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3,72

sur 4239 notes
Une fois encore, Jean-Paul Dubois est très bon grâce à ses personnages. Ce mystérieux compagnon de cellule, inquiétant, ancien motard rebelle … Avec un duo étonnant, l'auteur parvient à organiser un huis-clos où les souvenirs jouent le rôle de porte de sortie vers un ailleurs . Un style tout en finesse, mélancolique et pudique, du très bon Jean-Paul Dubois .
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Quelle ne fut pas ma surprise lorsque je découvris que le narrateur avait habité comme moi au Quai Lombard à Toulouse. Je ne sais pas quelle est la part d'autobiographie dans ce roman mais j'ai peut-être été le voisin de Jean-Paul Dubois !
J'ai beaucoup aimé cette lecture, la bienveillance de Paul vis à vis des personnes qui vont partager son chemin, l'humour de l'auteur qui m'a fait penser bien souvent à celui de John Irving, la construction du récit avec cette question lancinante qui nous pousse à aller plus loin : comment un homme aussi humain que Paul, toujours prêt à rendre service à ses semblables, va un jour se retrouver en prison. Enfin, j'ai adoré le personnage de Patrick, son compagnon d'infortune.
Un Goncourt bien mérité.

Lu dans le cadre du challenge multi-défis 2020.
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Paul est incarcéré dans une prison à Montréal. Comment est-il arrivé là alors qu'il avait une vie des plus banale ?
Le récit alterne entre ses souvenirs et sa vie en détention. Son codétenu, un biker accusé de meurtre, bourré de violence est malgré tout attendrissant.
On suit Paul de son enfance, entre un père pasteur et une mère soixante-huitarde qui projettera dans son cinéma d'avant-garde les premiers films érotiques, à sa vie d'adulte d'homme à tout-faire dans une résidence.
Bien sûr, on comprendra pourquoi Paul se retrouve là mais ce n'est pas le plus important. Ses souvenirs, ses morts, ses errements font de ce roman une pépite.
C'est plein de nostalgie mais aussi d'humour. Malgré l'ambiance parfois pesante, on rit. Les personnages sont attachants et ambivalents.
Un vrai plaisir de lecture.
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Parmi les romans lus de cet écrivain, je pense que c'est l'un des meilleurs,c'est " un bon cru".
Et c'est avec joie que j'ai retrouvé J.P.Dubois,analyste des âmes et du comportement humain enveloppé dans une philosophie de vie qui lui est propre,c'est sa " patte".
C'est un livre de contrastes où le regard de l'écrivain décrit tour à tour toutes les facettes de l'être humain: de l'amitié à la révolte de l'incompréhension à l'injustice en passant par la" connerie" humaine.Bref ,une histoire d'une grande sensibilité, un regard aigu sans concession,mais avec toutefois une bonne dose de tendresse sur notre monde;
Un coup de coeur pour moi que je recommande chaleureusement. ⭐⭐⭐⭐⭐

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Première immersion dans l'univers littéraire de Jean-Paul Dubois, et... j'ai adoré !
Après une première période durant laquelle je me suis trouvée quelque peu décontenancée par le sujet, la construction du récit avec des retours dans le passé de différentes époques, j'ai été irrémédiablement séduite par le style, fin, ironique et touchant, un coup de coeur pour l'écriture !
J'ai apprécié découvrir des univers si éloignés du mien, la vie carcérale, la vie de pasteur, le quotidien dans la France de la "révolution" de 1968, l'existence d'un gardien d'immeuble de gens aisés au Québec, ... Je me suis sentie complètement dépaysée, et c'était très plaisant, car d'un autre côté je me suis sentie proche du "héros" qui n'en est pas un, un brave gars bien secoué par la vie, qui n'en a pas moins su garder une grande humanité, beaucoup de tolérance, d'émotions.
Jean- Paul Dubois, tout en nuance, dresse le portrait d'un homme fruit d'une vie hors du commun, qui reste cependant juste un homme, comme des milliards d'autres, qui n'aspire qu'à une existence simple et sans vagues, alors que le destin ne cesse de le placer à l'épi-centre d'événements marquants et blessants.
Un bel hymne à la résilience humaine.
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Un très, très beau roman pour lequel j'ai retrouvé l'enthousiasme et le bonheur de lecture éprouvés pour Kennedy et moi. J'ai d'abord craint le pire à cause de ce (beau) titre à rallonge : Jean-Paul Dubois a-t-il lui aussi sacrifié à cette mode ? Non, pas de risque qu'un tel auteur se plie à ces fadaises. On retrouve ici, comme dans d'autres opus, un personnage principal qui s'appelle Paul, un chien et depuis plusieurs années, le Québec.

