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La petite Dorrit tome 0 sur 3

William Little Hughes (Traducteur)Paul Lorain (Traducteur)
EAN : 978B01CEZL5T8
1567 pages
(29/02/2016)
4.33/5   3 notes
Résumé :
Amy Dorrit voit le jour dans une très grande pauvreté : son père William, criblé de dettes, est contraint de vivre avec le reste de sa famille en prison. Celle qu'on surnomme « la petite Dorrit », du fait de son jeune âge et de sa petite taille, grandit dans la misère, et, hors de prison, se livre à de modestes besognes pour subvenir à ses besoins et secourir sa famille incarcérée.À vingt-deux ans, Amy trouve une place de domestique chez les Clennam, une famille don... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Partie 1 : pauvreté.
C'est un flot de personnages qui coule dans ce vaste roman qui commence étrangement à Marseille dans une prison. On a d'ailleurs tout de suite le thème : l'emprisonnement et notamment l'emprisonnement pour dettes que subit William Dorrit et ses trois enfants, Fanny, Edward (Tip) et Amy (la petite Dorrit) qui est née à la prison. le père reste enfermé tandis que les enfants sortent pour travailler et essayer d'éponger ses dettes.
Autour des Dorrit viennent se greffer d'importants personnages tel Arthur Clennam revenant chez sa mère à Londres après un long voyage en Chine. Arthur aperçoit une cousette inconnue, tellement discrète que même le narrateur ne la mentionne pas. J'ai eu beau relire le chapitre trois de cette partie, rien n'y fait. Tout se trouve dans les questions d'Arthur à la domestique, Affery Flintwinch:

"Girl? Said Mrs Flintwinch in a rather sharp key.
"It was a girl surely, whom I saw near you- almost hidden in a dark corner?"
"Oh! She? Little Dorrit? She's nothing; she's just a whim-of hers."
("Une fille?" dit Madame Flintwinch sur un ton plutôt aigu.
"C'était bien une fille que j'ai vue près de vous- presque
cachée dans un coin sombre?"
"Oh! Elle? La Petite Dorrit? Ce n'est rien. Juste une de ses lubies.")

Little Dorrit, la petite Dorrit passe donc de l'ombre à la lumière, naît en prison et sur le papier par cette simple allusion de Mrs Flintwinch dont les "rêves" constituent le fil rouge de cette histoire. Les pauvres et les domestiques rêvent d'une autre vie, d'un passage vers la lumière et Mrs Flintwinch voit le double de son défunt mari, l'un observant l'autre.
Arthur, intrigué par la petite Dorrit va essayer par tous les moyens de connaître l'état des dettes de Mr Dorrit et mène sa propre enquête afin de lui rendre sa liberté. Il commence par le cabinet des Barnacles, tout un panel d'avocats, d'avoués, tous plus ou moins apparentés et tous représentent "toute la science du gouvernement." Les affaires sont aussi complexes que les Barnacles sont hautains, sûrs de leur pouvoir et de leur assise. On pense bien sûr au procès infini au début de Bleak House, Dickens déployant sa verve satirique contre ce panier à crabes de l'appareil judiciaire de son temps. On sait qu'il a une dent contre elle puisque son propre père fut aussi enfermé pour dettes et qu'il fut forcé de travailler très jeune.
On suit Clennam dans son enquête qui le conduit chez le propriétaire Casby dont la fille Flora fut un amour de jeunesse d'Arthur. Il y rencontre un certain Pancks, diseur de bonne aventure.
La petite Dorrit de son côté, prend soin d'une jeune femme attardée, Maggy, qui a dix ans d'âge mental et qui l'appelle "Little mother" (petite mère).
C'est dans le quartier de Bleeding Heart Yard (littéralement, "la cour des coeurs qui saignent") que Clennam est conduit, quartier que possède Casby. Là loge un plâtrier, Plornish, qui a affaire avec Tip, frère d'Amy, pour une somme ridicule. C'est tout un quartier ouvrier – et là Dickens rejoint Zola- de travailleurs pauvres que décrit l'auteur dans Bleeding Heart Yard :

"There was people of pretty well all sorts of trades you could name, all wanting to work, and yet not able to get it."
(il y avait des gens qui avaient toutes les sortes de métiers possibles, tous désireux de travailler, et pourtant incapables d'y parvenir."

Mr Plornish didn't know who was to blame for it. He could tell who suffered, but he couldn't tell whose fault it was. It wasn't his place to find out, and who'd mind what he said, if he did find out?"
(Mr Plornish ne savait pas à qui le reprocher. Il pouvait dire qui souffrait, mais il ne pouvait dire à qui était la faute. Ce n'était pas à lui de le découvrir, et qui se soucierait de ce qu'il dirait, s'il le découvrait vraiment?)

