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EAN : 9782265028821
Fleuve Editions (09/09/1998)
2.9/5   5 notes
Résumé :
La foule s'immobilisa: hautes de cent mètres et plus, les lourdes portes de bronze du temple s'écartaient en silence. Occupant toute l'embrasure, une forme massive se profila. Le Rhinocéros. Le dieu vivant, mais aussi l'arme la plus formidable que l'homme ait jamais conçue.
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
A travers cette chronique je souhaite raconter à ma manière (et je l'espère sans erreurs) l'Histoire d'une partie de la trajectoire du mythique Fleuve Noir Anticipation. Son lit, de sa naissance à sa fin, courre de 1951 à 1997, tout du long de ses 2001 titres (quel beau clin d'oeil hommage à Stanley Kubrick en guise d'adieu..!). La période qui va m'occuper se situe plutôt après la mi-parcours.

Le FNA était à sa mort la doyenne des collections SF françaises: populaire, abondante, recherchée, mythique, légendaire...etc. Elle connut plusieurs phases successives qui marquèrent son histoire et celle (avec un grand "H") de la SF. "Rhino" signé Dominique Douay, n° 1360 de la série parut en 1984. Ce roman appartient (si je ne me trompe pas) à la troisième tranche d'évolution de la collection.

Graphiquement, ce titre appartient encore à cette période de la collection qui affiche en 1 de couverture des illustrations non originales issues de fonds anglo-saxons. Quelquefois même, le lecteur n'a que des fragments arrachés à des peintures plus grandes, de simples détails recentrés pour devenir arguments graphiques essentiels. On laisse souvent ignorer le nom des dessinateurs. Celle de "Rhino" est pourtant, précise t'on gentiment, et on a de la chance, signée Jim Burns: une pointure galloise de l'époque en matière de peintures SF. L'original illustre sans aucun doute, si l'on cherche bien, une toute autre parution anglo-saxonne, un roman qui n'a aucun rapport avec celui qui nous occupe.

Au sein du FNA, en tant que contenants, ces dessins n'ont très souvent aucun rapport avec les contenus. Pour faire simple, le lecteur ne lit jamais ce qu'il voit, ce qui visuellement l'a attiré à l'achat. La une de couv de "Rhino" nous montre trois licornes; on a de la chance, il y en a une dedans. Sinon, ailleurs, pour d'autres titres, les illustrations tombent à côté de la plaque.

Le Fleuve de l'époque se moque de ces approximations graphiques, il vend, il a affaire à des aficionados qui achètent en masse dans les tabac-presse, sur les quais de gare, en librairies... etc. La collection est aisément repérable, elle a des codes graphiques forts, reconnus par les fans, repérables par les habitués de passage. C'est désormais une institution solide qui a ses fidèles irréductibles. Et ils sont si nombreux. Et puis ces illustrations hyper-réalistes, aérographiées, très typées SF et/ou Fantasy ont le vent en poupe, font un tabac outre-atlantique et sont recherchées en France; c'est nouveau, créatif et travaillé à la perfection. le vent, les concernant, les oubliera bientôt sur l'autel de la mode. Ce fut une époque graphique lyrique et ébouriffée. On est si loin, hélas, de la sèche sobriété actuelle.

Le fan de base de 1984 n'est pas dupe de ces libertés prises avec la réalité, mais il s'en fiche. Il n'attend que sa dose d'exotisme spatial rapide. Six parutions par mois, la machine ne peut bloquer sur des détails.

En 4 de couv, en guise de résumé éditeur, l'éditeur fait au plus simple et au plus discret: quelques mots en bas de page que l'on cherche sous une pub presque pleine page, ici on vend au hasard des parutions de l'alcool, des cigarettes, des voyages ..etc

"Rhino" pour nous allécher propose le sobre et peu attirant texte suivant: "La foule s'immobilisa: hautes de cent mètres et plus, les lourdes portes de bronze du temple s'écartaient en silence. Occupant toute l'embrasure, une forme massive se profila. le Rhinocéros. le dieu vivant, mais aussi l'arme la plus formidable que l'homme est jamais conçue." On peut faire mieux, mais est-ce important ?

Au dos, on trouve une pub Air France, une plage ensoleillée, un palmier, le vert de l'océan et une fille bronzée en maillot de bain blanc.

Drôle d'époque me direz-vous ? Celle qui accepte de tels codes impensables aujourd'hui et ne s'en voit pas pénalisée en termes de ventes.

Le fan addict du FNA et le lecteur occasionnel ne se posaient alors pas tant de questions: le voyageur SNCF achetait deux heures de lecture divertissante et offrait au book-crossing le livre qu'il laissait sur les sièges; le collectionneur se frottait les mains, il possédait à sa plus grande joie des romans qui n'étaient jamais réédités (ou presque).

