Tous les hommes n'habitent pas le monde de la même façon

2 récits en parallèle, où l'auteur par le de sa vie d'avant et de sa vie pendant. Belle écriture. Chronique de vie un peu "tristounette"mais à lire. Donne envie de découvrir d'autres livres de cet auteur.

Paul Hansen purge une peine de prison dans une prison de Montréal en compagnie de Patrick Horton, un Hells Angel. Il raconte ses conditions de détention et l'histoire de sa vie, de Toulouse au Québec. Jean-Paul Dubois signe un roman attachant, à visage humain.

« Tous les hommes n'habitent pas la terre de la même façon » a été consacré par le prestigieux Prix Goncourt. Jean Paul Dubois y expose l'humanité du personnage principal, Paul Hansen face à des évènements qui échappent à une « normalité ».
Paul Hansen partage la cellule de Horton, Hells Angel, incarcéré pour meurtre. La cohabitation est improbable, mais Paul Hansen arrive à nouer une certaine « amitié » avec le colosse. La narration explore petit à petit son histoire. Sa jeunesse se partage entre un père danois, pasteur et une mère française, gérante de cinéma. Paul Hansen décrit la marche vers la séparation de ce couple si dissemblable. Il est spectateur sans jugement, comme extérieur à cette vie. Il suit son père au Canada et assiste à la dérive de son père en proie à l'addiction aux jeux. Surintendant d'une résidence, il est totalement absorbé par son travail ; pris par les tâches matérielles et son dévouement. Il prend soin des locataires isolés, des malades... Mais le nouveau président du syndic de copropriété va le persécuter jusqu'à l'irréparable.
Car le personnage de Paul Hansen paraît en décalage permanent entre ses réactions et la réalité vécue. Il ne s'agit pas de naïveté, mais d'un naturel bienveillant, parfois excessif. Il partage une vie heureuse avec sa femme. Sa disparition, dans un accident d'avion, le laisse seul avec son chien. L'humanité n'est guère épargnée dans les péripéties qui tombent sur Paul Hansen. Et pourtant il montre un comportement égal dans ses réactions, humaines et généreuses. Il ne paraît pas juger mais il peut réagir face à l'injustice.
Le roman n'est pas pessimiste. Il ouvre, à la fin, une perspective de rebond pour Paul Hansen. Mais le rythme du roman laisse un sentiment de fatalité qui imprime une certaine langueur. L'humour s'impose dans des situations cocasses. le style est choisi, et remarquable en maints paragraphes.
Au final, un livre qui ne m'a pas emporté à la lecture mais qui ne laisse pas indifférent une fois refermé. Signe de réussite ?

Un Goncourt facile à lire, une belle découverte.

"A cette époque, la prison n'était encore pour moi qu'un concept théorique, une facétie de jeux de dés vous enjoignant de passer votre tour enfermé dans la case pénitentiaire du Monopoly".

Nous faisons la connaissance de Paul Hansen dans une prison de Montréal où il purge une peine de prison de deux ans. Avant de savoir ce qui l'a conduit dans les murs de ce pénitencier, nous parcourons son existence en commençant par sa naissance, en France. le couple formé par ses parents est détonnant. Son père est un pasteur d'origine danoise et sa mère gère une salle de cinéma avant-gardiste, voir subversive. le couple explose à la fin de l'adolescence de Paul. le pasteur va vivre au Québec, Paul Le rejoint et vit de petits boulots, avant de trouver un poste d'intendant dans une résidence "standing". Un peu plus tard, il rencontre une jeune femme, pilote d'aéroplane. Paul passera vingt ans de sa vie à bichonner les habitants de sa résidence, jusqu'à ce qu'un nouveau chef lui impose une autre façon de travailler...

En alternance avec sa vie d'avant, nous découvrons la vie de Paul à la prison. Ce sont les passages du roman que j'ai préférés. La façon dont Paul parle de son co-détenu est à la fois cocasse et amicale. Il y a une vrai complicité entre ces deux-là en dépit de leurs différences. Leur promiscuité pourrait être insupportable si Paul n'était pas l'homme bienveillant et tolérant qu'il est.

Si j'ai beaucoup aimé les passages concernant Paul, j'ai trouvé trop longs certains passages du roman, et notamment ceux concernant la vie du pasteur, que je trouve exagérément détaillée. J'ai eu par ailleurs un peu de mal à croire au personnage de la compagne de Paul, vraiment très atypique (cela suffisait peut-être de doter Paul D un père et une mère hors du commun...). Les personnages sont assez caricaturaux mais très attachants. Ils sont nés pour vivre dans un autre monde que le notre, plus humain, plus tolérant.

"Tous les hommes n'habitent pas le monde de la même façon" est un bon roman mais qui ne m'a pas transportée autant que je l'aurais imaginé.
Lien : http://www.sylire.com/2019/1..

J'aime pas les Goncourt mais celui là, je l'aime !

Ecriture, sujet, personnages, articulations des chapitres, tout y est . Il est dans mon Panthéon des grands livres, à côté de Victor Hugo et Shakespeare.

Une bien belle plume .. un univers parfois meconnu ..
la prison , la foi , le pere, la mere , l amour , l amitié , le chien ..
y a plein plein de choses dans ce roman .. on suit son parcours avec passion ..
il decrit avec details et force la vie en prison .. il a l art de decrire des personnages hors du commun .. son co detenu par exemple ..
Le prix Goncourt est bien merité !

Ce n'est pas mon premier livre de J-P Dubois, le dernier, la succession, m'a franchement déplu, j'attendais donc autre chose de celui-ci. Je ressors de cette lecture avec un avis mitigé, bien-sûr on retrouve la veine cynique et amusante de l'auteur par exemple dans les relations entre son héros, Paul Hansen, et son compagnon de cellule, Patrick, un biker assez enfantin. Je crois avoir préféré ces passages -là où la cohabitation s'avère rude et en même temps pleine de détachement de la part de Paul qui sait voir ces moments souvent sous un jour absurde et assez drôle. le narrateur maintient aussi une sorte de suspense sur la raison de son incarcération, quoique cela se devine assez vite, et les rêveries sur sa femme, son chien et son père, pas toujours dans cet ordre (!!), donnent un peu de poésie au récit. L'autre pan du récit c'est celui de sa vie entre un père, un pasteur danois qui a perdu la foi, et sa mère, une beauté à la tête d'un cinéma d'arts et essais assez indifférente au sort de son fils. Bref, on oscille entre toutes ces vies ce qui éparpille beaucoup la lecture, et si ce qui concerne son père est très développé , sa femme, Winona, arrive en peu en plus sans vraiment de poids, de même que sa vie au sein de l'Excelsior où il est intendant. J'ai trouvé que tous ces aspects ne faisaient pas un tout très agréable à lire ni très prenant.

Un lancement assez lent, on suit en parallèle la vie en prison et l'enfance du narrateur. La première partie n'est pas vraiment à la hauteur malgré quelques ironies saillantes. La seconde partie sauve tout, le long cheminement est récompensé.

Dubois est un conteur magnifique.
Comme d'habitude, sa petite musique mélancolique nous berce et nous chavire.
Une fois de plus, il signe un petit chef-d'oeuvre...