AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,49

sur 1400 notes
Moderato Cantabile ou Maux des râteaux, quand t'as bilé !? Modéré & chantant !

Ici il s'agit d'un homme & d'une femme complètement étrangers l'un pour l'autre, qui se retrouvent tous les jours dans un café autour de verres de vin, qui parlent d'un autre couple, lui inventent une histoire, qu'ils voudraient peut-être la leur. Une rencontre qui se clôt par un simple baiser & des mains qui se frôlent.
C'est tout. Et c'est tragiquement beau !

L'important dans ce livre ce n'est pas tant ce qui arrive, mais que ça arrive !

Jamais déçue de Duras, qui dit sans dire, écrit sans écrire, tisse sans emmêler, fait sans défaire, déconstruit le roman & offre une lecture entre vide & trop plein. Des êtres paumés, en mal d'amour, en mal de vie, des silences, une atmosphère terriblement bien décrite des cafés, des hommes de quai, du crépuscule qui vient, qui révèle les âmes en peine, leurs souffrances, leurs failles. Avinés, forcément. Magnifique.

Je peine à raconter ce que je ressens, mais ce spleen, ce vague à l'âme, cette vacuité sont bien réels. Il y a dans son écriture tout l'invisible qui me traverse, elle dit ce qui se passe entre deux êtres, sans le dire, aucune rationalisation m'est possible.
Tous ses livres évoquent des rencontres fugaces, qui illuminent & creusent la solitude à la fois ! Duras raconte des fragments d'existence & sculpte les ombres. Duras c'est l'enfoncement sans fin.
Et moi, je ne me lasse jamais !

À lire en écoutant la Sonatine de Diabelli comme fond sonore.
Commenter  J’apprécie          94
Plan américain : un petit garçon au piano. Sous l'oeil complice de sa mère Anne Desbaresdes, il se soumet à contrecoeur à l'autorité de sa professeure. Hors champ : un cri de mort. Une femme est assassinée par son amant dans le café d'en bas. Un événement-catalyseur pour Anne qui n'aura de cesse de revenir sur la scène de crime.
 
J'ai peut-être déjà lu L'amant quand j'étais ado, mais je n'en suis pas certaine. Je dirai donc que Moderato cantabile est mon premier rendez-vous avec Duras, mais assurément pas le dernier. Un court texte très poétique et cinématographique, grâce aux nombreux dialogues, aux descriptions des regards et des gestes et à celles des lieux en bord de mer. Une atmosphère à couper au couteau et une grande réussite pour ma part.
Commenter  J’apprécie          130
Dans une ville portuaire anonyme, Anne Desbaresdes, jeune épouse du directeur des Fonderies, accompagne chaque vendredi son petit garçon à sa leçon de piano. Un jour, retentit un horrible cri venant du café voisin : une femme vient d'être assassinée par son amant. Ce crime passionnel fascine Anne. Elle va revenir régulièrement dans ce café, y boire du vin, beaucoup, et tenter de comprendre l'histoire de ce couple et finalement se dévoiler elle même à un ouvrier qui semble déjà bien la connaître..
A partir de ce scénario assez mince, rencontre entre un homme et une femme dans un café, Marguerite Duras tisse une toile intimiste, une atmosphère très cinématographique qui n'est pas sans intérêt. Pas passionnée au début du livre, je me suis laissée imprégner petit à petit par cette écriture minimaliste, ces dialogues qui suggèrent plus qu'ils n'informent, cette impression d'inachevé. Pas forcément ma tasse de thé au départ, mais sur 120 pages cette petite musique ne m'a pas déplue.
Commenter  J’apprécie          50
J'ai dû lire ce livre dans le cadre de mes études et j'avoue ne pas comprendre l'angouement qu'il y a autour. Il est très rapide à lire et on sent directement comment tout cela va se terminer.
Dans le genre Nouveau Roman, je préfère et je conseille plutôt la Modification de Butor ou la Nausée de Sartre.
Commenter  J’apprécie          10
Dans Moderato Cantabile, malgré leur simplicité chaque phrase est limpide, il n'y a aucune obscurité, les moyens utilisés sont stricts et rigoureux.
Pourtant cette brièveté et même les répétitions sont chargées de foudre et de plomb.
La présence des êtres et la fugacité de leurs échanges sont amplifiées par une grande intensité. Ces personnages étrangers, anodins au départ sont poussés dans leurs retranchements, aimantés par une banalité et chauffés à blanc.

