" Quelques échantillons du Ridicule-turel "
Eric NAULLEAU : (...) De crainte de paraître "ringard", de rester sourd au dernier cri, de rater le train de l'avant-garde, les institutions s'empresssent désormais de soutenir la moindre apparence de nouveauté sans crainte excessive du ridicule. C'est ainsi qu'on a vu le Festival d'Avignon mettre à l'honneur le travail très discutable de Jan Fabre. Et entendu le ministre de la Culture en personne féliciter Michel Houellebecq, en des termes d'un lyrisme aux limites du comique involontaire, pour l'attribution du prix Interallié à son roman "La Possibilité d'une île" M. Donnedieu de Vabres saluait notamment "la puissance narrative" d'une intrigue minimale et d'une prose rabougrie, s'inclinait devant le démontage, "avec autant d'ironie perspicace, de tous les leurres de notre époque, toutes les illusions et les ruses idéologiques, les productions de la publicité, au sens large" alors même que le roman dont il chantait les louanges venait de servir à l'une des plus vastes opérations de marketing littéraire jamais menées en France, et s'exaltait enfin : "Vos deux portraits de femmes sont magnifiques, dans leur vérité douloureuses", remarque élégiaque à rapprocher de ce magnifique morceau de poésie douloureuse extrait de "La Possibilité d'une île" : "Comme toutes les très jolies jeunes filles, elle n'était bonne qu'à baiser, et il aurait été stupide à l'employer à autre chose, de la voir autrement que comme un animal de luxe."
[Jean-Philippe DOMECQ & Eric NAULLEAU, "La situation des esprits - Art . Littérature. Politique. Vie ", chapitre "La crise de la médiation littéraire, cas concrets", éditions de la Martinière, 2006, pages 59-60]
"Quelques échantillons du Ridicule-turel" [suite]
Eric NAULLEAU : (...) ce magnifique morceau de poésie douloureuse extrait de "La Possibilité d'une île" : "Comme toutes les très jolies jeunes filles, elle n'était bonne qu'à baiser, et il aurait été stupide à l'employer à autre chose, de la voir autrement que comme un animal de luxe."
J.-Philippe DOMECQ : Mais, mon cher, vous n'avez pas compris : "Avec Houellebecq, la baise moisie a son poète" ... vous explique l'inénarrable Sollers - toujours prêt à prendre les trains en marche, celui-là, de Mao à Messier, du marxisme-léninisme pur et dur au papisme et de Lacan à Balladur, et maintenant Houellebecq puisque "tout le monde en parle".
[Jean-Philippe DOMECQ & Eric NAULLEAU, "La situation des esprits - Art . Littérature. Politique. Vie ", chapitre "La crise de la médiation littéraire, cas concrets", éditions de la Martinière, 2006, page 60]
13e édition du Prix Psychologies-Fnac de l'Essai 2019. le Prix Spécial est décerné à Jean-Philippe Domecq pour son livre "L'amie, la mort, le fils" dédié à Anne Dufourmantelle (éd. Thierry Marchaisse).
"Un texte d'une qualité extraordinaire, d'une sensibilité, d'une poésie, d'une profondeur et, j'ose le mot, d'une spiritualité – qui ne dit pas son nom – étonnante. Un livre absolument bouleversant, très difficile à qualifier, hors de tout, et je pense même hors de lui-même" (Christilla Pellé-Douël, Psychologies Magazine, extrait du discours de remise du Prix).
Présentation du livre :
Anne Dufourmantelle a péri le 21 juillet 2017 pour sauver des enfants de la noyade en Méditerranée, dont le propre fils de l'auteur.
Elle était psychanalyste, philosophe, romancière, auteure d'une oeuvre reconnue de par le monde. Sa notoriété culturelle ne suffit pourtant pas à expliquer l'émotion considérable qui s'est répandue à l'annonce de sa mort, en France et au-delà, jusqu'auprès de gens qui ne l'avaient jamais lue ni entendue.
Ce récit de chagrin livre le portrait d'une femme exceptionnelle, en même temps qu'il médite sur les rapports père-fils, l'origine du sacré et l'aura d'un être qui avait « la passion de l'amitié »
En savoir plus : http://www.editions-marchaisse.fr/catalogue-lamie-la-mort-le-fils.html
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