Mircea Eliade est un auteur roumain fascinant : c'est un grand érudit (il a fondé l'histore moderne des religions) ayant produit de nombreux ouvrages sérieux, mais également un romancier. Et son oeuvre narrative couvre plusieurs genres, allant du roman d'amour (
La nuit bengali) au fantastique (
Mademoiselle Christina).
Les deux nouvelles qui composent ce recueil mêlent les deux passions de l'auteur : spiritualité et fantastique. Dans la première, Minuit à Serampore, trois Occidentaux spécialistes de l'Orient vont passer la soirée chez une connaissance à quelques kilomètres de Calcutta. Sur le coup de minuit (évidemment, ça ne pouvait être à un autre moment qu'à cette heure propice aux manifestations de l'étrange !), les convives prennent leur congé. Sur le chemin du retour, ils sont témoins d'événements incompréhensibles et se perdent dans les bois. Ils croient s'en sortir en trouvant refuge dans une demeure singulière. Leurs aventures ne sont pas terminées… J'ai beaucup aimé cette histoire. le début est un peu lent et il ne s'y produit pas tant (les romans mais surtout les films plus contemporains ont habitué les lecteurs à davantage de suspense et d'émotions fortes !) mais l'effet est tout de même réussi.
La deuxième nouvelle, le secret du docteur Honigberger, m'a beaucoup moins plu. le narrateur, un autre orientaliste, est de retour à Bucarest après un long séjour en Asie. Là, une vieille dame lui présente les documents de son défunt mari, lesquels contiennent les travaux du docteur mentionné dans le titre. le reste de la nouvelle est constitué des tentatives du narrateur de déchiffrer ces documents et, conséquemment, les secrets qu'ils détiennent. Les pérégrinations de Honigberger m'avaient d'abord intrigué mais Eliade, en tentant d'expliquer ses théories philosophiques et spirituelles, m'a perdu. L'histoire devenait trop technique, trop cérébrale et je n'en comprenais pas tout le sens. Je m'attendais à une intrigue narrative, pas à un traité ésotérique. le plaisir de lire n'y étant plu, mes yeux glissaient sur les lignes et je me suis rendu à la fin sans avoir tout saisi. Dommage.