Un autre fait notable, à cette époque, change la donne et glorifie la collection. le FNA sous la nouvelle houlette de Patrick Siry en tant que directeur de collection, se met en tête de livrer des romans plus aboutis, plus littéraires, plus travaillés, signés de grands noms déjà en place chez d'autres éditeurs ou de talents à venir: Michel Jeury, G.J. Arnaud, Joël Houssin, R.C. Wagner, Pierre Pelot..etc. Peu à peu, de populaire la collection fait peau neuve, revêt des habits de fête et attire un lectorat plus exigeant.

C'est dans ce contexte étonnant que Dominique Douay débarque au n° 1360 en 1984. Ce sera sa seule apparition au sommaire du FNA. Et il y a peut-être une raison à cette unique livraison. Il n'en est pas à ses premiers pas, il a un passé reconnu au sein de collections SF prestigieuses: Opta Nebula, Présence du Futur, J'ai Lu SF, la collection "Dimensions" chez Calmann-Levy...et une cohorte de nouvelles au sein de Fiction, Galaxie et autres Horizons du Fantastique...

"Rhino": dans un lointain futur, Terre, le Berceau Nourricier, a colonisé des centaines de mondes. Ils se sont réunis sous l'égide d'une Fédération Centrale, la HWO. Son pouvoir est contrebalancé par celui de la MNA (fédération des Mondes Non Alignés). le point névralgique de cette structure politique est, à l'égal d'Arrakis pour le Dune d'Herbert, la planète Falume. On y trouve une prêtrise centrée autour de l'adoration des Bêtes, gigantesques et omniprésents objets de culte. Ce sont trois entités spatiales déifiées, vénérées par des Fidèles décidés au prosélytisme extra planétaire agressif. Une Licorne, un Rhinoceros et un Mammouth. En réalité trois vaisseaux spatiaux surarmés, fruits d'une technologie avancée, capables de déplacements instantanés dans l'espace profond. Chaque entité a son pilote, un cornac humain (Rhino, Liquorice et Mammon) qui fait corps avec elle. Falume porte une religion à l'échelle d'une planète, en prosélytisme centrifuge constant. Ses dirigeants en habiles manipulateurs vénèrent, en le sachant pertinemment, une banale technologie, instrument d'hégémonie aux mains de la Fédération qui la possédera. On va assister à maints affrontements politiques, diplomatiques, religieux et guerriers autour de la possession des Bêtes. A cela s'ajoutent les Qalags à l'image des Navigateurs de Dune, les lémuses (mini peluches vivantes, E.T. capables d'empathie) et une caste féminine (Bene Gesserit à minima).

Le projet est ambitieux, Dune n'est pas loin dans l'intention. Douay n'a semble t'il pas prévu d'inscrire son récit dans le cadre d'un cycle, le roman apparaît comme un one-shot au regard de son épilogue fermé. L'auteur se montre vite à l'étroit dans le cadre serré des 184 pages standard des FNA de l'époque. Il n'a pas le temps de l'exposition sereine des tenants et aboutissants de ce qu'il a imaginé. Il lui faut aller à l'essentiel et il sabre les détails. Les informations servant à bâtir le background se bousculent, certaines ne sont pas crédibles car mal ou pas expliquées, la construction ambitieuse s'effondre alors sur elle-même. Ne restent que des personnages qui interagissent mal, dans un cadre présenté à minima, peu défini et en conséquence peu crédible. C'est dommage, l'horizon d'attente était large et séduisant. La promesse d'un bon planet-opera tombe à l'eau. Dans ce genre de récit la crédibilité (moteur essentiel de la qualité) ne prend racine qu'au prix de la lente et patiente construction d'un background solide et précis. 184 pages étaient un carcan trop étroit, comprimant les bonnes intentions. Ce livre, plus dilué dans l'évolution de l'intrigue et plus patient dans ses révélations, aurait du paraître dans une autre collection, au sein d'un cycle ou d'un volume plus épais.

Chronique présentée ici dans le cadre du Challenge "Fleuve Noir Anticipation"
https://www.babelio.com/groupes/24/Challenges-de-lecteurs/forums/24/Discussion-generale/18394/Challenge-Fleuve-Noir-Anticipation?pageN=2#post_398047
Lien : https://laconvergenceparalle..
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Vidéo de Dominique Douay
La vidéo par actusf.com de la conférence "Quel sexe dans la Science fiction ? Une discussion sérieuse, mais pas trop", qui s'est tenue le 1er décembre 2017 à la Librairie La Virevolte, à Lyon avec Jeanne A. Debats, Dominique Douay et Sylvie Lainé.
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