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Marie-Béatrice Jehl (Traducteur)
EAN : 9782020258814
132 pages
Seuil (28/01/2005)
3.68/5   22 notes
Résumé :
Voici un ouvrage essentiel à la pleine compréhension du zen dans lequel, Alan Wilson Watts, qui fait autorité en la matière, vous propose la description pratique des diverses étapes conduisant à la parfaite réalisation de soi (SATORI). Il est inutile de rappeler la résonance très profonde du zen en Occident depuis ces dernières décades. Ce livre, contrairement à certains qui ont pu surprendre ou déconcerter nombre de lecteurs, a le grand mérite de dépeindre, EN TENA... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Considéré comme une référence de la littérature sur le zen, L'esprit du Zen ne m'a pas vraiment enthousiasmée.
Dans les premières pages, Alan Watts présente les origines du zen, fait référence à quelques maîtres bouddhistes et analyse les liens entre Zen et Tao.
Il poursuit ensuite avec une description de la vie des moines et de leurs tâches quotidiennes.
L'auteur s'attarde également sur le kōan, cette petite énigme adressée par le maître au novice qui ne pourra la résoudre que quand il renoncera à l'appréhender intellectuellement, ce lâcher-prise ne survenant que quelques années plus tard.
L'esprit du Zen semble donc par essence insaisissable. Lorsqu'on croit l'appréhender, c'est à ce moment-là qu'il s'échappe.
Un longue entrainement permettra au pratiquant d'accéder au Satori, l'éveil spirituel, sous la direction d'enseignants bouddhistes.
Enfin, Alan Watts s'intéresse à l'influence du Zen sur la culture en Extrême-Orient et évoque, entre autres, l'esthétique japonaise, la cérémonie du thé, le sumi-e et le ju-jitsu.

Je savais que le Zen se différenciait des autres courants par un apprentissage plus axé sur la pratique que sur l'étude des textes bouddhistes.
Je suis pourtant étonnée que la morale et l'éthique soient si peu évoquées dans ce petit livre que je trouve assez froid.
Je suis donc clairement passée à côté de l'intérêt qu'il peut représenter et il me semble que, depuis sa parution, le Zen n'est plus présenté de manière aussi aseptisé.


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Le livre est divisé en 5 parties: les origines du zen, le secret du zen, la technique du zen, la vie dans une communauté zen, le zen et la civilisation de l'Extrême-Orient.
Cette philosophie est élusive et réfractaire à toute définition. Ce mot n'a pas d'équivalent dans la langue française, mais veut dire méditation ou mieux illumination. La tradition zen provient du bouddhisme, du Mahayana et du Hinayana. le zen est une forme de pensée qui consiste à pousser la réflexion hors des frontières de l'intellectualisation des concepts et de la morale traditionnelle.
Le zen a été introduit en Chine par Bodhidharma en 527 et s'est trouvé en contact avec le taoïsme. Il donne préséance à l'intuition sur la pensée discursive.
L'illumination est à trouver en toute chose dans la simplicité de la vie et des pensées quotidiennes. le soi n'est pas séparé, isolé du reste de la vie. Vivre et agir dans l'instant en se laissant emporter par le mouvement même de la vie sans s'abstraire par la pensée fait partie de l'essence du zen. Les concepts figent toutes choses en les tuant du même coup, tout n'est que perpétuel devenir vivant. Plus encore, si tu crois contrôler ou posséder, cette illusion te possède puisque tu es l'esclave des illusions que tu nourris à l'égard de la vie. La liberté naît d'une totale acceptation de la réalité. Comprendre le caractère fugitif du monde extérieur et la vacuité de l'ego mène à cesser de convoiter ces formes évanescentes. Cette philosophie est au-delà de la morale en phase avec une forte autodiscipline personnelle.
Le Satori et le Koan. le satori est une expérience subite d'effondrement des structures rigides de l'interprétation habituelle des choses. le Koan est un énoncé que l'on ne peut résoudre par l'intellect et qui sert à vérifier l'authenticité de l'expérience de Satori.



