Chronique Nathalie Bullat
Pas de doute cet auteur est de retour avec un livre brillant, ne passez pas à côté ! Pour moi c'est le meilleur de
Jean-Paul Dubois, un auteur qui, comme
Franck Bouysse, est incontournable. Un portraitiste de l'âme. Une plume subtile qui n'a rien à envier aux grands romans anglo-saxons !
On retrouve chez Dubois sa marque de fabrique nostalgique : la perte d'un amour, la relation importante au père, l'amitié, le dégout des petits chefs.
Le narrateur est en prison à Montréal. Il partage sa cellule avec Patrick, un gros dur passionné de motos mais capable de délicatesse, avec " quelque chose de noble dans sa sauvagerie "
Tout au long du roman on se demande pourquoi le narrateur purge sa peine. Qu'a-t-il fait ? lui le fils d'un improbable pasteur Danois et d'une cinéphile avant-gardiste Toulousaine ? Lui le surintendant sérieux, serviable d'une résidence de gens aisés durant une vingtaine d'années.
Le récit alterne entre l'histoire de sa vie et ses dures journées avec son co-détenu , dans une atmosphère de brutalité, sans aucune intimité avec des rats pour voisins !
Pour supporter la violence de l'univers carcéral il rêve tout éveillé et revoit ceux qu'il a tant aimés : Winona , son grand amour, une belle Indienne qui pilote des avions taxi au-dessus des grands lacs et partagea sa vie 11 ans avec leur chienne Nouk. Il revoit son pasteur de père qui perdit la foi devant des fidèles moins nombreux et évapora ses économies au jeux.
Les mots de l'auteur sont poétiques quand il évoque ses vacances d'enfant au Danemark là où la Baltique et la mer du Nord se rejoignent, où les sables poussés par les vents ensevelissent les églises. Ils sont empreints de douceur et de mélancolie pour Winona qui sait lire les messages du vent et les rideaux de la pluie..
Ils sont tendres pour son généreux ami Kerian Read. Mais sa plume devient incisive devant la bêtise des fourbes, méprisants et arrogants face aux plus faibles.
un livre tout simplement attachant!!!