Les deux citations en exergue donnent le ton : une première assez désespérée de Rosalind Krauss (que je ne connais pas) suivie d'une autre, obscène et très drôle, de Charles Bukowski, composée de deux brèves phrases qui évoquent le jeu, la virilité et le Canada, ce qui a tout à voir avec ce qui va suivre. le premier des onze chapitres plante le décor. Nous sommes dans une cellule de la prison de Bordeaux, au nord de Montréal. Paul, narrateur à la première personne, partage sa cellule avec un « biker » des Hells Angel, un « homme et demi », en fait : l'impressionnant Patrick Horton, en attente de jugement. Il est accusé d'avoir abattu un autre motard soupçonné de renseigner la police. On comprend dès la quatrième page que Paul a failli tuer quelqu'un et que c'est pour ça qu'il est en dedans, comme on dit au Québec. On comprend aussi que le récit de Paul va alterner entre présent et passé. Il sera question des fantômes qui le visitent : son père, Johanes Hansen, pasteur danois ; sa femme, Winina Mapachee, moitié Irlandaise moitié Algonquine, pilote d'un avion taxi ; et Nouk, leur chienne, recueillie quand elle était bébé. « Oui, j'aimais ce temps, déjà lointain, où mes trois morts étaient encore en vie » : à la cinquième page de ce formidable roman qui commence au passé et se termine au futur, on a l'impression d'avoir déjà tous les éléments de l'histoire en main. Il n'en n'est rien, bien sûr.

Au fil du récit, on va approfondir les personnages principaux et rencontrer de délectables personnages secondaires. Rien ne préparait Paul à la prison. Il vient de la classe moyenne (d'une famille atypique), son casier judiciaire est vierge, il a travaillé toute sa vie, il mène une vie tranquille depuis des années, et pourtant… Parmi sa galerie de personnages, l'auteur nous en propose plusieurs qui semblent être construits comme le double négatif d'un autre. Cette opposition se cristallise dès le début entre Paul et Patrick, les deux compagnons de cellule. Je ne me rappelle pas si Paul se décrit, je ne crois pas, mais le physique de géant de Patrick Horton ferait contraste avec n'importe quel homme normalement constitué ! Paul est d'un naturel calme, posé, habituellement taiseux, faisant preuve de résilience. Patrick est une pile électrique, perpétuellement en colère, bavard, incapable de se taire, pas même pendant ses longues, bruyantes et odorantes séances sur le trône. Sorte de double opposé à Paul, donc, mais aussi au directeur de la prison : deux « bikers » que tout sépare, sauf l'amour des Harley. Opposition affirmée aussi entre le père et la mère de Paul. Le père est un pasteur danois, installé d'abord à Toulouse, puis à Tedford Mines pour des raisons que je vous laisse découvrir. La mère tient un cinéma d'art et d'essai à Toulouse ; avant-gardiste, audacieuse, souvent indifférente envers son fils, elle semble en désaccord avec le pasteur sur à peu près tout, à commencer par la religion. En plus de Johanes, on pourrait l'opposer à Winona, qui semble parée de toutes les qualités qui ont manqué à la mère de Paul. Violent contraste encore entre les présidents successifs du conseil d'administration de l'Excelsior, l'immeuble dont Paul est le super intendant. Quoi de commun en effet entre le généreux, bienveillant et altruiste Noël Alexandre et l'atrabilaire vindicatif et mesquin monsieur Sedgwick ? Un coup de coeur personnel pour l'organiste, Gérard Leblond, qui possède tout l'enthousiasme dont manque le pasteur, personnage secondaire, infiniment talentueux, séduisant et sympathique, qui donne à l'auteur l'occasion d'une brève et passionnante digression sur Laurens Hammond, le fabriquant d'orgues et de bien d'autres choses.

