au sexisme des textes bibliques, faisant table rase d'une mythologie somme toute plus favorable au genre féminin – ce ne sont ni Athéna ni Héra et autres consoeurs de l'Olympe qui le contrediront – même si ce n'est pas la Bible des femmes que nous propose Anita Diamant c'est en tout cas le point de vue féminin qu'elle fait émerger de la tente rouge, dans laquelle elles ne sont ni impures ni blâmables. Une façon de combattre la subjectivité historique instituée en parole divine. Redonner aux femmes leur histoire. Redonner les femmes à L Histoire.

La tente rouge est à n'en pas douter un ouvrage qui trouve aujourd'hui un écho singulier, lui conférant valeur intemporelle. Il a fait sa popularité de bouche à oreille et convaincu nombre de lecteurs dont on ne dit pas combien étaient des lectrices. Je me suis glissé dans ce nombre et me suis satisfait de cette initiative, de son originalité, y faisant intervenir le point de vue rétrospectif de celles dont l'influence dans le cours de l'histoire est occultée. de peur sans doute de s'entendre confirmer que c'est elles qui construisent le monde quand son congénère mâle n'a de cesse de le mettre à mal.
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1500 avant notre ère. Dina fait le récit de sa vie, auprès de ses "quatre mères", Léa, Rachel, Zilpa et Bilha, de ses douze frères et de son père Jacob, sur la terre de Canaan. Elle a grandi sous la tente rouge, espace clos exclusivement féminin, où les femmes accouchent et se dérobent aux yeux des hommes pendant leurs cycles. Unique fille de son père, enfant chérie des femmes de la tribu, elle devient sage-femme. Violée par le fils du gouverneur de la ville voisine, elle s'éprend de lui. Les amants décident de se marier. Mais les frères de Dina crient au déshonneur, et la circoncision de tous les hommes de la ville ne leur suffit pas pour sceller une alliance. En une nuit, tout bascule. Dina et sa famille fuient Canaan pour l'Égypte, rejoindre Joseph, un des fils perdus. Les talents de Dina dans l'art de la maïeutique la précèdent. Son passé toujours sur ses talons, elle ne se laisse jamais terrasser.

Portrait de femme et hommage à la féminité, ce roman est charnel, brûlant. Dans la pénombre moite de la tente rouge, les secrets de la féminité se transmettent de mère en fille. Dina incarne tous les âges de la femme: fille, soeur, femme, épouse et mère.

Traversé de personnages bibliques, le texte se présente comme un récit de temps immémoriaux, une version plus féminine de la Bible. L'auteure excelle dans l'évocation de paysages désertiques brûlants et de villes orientales magnifiques. Des dunes stériles de Canaan aux bords fertiles du Nil, la nature est partie prenante du récit, entité hautement féminine et féconde, dont les cycles ne sont pas sans rappeler ceux que Dina traverse.

Je lis et je relis ce roman avec un plaisir sans cesse renouvellé. Les péripéties entraînent dans une lecture avide et impatiente. Les personnages sont finement dépeints, toujours d'un point de vue féminin. Bref, la femme est à l'honneur, avec pudeur et puissance, sous ses plus beaux aspects.

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Edit du 13/12/2015, 3e lecture

« Mon nom ne vous dit rien. Mon souvenir est poussière. Ce n’est ni votre faute, ni la mienne. La chaîne reliant mères et filles s’étant rompue, la transmission de la saga familiale incomba alors aux seuls hommes. Comme ils ignoraient tout de moi, je suis devenue une note en bas de page. Ma vie n’est qu’une parenthèse entre l’histoire bien connue de Jacob, mon père, et la célèbre chronique de Joseph, mon frère. Les rares fois où l’on se souvient de moi, c’est en tant que victime. Presque au début de votre livre saint, on trouve un passage qui semble indiquer que j’ai été violée, la suite est le récit sanglant de la façon dont on a vengé mon honneur. » (p. 7)

Ainsi s’ouvre le récit de Dina, fille de Jacob et de Léa. Unique fille du patriarche, elle grandit auprès de ses quatre mères, Léa, Rachel, Zilpa et Bilha, dans l’ombre de la tente rouge qui est interdite aux hommes et où se renouvelle chaque mois le mystère du saignement féminin et de la fécondité. Choyée et heureuse dans la tribu de son père, elle est confrontée à la mort et à la solitude quand ses frères refusent son union avec un prince non circoncis. Commence alors le long exil de Dina : partout où elle va, elle traîne son chagrin, mais la vie s’accroche à elle et son immense talent de sage-femme lui vaut la reconnaissance et le respect de tous. Au terme d’une longue existence, Dina trouvera enfin le repos, débarrassée de ses cauchemars.

