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Tom Farr (Autre)Tom Farr (Autre)Cécilia Lépine (Autre)Robert Jensen (Autre)Nicolas Casaux (Traducteur)
EAN : 9782490403165
300 pages
Editions Libre (17/09/2020)
4.25/5   8 notes
Résumé :
L'âge moyen du premier visionnement de films porno est, à ce jour, d'approximativement 11 ans. Avec Internet et les smartphones, il n'est pas étonnant que les jeunes consomment de plus en plus de porno de plus en plus tôt. Et, comme le montre Gail Dines, le porno d'aujourd'hui est étonnamment différent du Playboy des années 1950. Alors que la culture pornographique s'est immiscée dans la culture pop, une nouvelle vague d'entrepreneurs crée un porno qui est encore pl... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Dans le porno, l'homme « fait la haine » à la femme

Dans un avant-propos, Cécilia Lépine parle, entre autres, de la pornographie audiovisuelle et d'internet, du gonzo, de la position des « libéraux » et de « révolution sexuelle », de critique de la violence sexuelle, de la violence érotisée, de représentations culturelles, « La pornographie n'est pas tant un miroir des nouvelles moeurs de la société qu'une fiction vendue comme telle aux individus », des normes de l'industrie pornographique, de l'espace public saturé de visuels, d'un monde « où les femmes sont de beaux objets sexuels que les hommes doivent consommer », d'économie, « L'industrie pornographique a l'objet économique de susciter perpétuellement ce plaisir chez les consommateurs, quel que soit le coût humain », de mythes et de la culture du viol, d'érotisme, de nu, de sexe et d'images, de traumatismes corporels et psychiques, de violence misogyne…

Dans sa préface, Robert Jensen revient sur le livre d'Andrea Dworkin Pornography : Men Posseing Women (publié en 1979 et toujours pas traduit en français) et le féminisme radical.

Le préfacier aborde, entre autres, l'idéologie libérale et la pornographie, la réponse d'Andrea Dworkin, « la pornographie n'est pas « juste du sexe », c'est le moyen d'érotiser la dynamique de domination/subordination », la domination masculine sexualisée et les tords causés aux femmes, l'industrie de la pornographie et l'idéologie sexo-libérale, la culture saturée de pornographie, le « sexe corporellement punitif », la critique féministe visant « à élargir le champ de la liberté », la justice, « l'authentique justice sexuelle, raciale et économique »…

« le présent ouvrage renouvelle et actualise les analyses d'Andrea Dworkin, en exposant les changements qui se sont produits entre-temps ».

Dans sa préface, Gail Dines souligne à quel point « le porno s'est immiscé dans notre quotidien ». Elle parle, entre autres, d'ingénierie sociale, « nous sommes au coeur d'une expérience ingénierie sociale à grande échelle dont notre société toute entière est le laboratoire, et dont les effets sont imposés à des participants non volontaires », d'hommes d'affaires « et certainement pas d'innovateurs au service de notre liberté sexuelle », de marchandisation et d'industrialisation du désir, de gonzo, de femmes malmenées et dégradées, de sexualité pornographique « anonyme, déconnectée, dénuée d'intimité », d'industrie prédatrice, de déshumanisation, d'assaut des pornographes contre nos sexualités, de féminisme et de « magnifique, délicieuse et jouissante force créatrice baignant le corps de plaisir et de tendresse »…

En introduction, « L'industrialisation du sexe », l'autrice analyse cet autre univers, cet espace où « les humains sont réduits à des orifices et à certaines parties de leur corps », ce présent perpétuel où « les humains n'existent que pour pénétrer ou être pénétrés », le marché des pornographes, « ce qui les excite, c'est l'argent », la place des magazines comme Playboy ou Penthouse dans la masturbation de jeunes hommes hier, l'apprentissage masculin que « les femmes existaient pour être reluquées, objectivées, utilisées, puis mise de coté en attendant la prochaine fois », les images, « les images d'aujourd'hui deviennent si extrêmes que les contenus considérés comme hardcore il y a quelques années à peine sont désormais banal dans le milieu du porno »…

Gail Dines souligne les contenus du porno contemporain contenant « des abus physiques et verbaux à l'encontre des exécutantes », l'intégration des scénarios par les hommes, les représentations mentales lorsqu'ils se masturbent, les histoires de porno et les caractérisations des femmes, « elles ne veulent que ce que l'homme veut », la construction unidimensionnelle des femmes réduites à « un ensemble de trous », l'absence d'empathie ou de respect, les érections peu associés à l'excitation sexuelle. Elle questionne la socialisation masculine…

J'ai choisis d'insister sur les préfaces et introductions comme incitation à lire ce livre. Je signale que l'autrice use de justes mots rendant palpables les abus et les violences, tant verbales que physiques.

