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Denis E. Savine (Traducteur)
EAN : 9791036001697
408 pages
L’Atalante (18/01/2024)
3.66/5   22 notes
Résumé :
Quand sa demande au Bureau universel de migration est acceptée, Krokodile choisit la planète Raa, où il est censé trouver le silence, une nature verdoyante et une société humaniste.
Ses souvenirs effacés, il refuse de se résigner et décide de revendiquer le statut de citoyen. Quand il comprend que de puissantes créatures régissent l'Univers, il risque sa vie pour ce monde qu'il connaît à peine.
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Un splendide graphisme de couverture et un titre qui claque, une quatrième de couverture prometteuse et quelques précisions cordiales du libraire-éditeur de l'Atalante : voilà une affaire qui ne s'engageait pas mal rue des Vieilles-Douves à Nantes ... Un bon livre de SF pour le début de semaine !
L'ouvrage, à peine dans la main, le soin apporté à son édition paraît plus qu'évident.
Il est plaisant et apporte un peu plus encore au désir de lecture.
"Migrant" est un roman écrit à quatre mains par Marina et Sergueï Diatchenko.
L'ouvrage est paru aux éditions nantaises de "L'Atalante" le 18 janvier 2024.
Que s'est-il passé ?
Un instant auparavant, il était dans une rue pluvieuse, l'instant d'après, avant que son cerveau n'ait eu le temps d'en avertir ses sens, Andreï Stroganov déambulait dans un couloir à la lumière bleutée.
C'est que sa demande d'émigration a été acceptée.
Félicitation, Andreï, te voilà engagé dans une galère de 379 pages ...
Mais Krystal n'est plus à sa portée.
Les conditions d'admission ont été durcies.
Reste à choisir entre Limbe ou Raa, entre un monde technocratique pollué et une société humaniste de silence et de verdure.
Que Dieu me savonne et que Space X me pardonne, il pourrait y avoir là une entourloupe !
D'ailleurs Andreï que l'on surnomme "Krokodile", ne paraît pas se souvenir d'avoir fait la moindre demande d'émigration ...
Ce roman est un bon roman de science-fiction, alourdi pourtant par de nombreuses longueurs et d'un manque de rebondissements.
L'excellent premier chapitre semble annoncer un récit rendu addictif par les personnages qu'il présente, les questions qu'il pose et les mondes qu'il peint.
Mais les trois chapitres suivants racontant l'épreuve pour devenir citoyen s'étirent en longueur.
Ce qui avait paru être une bonne idée de départ s'est transformé assez rapidement en un Koh Lanta survitaminé de science-fiction.
C'est long et parfois un peu ridicule.
Cependant le récit finit par rebondir, mais l'intérêt de la lecture n'en sort pas indemne.
D'autant que la deuxième partie du livre m'a parue un peu embrouillée et floue.
Cependant, même s'il n'est pas passionnant, ce roman est agréable et bien écrit.
Les personnages sont attachants.
Ils sont de ceux à qui l'on aime emboîter le pas dans ce monde surprenant, nouveau et étrange de la planète Raa.
Une lecture donc en demi-teinte de ce livre qui ne me paraît pas être le roman si bien vendu en quatrième de couverture, mais qui n'est pourtant pas vraiment non plus une grosse déception ...

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Andreï Stroganov marche dans une rue sur Terre. Et d'un coup, il se retrouve dans un batiment labyrinthique où on lui annonce que sa demande a été acceptée. Qu'il va pouvoir migrer loin de sa planète. Premier problème : il ne sait absolument pas de quoi on lui parle, n'ayant jamais fait la dite demande. Deuxième problème, Kristal, la planète que son « moi futur » aurait choisi ne peut plus le recevoir. Il se trouve donc envoyé sur Raa, un monde champêtre qu'il va devoir comprendre très vite.

Migrant est le dernier tome d'une trilogie aux fils très lâches (histoires, personnages et thèmes différents), reliés par une parenté avec les Métamorphoses d'Ovide et cette citation latine « Vita nostra brevis est, brevi finietur… » (qui vient d'un chant estudiantin « Gaudeamus igitur » appelant à profiter de la vie). le premier, Vita nostra, m'avait séduit par son étrangeté et sa maitrise. le second, Numérique, m'avait un peu déçu, sans doute parce que le thème des ordinateurs évolue trop vite et que l'ensemble datait légèrement. Ce troisième volume se place, dans mon palmarès, entre les deux. Pas aussi fort que Vita nostra, mais quand même efficace et totalement déstabilisant.