L'esprit s'arc-boute pour trouver une réponse à l'énigme du Koan jusqu'à ce qu'il lâche prise et comprenne qu'il n'y a pas de solution logique. Ce lâcher prise coïncide avec la compréhension de donner aux choses leur droit de vivre. le Satori implique la compréhension de ta propre nature intérieure. L'esprit est la clé de la vie, dans l'illusion il crée la confusion, dans la nature-de-Bouddha, il sera limpide.
Les communautés bouddhistes zen s'organisèrent peu à peu jusqu'au VIe siècle. Elles devinrent très bien organisées et très riches. Les moines s'occupent de toutes les tâches domestiques, dans une stricte discipline et la bonne humeur. Dans un environnement d'une grande sobriété, ils vivent en communauté avec des règles, une discipline et un emploi du temps réglé à la minute près.
En Orient, les philosophies ne sont pas enseignées à tous, ils sont réservés à une minorité. L'influence du zen est donc limitée. le principe des économies d'énergie stipule qu'il faut se concentrer sur une tâche sans s'éparpiller ni gaspiller de l'énergie inutilement dans toutes sortes de directions futiles.
Le zen investi l'art, la cérémonie du thé, la peinture, le judo, le kendo, l'escrime, le bushido, etc.
Point de rencontre entre soi et la vie, en une unité et un rythme parfait, le désir de possession disparaît du fait de l'absence de tout sujet voulant posséder. le soi n'éprouve plus le désir de posséder étant emporté par le torrent des événements avec en plus un élément éludant toute définition.
Ce livre donne une bonne idée, la plus claire possible dans les circonstances de ce que peut être le zen, j'ai bien apprécié la lecture de ce livre.
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Une traversée impressionniste dans le monde du Zen, la traduction extrême-orientale (et surtout japonaise) du silence de Bouddha ; le Zen n'est pas un ensemble de discours intellectuels - même si il en a produit - mais l'invitation à un rapport non-duel avec la réalité, la découverte du Soi véritable par l'Illumination (Satori) - réalité qui est comme le silence, indéfinissable, si ce n'est dans ses paradoxes (les multiples Koan - apories -, ensemble d'énonciations sans sens "logique", prêtes à dérouter les aspiratns qui se voudraient trop "rationalistes").

On apprend aussi l'influence considérable que le Zen a joué dans la genèse de la culture japonaise, de ses arts (peinture, architecture, ... cérémonie du thé ou du jardinage !) autant que ses manifestations plus "explicites" (code Bushido des samouraïs, ju-jitsu, ...)
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Pour une approche aisée du Bouddhisme Zen se petit livre d'Alan Watts se montre idéal; pour aller plus loin les ouvrages de D.T Suzuki que j'ai découvert dans les années 70 (sont-ils toujours édités ?) seront à la piscine ce qu'est l'océan. Je suis cependant choqué aujourd'hui, soit 43 ans après la première traduction française et 83 ans après la parution de ce livre en Angleterre de l'absence totale d'évocation de la femme, du principe féminin... la sévérité et l'aridité du Zen irait-elle jusqu'à cet obscurantisme ?
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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Notre difficulté de compréhension découle de l'évidence même du Zen. Nous faisons inlassablement fausse route parce que notre recherche porte sur un mystère. Les yeux fixés sur l'horizon, nous ne voyons pas ce qui se passe à la hauteur du sol. Pour citer Hakuin dans son Chant de la Méditation :

« Tous les êtres sont, à l’origine, des Bouddhas,
C’est comme la glace et l’eau,
En dehors de l’eau, la glace ne peut se former,
Hors des êtres doués de sentiment, où cherchons-nous
[le Boudda ?

Ne sachant pas combien proche est la Vérité,
Les gens la cherchent au loin…
A l’image de celui qui, au milieu de l’eau,
Crie sa soif en se lamentant. »

L’homme est souvent trop orgueilleux pour observer les choses évidentes le concernant directement. Ainsi, le Zen vit les adeptes du Mahayana poursuivre la vérité dans les écritures, auprès des sages et des Bouddhas, pensant qu’elle leur serait révélée s’ils adoptaient un mode de vie correct.