Dans les différents chapitres, Gail Dines revient sur la compétition entre les magazines Playboy, Penthouseet Hustler, le rôle des médias de masse, le mode d'emploi « pour les hommes qui aspiraient à devenir des playboys », les limites sans cesse repoussées pour le porno grand public, la sexualisation de la consommation, l'immiscion du porno dans la culture, les entreprises et les individus ayant participé à construire son acceptabilité, l'intégration de l'industrie pornographique dans les structures capitalistes et « comment d'autres industries, comme l'hôtellerie, la finance, les câblo-opérateurs en retirent d'immenses profits », le porno comme « tendance », la culture pop, les marchés du porno, « la pornographie est clairement devenue un immense secteur industriel et commercial qui s'introduit toujours plus hardiment sur les marchés nationaux et internationaux et qui exerce une influence politique et législative directe », la socialisation des hommes, les « salopes », les représentations faisant de l'homme « une créature agressive, insensible, déconnectée de ses émotions et des autres »…

Je souligne le chapitre « La préparation au gonzo. Devenir un homme dans une culture pornographique », une conception spécifique de la masculinité, la binarité hiérarchisée de genre, la culture imprégnée de violence, l'économie émotionnelle, « le sexe est alors le moyen pour les hommes de se sentir tout puissants », la socialisation des consommateurs de porno et le matraquage de « Cette salope aime ça », les processus de déshumanisation, l'usage et la fonction de la cruauté, « la déshumanisation des femmes a souvent pour effet de masquer la violence des actes sexuels aux yeux des hommes », le réel et la comédie sous contraintes, le porno devenu ennuyeux et les évolutions pour renouveler l'excitation des hommes, les « poupées de baise aux poupées réelles »…

L'autrice analyse, entre autres, le coût physique et émotionnel du travail dans l'industrie pornographique, la place centrale du pénis, les impacts des images sur notre perception de la réalité, « comment le porno imprègne la vie des hommes », les effets de la « féminité » envoyée aux jeunes filles, les corps « sexy », l'invention d'une histoire particulière « sur le corps des femmes, la féminité et le consumérisme », les nouveaux standards culturels, l'hypersexualisation, « il s'agit d'une pseudo-libération, d'un pauvre simulacre de libération qui n'a rien à voir avec de véritables vecteurs d'émancipation », la posture anti-féministe, les nombreuses manières dont « le corps des femmes est représenté pour la consommation masculine », le développement de la chirurgie plastique, la production et le renforcement des stéréotypes racistes, la racialisation des corps et des pratiques, les places des femmes non-blanches dans le porno, la pseudo-pédopornographie (les femmes majeures apprêtées pour avoir l'air beaucoup plus jeunes), l'utilisation de signes associés à l'enfance, « des femmes infantilisées et des enfants sexualisées », la culpabilité des unes, « la culpabilité de la fille libère l'utilisateur de la sienne », la pédocriminalité…

L'autrice indique aussi le refus des hommes de discuter de leur addiction au porno, les présentations d'agressions sexuelles comme des actes consentis…

Gail Dines souligne que « le fait de se conforter à la culture pornographique est présenté comme un choix », la captivité de jeunes femmes « d'images qui racontent des mensonges sur elles », l'invention d'un soi-disant pouvoir « procurant attention et visibilité ». L'autrice fait le lien avec les processus de sexualisation du corps des femmes, la construction « avoir l'air baisable ou être invisible », la place de la consommation, l'inexistence du refus, les corps aux « proportions très inhabituels », la norme du sans poils, les « plans cul », les actes rarement qualifiés de viols. Elle rappelle que « les hommes définissent notre sexualité d'une manière qui les sert eux, et qui nous dessert nous » et y oppose « le droit de vouloir, de désirer et de jouir du sexe – mais selon leurs propres conditions »…