Le nom « migrant » possède un sens très fort. D'autant plus dans notre société actuelle qui se déchire à propos du sort réservé à celles et ceux qui quittent leur pays et tentent de trouver refuge dans un autre. La France, par exemple. Par contre, il ne faut pas chercher de lien direct dans ce livre. Ne serait-ce que parce qu'il date, en V.O., de 2010. Mais il possède une portée universelle qui peut entrer en résonance avec l'actualité. Ce n'est cependant pas, à mon avis, sa qualité essentielle.

Ce qui prend le lecteur à la gorge, c'est que les auteurs nous balancent directement, comme Krokodile (le surnom du personnage principal), dans une situation incompréhensible. Pourquoi cette migration ? Même son double du futur ne le lui dit pas. Et qu'est-il arrivé à la Terre pendant ce transfert ? Qu'est-il arrivé à son ex épouse ? À son fils ? Et surtout, comment fonctionne la société qui régit la planète sur laquelle il se retrouve ? Imaginez-vous dans un autre pays dont vous n'avez jamais entendu parler, dont vous ne comprenez rien tant les règles semblent différentes de celles que vous connaissiez. Imaginez que l'on vous demande aussitôt, ou presque, de faire des choix qui vont avoir des conséquences définitives sur votre avenir. Que feriez-vous ? Krokodile, lui, résiste.

On lui parle d'une Épreuve, que passent tous les habitants de Raa (quel nom !) pour devenir, ou non, citoyen responsable. Si on ne la passe pas ou qu'on y échoue, on devient dépendant. Mais cela ne pose pas de problème de survie : le gîte et le couverte sont offerts à toutes et tous. Les migrants ne sont pas rejetés. Ils sont intégrés à la société de Raa. Mais Krokodile ne l'entend pas de cette oreille. le fait qu'on lui dise qu'aucun migrant n'a réussi cette épreuve (à la différence de leurs enfants qui y parviennent, dans l'ensemble) le motive à essayer.

Et c'est parti pour un Koh-Lanta aux règles étranges, jamais expliquées, aux épreuves difficiles physiquement et moralement, voire dangereuses. Krokodile va devoir essayer de comprendre le fonctionnement de Raa et les attentes qui sont celles de l'instructeur. Et tout cela n'est pas simple. Sans parler du fait que les autres candidats sont jeunes et connaissent l'essentiel des techniques censées être maitrisées. Comme la régénération volontaire et rapide des tissus après une coupure. Peu de Terriens en sont capables. Cela vous donne une idée des difficultés que va rencontrer Krokodile.

Et plus on avance, plus le côté mystérieux s'amplifie. Krokodile est témoin d'évènements à la limite du compréhensible. Mais il va devoir gérer tout cela et tenter de trouver sa place. Il va même se trouver au centre de bouleversements sociétaux très importants. En cela, Migrant nous propose des pistes de réflexion capitales. Sur la façon dont fonctionnent les sociétés, dont les individus en acceptent les règles et s'acceptent les uns les autres. Sur la différence, car outre le migrant qu'est Krokodile, on rencontre un métis, nécessairement observé, voire moqué par le groupe. D'ailleurs, comme dans Vita nostra et Numérique, Marina & Sergueï Diatchenko s'intéresse à la dynamique qui lie et délie les troupes de jeunes. Comment ils collaborent ou, au contraire, se repoussent. Comment certains veulent prendre le pouvoir, être le centre des attentions. Comment la norme n'est pas nécessairement garante de réussite.