Les descriptions bien que concises sont remplies d'images qui forcent le lecteur à se pencher pour écouter les blancs laissés. Il n'y a pas de filtres, les scènes se déroulent comme dans le réel, comme si ce théâtre se jouait sur l'estrade du monde.
Il y a de l'espoir, du désespoir, de la désolation et du combat.

Dérangeant, insaisissable, Moderato Cantabile en déroutera sans doute certains. Mais il y a dans cet objet atypique une folle audace et une grande originalité tout à fait maîtrisée.


Commenter  J’apprécie          622
Je n'avais jamais rien lu de Marguerite Duras, un peu sans doute à cause de la réputation que lui avait faire Henri Jeanson qui l'appelait malicieusement Marguerite Durasoir. J'ai vu Hiroshima mon amour dans ma prime jeunesse et n'en ai pas gardé un souvenir impérissable. J'ai lu Moderato cantabile avec certes un a priori mais n'y ai pas trouvé grand chose pour me sortir de mon ennui anticipé. Henri Jeanson avait le sens de la formule et je reprendrais volontiers à mon compte son autre célèbre formule. J'ai lu ce roman d'un derrière distrait ...
Commenter  J’apprécie          212
"Moderato cantabile" de M.Duras est un roman assez court et qui évoque les sentiments de deux inconnus. Sur l'impossibilité de l'amour et sur sa fragilité.

Comme c'est souvent le cas avec Duras, le livre est composé de nombreux dialogues dénués de sens au premier coup d'oeil, et qui semblent ne rien dire d'important.

Cette particularité du style de l'auteure nous fait penser au cinéma domaine dans lequel nombre de matière glisse dans les intonations, entre les lignes; où un regard, ou une phrase jetés accidentellement expriment un abîme de sens.

Contrairement au style en retenue d'E.Hemingway qui a eu une grande influence sur la génération Duras, l'idée est de décrire plus en détail les conversations des protagonistes, leurs pensées ou certaines situations ordinaires.

Cette écriture si particulière qui constitue la singularité des romans de Marguerite Duras nous plonge dans une atmosphère de complicité particulière.
Commenter  J’apprécie          191
🎶 Moderato cantabile ça veut dire modéré et chantant. Bien que sa professeure et sa mère le lui rappellent constamment, l'enfant ne veut pas comprendre. Mais il doit apprendre ses gammes. Et tous les vendredis, la même scène se répète, on lui pose la question, et c'est le même vide qui s'impose à ses interlocutrices. Vraiment, c'est incroyable. Un jour pourtant, un cri vient déchirer la routine hebdomadaire, un cri puissant et qui s'arrête net. Une femme, tuée dans le bar sous l'appartement de la professeure. Par son amant. En plein coeur.

🎶 Moderato cantabile, ça veut dire modéré et chantant et c'est ainsi que la vie de chacun devrait être : toute en mesure et retenue. Mais comment faire lorsque l'inconnu surgit, lorsqu'il renverse tout sur son passage, lorsqu'il bouscule la mécanique quotidienne ? La leçon hebdomadaire devient alors le prétexte d'une rencontre, dans ce même bar où l'irréparable a été commis, et les deux amants, le mère et l'homme, s'y retrouvent pour boire du vin et parler. S'enivrer pour se livrer et discuter. de ce qui est, de ce qui pourrait être ? Parler pour tout dire ou pour ne rien dire, comment savoir ?

