Ceux qui se taisent prennent la parole dans ces lignes guidées par une plume d'auteur plein d'humanité et d'écoute.
Toute la vie d'un quartier qui se fait carte de visite de tant d'époques déjà passées en silence, de ceux que l'on ne doit surtout rien entendre.
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«On me promène parmi les cris des camelots, les airs d'accordéon, les goualantes des bistrots. Ça sent la rance, le vin, la soupe. Il fait bon. On me met dans les bras des garçons, sur les épaules du marchand de couleurs, des vendeurs de l'Humanité Dimanche, sur le genou du rempailleur unijambiste ; il lui reste une jambe que lui a laissée la guerre, il faut qu'elle serve. La rue tourne comme un manège. On me fête. Libérée de mon cancan de verre, je suis la Princesse. On me pare. La Princesse de la rue Mouffetard. »
J'expérimente le mécanisme de l'existence.
La grâce est dans la simplicité.
Ma mère a rêvé. Elle voulait un homme qui l'emmène.
Qui l'entraîne. Loin de sa mère.
Ensemble, ils sont là. Tous les trois.
J'essaie de ne pas grandir, de ne pas entendre dire que je deviens belle quand, au jour le jour, elle s'abime, se fatigue.
Ne pas confondre malheur et épreuve.
L'un fait baisser la tête, l'autre la relève.
Seule la culpabilité fait ployer.
[
Catherine Enjolet]
Dialogue entre trois voix (la fille, la mère et la grand-mère) dans le livre "
Rousse comme personne" (aux éditions Stock) de
Catherine ENJOLET.Cette dernière explique l'histoire de son livre, ce qu'elle pense de la ville et la vie qu'on peut y vivre,