La tente rouge fait entendre la voix de femmes qui a été étouffée par le récit qu’ont donné les hommes. Dina est la mémoire des femmes qui l’ont élevée, aimée et secourue. Des vallées arides de Canaan aux rives fertiles de l’Égypte, la narratrice raconte une vie de bonheurs, de deuils et d’apprentissages. Dina n’est pas un personnage de la Bible, c’est seulement un nom dans une descendance. Mais avec elle, on assiste aux retrouvailles de Jacob et d’Esaü, on accompagne Isaac dans ses dernières heures et on parcourt la terre promise sous l’égide du dieu d’Abraham et des multiples divinités adorées par les femmes de Jacob. Cette opposition est saisissante : Jacob n’honore qu’un seul dieu, celui de ses pères, mais les épouses se placent en plus sous la protection de déesses au visage maternel. Initiée par sa tante et par plusieurs guérisseuses, Dina apprend les plantes qui soignent et les techniques d’accouchement : tout en s’en remettant toujours aux divinités, elle pratique la science avec sagesse, rappelant que le pouvoir des femmes n’est pas dans la possession, mais dans la connaissance du monde.

J’ai lu ce roman à sa sortie en France quand j’étais adolescente et un peu plus tard, à l’aube de la vingtaine. Je le cherchais depuis des années, portée par le souvenir d’une histoire aux échos légendaires, voire mythologiques. Si vous aviez vu ma joie quand j’ai appris que les éditions Charleston publiaient ce roman en format poche ! Cette troisième lecture m’a procuré le même plaisir que les précédentes et je sais déjà que je lirai encore ce roman pour remettre mes pas dans ceux de Dina.