🎶 Moderato cantabile. Les mots n'ont plus de sens, sinon les actes. Les dialogues sont sourds, la raison vacille, et seul reste le désir, interdit, prohibé, malvenu, dans ce bar qu'une Dame ne devrait pas fréquenter, avec cet homme qu'elle ne devrait pas regarder. Oui, elle devrait être une dame, être à l'heure, elle devrait rentrer chez elle et ne pas boire, prendre du saumon quand on lui en propose, ne pas bâiller, ajuster sa robe quand son décolleté se fait trop plongeant, elle devrait répondre quand on lui parle. Mais elle s'essouffle d'être celle qu'elle n'est pas, alors la nuit, elle laisse les lumières allumées pour celui qui la regarde, la nuit elle ne ment plus, la nuit elle espère parfois, et à l'image de ce magnolia qui l'étouffe dans ce jardin si bien arboré et soigné, elle tue celle qu'elle rêve de ne plus être... avant que le petit jour se lève à nouveau.

🎶 Moderato cantabile ... un coup de coeur comme je les aime ❤️ !
Commenter  J’apprécie          110
Peut-être mon Duras préféré avec le Ravissement de Lol V Stein. Lire et surtout ne pas oublier de relire Duras . Pour ne pas oublier ce qu'est la littérature. le goût du vin. Aimer le vin comme on aime l'amour. Parce qu'on n'a pas le choix? Trouver le ravissement. Forcément.
Commenter  J’apprécie          40
Un livre court, un peu plus de 120 pages, lu et relu, pour m'imprégner de cette atmosphère extraordinaire.
Le récit a une trame simple, mais comme toujours chez Duras, les niveaux de lecture et l'ouverture des possibles sont à l'origine d'un monde complexe et poétique.
Une femme, Marie Desbaredes, qui accompagne son enfant à une leçon de piano est le témoin d'un meurtre d'une femme par son amant dans un bar voisin. Elle reviendra régulièrement sur les lieux avec son enfant et cherchera avec Chauvin, un homme rencontré dans le bar, à comprendre ce qui a pu amener l'homme à tuer la femme, et dans quelle mesure ce n'est pas l'amante qui lui a demandé d'aller jusque cette extrémité. Au fur et à mesure, Anne et Chauvin fusionneront avec ces deux là, jusqu'à ce que Chauvin stoppe brutalement cette plongée terrible, et qu'ils se séparent.
Mais, en résumant ainsi, on ne rend pas compte de toute la richesse de ce roman, impeccablement construit en 8 chapitres.
On pourrait évoquer tout ce qui plane: la tension qui traverse tout le roman, la détresse d'Anne, femme délaissée par son mari, Directeur des usines de la Côte, qui n'apparaît que comme une ombre méprisante le soir où elle rentre tard et ivre à une soirée organisée chez elle, la difficulté d'élever un enfant qui n'est peut-être pas le fils de son mari, la violence des hommes qui affleure dans le récit, la fascination de la mort que l'on ressent pour elle comme une liberation heureuse, etc...
Et puis il y a l'atmosphère de cette ville portuaire, merveilleusement décrite, le temps chaud qui engourdit les esprits, la sensualité d'Anne, et la passion sans doute ancienne que lui porte Chauvin.
Et toute une symbolique: le rouge du sang, du vin dans lequel se noie Anne, le tricot rouge de la patronne du bar ; la maison d'Anne, prison dans laquelle elle guette les bruits du dehors, et tant d'autres choses..
Et l'écriture, bien sûr, magique, comme toujours.
Commenter  J’apprécie          100




Lecteurs (3602) Voir plus



Quiz Voir plus

Marguerite DURAS

Quel est le bon titre de sa bibliographie ?

L'Homme assis dans le corridor
L'Homme assis dans le couloir
L'Homme assis dans le boudoir
L'Homme assis dans le fumoir

20 questions
190 lecteurs ont répondu
Thème : Marguerite DurasCréer un quiz sur ce livre

{* *}