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Stéphanie Dujols (Traducteur)
EAN : 9782742792825
330 pages
Actes Sud (28/08/2010)
3.74/5   82 notes
Résumé :


L'auteur a recueilli les confessions de sa propre mère, qui n'est peut-être pas un modèle de vertu conjugale mais un symbole de courage et de dignité.

Portrait d'une femme du peuple, rusée, truculente, enjouée, née au début des années 1930 dans une famille chiite extrêmement pauvre du sud du Liban, ce roman truculent salué par Coetzee est déjà un succès dans le monde anglophone.
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Critiques, Analyses et Avis (27) Voir plus Ajouter une critique
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Voici un récit- confession traduit de l'arabe( Liban) tendre et drôle à la fois, où l'auteure, dont j'avais lu en 2000, «  le cimetière des rêves » rapporte avec une scrupuleuse fidélité et beaucoup d'amour les confidences de sa mère analphabète : Kamleh, née au début des années 30 dans une famille chiite extrêmement démunie au Sud- Liban.

Kamleh, après le décès brutal, prématuré de sa grande soeur, infectée par une morsure de rat——-qui n'a jamais voulu voir un médecin——, mère de trois enfants ——est promise à son beau - frère alors qu'elle a tout juste onze ans .

Installée dans le quartier populaire de Beyrouth avec la famille de son futur mari, placée apprentie chez une couturière , Kamleh tombe éperdument amoureuse de ce cher Mohamed , féru de poésie, il écrivait des lettres, des nouvelles et des pièces de théâtre .
Forcée à quatorze ans de se marier avec son fiancé , elle a une fille l'année suivante puis une deuxième trois ans plus tard : l'auteure : Hanan.

Malgré les contraintes de la vie communautaire , toujours follement amoureuse de Mohamed, elle échange avec lui, des lettres enflammées qu'elle se fait écrire et lire par ses amies ...
S'identifiant aux héroïnes du cinéma égyptien elle se grise des paroles ardentes des chansons à la mode ..

Bravant tous les usages de la société de l'époque dont le regard pesait très lourd , elle tentera de divorcer au risque de se séparer de ses filles...
Elle paiera un tribut bien pesant face au grand amour de sa vie.
Ses filles—— le désenchantement ——-

Usant de ruses , enjouée , truculente, pétulante, pleine de vie et d'amour, fraîche, adorant les sucreries , cette femme du peuple , têtue , obstinée, riant et pleurant à la fois, chaleureuse——mariée à Abou Hussein de 18 ans de plus qu'elle ——une petite fille——ne reculera devant rien....même pendant les tracasseries et les dangers durant la guerre du Liban...

L'auteur dessine un portait drôle de sa mère: dialogues réjouissants , témoignage finement dessiné , chapitres courts, pétris de détails , d'anecdotes vraies , touchantes ou amusantes.

Un beau message d'espoir , un ton juste pour faire parler sa mère !