La petite Dorrit sait qu'elle peut compter sur Clennam pour sortir son frère de la mouise. Elle se sent toujours la servante, l'aide de quelqu'un, y compris de ceux qu'elle aide, comme Maggie.
Clennam est amoureux de "Pet", la fille des Meagles qu'il a rencontrée sur son retour. Elle est courtisée par un certain Henry Gowan, ce qui le rend d'emblée antipathique à ses yeux.
De son côté, le fils du gardien-chef de la prison de Marshalsea, John Chivery se déclare à Amy qui l'éconduit, choquée. Mr Dorrit est scandalisé de la conduite de sa fille qui aurait pu avoir un parti avantageux. Pour John, elle représente la femme idéale et idéalisée à tel point qu'il recompose son épitaphe à chaque revers de fortune. Dickens en a fait un autre ressort comique, un leitmotiv ironique :

"It was an instinctive testimony to Little Dorrit's worth, and difference from all the rest, that the poor young fellow honored and loved her for being simply what she was."
(C'était un hommage instinctif à la générosité de la Petite Dorrit et à sa différence entre toutes les autres, que le malheureux jeune homme rendait et il l'aimait simplement pour ce qu'elle était.)

A la prison, Edward Dorrit reçoit son frère Frederick, vieux musicien devenu un peu simplet.
Avec sa soeur Fanny, Amy rend visite à Mrs Merdle (intéressants pour les sonorités, en français dans ce roman, ces noms dickensiens : "Plornish, Merdle…") de la société de danse. Elle emploie Fanny et souhaite la faire entrer dans ce monde de la scène. Mr Merdle est immensément riche et représente le capitaliste qui profite de biens matériels.
Tandis que Clennam s'associe avec Doyle, un inventeur, et crée sa propre compagnie, la famille Dorrit voit leur vie changée sous la forme d'un héritage.
Entretemps, la bonne indienne des Meagles se sera volatilisée et aura pris son indépendance. Amy aura connu Flora qui lui demande un travail mais surtout la sonde sur Clennam de qui Amy, à force, est tombée amoureuse. Elle s'occupe aussi du vieux Nandy, le père de Mrs Plornish et vieil ami de son père qui lui rend visite de temps à autre.
Gowan se marie avec "Pet" Meagles et les Dorrit quittent enfin la prison de Marshalsea en grande pompe grâce à une information de Pancks sur leur héritage munificent.

Partie 2 : Richesse.
Les Dorrit sont en route pour l'Italie et s'arrêtent à Venise. Tandis que Edward joue les grands seigneurs en grand équipage, Amy est nostalgique de sa vie simple d'avant. On trouve qu'Amy ne joue pas le jeu en étant trop mélancolique, surtout, Mrs General, genre de gouvernante /professeur de maintien qui la compare à Fanny ou Edward qui se sont vite accoutumés à leur vie de riches oisifs.
Les enfants Dorrit rendent visite aux Gowan dans l'atelier du peintre Henry. Leur chien devient furieux en la présence du modèle de celui-ci, le fameux Blandois de Paris, probablement un tueur de la pire espèce et bien sûr celui qui se trouvait à menacer les autres dans la prison de Marseille du début.
Amy écrit une longue lettre à Clennam où elle avoue ses sentiments diffus et sa rencontre avec les Gowan. Elle perçoit un défaut d'honnêteté chez Henry Gowan :

"Mr Gowan seems fond of her, and of course she is very fond of him, but I thought he was not earnest enough -I don't mean in that respect – I mean in anything."
(Mr Gowan semble beaucoup l'aimer, et bien sûr elle l'aime beaucoup mais j'ai pensé qu'il n'était pas tout-à-fait honnête – je ne veux pas dire en cela- je veux dire en tout.)

