A chaque nouvelle lecture d'un roman de
Charles Dickens, celui-ci devient mon préféré.
Bleak House est un roman en double narration : l'héroïne principale, Esther Summerson, et un narrateur anonyme nous racontent tour à tour l'histoire entremêlée des derniers protagonistes d'un procès débuté plusieurs décennies auparavant.
Pour profiter pleinement de ma lecture, j'ai bien aimé lire en préalable la trame de l'histoire et imprimer une liste de personnages en guise de marque-pages. Les notes de cette édition sont également précieuses et éclairantes. Et un dictionnaire à portée de main pour apprendre quelques mots nouveaux (même si vous lisez en français).
Nous avons donc :
- Une justice injuste, fainéante, absurde et inefficace.
- Londres : brumeux, effrayant, pauvre, sale et attachant.
- Beaucoup de personnages avec beaucoup de malheur, mystères, secrets, dévoilés au compte-goutte au fil du roman.
- de bons sentiments, de l'espoir, de la solidarité, de la loyauté, du don de soi, des histoires d'amour.
- Des interrogations intelligentes et incisives en dépit de leur apparence naïve (un peu à la Luna Lovegood)
Charles Dickens met en questions les codes et fonctionnements de la société anglaise qui l'entoure alors : les castes et statuts sociaux, la religion, la place de la femme, le mariage, l'éducation des enfants.
Notre monde a changé depuis 1852, mais les mouvements qui animent ce roman sont toujours les nôtres :
S'endetter, sortir de la pauvreté, trouver un travail, affronter la maladie, grimper l'échelle sociale, être coincer dans un procès interminable, tomber amoureux, gérer son foyer, vouloir le mieux pour ses enfants, se battre contre les inégalités, vivre les deuils, trouver un sens à sa vie.
J'aime sa belle plume, incisive et poétique à la fois : il parvient à insuffler poésie et tendresse dans le drame social.
J'aime que tout finit bien pour les Gentils.
J'aime le foisonnement qu'a permis l'écriture en épisodes. Comme le format série par rapport au film, elle permet plus de personnages, plus de lieux, de descriptions, de détails qui rendent chaque anecdote attachante.
L'écriture en épisodes fait aussi que chaque chapitre apporte son suspens particulier, et nous permet d'avaler 1300 pages comme on en lirait 300.
Enthousiasmée par ma lecture, je me préparai un petit challenge personnel : tout Dickens en Anglais. Pour me préparer, je me lançai dans sa biographie, et là, douche froide. La vie de l'homme ne paraît pas à la hauteur de la vision du monde qu'il défend dans son oeuvre.
Je sursois donc en reprenant le premier roman de
Jane Austen….