La prétendue humilité, selon laquelle l‘homme croit que la sagesse est une chose trop sublime pour daigner se manifester dans les événements de la vie courante, est en réalité une forme subtile de l’orgueil. Il est convaincu qu’il ne pourra accueillir la vérité aussi longtemps qu’il ne sera pas détaché des préoccupations terrestres. Son orgueil est tel qu’il ne consentira à recevoir la sagesse que des lèvres mêmes du sage ou par l’intermédiaire des écritures sacrées. Il ne la perçoit ni dans les êtres humains, ni dans les événements de la vie de tous les jours, ni en lui-même, puisque là encore son orgueil l’empêchera de se voir tel qu’il est. Loin de chercher la vérité, il avance vers les Bouddhas en cachant ses imperfections derrière le voile de ses actions méritoires.

Cette préparation méticuleuse en vue de trouver la vérité dans le futur ou par l’intermédiaire d’un agent extérieur revient, selon le Zen, à repousser le moment de la vision des faits, bons ou mauvais, dans leur vérité à quiconque ne sait la percevoir en lui-même : quiconque ne sait la percevoir dans l’instant présent ne peut s’attendre à en recevoir la révélation dans un temps futur.

C’est pourquoi le Zen enseigne qu’aucun être ne peut trouver le Bouddha dans un paradis ou dans des sphères célestes, s’il ne l’a auparavant découvert en lui-même et dans tout être doué de sensibilité. De même, aucun être ne peut espérer trouver l’Illumination dans un ermitage, s’il n’en a pas déjà eu la révélation dans son cadre de vie habituel.

La philosophie mahayaniste précise, en effet, que toute chose – aussi vile en apparence, aussi insignifiante qu’elle soit – est un aspect de la nature-de-Bouddha. Par conséquent, il nous faut accepter toute chose et tout être. (pp. 47-49)
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…les préceptes du Hinayana portent en grande partie sur des règles de conduite, l’analyse psycho-physique de l’être humain et les règles monastiques, au point que le Hinayana est devenu une école de pensée rigide et conventionnelle, à tendance matérialiste.
(…)
Le Bouddha ayant nié l’existence d’une « nature propre » dans l’individu, le Hinayana en déduit qu’il n’existe aucun soi. Le Mahyana, par contre, estime que le véritable Soi se révèle quand on renonce au « pseudo-soi ». Lorsque l’homme cesse de s’identifier à sa personne et de l’utiliser en tant que moyen de résistance à la vie, il s’aperçoit que le Soi dépasse les limites de son seul être qu’il englobe l’univers dans sa totalité.

Le Hinayana, comprenant qu’aucune chose dans son individualité ne peut être le Soi, s’en tient là. Cette conception implique donc la négation de la vie, puisqu’elle envisage l’illumination sous son aspect négatif, selon lequel toute forme séparée est anatta – sans soi – et annica – sans permanence.

Le Mahayana, par contre, complète cette négation par une affirmation. S’il nie l’existence d’un soi propre à chaque chose, il découvre néanmoins ce Soi dans la totale interdépendance des choses. Atteindre l’Illumination revient donc à nier la réalité du soi prisonnier de la forteresse, à prendre conscience que le Soi n’est pas l’entité « je » en tant que distincte de l’entité « vous », mais qu’il comprend à la fois les entités « je » et « vous », de même que n’importe quelle autre entité. En déclarant que tout participe du Soi, le Mahayana affirme la vie au lieu de la nier par la seule assertion selon laquelle chaque chose prise dans individualité n’est pas douée de soi.
(…)
Mais cette différence d'interprétation est à l'origine de différences importantes dans le domaine de la pratique. La philosophie hinayaniste, de par son idéal négatif, voit en l’homme parfait celui qui accède au Nirvana, c’est-à-dire à la délivrance, par une compréhension d’anatta et d’annica. Un tel être se nomme un Arhat, par opposition au Bodhisattva, l’homme idéal de la philosophie mahayaniste, lequel ne se contente pas d’un simple accès au Nirvana, car il lui semble impossible de ne pouvoir apprécier la félicité éternelle aussi longtemps que des êtres resteront dans la souffrance.

