Je m'étais dit, tiens un petit Elric, ça fait longtemps. Certes, je n'ai jamais été le fan numéro un de cette saga, mais quand même, Elric des dragons et Elric le nécromancien étaient plutôt bien passés. Et puis Elric à la Fin des Temps il faut avouer que ça claque comme titre.
Renseignements pris, je réalise que la fin était prévue, dans l'esprit de
Moorcock, au huitième livre, c'est-à-dire Stormbringer. Mais face aux sollicitations diverses il a écrit la nouvelle Elric à la Fin des Temps. En consultant le sommaire je constate, qu'en réalité, le présent ouvrage ne contient que deux histoires du célèbre albinos, les deux autres relatant une "aventure" de Sojan et d'un dénommé Cathraz. le Mélancolique. Une légère impression de m'être fait avoir me saisis et je me dis qu'heureusement je n'ai pas déboursé un cent pour acquérir ce livre. Mais je n'abandonne pas mon idée pour autant et entame cette lecture qui s'est avéré des plus ennuyeuse.
La première nouvelle nous relate, donc, le passage d'Elric sur le plan de la Fin des Temps, guidé par son épée, à la recherche d'un Plan susceptible d'accueillir son maître, mourant suite aux terribles combats qui eurent lieu à la fin de Stormbringer. Cette histoire est le seule digne d'intérêt de ce recueil. le Plan de la Fin des Temps, habités par des êtres fabuleux, qui sont pour Elric des Seigneurs du Chaos, peut-être modelé à loisir, pour peu qu'on ait une volonté assez forte, et un minimum d'imagination. Pour les rôlistes ça rappel évidemment le Chaos Elémentaire de Donjons et Dragons. On y croise des personnages assez savoureux, tels que Werther de
Goethe ou le Duc de Queens, qui sont immortels et n'ont pas du tout les mêmes préoccupations qu''Elric qui ne cherche qu'à rentrer chez lui, ce qui donne lieu à quelques dialogues savoureux. Pour
Moorcock ses récits sont avant tout des distractions, destinées à donner du plaisir aux lecteurs et "tout ce qui est profond dans ces volumes est à mettre sur le compte de celui qui le découvre". Bien, alors disons que j'y ai trouvé ceci : ce Plan modulable selon ses désirs renvoie à une toute puissance enfantine, une époque où le dire et l'être s'entremêle. Peut-être est-ce la source du plaisir qu'on prend à lire cette histoire, parce que ce n'est pas pour ce qu'elle apporte de plus à la saga. Comme une friandise à la fin d'un bon repas : ça ne sert à rien mais ça fait toujours plaisir.
La deuxième nouvelle, le Dernier Enchantement, est tout à fait anecdotique. Propulsé sur le Plan du Chaos (encore!), par l' enchantement d'un homme qu'il a refusé de secourir, Elric est soumis à une épreuve des Seigneurs résidents, à savoir créer quelque chose qui pourra les surprendre. On peut éventuellement trouver la fin (un peu) sympathique.
La troisième nouvelle, baptisé Sojan, fait partie des premiers écrits de l'auteur et ça se sent : style insipide et plat, univers (science fantasy matinée de steampunk) complètement caricatural et incohérent (on connait les armes à feu, pardon à air comprimé, mais on se bat à l'épée, on a inventé les aéronefs à moteur mais on navigue encore à la rame etc), personnage stéréotypés. Une lecture qui fait presque mal aux yeux
La dernière nouvelle, très courte, est intitulée la Chose de pierre et je ne vous dirais pas ce qu'est cette chose mais sachez que c'est plutôt comique (enfin si on aime rire jaune).
Pour conclure, Elric à la Fin des Temps est parfaitement dispensable : à ranger dans le carton "objets pour caler les meubles", à côté du dictionnaire d'allemand de 4eme et des disques de
Michel Sardou de mamie.