La conclusion est titrée « Riposter ». L'autrice indique que la pornographie est « presque devenue invisible en raison de son omniprésence », que nous sommes entouré·es d'« images qui dégradent et avilissent les femmes ». Elle souligne : « Une sexualité fondée sur l'égalité exige en fin de compte que la société repose sur l'égalité. Si nous nous battons pour trouver une façon de définir notre propre sexualité, nous ne devons pas perdre de vue le tableau d'ensemble : les femmes font toujours face à des discriminations économiques, politiques et juridiques ». Les femmes sont des êtres humains à part entière…

« La seule solution, c'est un mouvement féroce dans sa critique de l'exploitation sexuelle et déterminé dans son combat pour ce qui nous appartient de droit »

Dans une courte postface, Tom Faar revient sur le livre et l'autrice, le féminisme radical, la pornographie et son industrie, le porno dans la « réalité virtuelle ». Il cite entre autres Andrea Dworkin : « Il n'y a bien que lorsque le corps des femmes est vendu à des fins lucratives que les gens de gauche prétendent chérir le marché libre »…
Lien : https://entreleslignesentrel..
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Si vous voulez comprendre pourquoi les féministes radicales dénoncent le porno comme poison de notre société et racine de la "culture du viol", ce livre est à lire ABSOLUMENT.
Je le recommande tout particulièrement aux parents de jeunes enfants car aussi innocent.e.s vos enfants vous semblent - et ils le sont - le porno viendra a elleux : l'âge moyen de visionnage d'une première vidéo porno étant de 11 ans !! et le porno mainstream, lui, est très très loin d'être innocent. Gail Dines, grande experte de la pornographie d'aujourd'hui fais le portrait de la pornographie d'aujourd'hui, de la façon dont elle s'est introduite sournoisement dans nos vies, des conséquences qu'elle a sur nos esprits, nos fantasmes et notre société.
Un livre aussi difficile que nécessaire de lire.


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Livre que je conseille,
Extrêmement intéressant: on ne passe pas par Quatre Chemins pour nous expliquer ce qu'on peut y retrouver, voir dans le porno et le problème derrière.
Ça pose énormément de questions en effet sans rendre diabolique le porno en général.
Cependant, le livre a été écrit il y a quelques années et l'industrie du porno entre temps c'est tellement agrandie et a tellement évolué qu'on ressent un décalage entre ce qui est raconte et ce qu'il se déroule maintenant.
Mais justement, on remarque qu'à l'époque on s'offusquait pour des choses qui sont encore pire à l'heure d'aujourd'hui.
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Pour être tout à fait honnête j'ai eu du mal à finir ce livre. Certain chapitres sont littéralement insoutenables. le travail conséquent de synthèse et d'analyse de fond que constitue cet ouvrage m'a amené à trouver le courage d'aller au bout cependant. Inutile de préciser que cet essai est d'une nécessité majeure pour comprendre les violences faites aux femmes et les paroxysme de notre drôle d'ère "numérique".
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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Le marché de la pornographie a aussi été un pionnier dans le développement de nouveaux types de modèles économiques, comme la souscription d'abonnements en ligne, ou les techniques de publicité qui aident à rendre une vidéo lucrative, ouvrant la voie à la viabilité commerciale de sites de partage de vidéos comme YouTube, et au téléchargement de séries télévisées sur les téléphones portables et les iPods.
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Une sexualité fondée sur l’égalité exige en fin de compte que la société repose sur l’égalité. Si nous nous battons pour trouver une façon de définir notre propre sexualité, nous ne devons pas perdre de vue le tableau d’ensemble : les femmes font toujours face à des discriminations économiques, politiques et juridiques
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Il y a plusieurs raisons à cela, notamment le fait que le processus de recrutement était très sophistiqué, et que la plupart des candidates étaient de jeunes femmes, à peine sorties de l'adolescence - à un moment où elles sont particulièrement vulnérable à toutes sortes de messages culturels.
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Cet argument ne tient pas compte, premièrement, du fait que la pornographie ne fait pas dans le réalisme, pas plus qu'elle n'a pour objectif de promouvoir des valeurs libérales, même si les producteurs et les investisseurs de ce commerce le prétendent souvent pour vendre leur produit.
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Ce que nous observons aujourd'hui est le résultat d'année de stratégie et de marketing élaborés par l'industrie du porno afin d'aseptiser ses produits en les débarrassant de leur côté 'sale', de reconstruire une image du porno qui soit fun, tendance, chic et sexy.
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