Ce beau roman a provoqué chez moi une avalanche d'émotions diverses. La qualité de l'écriture, le ton souvent décalé, l'ironie bienveillante, la profonde tristesse de certains passages, le bonheur partagé, la richesse de la vie intérieure de Paul, son humanité et son absence totale de condescendance m'ont fait passer par toute la gamme des sentiments, et parfois du rire aux larmes. À cela s'ajoute la nostalgie. Nostalgie d'une époque révolue et d'un Québec que je connais bien. J'avais oublié le scandale des Ford Pinto dont le moteur prenait feu pour un rien, mais pas l'hiver 2008 : c'est cet hiver qui m'a décidée à revenir en France pour y passer ma retraite… Pas oublié non plus le verglas de 2002 où l'on entendait les arbres se fendre en deux sous le poids de la glace. Bref, attachement aux personnages, nostalgie tempérée par l'humour de Jean-Paul Dubois, mélancolie sans désespoir, et toujours et encore une véritable et très sincère admiration pour le talent de l'écrivain.
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Paul Hansen est un homme seul. Nous faisons sa rencontre en prison, où il est enfermé pour des actes de violences envers son patron. Ce séjour sera pour lui l'occasion de faire le tour de son passé. Il pense à tout ce qu'il a perdu, à tous ceux qui ne sont plus mais qui l'accompagnent encore dans ses rêves. Cette vie terne et violente dans les geôles canadiennes est néanmoins animée par un compagnon de cellule attachant, humain, un Hell's Angel incarcéré pour meurtre.
Jean-Paul Dubois nous racontera tout au long de ce livre, avec son écriture fine et élégante l'histoire de cet homme issu du mélange insolite d'un austère pasteur danois et d'une cinéphile d'avant-garde toulousaine.
On est transporté dans ce roman, dans des univers riches et magnifiques, loin de l'exiguïté de cette cellule où une violence perfide se dissimule dans les gestes du quotidien. C'est la description de cette violence qui nous prend aux tripes, parce qu'elle nous parle, parce qu'on se dit que nous aussi, par un hasard du destin, nous pourrions partager cette cellule avec ce Hell's Angel.
La poésie de l'auteur se mêle à la dureté des mots lorsqu'il concerne les idiots, méprisants les faibles. Cette haine de l'auteur pour les petits chefs attachés à leurs pouvoirs est un thème récurrent de l'oeuvre de Dubois.
On retrouve également dans ce roman d'autres thèmes chers à son oeuvre : la mort brutale et les accidents d'avions. Winona, l'épouse de Paul pendant 11 ans, trouve la mort de manière tragique, lorsque son bateau s'abîme dans les eaux glacés du nord.
La nostalgie, si présente dans l'oeuvre du lauréat Goncourt se manifeste tout au long du récit : perte d'un amour (Winona et Nouk leur chienne), la relation au père disparu, l'amitié...
Enfin une littérature qui réconcilie avec l'humanité, méritant amplement le prix Goncourt 2019.
Un livre bouleversant.
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En 2016, j'ai eu, une première expérience de lecture d'un Jean-Paul Dubois, « La succession ». Je pressentais alors être passé à côté tant j'avais trouvé des richesses de style chez cet auteur sans pour autant m'être sentis à l'aise avec le fond. Comme toujours, quand une première expérience avec un auteur ne me semble pas satisfaisante, je me promets de découvrir un second ouvrage qui, deviendra deuxième d'une nouvelle série si je rentre dans le livre et me rends capable de l'apprécier. Même sans tout aimer, il doit m'interpeller et me parler d'humanité.
J'ai pris le temps pour choisir un nouveau titre, j'ai attendu une envie et avec « Tout le monde n'habite pas le monde de la même façon » sorti en août 2019, j'ai été comblé !