Un récit passionnant dont je n'avais pas eu connaissance à sa sortie en 2000
chez Actes Sud.
«  Toute une histoire »!
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L'auteure déroule le fil de l'existence mouvementée de Kamleh, née aux alentours des années 1930, dans un village chiite du Sud-Liban. Ce curieux petit bout de femme n'est autre que sa propre mère qui l'a abandonnée quand elle était toute petite pour pouvoir vivre une grande et belle histoire d'amour.
Ecrit à la première personne, le texte fait entendre la voix de Kamleh qui souhaite s'expliquer et tenter de se faire pardonner. Ne sachant ni lire ni écrire, elle raconte toute son histoire à sa fille qui lui prête sa plume pour la retranscrire le plus fidèlement possible. S'y dessine le portrait d'une femme imparfaite à la fois fantasque, négligente, un peu menteuse mais aussi audacieuse, courageuse et volontaire, que la rage de vivre et un caractère rebelle ont aidée à surmonter de nombreux obstacles. La misère, le mariage forcé, la domination masculine, la guerre, les séparations, les deuils; c'est toute une vie chargée d'émotions et de douleurs que dévoile ainsi Kamleh. Toutefois cette existence est embellie par les poèmes, les chansons et le cinéma qui lui font imaginer la réalité en technicolor, comme dans ces films égyptiens qu'elle aime tant...
Toute cette histoire est celle d'une vie riche des saveurs variées et généreuses d'un bon mezzé libanais. Elle se dévore avec plaisir !
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Hanan, El-Cheikh est une écrivaine libanaise qui a déjà écrit plusieurs livres avant de publier « toute une histoire » qui est le récit de la vie de Kamleh, sa mère analphabète.
Hanan El-Cheikh a cédé à la pression de sa mère qui lui reprochait de ne pas écrire sur les femmes de sa condition.
(…) « Pourquoi tu ne t'intéresses pas plutôt à celles que l'on traite comme si elles n'étaient pas au rang de l'humanité parce qu'elles ont eu le malheur de naître fille ? Tu n'as pas besoin d'aller chercher bien loin : tu en as une là, devant toi ! Qu'est-ce que tu attend pour m'interviewer ? Je te raconterais comment mon père m'a vendue pour dix pièces d'or, comment on m'a forcée à épouser ton père à quatorze ans et comment on m'a fiancée à onze... » (Extrait de la page 20 )
La petite Kamleh est née en 1925 au sud du Liban dans une famille Shiite. Elle va découvrir l'injustice d'être une fille auprès de sa mère qui fut répudiée par son mari. Au Liban, à cette époque, les femmes n'ont pas d'existence sociale sans un mari et des enfants. Condamnée comme sa mère et trop pauvre pour aller à l'école, Kamleh va devoir faire les travaux les plus durs tel « un âne de somme » comme elle disait. L'année de ses quatorze ans, le pire des cauchemars arrive dans la vie de l'enfant. A son insu, Kamleh a été fiancée à onze ans. Son père l'a vendue à son oncle pour quelques pièces d'or. Malgré son opposition, ses pleurs, ses stratagèmes, Kamleh ne pourra pas s'opposer à la décision de sa famille.
Comment peut-on grandir, évoluer, quand on n'a reçu aucune instruction, que l'on subit un viol officialisé par le mariage à l'âge de quatorze ans, et que l'on devient une mère-enfant à quinze ans ?
Kamleh a une forte personnalité et un caractère très enjoué ce qui lui ont permis de lutter et de refuser de vivre selon les codes de la société libanaise de l'époque. Elle n'arrive pas à tenir le rôle qu'on lui impose. On l'a dit frivole et paresseuse parce que les travaux réservés aux femmes l'ennuient. Dès qu'elle le peut et malgré les remarques voir les menaces de sa famille, Kamleh se rend au cinéma qui va être une véritable ouverture sur le monde et une échappatoire à son quotidien, à son ennui. Les films vont éveiller son imaginaire. Elle qui n'a pas la possibilité de lire, d'étudier alors qu'elle a une soif d'apprendre et de vivre des expériences, le cinéma va lui permettre de réfléchir à sa vie et d'envisager une autre existence.
Kamleh va aussi vouloir vivre librement son histoire d'amour avec l'homme qu'elle aime. Pour cela, elle va transgresser les lois de son pays en répudiant son mari ! le divorce prononcé, Kamleh va pouvoir vivre enfin avec l'homme qu'elle aime, qu'elle a choisi. Mais l'amour et les enfants qui naîtront de cette union ne suffiront pas à rendre Kamleh heureuse. Son rôle de femme au foyer l'ennuie toujours autant. Son mari va lui faire les mêmes reproches que son ex-mari. Son analphabétisme est un handicap, une prison qui l'empêche de vivre d'une façon pleine et épanouie, d'être complètement affranchie du dictat des hommes.

Comment choisir sa vie dans un pays où les femmes sont condamnées à une seule et unique existence « le mariage et les enfants » ? Où les hommes décident pour les femmes, les surveillent, les corrigent, les enferment sous un voile et dans leurs maisons ?
La vie de Kamleh soumise à la loi des hommes : c'était au siècle dernier. Malheureusement, c'est encore trop souvent celle menée par beaucoup de femmes dans certains pays.
J'ai vraiment adoré ce livre, c'est un énorme coup de coeur. J'ai apprécié l'écriture et le style de Hanan El-Cheick qui nous livre le récit de la vie de sa mère sans misérabilisme aucun. Kamleh était une femme vive, intelligente avec beaucoup d'humour ce qui rend cette histoire truculente et très plaisante à lire, malgré la gravité des thèmes abordés.
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L'auteur nous raconte, avec beaucoup d'amour et de drôlerie, la vie de sa mère née en 1930, dans une famille chiite très pauvre du Sud-Liban.
Analphabète, elle est promise, à 11 ans, au mari de sa soeur décédée prématurément. Mariée de force à 14 ans, elle aura de cet homme profondément religieux, deux filles dont l'auteur du roman, qu'elle devra abandonner après avoir obtenu, avec beaucoup de ruse et d'obstination, le divorce et de pouvoir épouser celui qu'elle aime.
Très beau portrait d'une femme au caractère bien trempé, ce qui n'était pas évident dans un pays où le sexe dit "faible" est mis sous tutelle !
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Ce livre, couronné par le prix du roman arabe en 2011 est une réussite.