Avec Migrant, Marina & Sergueï Diatchenko terminent de belle façon leur trilogie centrée autour des métamorphoses. Pas de divinités pleines de colère comme chez Ovide. Ici, les personnages doivent leurs transformations au monde dans lesquels ils évoluent, aux sociétés qu'ils fréquentent. Mais les changements n'en sont pas moins profonds et durables. le Krokodile de la fin du roman n'a plus grand-chose à voir avec celui du début, ne serait-ce que l'usage de cette langue implantée en lui, mais qui lui semble jusqu'au bout étrangère. D'où, peut-être, l'amertume des dernières pages. Mais aucune amertume de mon côté après cette lecture aux accents de mystère. Bien au contraire…


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Après Vita Nostra en 2019 et Numérique en 2021, voici que les éditions L'Atalante concluent la traduction de la trilogie thématique des Diatchenko dans l'Hexagone… et cela, évidemment, toujours sous la houlette de l'excellent Denis E. Savine.
Intitulé Migrant, ce dernier volet quitte le fantastique et le thriller technologique pour nous emporter très loin de notre planète Terre en compagnie de Krokodile, un homme qui ne s'attendait certainement pas aux déboires que lui réserve l'univers…

Vers l'infini…
Si l'on ne peut pas reprocher une chose aux Diatchenko avec Migrant, c'est de prendre son temps pour démarrer. Dès les premières pages, Krokodile, de son vrai nom Andreï Stroganov, est brutalement soustrait de son quotidien pour être envoyé à la fois dans l'espace et le temps vers une toute nouvelle planète. Une demande qu'il aurait lui-même formulé deux ans plus tard à un mystérieux Bureau intergalactique qui a décidé d'accéder à sa demande… à un détail près. Au lieu de l'envoyer sur Kristal qui vient tout juste de changer de législation en matière d'immigration, le voici sur Raa, une magnifique planète à la végétation luxuriante où vit paisiblement une communauté humanoïde. Autre surprise, ce voyage à l'autre bout de la Galaxie se fait aussi à rebrousse-temps, plaçant le malheureux Krokodile des millions d'années avant sa propre époque.
À peine arrivé sur Raa, les autorités locales lui proposent un choix : être Dépendant ou devenir Citoyen. La principale différence étant que seul le Citoyen a le droit de s'impliquer dans les décisions politiques qui auront une influence sur Raa et sa population.
Pour être Citoyen, une seule solution : passer l'Épreuve !
Mais de celle-ci, Krokodile ne sait quasiment rien si ce n'est qu'elle semble d'une extrême difficulté et qu'aucun Migrant ne l'a jamais réussi.
C'est cette fameuse Épreuve qui occupe la première moitié de ce nouveau roman qui plonge sans vergogne dans la science-fiction la plus frontale.
Marina et Sergueï Diatchenko reprennent l'idée commune aux deux précédents volets, à savoir un challenge pour le personnage principal qui va le transformer profondément. Pas d'Institut des Technologies Spéciales ou de tests de jeux-vidéos mais une sorte de Koh-Lanta de l'extrême où il faut marcher sur des braises, s'orienter dans le noir complet ou encore faire cicatriser ses propres plaies. Toujours remarquables dans leur maîtrise du suspense, les Diatchenko restent assez évasifs sur les tenants et aboutissants de l'Épreuve afin de garder le lecteur en haleine.
Mais on comprend vite que le divertissement n'en est pas vraiment un et que tout ça finit par impliquer bien davantage de choses qu'un simple rite de passage à l'âge adulte. C'est un authentique test autour de l'individualité et à propos de la volonté de groupe que passent Krokodile et les jeunes aspirants qui l'accompagnent, dont l'énigmatique Timor-Alk, un métis qui semble lui aussi mis à l'écart par les autres.