Il sait qu’il n’est pas fondamentalement différent des autres ; son Nirvana ne peut donc être parfait s’il ne le partage pas. Selon sa conviction, toute forme de vie participe du Soi. Par conséquent, il voit des « alter ego » dans tous les êtres et le Nirvana demeure à ses yeux une sorte de vanité et d’égoïsme aussi longtemps que subsistera un seul être à n’avoir pas atteint l’Illumination. Ainsi, ayant pendant un nombre incalculable de vies mené une lutte âpre et douloureuse contre l’auto-illusion, il acquiert le droit à la félicité éternelle et y renonce dans le but d’aider toute chose vivante à se réaliser. L’idéal bodhisattvique sous-entend une acceptation totale de la vie, car, s’identifiant avec la création tout entière, le Bodhisattva ne peut rejeter ou négliger l’une des quelconque des manifestations de celle-ci. (p. 26 & 29-30)
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Dans l'histoire de l'Extrême-Orient, les fruits du Zen revêtent des centaines d'aspects différents, si grandioses qu'ils témoignent à eux seuls de la valeur du Zen. Parmi ceux-ci, on peut citer des réalisations artistiques valant toutes celles qui ont été produites au cours de l'histoire de n'importe quelle autre civilisation, une chevalerie et une technique militaire prétendant, à juste titre d'ailleurs, n'avoir jamais été égalées.
(...)
De même qu’il existe deux éléments apparemment antagonistes dans la personnalité des maîtres zen, de même nous voyons que le Zen a influencé la civilisation extrême-orientale sur les plans apparemment opposés de l’esthétique et des arts martiaux. D’une part, il a inspiré les subtilités de la cérémonie du thé (Cha-no-yu), l’art des jardins, l’œuvre des peintres Song, celle des académies Kano et Sumi-e, la poésie (notamment celle de Basho) et la simplicité paisible de l’architecture japonaise ; d’autre part, il permit l’élaboration de techniques aussi inquiétantes que le ju-jitsu et le kenjitsu (escrime) et des principes austères du bushido – le code du chevalier samouraï. La singularité du Zen réside donc en sa capacité d’associer la paix du Nirvana à l’activité intense dans le combat et aux tâches courantes de la vie quotidienne. (p. 102 & 104-105)
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Ainsi, au moment où le disciple atteint le stade où le Koan esquive de façon catégorique toute tentative de vouloir-saisir, il prend conscience de l’impossibilité de saisir, de posséder et d’immobiliser la vie. Il lâche donc prise et ce lâcher-prise signifie l’acceptation de la vie en tant que vie, c’est-à-dire : insaisissable, libre, spontanée, et illimitée. Le Koan est une façon de présenter le problème essentiel de la vie sous une forme plus intense. L’impasse finale du Koan, c’est-à-dire son expression vivante, amplifie l’impasse à laquelle aboutissent inévitablement ceux dont le désir est de s’emparer d’une chose vivante dans le but de la garder et de soumettre sa vie à la leur.
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Le zen essaie fermement de créer le contact direct avec la vérité, sans permettre aux théories et aux symboles de s'interposer entre le connaissant et l'objet de sa connaissance. En un sens, le zen perçoit la vie et non un concept sur la vie. Il ne s'arrête jamais pour considérer la sagesse d'autrui, ou la description d'une expérience spirituelle faite par une tierce personne, ou encore pour analyser de simples concepts et croyances. Si la sagesse d'autrui a l'utilité d'un poteau indicateur, il est trop facile de confondre ce poteau avec le chemin qu'il indique, voire avec le but lui-même. Si subtiles sont les façons dont une description peut s'imposer à nous comme la vérité ellemême, que le zen se traduit souvent en une sorte d'iconoclasme, de destruction de toutes les images intellectuelles de la réalité vivante, connaissable par la seule expérience personnelle.
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