Une réappropriation d'une oeuvre incontournable de
Georges Orwell signé par le remarquable scénariste
Xavier Dorison ( Long John Silver,
le Maître d'armes ...) en collaboration avec nouveau dessinateur dont c'est la première oeuvre
Felix Delep.
Tout d'abord bravo pour le travail de ce dernier, un travail graphique très immersif qui nous plonge d'emblée dans l'atmosphère oppressante de ce Château des Animaux. le dessin ultra-expressif des animaux est remarquable, le dessinateur parvient à maîtriser l'art difficile de la fable en insufflant ce qu'il faut de caractère et de personnalité aux animaux. La colorisation parfois lumineuse, parfois confortable, parfois sombre et grisâtre est judicieuse et vraiment de la force ou de la douceur à certaines séquences.
D'ailleurs, d'un point de vue graphique, on peut souligner d'emblée la qualité de la première de couverture qui attire vraiment l'oeil, un vrai tableau avec un remarquable effet de lumière.
L'intrigue se suit avec entrain grâce notamment à un très bon découpage de cases. Certaines scènes sont foudroyantes comme le massacre ou agréablement poétique avec le spectacle d'ombres.
C'est un titre généreux à tous points de vue !
J'hésitais à mettre une note maximale mais je préfère me montrer un poil plus sévère car nous restons tout de même dans une réappropriation serrée de
la Ferme des Animaux et dans une intrigue un poil classique de révolution. Nous sommes dans des thématiques déjà connus. Mais il faut tout de même reconnaître les qualités d'écriture de
Dorison qui signe des personnages remarquables et attachants comme la chatte peureuse et protectrice, le lièvre dandy et besogneur, le rat sage, le taureau tyrannique, des personnages magnifiés par le dessin , encore une fois, ultra-expressif de Delet qui s'en tire avec les honneurs.
J'ai particulièrement aimé les pointes d'humour ainsi que quelques notes de dialogues bien travaillés.
Dorison signe ce sujet avec maturité et parfois sans concession ( il n'éclipse pas la violence et la dureté d'un régime tyrannique) tout en laissant une porte ouverte sur l'espoir et, parfois , le rire. C'est un excellent travail.
Le château des animaux est une bonne surprise, notamment d'un point de vue graphique. Ce n'est pas un titre qui demeure pour l'instant surprenant dans ses thématiques mais cela demeure une fable remarquablement maîtrisée dans l'ironie cynique et cruelle de
la Ferme des Animaux a cédé la place à un puissant vent de révolte. le Château des Animaux est prévu en quatre tome et nul doute que
Dorison aidé par un prometteur dessinateur est en train de signer une nouvelle excellente mini-série.