Une aventure savoureuse, belle à regarder et bonne à déguster.
Les fruits chipés auront meilleur goût, devra t-on comprendre avec cette petite fille.
C'est armée d'une épuisette que cette fillette jouera les maraudeurs de gourmandises.
Mais juste les fruits.
Les fruits occuperont largement les tables de quelques pièces de la maison, en mode "tentation décorative".
Là, empilés en pyramide ou lovés dans une corbeille, l'air de rien, ils feront les yeux doux à la petiote (et peut-être même aussi au chaton et le perroquet de la maison).
Habilement, les auteures
Géraldine Elschner et
Elise Mansot se serviront de la mission "chapardage de pêches, de poires et de cerise aussi (non, pas de scoubidous, jeunes gens) pour présenter les lots à piller à l'identique des fameuses "natures mortes" de fruits ou viandes des tableaux du 16-17ème siècle.
Vous savez ces sujets de peinture plus anecdotiques placés au même rang qu'un sujet qui racontent une histoire?
Ce sont des peintures de genre.
Allo Wiki?
"... Une scène de genre, peinte, gravée, dessinée ou sculptée, est un type d'oeuvre qui figure une scène à caractère anecdotique ou familier. Elle est parfois appelée peinture de genre lorsqu'il s'agit d'une peinture..."
En quoi ces peintures occuperont-elles une importance dans l'histoire de l'Art de la peinture?
Pour faire court, un peu plus tôt dans les siècles, surtout italien, la peinture était un art réservé à la religion chrétienne, à ses louanges et permettait de raconter les scènes bibliques à des fidèles analphabètes, à frapper leurs esprits de scènes saisissantes de beauté.
Il était interdit pour les artistes de dessiner et peindre des scènes qui ne soient pas digne de ce don de dieu, c'était la loi de Rome.
Mais la peinture de cette époque deviendra par la suite un art d'orgueil qui flattera les plus riches, qui par la constitution de fabuleuses collections de qualité très onéreuses (uniquement réservées au regard des commanditaires et de leurs proches) en feront selon eux de bons croyants (mais la peinture glissera surtout vers la catégorisation d'une élite cultivée qui sait lire et qui possède une oeuvre d'art), les papes de Rome et les grandes familles de Florence riches.
Avec le temps, la peinture s'imposera dans cette voie comme un art royal pour fixer des instantanés des rois et reines pour l'éternité ou pour offrir leur portraits à l'autre bout du monde, mais aussi sortira de ce carcan thématique religieux accordant finalement à tous les sujets d'être sacralisés sous le pinceau. Son art se développera dans toute l'Europe et les artistes pourront se permettre de représenter des sujets jugés avant indignes, des scènes et personnages de la vie quotidienne, des mendiants, des vendeuses, une étal de marché, une table de cuisine, un enfant qui joue ...
Le thème du livre est une bonne idée et bien amené pour les plus jeunes, pour les familiariser avec la représentation de choses qui ne bougent pas et posant néanmoins pour la peinture.
On aimera ce petit clin d'oeil accordé à cette période artistique des origines de la Nature morte qu'il sera possible de vérifier et de découvrir avec des exemples à la fin de l'album.
Le ton candide de l'aventure rappelera presque un "Martine" de Gilles Delahaye.
Une nature morte, si l'on sait lire les coups de pinceau, l'émotion et les intentions de son auteur, c'est au contraire très vivant et noble.
L'approche sera ici vivifiante et adorable avec ces évocations sucrées.