Le trente-troisième patriarche, le maître du zen Daikan, reçut cette robe de la Loi transmise avec justesse dans la nuit, au mont des Pruniers jaunes ; il la garda et la protégea toute sa vie. Aujourd'hui encore, (la robe) est conservée dans le temple de la forêt des joyaux de Sôkei. Les empereurs de plusieurs générations, les uns après les autres, la firent venir dans leur palais et célébrèrent un office. Ce fut afin de garder et protéger cet objet divin. Les empereurs sous la dynastie des Tang : Chûsô, Shukusô et Daisô firent souvent venir (la robe) dans leur palais. Que ce fût pour la faire venir ou pour la rendre au temple, ils envoyèrent un messager impérial chargé d'un rescrit. Cela n'était autre que la manière d'en faire grand cas. Un jour où il allait rendre la robe de l'Éveillé au mont Sôkei, l'empereur Daisô écrivit dans son rescrit : «Maintenant que je rends la robe, j'envoie Ryû Sôkei, le grand général d'État. De cette robe, je fais un trésor national. Que le général la dépose dans le temple d'origine, qu'il la fasse garder et protéger avec vigilance par l'assemblée des moines ayant intimement reçu l'instruction et qu'elle ne soit jamais endommagée ni perdue.»
S'il en est ainsi, les souverains de plusieurs générations, tous, firent (de la robe) un trésor inestimable du pays. Vraiment, conserver dans le royaume cette robe de l'Éveillé est un grand trésor particulièrement précieux, trésor valant mieux que de gouverner le trichiliocosme comprenant un nombre incommensurable de mondes, tel celui des grains de sable du Gange. Cela ne doit être nullement comparable au joyau de Benwa. Même si celui-ci est devenu un symbole de la succession de l'empire, comment deviendrait-il un trésor rare que puisse transmettre l'Éveillé ? Depuis la grande dynastie des Tang, aussi bien l'habit noir (les religieux) que l'habit blanc (les laïcs), qui vénèrent (la robe de l'Éveillé) en levant les yeux, sont toujours dotés du grand ressort cosmique et de la foi en la Loi.
Seul le haut patriarche de Shôrin (Bodhidharma) transmit en Chine avec justesse la robe de la Loi transmise avec justesse d'un éveillé à un éveillé. Le haut patriarche n'est autre que le vingt-huitième patriarche indien à compter de l'Éveillé-Shâkyamuni. La transmission juste s'effectua directement d'un héritier à un autre, à travers vingt-huit générations, sous le ciel de l'ouest (l'Inde), puis six générations en Chine. Cela fait au total trente-trois générations sous le ciel de l'ouest ainsi que sur la terre de l'est.
Gardez le silence. Ne bavardez pas, ne riez pas à travers les murs. Ne chantez pas. Ne laissez pas couler la morve ; ne crachez pas. Ne vous brutalisez pas ; ne poussez pas...