Le style de l'auteur, incisif, drôle souvent, efficace toujours, m'a, dès les premières pages, embarqué dans une aventure – des aventures – humaines. Je les ai trouvées plaisantes à lire, reposant sur des personnages parfois caricaturés de manières excessives, diront certains, mais toujours campés sur des valeurs, des moteurs de vie qu'on aime ou désapprouve, réfute ou envie… Jamais les personnages de Jean-Paul Dubois ne m'ont laissé indifférent. Comment être insensible à ce duo Paul Hansen et Horton, Hell's Angel incarcérés pour partager 6m² ? Comment être de marbre devant une pièce d'homme, armoire à glace, dur des durs qui tombe dans les pommes à la moindre coupe de cheveux ? Et que dire du père pasteur qui depuis longtemps a perdu la foi mais joue l'or des objets de culte au casino ? Et la femme du Pasteur, militante féministe qui revendique – et réalise- des programmations sulfureuses dans son cinéma d'essais…
La pirouette d'auteur, rassemblant tout son petit monde dans un seul et même bâtiment – Ici la Résidence Excelsior - est un artifice connu. Néanmoins, la métaphore fonctionne. Tout monde vivant sur un modèle d'entraide, de renforcement des liens, de services donnés, rendus peut fonctionner. Mais tout système humain peut aussi être lourdement fragilisée par l'arrivée d'un seul homme de pouvoir. C'est une réalité quotidienne. L'observation de notre monde prouve qu'il ne s'agit pas la de fiction et, ici, cette triste réalité est bien amenée, exploitée et illustrée par la galerie des personnages mis en place par Jean-Paul Dubois.
Mais tous ces bâtards de l'existence, ces amochés, ces déboussolés, bref, tous ces utopistes ou ces dépassés, l'auteur les habillent d'un manteau de vraisemblance par l'humour décalé des situations qu'il met en scène. Les personnages ainsi caricaturés perdent leurs petites individualités pour accéder au statut d'universel. Fêlés comme beaucoup, ils deviennent, pour une part, chacun de nous et rendent l'ensemble crédible. Même si, Ouf, quand même, nous, on n'est pas aussi déjantés qu'eux. Quoi que…
Devenus tous ces hommes et ces femmes qui n'habitent pas le monde de la même façon mais qui, pourtant, font ce monde et lui donnent ses fondations, ses valeurs et les règles, les modes de vie qui sont nôtres. Et ils nous questionnent. Et nous pouvons remettre le tout en question. Là, en fait, je découvre toute la richesse du livre « La succession » qui, lui aussi, ouvrait la réflexion sur le déterminisme familial à accepter, ou pas !
Le roman sorti lors de cette dernière rentrée littéraire 2019, roman au titre long qui résume si bien le cadre des propos de Jean-Paul Dubois, est, en fait, un roman philosophique. Il touche à l'âme du monde, à ses moteurs, ses énergies, ses choix de navigation et le cap qu'il se donne. Et, comme dans la vraie vie, il appartient au lecteur de se poser la question de ce qui est bon pour le Monde, pour lui et des moyens qu'il peut investir, ou non, dans un changement de société.
Un vrai grand roman qui donne envie de liberté, de droiture, de justice. Une oeuvre utile, un bouquin à partager.
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je me joins aux encensements.
Quelques longueurs mais nous devons comprendre pourquoi cet homme très humain se retrouve en prison .... je ne dis rien pour ne pas spolier votre lecture agréable !!
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"Tout les hommes n'habitent pas le monde de la même façon"
Excuse ou réalité?
Paul Hansen, fils de pasteur et de mère exploitante de cinéma, purge une peine de prison.
24 mois. Deux ans de peine à purger en compagnie d'un Hell Angel , Horton.

Comment en est-il arrivé là?
Paul, surintendant de l'Excelsior, confident, homme à tout faire. Malgré son humanité, il suffira s'un moment pour basculer de l'autre coté de la ligne.

Jean-Paul Dubois, incontournable de la rentrée littéraire, signe un nouveau roman . Humour décalé et subtile, plume maitrisée, personnages humains, voyage permit entre la France, le Danemark et le Canada.
On arrive à s'identifier au personnage, à l'histoire, qui nous rappelle que nul n'est infaillible.
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