De plein droit
Migrant devient beaucoup plus intéressant dans sa second moitié, dès qu'il quitte l'île de l'Épreuve et qu'il s'attarde sur la planète Raa.
Celle-ci apparaît comme une sorte d'utopie où personne ne manque de rien, où l'on peut se nourrir à volonté et exercer n'importe quel métier pourvu que l'on s'en donne les moyens. En gros, les ressources sont communes, les actions se font dans l'intérêt général et tout le monde a un bout de quelque chose pour vivre décemment.
Mais cette proto-utopie communiste n'est pas non plus dénuée d'une certaine hiérarchie puisqu'on peut certes vivre par la dépendance de l'État, mais cela implique une absence de prise de décisions en retour.
En d'autres mots : si vous voulez peser dans le game, il va falloir passer l'Épreuve, prouver votre valeur et devenir Citoyen de plein droit.
Même ainsi pourtant, les choses ne sont pas parfaitement égales car chaque Citoyen se retrouve avec une côte qui montre son poids/importance/implication dans la vie politique de Raa.
Plus la côte est élevée, plus la voix du Citoyen va avoir de l'importance.
C'est une sorte de démocratie proportionnelle à l'engagement civique et à la pertinence décisionnelle. Une idée particulièrement intéressante mais qui comporte bien sûr d'énormes risques tant certains pourraient arriver en position de force et exercer un monopole du pouvoir.
Toute la question de Migrant va tourner autour de la responsabilité individuelle et de la transformation nécessaire pour que l'individu devienne conscient qu'il n'est rien sans la communauté. le cheminement de Krokodile n'est pas tant d'accepter son sort et d'habiter paisiblement sur Raa que de comprendre l'importance d'agir de façon judicieuse et réfléchie pour faire bouger les choses autour de soi.
L'exemple ambiguë de Makhaïrod, consul de Raa aux pouvoirs exceptionnels, illustre à merveille le paradoxe politique du récit.
Faut-il agir ou non ? Voilà l'interrogation centrale de Migrant.

Changer le monde
Autre originalité qui rejoint très exactement la démarche des volets précédents, Migrant imagine un monde où le mythe de la Création — et donc le Créateur lui-même — n'est en rien une abstraction mais une réalité scientifique. Raa a été créé, continuant même à être stabilisé par le même Bureau qui gère l'émigration intergalactique.
Ce qui donne au monde lui-même un caractère instable, malléable.
Où il revient pourtant à Makhaïrod, Krokodile et Timor-Alk de décider s'il faut laisser ce monde évoluer, avec tous les risques que cela peut comporter, ou s'il faut le garder figer.
Migrant parle de la tentation du conservatisme au détriment du reste, il parle de ce que l'individualisme peut apporter à une communauté embourbée dans ses propres habitudes, mais il n'ignore pas pour autant les dangers d'une telle démarche. Comme toujours, peu importe que la Métamorphose soit littérale ou numérique, elle coute toujours quelque chose à celui ou celle qui l'entreprend.
Le seul regret finalement c'est que Krokodile n'est pas un personnage à la hauteur des deux précédents. Son passé reste trop élusif, son regard trop hautain et il n'est en même temps jamais le véritable centre de l'Histoire puisqu'il ne sert que de révélateur/catalyseur à l'évolution d'un monde/d'une société. Migrant trouve de bien plus beaux personnages en Timor-Alk ou en Makhaïrod qui ont chacun traversé des épreuves qui les rendent uniques et passionnants.
Enfin, il est assez drôle de voir que pour un roman portant ce titre, le sujet de la migration soit aussi marginal dans le récit, les Diatchenko se contentant tout au plus de relever l'hypocrisie d'une société censée accueillir l'autre à bras ouverts mais qui le renvoie sans cesse à sa condition première d'étranger. Encore une fois, le sujet n'est simplement pas celui-là, ne vous y trompez pas.

