lumière
intense et dure
sauf à laisser l'heure
baisser
jusqu'à ce qu'elle ne passe plus guère le mur
rase
ne passe plus
et seul le ciel bleu pâle éclaire
encore
alors
l'hiver le jardin vide
vert-de-gris sec des feuilles qui restent
au sol remuées
par les langues de vent qui passent
raclement sur ciment
bruit de doigts d'os
crissement inutile musique
pour faire remonter les morts
ils reviennent sans
figures de rien à peine contours
dans la lumière qui baisse
à qui appartient ce passé
à quelle mémoire sans fin sans fil
ou bien quel fil a été tiré
par cette lumière jaune
retirée maintenant
derrière le mur
le poème va son chemin de langue ici bien trop long certes mais ces files de femmes sur les routes traînant enfants qui regardent en arrière sans même chariots - comme quelqu'un qui a mesuré de n'emporter que ce qu'il pouvait transporter seul - aucun livre sauf peut-être dans le grand ballot bariolé sur la tête - mais toujours même dans leur départ cette dignité - on tourne le dos on ne fuit pas
un monde de mots
ou mots du monde
et quoi
au bout
dans les doigts
du temps