Le texte est riche, la traduction à la hauteur, l'histoire est touchante et le tout laisse le lecteur ravi et pensif.

Hanan, l'écrivaine, est la fille de Kamleh, jeune Libanaise du Sud et en raconte l'histoire bouleversante.

Mais si c'est souvent tragique, ce n'est jamais triste : Kamleh est la vie-même, la pétulance et la fraîcheur. Elle ne laisse rien ni personne l'empêcher de vivre son amour. Je dis ‘admiration' dans un pays où le regard de la société pèse très lourd et à fortiori pour les gens du Sud et les chiites. Cette liberté d'esprit, cette force de décider pour soi, de ne pas accepter les barrières conventionnelles, j'aimerais la retrouver ... partout, tout simplement.

Un grand coup de chapeau à Hanan el-Cheikh.
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Citations et extraits (19) Voir plus Ajouter une citation
"J'ai écrit la première phrase (...) mais je me suis tout de suite arrêtée. A moins que ce ne soit ma mère qui m'ait arrêtée. Je l'entendais insister pour dire elle-même son histoire. Elle ne voulait pas de ma voix; elle voulait sentir les battements de son coeur, ses angoisses et ses rires, ses rêves et ses cauchemars. Elle voulait revenir au commencement avec sa propre voix. Elle était si heureuse de pouvoir enfin être la narratrice...
C'est ma mère qui a écrit ce livre. C'est elle qui a déployé ses ailes pour prendre son vol. J'ai juste soufflé le vent qui l'a emportée dans ce long voyage."
extrait p.331, clôturant le récit.
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«  Ces femmes sont toutes des filles de bonne famille, des privilégiées! Peut - être qu’on ne les a pas encouragées à faire ce qu’elles ont fait , mais en tout cas personne ne les a brimées. Pourquoi tu ne t’intéresses pas plutôt à celles que l’on traite comme si elles n’étaient pas au rang de l’humanité parce qu’elles ont eu le malheur de naitre filles?
Tu n’as pas besoin d’aller chercher bien loin: tu en as une là, devant toi !
Qu’est ce que tu attends pour m’interviewer ?
Je te raconterai comment mon père m’a vendue pour dix pièces d’or , comment on m’a forcée à épouser ton père à quatorze ans, comment on m’a fiancée à onze ? ...... »
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Par Dieu, par le Prophète, par l'Imam Ali! dis-je à ma mère. Ici, même les pigeons vont à l' école. Depuis que je suis à Beyrouth, je vois des volées de pigeeons décrire des cercles puis se disperser, se regrouper, plonger, repartir dans les airs...
J'ai arraché une page d' un cahier de mon neveu et avec un crayon à copier j' y ai dessiné deux oiseaux posés sur deux fleurs avec des pétales en forme de coeur. Puis j' ai dessiné un soleil, une lune et un nid pour les deux oiseaux. J' ai gardé mon dessin pour le lui donner à son retour et lui expliquer que le soleil qui se levait et se couchait , c' était lui, et que moi j' étais la lune. Le nid, c' était sa chambre, et nous étions les oiseaux.
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Je ne lui avais pas dit que j'étais enceinte. Chaque fois qu'il essayait de m'attirer à lui, je prétextais que ne ne me sentais pas bien, que nous n'avions pas le temps qu'on pouvait nous entendre ... Mohamed a fini par perdre patience. Il m'a dit qu'Ibn el-Mu'tazz n'aurait jamais accepté des excuses pareilles. Je lui ai demandé avec inquiétude qui était cet homme.
- Un grand poète, a-t-il répondu en riant, qui a écrit : Jouis chaque jour de l'être aimé, car on ne sait jamais quand viendra l'éloignement.
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- De la fleur d'oranger, je vais m'évanouir ...
La voisine qui étendait son linge sur le toit a deviné que j'étais enceinte. Elle m'a prise par la main pour me faire descendre les escaliers. Elle avait beau être de la lignée du Prophète, elle s'est mise à insulter ma famille comme une chiffonnière :
- Dieu maudisse les barbes qui t'ont mariée ! Quelle honte, une gamine !

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