Même s'il est le plus faible de la trilogie, Migrant reste une excellente aventure science-fictif qui sait réfléchir sur la notion de responsabilité et d'évolution. Certainement plus politique que ses prédécesseurs, le roman des Diatchenko se dévore toujours avec plaisir et devrait logiquement ravir ceux qui aiment découvrir d'autres mondes et d'autres modes de pensée.
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En 2019 paraissait « Vita Nostra », premier tome d'une trilogie inspirée des métamorphoses d'Ovide mais replacées dans un cadre contemporain et écrite par Marina et Sergeï Diatchenko (ce dernier est décédé il y a peu). Récompensé par de nombreux prix, le roman fut une très belle surprise mais le risque était grand de voir l'intérêt décliner dès le deuxième volume dans la mesure où chaque tome est totalement indépendant du précédent, et que le contexte est même radicalement différent. Bien que ne suscitant pas autant d'enthousiasme, « Numérique » proposait une réflexion intéressante (quoiqu'un peu datée parfois) sur notre rapport aux nouvelles technologies. le troisième et dernier opus, « Migrant », ne m'a, en revanche, pas vraiment convaincue. Tout commence avec un homme, Krokodile, qui se retrouve soudainement soustrait à notre planète par un mystérieux Bureau des migrations qui lui annonce que son moi futur a opté pour le transfert vers une autre planète. Problème : non seulement Andreï (son vrai nom) ne se souvient pas de cette décision (puisqu'elle a été prise dans le futur), mais en plus il n'est même pas envoyé à la destination prévue (cette dernière ayant fait évoluer ses critères en terme de politique migratoire). Au lieu du monde choisi le voilà donc sur Raa, une planète où la nature a gardé tous ses droits mais qui dispose tout de même d'un degré de technologie élevé (en terme de transport et de communication, notamment). L'accueil réservé aux migrants galactiques n'a toutefois rien à voir avec celui dont nous gratifions ceux qui arrivent actuellement en France : on lui témoigne une grande bienveillance, on subvient à ses besoins, on répond à ses questions, et on lui accorde la liberté de faire ce qu'il souhaite de sa vie. Notre héros se voit cependant confronté à un choix de taille : accepter le statut de dépendant (ce qui lui assurerait confort et liberté, mais sans possibilité de participer à aucune prise de décision), ou réclamer celui de citoyen de plein droit, obtenu uniquement après la réussite d'une mystérieuse épreuve, sorte de rite initiatique que les locaux passent d'ordinaire à l'adolescence. Aucun migrant n'a jamais réussi ce test, mais Andreï, lui, est bien décidé à obtenir la citoyenneté. Ce qui ne l'empêche pas, en parallèle, de tenter par tous les moyens de découvrir ce qui est arrivé à son fils, mais aussi la nature de l'événement qui l'a incité à quitter la Terre.

On retrouve dans ce roman des similitudes avec les deux précédents, notamment dans sa volonté d'explorer les dynamiques et les rapports de groupe, mais aussi dans la mise en scène d'une relation de mentorat entre un individu isolé qui se retrouve plongé dans un milieu dont il ignore les règles, et une figure d'autorité qui va la guider (parfois cruellement) pour l'amener à se révéler à lui-même. La relation entre Andreï et son instructeur pour l'épreuve est de cet ordre, et il s'agit sans aucun doute de l'une des plus grandes réussites de l'oeuvre. Cette réutilisation de certains schémas narratifs n'empêche pas les auteurs ukrainiens de varier les thématiques, chaque toile de fonds servant de prétexte à la mise en lumière de sujets bien spécifiques. le titre relativement éloquent de ce troisième tome donne d'une certaine manière le ton, puisque les auteurs s'intéressent ici à la place accordée aux étrangers dans une société civilisée et aux questions que leur statut pose en terme de participation à la vie publique. le récit porte ainsi un message profondément humaniste, mais ne cherche pas à occulter les difficultés que peuvent rencontrer celles et ceux qui se retrouvent confrontés à cette situation. S'il bénéficie de tout le confort disponible, Andreï souffre par exemple de la disparition de sa langue maternelle ou encore de l'incertitude concernant le sort de sa planète d'origine qu'il sait désormais inaccessible. L'épreuve est quant à elle l'occasion de mettre en lumière la discrimination à laquelle il peut être confronté, phénomène qui ne se limite d'ailleurs pas aux étrangers puisque un personnage métis est lui aussi victime d'un certain ostracisme. La question de la paternité est aussi centrale dans le roman duquel les femmes sont d'ailleurs quasiment absentes, ce qui donne l'impression curieuse de ne découvrir qu'une toute petite facette de l'univers de Raa. Je suis également assez sceptique en ce qui concerne l'intrigue elle-même qui se révèle très inégale. le premier et le dernier tiers du roman comportent en effet de nombreux temps morts qui peinent à maintenir le lecteur en haleine, seul le long passage consacré à l'Épreuve parvenant finalement à susciter une véritable curiosité. Les abondantes réflexions philosophiques des auteurs concernant la nature de Raa m'ont quant à elles laissée de marbre et ont même participé à me faire décrocher à plusieurs reprises.