C'est un noeud d'intrigues qui se noue en Italie avec le fameux Blandois -sorte de Vautrin à la Dickens- qui hante le couple Gowan et Fanny finit par épouser le fils de Mrs Merdle, Sparkler.
La ruine s'abat sur tout ce beau monde. Arthur fait de mauvaises affaires et se retrouve à son tour à la Marshalsea. ("Maréchaussée" dans les traductions françaises.)
En quelque sorte, tout revient au point de départ. Les enfants Dorrit ont ruiné la famille. Leurs père et oncle meurent, Merdle se suicide, Panks tient tête à Casby à Bleeding Heart Yard et Blandois cherche à compromettre Mrs Clennam par un lot de lettres qui prouve qu'elle n'est pas la mère d'Arthur. Mais tout est bien qui finit bien, les méchants sont punis, les fugitifs reviennent au bercail (Tattycoram, la servante indienne) et les affaires reprennent pour Arthur qui se remet d'une longue maladie à la prison, soigné avec amour par sa petite Dorrit qu'il finit par épouser sous un beau soleil d'automne.
Un Dickens très long, comme il en a le secret. Je n'ai pas l'impression de spolier en racontant les tenants et aboutissants car le romancier aime les happy ends et remet toujours de l'ordre dans le marasme que le roman semble avoir créé de lui-même. L'ambiance est là, les dénonciations et leitmotivs dickensiens aussi : la prison, les dettes, la richesse et la ruine. Un des grands romans de l'auteur.
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Je ne connaissais pas « La Petite Dorritt » avant d'avoir vu sur mon écran de TV le très beau téléfilm qui en a été tiré par la BBC en 2008, avec Claire Foy, Matthew Macfadyen et Tom Courtenay. C'est ainsi que parfois l'adaptation donne envie de lire l'oeuvre originale
Dickens dans l'esprit des gens est l'auteur de David Copperfield et d'Oliver Twist, accessoirement de Mr Pickwick. Autrement dit un peintre sensible de l'enfance malheureuse, ou alors un aimable satiriste. C'est faire peu de cas du côté social qui parcourt ces romans, et qui est bien plus évident dans d'autres comme « La maison d'Apre-Vent » (1853) ou « l'Ami commun ». Avec « La Petite Dorritt », ces trois romans constituent dans l'oeuvre de Dickens un réquisitoire extrêmement pointu contre la société victorienne, où règnent en maîtres le pouvoir (sous toutes ses formes : politique mais aussi religieux, et surtout économique), l'ambition, et l'argent. Romans politiques et sociaux, donc, qui dressent un tableau plutôt sombre d'une Angleterre qui par ailleurs, triomphe sur la scène internationale grâce à l'extension de son Empire colonial (Inde, Afrique du Sud, Australie, etc.) L'Angleterre insulaire donne une tout autre image de la réalité britannique.
L'intrigue est complexe, les personnages nombreux et les articulations scénaristiques parfois téléphonées. Les critiques du temps ont été un peu déboussolés par ce « labyrinthe » (c'est le mot qu'ils ont employé) sombre et tragique, très critique envers les institutions, et, fait remarquable, à peu près dénué de l'humour auquel Dickens les avait habitués. Il y avait un peu (beaucoup) de mauvaise foi dans ces propos, et d'autres ne s'y sont pas trompé, qui ont vu dans ce roman un chef-d'oeuvre de l'auteur dans le domaine de la critique sociale, un roman sentimental comme il en a le secret, et une satire virulente contre les institutions victoriennes.
La prison pour dettes en ce temps-là était une institution. Certaines familles pauvres y passaient une grande partie de leur vie : c'est le cas de William Dorritt et de sa famille. Pas sa femme, décédée peu après son arrivée, mais ses enfants Amy (la petite Dorritt), Edward et Fanny. Et puis aussi son frère, un vieux musicien très doux, pas très malin, mais très aimé de ses neveux et Amy en particulier. Les enfants sont autorisés à travailler à l'extérieur pour payer les frais de la prison. C'est ainsi qu'Amy fait la connaissance d'Arthur Clenham. le roman raconte les va-et-vient entre les deux héros, à travers les vicissitudes de leurs vies respectives : Arthur, victime d'une escroquerie, sera lui-même condamné à la prison pour dettes, y attrapera même une maladie. Mais il trouvera une infirmière diligente qui avec ses soins lui apportera tout son amour. (Je vous laisse deviner qui).
La principale dénonciation de Dickens s'adresse à cette institution de la prison pour dettes. Mais elle s'adresse aussi, et de façon tout aussi féroce, aux conditions de vie des ouvriers dans les usines, la manie de la bureaucratie (notamment financière), la spéculation, la corruption des fonctionnaires, et d'une façon générale l'arrogance d'une classe supérieure par rapport aux petits ouvriers, artisans, et pauvres de toutes espèces.
En contrepartie, Dickens, avec le regard compatissant qu'on lui connaît, montre que de la misère peut naître aussi la fraternité, la bonté et l'amour.
Un grand roman méconnu à redécouvrir. L'ambiance générale préfigure un peu (c'est mon impression) le très beau « Nord et Sud » d'Elisabeth Gaskell.
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"Une des plus grandes auteures américaine actuelle qui revient avec un chef d'oeuvre ! Une transposition de David Copperfield dans les Appalaches digne de Charles Dickens ! " - Jean-Edgar Casel.
Demon Copperhead réimagine le roman de Dickens dans une Amérique rurale moderne confrontée à la pauvreté et à la crise des opioïdes ... le roman de Kingsolver vous emporte avec autant de force que l'original.
À retrouver en librairie et sur lagriffenoire.com https://lagriffenoire.com/on-m-appelle-demon-copperhead.html
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