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J'ai adoré ce livre... et je sais que je vais avoir du mal à expliquer pourquoi. Il m'a captivée comme une voix ancienne qui raconte une légende, un conte venu d'un monde lointain, aussi lointain dans le temps que dans l'espace. J'ai lu quelque part que cette histoire était un peu la Bible vue du côté des femmes, mais c'est bien plus que ça, une vision du monde d'alors au travers de l'oeil féminin de l'humanité, et où l'on prend conscience des forces de celles-ci. La tente rouge est un espace qui leur est réservé, où elles sont elles-mêmes, et disent et font ce qu'elles occultent en présence des hommes, un cocon où les secrets de la vie se transmettent, où elles prennent soin les unes des autres, où elles s'écoutent et enseignent. Entre Moyen Orient et Egypte, Dina nous emmène dans un voyage initiatique plein de rebondissements, où elle exerce son métier de sage-femme après l'avoir appris dans son enfance et son adolescence avec les femmes de sa famille. Il se dégage beaucoup de paix de ce récit pourtant violent parfois, mais habité par une sorte de sagesse ancestrale que l'auteure a su rendre habilement. Une histoire riche et paisible à la fois, tout ce qu'il me fallait en cette période de confinement.
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Merci à Babelio et aux EditionsCharleston pour cette Masse Critique.
Toute l'histoire tourne autour de Dina, l'unique fille de Jacob. le récit est écrit à la première personne, ce qui n'est pas du tout dérangeant. Ce livre traite en effet de l'importance de la transmission de l'histoire d'une personne ou d'une famille. Comme Dina s'exprime en "je", on a l'impression qu'elle nous raconte son histoire, comme une confidence, qu'elle nous l'offre et la confie comme un cadeau précieux. le prologue est d'ailleurs parlant à ce sujet et on ressent la peine qu'a Dina d'être "devenue une note en bas de page".
Le récit nous fait donc voyager dans l'histoire de cette famille, à travers les générations et cela m'a particulièrement plu. On y découvre la vie et les coutumes à cette époque dans ces régions sèches. Certains éléments sont vérifiés, d'autres sortent de l'imaginaire de l'auteure. Ce que j'ai apprécié c'est que cette histoire est vue par les femmes de la tribu, celles à qui on donnait peu d'importance à l'époque.
J'ai apprécié la manière dont a été abordée la question religieuse. En effet, on prend conscience que plusieurs croyances se côtoient : certains louent des divinités, d'autres un seul dieu. Certains rites de passage diffèrent quant à l'âge notamment de la circoncision. Cette fresque de l'époque m'a beaucoup plu.
S'agissant de l'histoire de Dina, on la suit dans son quotidien depuis sa naissance, ses premières expériences, le départ de sa famille pour le pays de Canaan, ses premiers émois jusqu'au drame. Ensuite, on l'accompagne dans sa tentative de reconstruction, de nouveau départ, sans qu'elle ne puisse raconter son histoire, ce qui la fait souffrir car pour elle "Se souvenir semble donc être une tâche sacrée".
L'histoire m'a touchée et j'ai fermé le livre à regret, ayant un peu l'impression d'avoir fait partie durant un moment de leur famille et de leur histoire.
Pour conclure, je trouve que la phrase du Los Angeles Times figurant en 4ème de couverture résume parfaitement ce récit : "Ce livre célèbre les femmes et les filles, ainsi que les mystères de la vie." et je dirais même plus : ce livre est un hymne à la femme.
Lien : http://m-selle-lit.blogspot...
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
« Mon nom ne vous dit rien. Mon souvenir est poussière. Ce n’est ni votre faute, ni la mienne. La chaîne reliant mères et filles s’étant rompue, la transmission de la saga familiale incomba alors aux seuls hommes. Comme ils ignoraient tout de moi, je suis devenue une note en bas de page. Ma vie n’est qu’une parenthèse entre l’histoire bien connue de Jacob, mon père, et la célèbre chronique de Joseph, mon frère. Les rares fois où l’on se souvient de moi, c’est en tant que victime. Presque au début de votre livre saint, on trouve un passage qui semble indiquer que j’ai été violée, la suite est le récit sanglant de la façon dont on a vengé mon honneur. » (p. 7)
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La grande mère que nous appelons Innana donne à la femme un cadeau inconnu de l'homme : le secret du sang. Le flot qui coule à la nouvelle lune, le sang curatif de la naissance de la lune. Pour les hommes, cela ne représente qu'excrétion, mauvaise humeur, gêne et douleur. Ils croient que nous souffrons et considèrent qu'ils ont de la chance de ne pas en être affligés. Ne les détrompons pas. Dans la tente rouge, on connaît la vérité. Dans la tente rouge où les jours s'écoulent telle une rivière tranquille tandis que le don d'Innana parcourt notre corps, le purifiant de la mort du mois précédent, le préparant à recevoir la vie du mois suivant. Les femmes lui rendent grâce : pour le repos, le rétablissement, l'assurance que la vie provient d'entre nos jambes et que la vie coûte du sang.
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Ne crains rien, l'heure a sonné.
Ne crains rien, tes os sont solides.
Ne crains rien, l'aide arrive.
Ne crains rien, Gula est près de toi.
Ne crains rien, le bébé est à la porte.
Ne crains rien, il vivra pour t’honorer.
Ne crains rien, la sage-femme est habile.
Ne crains rien, la terre est au-dessous de toi.
Ne crains rien, nous avons de l'eau et du sel.
Ne crains rien, petite mère.
Ne crains rien, notre mère à tous.
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Il m'a dit qu'il n'avait jamais couché avec une autre femme que ma mère, bien que celle-ci ne lui eut donné que deux fils, au début de leur mariage.
Pendant leur lune de miel, elle l'avait accueilli avec tendresse et passion. Il la traitait en effet, comme si elle était la Reine du Ciel. Ils s'étaient unis comme la mer et le ciel, la pluie et la terre desséchée, le jour et la nuit, le vent et l'eau. Tandis qu'ils jouaient au dieu et à la déesse, leurs nuits s'emplissaient d'étoiles et de soupirs.
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Au moment où j'allais passer de l'autre côté, je suis que tous les prêtres et magiciens d’Égypte étaient des imbéciles et des charlatans car ils promettaient de prolonger les beautés de la vie au-delà du monde qui nous est donné. La mort n'est pas une ennemie, mais source de reconnaissance, de compassion et d'Art. De tous les plaisirs de la vie, seul l'amour ne lui doit rien.
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