Avec leur trilogie « Métamorphoses », Marina et Sergueï Diatchenko s'inspirent (très librement) des métaphores d'Ovide dans des romans très différents les uns des autres, le premier mettant en scène une école de magie tandis que le second s'intéressait au monde numérique et que le troisième aborde, entre autre, la question de la migration. Si le premier tome a été un véritable coup de coeur, les suivants se sont avérés moins enthousiasmants, notamment « Migrant » dont l'intrigue pâtit de nombreux creux et qui perd parfois le lecteur par une accumulation de réflexions philosophiques pas toujours captivantes.
Lien : https://lebibliocosme.fr/202..
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Migrant, troisième volet des Métamorphoses du couple ukrainien Diatchenko :
Le 1er, Vita Nostra, m'avait ébloui, sidéré, stupéfait.
Le 2ème, Numérique, ne m'avait pas vraiment enthousiasmé.
Le 3ème, Migrant, revient à la veine première. Et c'est encore une fois une réussite, pas aussi forte que la claque reçue du premier, mais presque.
Il s'agit ici encore de surpassements, de réalité transformée, de monde étrange, de relations, de pouvoirs, de questionnements...
Le héros est Krokodile (surnom de Andréï Stroganov) qui se retrouve "transporté/transposé" sur une planète inconnue : Raa.
Pourquoi ? Comment ? Que fait-il là ?
L'officier du bureau officiel de migration lui apprend qu'il n'a aucun avenir sur Terre...
Raa semble accueillante malgré la curieuse société des gens qui y vivent et l'aspect de sa nature on ne peut plus bizarre, voire incompréhensible. Mais il veut s'y intégrer.
Pour être citoyen responsable de plein droit, et non dépendant, il doit passer une série d'épreuves toutes aussi loufoques, difficiles et dangereuses pour y arriver.
On pense bien sûr à Sacha, l'étudiante de Vita Nostra, qui elle aussi devait faire face à beaucoup de difficultés et de situations incongrues (le mot est faible)
Ici en tant que migrant, on ne l'encourage pas, on lui dit même qu'il n'a aucune chance. le groupe qui passe les épreuves avec lui n'est composé que de jeunes et d'un instructeur assez spécial...
Il affronte ces pénibles épreuves, il affronte les jeunes qui se moquent, il affronte l'instructeur et ses règles.
C'est physique et mental. On souffre avec lui. Il doit se transcender dans tous les sens du terme. On est à la limite de la compréhension à chaque fois. Il résiste au maximum de son être. Il vit de drôles d'expériences, nous aussi !
La réalité bascule. On pense à Philip K. Dick de temps en temps.
Les personnages se métamorphosent au fur et à mesure.
Va-t-il y arriver, et surtout après qu'est-ce qui va se passer ? Car la situation sur Raa devient tout à coup impraticable...
La fin est surprenante et paradoxale.
Encore une fois c'est une expérience de lecture inédite.
" Vita nostra brevis est, brevi finietur."
Oui, notre vie finira, il faut donc en profiter. Et personne n'a dit que c'était facile.
Bravo aux Diatchenko pour cette trilogie.

Lien : https://laniakea-sf.fr/
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
La mémoire d'un temps inexistant, transmise d'un porteur à l'autre et encodée plusieurs fois, à ce qu'il pouvait en juger, était inaccessible aux sens d'un humain normalement constitué.
Néanmoins c'était la sienne.
Un petit fragment : son dernier soir sur la terre...
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Krokodile ferma les yeux. Il se sentit soudain plus léger, bien plus léger qu'avant l'apparition du représentant du Bureau ; certains signes avaient trouvé leur place, certains engrenages s'étaient emboités et des pans du puzzle s'étaient assemblés avec simplicité et précision. "La peur importe peu, se dit-il, ce qui importe, c'est ce au nom de quoi on la surmonte."
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Je ne peux rien pour eux. Je suis moi-même désolé pour cet imbécile.
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Es-tu capable de conceptualiser un monde où la réalité serait tout ce que les individus sont capables d’imaginer?
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C’est le culte de la conformité aux attentes: sois tel que la société désire te voir et surtout pas autre chose. C’est ça, la maturité citoyenne? Non, c’est la promptitude à obéir à un ordre imbécile!
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DRAGON INSIDE ME Bande Annonce VF (2017) Romance, Fantastique
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